XL

Après un court moment à ramer, on finit par arriver sur l'île, on décide de laisser la barque sur la plage avant de s'enfoncer dans la forêt. On marche encore et encore mais on ne trouve rien : aucun animal, aucun parasite, aucune vie. L'île est vraiment grande et la forêt qui la recouvre l'est aussi, on pouvait déjà s'en rendre compte depuis le navire mais je pensais pas qu'elle serait aussi grande, elle paraît vraiment sans fin. " ils sont bien plus dangereux et plus enragés que ceux qu'on a rencontrés". Je continue à garder en tête ce que nous a dit Nounou.

Jules : Dites, c'est normal qu'on ne croise aucun parasite ?

Je jette un coup d'œil vers Bûth et Trish qui semblent eux aussi se poser des questions sur le manque flagrant de parasite avant de me tourner vers Ode.

Ode : Les parasites veulent vous esquiver, vous n'êtes pas de la nourriture pour eux vu qu'ils ne peuvent pas digéré le mana qui est dans votre sang donc ils n'ont aucune raison de vous affronter.

Trish : Pourtant vous l'êtes à leurs yeux.

Ode : Je pense que le fait que vous soyez prêt de moi les repousse.

On se regarde avec Trish et Bûth, les arguments qu'elle sort n'ont pas l'air très logique. Les parasites s'en prennent aussi aux chasseurs même lorsque ces derniers représentent un danger pour eux. C'est ce que j'avais pu voir lorsque qu'on s'est fait poursuivre avec Trish dans les bois, lors de notre première vraie chasse. Il y a vraiment un truc qui cloche ici… 

Bûth : Donc ils évitent de prendre des risques juste pour de la nourriture.

Ode : En effet, il faut croire que ces parasites sont plus intelligents que les autres.

Trish : Vous ne pensez pas qu'il s'est passé quelque chose qui aurait affecté leur présence sur l'île.

Ode : On l'aurait vu hier avec l'autre groupe.

Trish : C'est vrai, j'avais oublié ça...

"Pourtant vous l'êtes à leurs yeux"... 

Jules : La guilde vous a envoyé ici pour observer nos pouvoirs mais vous servez aussi d'appât pour qu'on les utilise.

Ode : C'est exact, je dois faire un rapport expliquant comment vous utilisez vos pouvoirs, surtout le tien Jules, mais je dois aussi appâter les parasites pour que vous puissiez vous battre contre eux et que vous vous entraînez.

Jules : Dites, ça peut paraître déplacé mais… Vous ne prenez pas mal le fait que la guilde vous utilise de cette manière ?

Trish et Bûth sont surpris par la question, aucun d'entre eux ne pensait que j'allais dire une telle chose devant quelqu'un de haut placé dans l'administration de la guilde tandis qu'Ode me regarde droit dans les yeux sans me répondre. 

Jules : Je sais que je remet en question la guilde en disant ça mais je veux savoir votre point de vue.

Je sais que les chasseurs ne doivent en aucun cas remettre en cause la guilde ainsi que les personnes qui la gèrent mais...

Jules : C'est assez rare de pouvoir parler directement avec des gens d'en haut donc j'en profite.

Ode : Pourquoi veux-tu avoir mon avis ?

Jules : Vous êtes un être humain non ? Donc vous avez forcément avoir un avis sur les ordres que l'on vous donne et sur qui vous les donne.

Elle m'observe pendant un moment.

Ode : J'exécute les ordres qui viennent d'en haut, c'est tout.

Jules : Ceux que Ludwig vous donne.

Ode : Il n'est que le gérant de la guilde, même s'il a du pouvoir sur nous, il reçoit lui aussi des ordres.

Trish : De l'église ?

Ode : Pas uniquement... Le roi a aussi du pouvoir sur la guilde d'un royaume.

C'est vrai qu'il y a une guilde par royaume donc deux entités politiques peuvent agir sur les ordres qu'on nous donne.

Jules : Et de qui vient l'ordre que vous avez reçu ?

Ode : Le roi... Je ne peux pas vous en dire plus.

Jules : Je vois… 

Pourquoi est-ce qu'elle nous a révélé autant d'informations ? Et elle n'a pas réagi au quart de tour lorsque j'ai osé aborder la guilde.

Jules : Vous ne semblez pas détester les chasseurs.

Ode : Personne ne vous déteste réellement au sein de la guilde, on vous côtoie tous les jours donc on s'y habitue au bout d'un moment. On a même mal au cœur quand on vous envoie en mission face à des parasites... Nous sommes des humains et on se rend compte que malgré les rumeurs que fait passer l'église que vous êtes vous aussi des êtres humains qui nous ressemblent.

Elle se met à observer le ciel à travers le feuillage des arbres.

Ode : Contrairement à ce que vous croyez, aucune personne de l'administration ne croit l'église à votre sujet. Vous pensez qu'on prend du plaisir à vous envoyer risquer votre vie contre les parasites mais non… Vous nous détestez et on le sait… 

Jules : Alors pourquoi ne pas le dire aux autres chasseurs, pourquoi ne pas rétablir un lien de confiance entre vous et les chasseurs ?

Ode : Si l'église sait qu'on se lie avec des chasseurs, ils nous feront taire par n'importe quels moyens… 

L'église… C'est cette entité politique et religieuse qui pose problème dans ce monde. "tant qu'elle peut contrôler la population en la montant les uns contre les autres, tout va bien : pour eux, seul leur place compte".

Jules : Vous pensez que le problème vient de… 

Non, mieux vaut que je ne pose pas cette question, même si je peux lui faire confiance, mieux vaut ne pas poser cette question.

Ode : Oui ?

Jules : Euh... Non, oubliez.

Elle me regarde avec un petit sourire, l'air amusé. Je pense qu'elle sait quelle question j'allais poser, surtout avec la discussion qu'on a eu juste avant.

Ode : On devrait s'arrêter là.

On s'arrête de marcher, surpris.

Bûth : Pourquoi ?

Ode : C'est trop dangereux de continuer, on risque de se perdre et puis il n'y a pas l'air d'avoir de parasites.

Jules : On revient sur nos pas du coup ?

Ode : On doit trouver un parasite avant de revenir, c'est primordial.

Bûth : On peut revenir demain au pire, avec Faucheur et Rose.

Ode : Je voulais utiliser la journée de demain pour observer les pouvoirs de Faucheur mais il faut croire que je vais aussi devoir observer Jules...

Bûth : Bon, retour à la barque dans ce cas.

Jules : Oui.

On commence à revenir sur nos pas lorsque je me rends compte que Trish n'est plus là.

Jules : Trish ? Trish !

Je me tourne vers Bûth et Ode.

Jules : On a perdu Trish !

L'incompréhension se lit sur leurs visages.

Voix au loin : Je suis là !

Je fonce immédiatement en direction de la voix en courant à travers les arbres. Bûth et Ode me suivent eux aussi. Je m'attends au pire, elle a disparu d'un coup sans prévenir. On finit par arriver au bord d'une falaise où on a une vue sur tout une grande portion de la forêt jusqu'à l'autre bout de l'île où on peut légèrement apercevoir la mer. Trish est accroupie au bord de celle-ci.

Jules : Wow.

La chasseuse se tourne alors vers Ode.

Trish : Dites, vous étiez venu ici avant ?

Ode : Non.

Jules : Pourquoi t'as disparu d'un coup ?! on a eu peur tu sais !

Trish : Chut, ne fais pas trop de bruit… J'étais simplement parti voir les alentours pendant que vous discutiez entre vous, mais regardez ce que je viens de trouver.

Elle montre du doigt le pied de la falaise où on peut y voir une immense bête à deux têtes en train de manger quelque chose qui ressemble à un corps. Un pelage marron recouvre ses quatres pattes, sur lesquelles il se tient, ainsi que le reste de son corps et sa queue.

Bûth : Un parasite...

Trish : Oui, mais regarde bien ce qu'il fait.

Jules : Bah il mange, c'est normal.

Trish : Regarde bien… 

En me concentrant sur le corps, je me rends compte de ce que je vois. Le cadavre n'était pas un animal normal... Non... Bien au contraire...

Ode : C'est pas vrai… On n'avait encore jamais observé ça… 

Jules : Un parasite qui mange un autre parasite… 

Trish : C'est pas normal ça… 

Personne ne semble rassurer par ce que l'on voit. Trish se tourne vers Ode.

Trish : Donc, ça veut dire que son système digestif n'est pas comme les autres… 

Ode : Et qu'il se peut que vous représentiez de la nourriture vous aussi… 

Bûth : Alors… il peut nous sentir… 

Jules : Hey, attendez, vous allez un peu vite dans votre raisonnement là ! C'est parce qu'il peut manger un parasite qu'on devient forcément de la nourriture !

C'est alors que le parasite attrape avec l'une de ses deux têtes le reste du cadavre qu'il reste puis le gobe d'un coup après l'avoir lancé en l'air. La peur s'empare de nous suite à ça. C'est alors que la bête lève lentement ses deux tête, croisant ainsi nos regards…