~Le début de la fin et la fin du début~

"Et voilà, c'est la fin" me dis-je.

...

C'était tout ce que je pouvais me dire alors que je sentais peu à peu mes forces m'abandonner et que voyais ma vision s'estomper lentement et devenir de plus en plus difficile. Le seul son qui parvenait encore à mes oreilles était le bip strident — et de plus en plus lent — de l’électrocardiogramme., la machine commençant aussi à devenir de plus en plus lents, signe de la fin prochaine.

Ma fin prochaine.

À vrai dire je ne pars pas vraiment avec beaucoup de regrets. J’ai peur, comme tout le monde, mais cette mort est avant tout une délivrance.

Je pars seul. Sans personne pour me tenir la main. Sans laisser de trace.

Mon seul regret ? C'est de ne pas pouvoir mourir avec un nocturne en fa mineur de chopin au piano dans les oreilles.

Ah, la musique… surtout le piano, surtout le classique. C’était peut-être la seule chose qui m’ait vraiment fait me sentir vivant. Elle, et les animés.

Je ne tiens à personne et personne ne tiens à moi, je n'ai pas eu et n'ai pas d'amis. Et ceux qui ont essayés de devenir proche de moi l'ont fait pour l'argent ou pour des faveurs. Je viens d'une famille riche.

Une famille riche, oui, mais pas unie. Pas aimante.

Mon père était l'un de ces éternels absents qui ne venait me voir que pour m'engueuler en me disant que je devrais changer et devenir PDG comme lui l'était pour reprendre son petit empire minable dont je n'avais cure, me frapper en me disant que je ne suis pas un bon fils car mes notes ne sont pas assez bonnes.

Mais je crois que ce qui était le pire était surtout lorsqu'il cassait mes instruments.

« Les musiciens sont des ratés », disait-il.

Il détruisait et insultait ma passion, mon art, mon espoir, ma vie... Et je le haïssais pour cela. Sans aucune restriction, de toutes mes forces.

Ma mère?

Pffff, même pas besoins d'en parler. Une vieille alcoolique incapable de s'occuper d'elle même et encore moins de son fils, tout juste bonne à revenir à 3 heures du matin en signalant sa présence par le doux son d'elle en train de heurter le sol du rez de chaussée.

Elle n'est même pas venue me voir en 3 ans à l'hopital depuis que j'ai attrapé cette petite tumeur au cerveau.

Tumeur qui est la raison pour laquelle je vais bientôt rejoindre saint Pierre.

Bref je sens peu à peu mes forces m'abandonner et je vois ma vision s'estomper. Je sais que je vais mourir, mais je suis prêt. Je ferme mes paupières et tout deviens noir, avant que je ne commence à voir la lumière blanche au bout d'un tunnel et que je ne sente mon corps devenir immatériel.

"Bon ben ne faisons pas attendre le big boss" 

Je me dis, tout en me mettant à me déplacer de manière tranquille vers la lumière.

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