~ Vie à l'orphelinat ~

Ça doit faire environ trois mois depuis ma renaissance.

Je commence à m’habituer à l’orphelinat. En vrai, c’est pas si dur, je suis un bébé, après tout. La règle d’or : dormir quand tu peux, pleurer quand t’as besoin de quelque chose.

Le seul problème, c’est les pleurs incessants des autres bébés dans la chambre.

Sérieux, mais ta gueule, tous !

C’est vraiment rageant de se sentir aussi faible. De devoir dépendre des autres juste pour les besoins les plus basiques. Mais bon, d’ici deux, trois ou quatre ans, ça devrait aller mieux. Faut juste être patient… et éviter de buter l’une de ces alarmes à pleurs ambulantes.

Mais ce à quoi j’ai surtout dû m’habituer, c’est à être le petit-fils de lui.

Franchement, parmi toutes les familles de ce village, fallait que je tombe sur lui. Quelles sont les chances, sérieux ?

En même temps, Taki, c’est pas Konoha. C’est un petit village. Genre, y avait une chance sur 500 que je tombe sur lui, vu la taille du bled.

Et puis, d’après toutes les fanfics de réincarnation que j’ai bouffées, je suis censé être un génie. Alors c’est sûrement normal de me coller en tant que descendant d’un gars comme Kakuzu.

Non, pas que ça me dérange. Au contraire, je suis fier. Même si je le connais pas vraiment, j’ai juste une vague idée de ce à quoi il ressemble, ça me rend fier d’être son petit-fils. D’être le descendant d’un ninja pareil. D’un homme pareil.

C’est juste… beaucoup à encaisser. Je viens d’avoir trois mois, quand même.

Et puis surtout, vu comment les gens me regardent depuis ma naissance, on dirait qu’il est loin de faire l’unanimité ici.

Enfin, techniquement il la fait… juste pas dans le bon sens du terme.

Pourquoi il a fallu que je tombe sur lui, sérieux ?

S’il y a un perso dont tu veux absolument pas être le descendant, c’est bien lui. Même dans les autres villages.

J’ai tous les désavantages d’être le fils ou petit-fils d’un gars ultra connu et détesté, sans aucun des avantages.

Pas de limite de lignée.

Pas de clan prestigieux.

Pas de parchemins, pas de techniques, pas d’héritage matériel.

Pas un rond.

Rien.

Mais par contre, le fait d'être aimé par personne, ça, j’en ai à revendre.

Bon, personne ne me harcèle encore, c’est normal, je suis un bébé. Mais ça se sent bien que personne ne ferait le moindre effort pour moi.

C’est encore pire que… que… comment il s’appelle déjà ?

Le petit blond ?

Le petit renard ?

Renard ? Bordel, mais qu'est-ce que j'invente ? Les ces effacements de mémoire, ça me gonfle vraiment.

Bon, c’est un mec important lui aussi, avec un peu les mêmes problèmes que moi, mais au moins il avait un ou deux avantages. Même si j’arrive plus à me souvenir lesquels.

C’est bizarre. Je ne connais pas vraiment Kakuzu et pourtant je me sens déjà plus proche de lui que de ma famille d’avant.

C’est étrange aussi, j’ai des bribes d’info sur lui, une vague idée de son apparence, sans jamais l’avoir croisé.

Et je connais aussi quelques trucs sur mon village, sur les shinobi, sur le chakra… tout ça.

....

Bon, on verra ça plus tard.

Pour l’instant, je suis assis sur mon lit, en train de me demander quoi faire.

— Est-ce que je devrais pas m’entraîner un peu ? — je me questionne, un peu perdu.

Allez, qu’est-ce que je sais déjà de ce monde ?

D’après mes souvenirs — sans vraiment comprendre comment — je connais :

Les cinq grands villages, le fonctionnement du système ninja (en version simplifiée), quelques trucs plus ou moins importants sur mon village, et le fonctionnement de base du chakra.

Ok, géographie basique, système ninja niveau débutant, et comment m’entraîner avec le chakra… ça fera l’affaire pour le moment.

Si mes connaissances sont exactes, après avoir réussi à entrer en connexion avec mon chakra, à part les trois techniques basiques — clone, henge et substitution — le seul entraînement possible pour moi, c’est le contrôle du chakra.

Je pense que je vais commencer par ça. Les techniques demandent un bon dosage pour être utilisées, et c’est justement l’exercice de contrôle qui me l’apprendra. J’ai tout mon temps après pour apprendre les techniques.

En plus, les exercices de contrôle, à force d’être pratiqués, augmentent mes réserves de chakra, en plus d’améliorer la bonne utilisation des techniques.

Donc, plus je commence tôt, plus mes réserves seront grandes.

« C’est décidé ! » m’écriai-je, dans un bruit qui ressemblait plus à un « bougabouga ».

Bon, le premier entraînement pour le contrôle, c’est celui des feuilles.

« Où je peux bien trouver une feuille ? » me demandai-je en balayant du regard la chambre collective.

Finalement, mon regard tombe sur ma couverture.

« Bon, au pire je vais me faire un peu gronder, » je me dis en déchirant un petit bout de tissu, à peu près de la taille d’une feuille, que je colle sur mon front.

Bon, donc je dois faire circuler mon chakra sur mon front, ni trop, ni trop peu. Si j’en mets trop, la feuille explose, si j’en mets pas assez, elle tombe.

Je commence à envoyer mon chakra dans mon front et je lâche le bout de couette.

Il tient en tremblant pendant environ cinq à six secondes avant de tomber sur le lit.

C’est un bon début. Plus qu’à réessayer jusqu’à ce que je sois à court de chakra.

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\Ellipse de 1 heure/

Wow, je savais que c’était douloureux d’être à court de chakra, mais j’étais loin de la vérité.

Je suis affalé sur mon lit, une douleur brûlante qui traverse chaque pore de ma peau, surtout au niveau du ventre, là où mon chakra se forme.

Je sais que c’est nécessaire, ce mal, pour devenir un ninja puissant plus tard. Peut-être faudrait-il juste que la douleur soit un peu moins forte, histoire que je sois encore capable de faire quelque chose après.

Mais c’est un mal nécessaire, comme cette couette en lambeaux, éparpillée partout autour de moi en dizaines de morceaux. J’ai souvent mis trop de chakra dans ce petit bout de tissu, ce qui a provoqué de petites explosions plutôt marrantes.

Ce qui est beaucoup moins drôle, c’est la matronne.

« Qu’est-ce que vous avez fait ?!? » hurle-t-elle, la haine pure dans la voix.

« Vous avez déchiré votre couette, petit démon ! Tu vas dormir par terre pendant un mois pour ça ! »

À chaque mot, elle me secoue brutalement, comme pour bien me faire comprendre.

« Attends, quoi ? » je hurle dans ma tête.Je sais que tu me détestes, mais il faut arrêter un moment.

Elle m’emmène ensuite dans un espèce de placard à balais, me pose d’un coup sec sur le sol froid.

« Et tu seras privé de souper, » conclut-elle avant de claquer la porte, me laissant seul dans le noir total.

« Pourquoi ? Pourquoi moi ? » je me demande, encore et encore.Je sais que ce que j’ai fait n’est pas bien. Mais est-ce que je dois vraiment souffrir autant ?

Malgré mon âge d’âme, je suis encore un bébé. Avec les émotions d’un bébé.

Je me mets à pleurer, sans pouvoir m’arrêter. Pendant des heures.

Cette douleur… Je l’ai déjà ressentie avant : l’abandon, la haine, le fait de ne pas avoir quelqu’un qui t’aime, ce rejet constant.Je pensais l’avoir laissée derrière moi.J’avais tort.

« Est-ce qu’il y aura au moins une personne dans cet univers qui m’aimera ? » je demande entre deux sanglots.

Les heures passent, et peu à peu mes yeux se dessèchent.Ma raison reprend le dessus sur mes émotions.

Je relève lentement la tête, pensant à cette femme… et à ses mots.

Cette rencontre, si courte, pourtant pleine d'amour.

Des mots simples, mais qui, je ne sais comment, se sont ancrés en moi.Comme une guide qui m’aurait pris la main, alors que personne ne l’a jamais fait.

Ces mots me semblent maintenant plus que des conseils, ils sont devenus des objectifs de vie.

Car même si je ne l’ai connue que quelques minutes, ma mère s’est souciée de moi.J’ai vu dans ses yeux un amour inconditionnel, une chose si inconnue à mes yeux.Et je sais que ces mots étaient ce qu’elle voulait pour moi.

Madame...

Non.

Maman…

Je ferai en sorte de suivre tes dernières volontés.Être libre, et vivre pour ce en quoi je crois.

« Pas le temps de pleurer, » je me dis en remarquant des petits bouts de papier joncher le sol.« Je dois devenir fort. »