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Aaron sentit un frisson glacial le parcourir alors qu'il était submergé par les visions de tous les mondes ouverts. Il vit des horreurs indicibles, des images horribles de milliers et milliers de morts. 

Des cris perçants de désespoir et de douleur résonnaient dans son esprit, et il avait l'impression que cela n'allait jamais s'arrêter. 

Soudain, il se mit à rire, à se tenir le visage avec ses mains. C'était un rire dément, empli de folie et de désespoir. 

Ses amis le regardaient, impuissants, alors qu'il perdait complètement pied. Puis, l'individu de l'organisation commença à avancer lentement vers eux, un sourire maléfique sur le visage. 

Aaron se leva brusquement, son visage laissant ressortir des veines noires profondes, et s'avança vers lui. Ils tentèrent de l'arrêter, mais il était comme possédé, poussé par une force qu'il ne pouvait pas contrôler. 

Soudain, il y eut une explosion, et tout devint noir. Lorsque la fumée se dissipa, Aaron se retrouva à genoux, le visage entre ses mains. Il était couvert de suie et de poussière, mais il était toujours vivant. 

À côté de lui se trouvait l'individu de l'organisation, qui avait réussi à le protéger de l'explosion. 

Aaron était en train de rire, mais ce n'était pas un rire normal. C'était un rire maléfique, démentiel. Il avait été submergé par la force démoniaque qui l'habitait, et il ne pouvait plus la contrôler. 

L'individu de l'organisation comprit rapidement la situation et se projeta vers Aaron pour l'attraper et le maintenir fermement. 

Aaron se débattit avec force, tentant de se libérer de l'emprise de l'homme. Mais plus il résistait, plus il se sentait envahi par cette énergie qui le poussait à se battre. 

Finalement, il cessa de lutter et rejoignit les rangs de l'individu de l'organisation. Ses yeux étaient vides, comme s'il était possédé par quelque chose de maléfique. L'individu de l'organisation resserra sa prise sur lui, ne voulant pas prendre de risque. 

Il regarda autour de lui, constatant les dégâts causés par la brèche qui avait été ouverte entre les mondes astraux. 

Anna et Noé étaient étendus au sol. L'homme les regarda, empli de neutralité quant à ce qui venait de se produire : Alors, ça fait quoi de se retrouver pour la troisième fois, Anna ? dit-il. Anna était paralysée, elle sentit une vive douleur monter de son bassin jusqu'à sa tête. 

Il continua à parler : toi, Noé, j'en attendais un peu plus de toi, surtout après ce que tu as vécu. Fin, tu n'es pas au courant d'une chose ; l'homme se pencha vers lui, le regarda froidement et dit : j'ai tué ta mère. Oui, c'est moi l'auteur de ce qui lui est arrivée. Noé s'énerva tellement fort que tout son être allait exploser, mais il se fit calmer directement : reste calme, voyons. Tu ne fais pas encore le poids, alors écoute-moi attentivement. 

Cet "homme", comme répété plusieurs fois, n'a pas encore donné son nom, mais ça ne saurait tarder. Et petite précision : 1 + 1 fait 2 ; un renseignement + un renseignement = une meilleure intelligence ; donc ? Fin chap15 

Noé était figé, pétrifié par les mots glaciaux de l'homme devant lui. Son esprit tourbillonnait dans un maelström de colère, de chagrin et de confusion. Comment pouvait-il rester calme après une telle révélation ? Comment pouvait-il écouter cet homme, ce monstre qui se tenait devant lui, et qui prétendait avoir ôté la vie à sa mère ? 

Il se força à respirer profondément, à contenir la rage qui bouillonnait en lui. Il leva les yeux vers l'homme, un regard brûlant de détermination. "Pourquoi ?" murmura-t-il, sa voix à peine audible. 

L'homme lui adressa un sourire dénué de chaleur, ses yeux brillant d'une lueur perverse. 

"Pourquoi ?" répéta-t-il, comme s'il savourait chaque syllabe. "Parce que ta mère était une idiote sentimentale. Elle pensait pouvoir me sauver, me changer. Mais elle ne comprenait pas... je suis au-dessus de ces faiblesses humaines. Je suis un prédateur, Noé. Et elle était simplement une proie." 

Noé sentit une vague de nausée le submerger. Il détestait cet homme, ce manipulateur impitoyable qui avait pris la vie de sa mère. Mais il avait aussi besoin de savoir, de comprendre ce qui s'était passé. 

"Comment ?" articula-t-il avec difficulté. 

L'homme inclina la tête, comme s'il était satisfait de l'intérêt de Noé pour son récit macabre. "Ta mère était trop curieuse pour son propre bien", commença-t-il. "Elle avait découvert mes petits jeux, mes manigances. Elle voulait me confronter, me faire payer pour mes crimes. Mais elle a sous-estimé mon intelligence, mon ingéniosité. Elle est tombée dans mon piège comme une souris dans une cage. Et je l'ai éliminée, sans remords." 

Maintenant, je vais commencer mon récit, alors je te prie de ne plus m'interrompre, dit l'homme d'une voix calme. 

Noé serra les poings, son regard brûlant de haine fixé sur l'homme devant lui. Il se força à rester silencieux, même si chaque fibre de son être criait vengeance. 

L'homme reprit, avec sa voix calme et mesurée : tu vois, Noé, ta mère était une femme remarquable. Intelligente, aimante, déterminée. Mais elle avait une faiblesse, une naïveté qui l'a finalement perdue. Elle croyait en la bonté intrinsèque des gens, même quand cette bonté était inexistante." 

Il marqua une pause, laissant ses mots planer dans l'air. 

"Elle était mon opposé, en quelque sorte. Et c'est pour cela qu'elle était dangereuse pour moi. Mais au lieu de me cacher, de disparaître, j'ai choisi de jouer avec elle. De l'attirer dans mes filets, de la faire souffrir comme elle avait tenté de me faire souffrir." 

Noé sentit une bouffée de colère monter en lui. Comment cet homme pouvait-il parler de sa mère avec autant de mépris ? Avec autant de froideur ? 

"Et maintenant, tu vas m'écouter attentivement, Noé", poursuivit l'homme, son regard fixé sur lui. "Parce que ton tour est venu. Ta mère était une erreur que j'ai corrigée. Toi, tu es juste un détail à régler." 

Pour comprendre comment il peut être l'auteur de cet effroyable agissement et avoir une confiance autant démesurée, il faut remonter à une époque ultérieure. 

À l'époque, Noé n'était pas encore venu au monde et sa mère partait tous les soirs en expédition astrale pour vivre les fameux raids. Une fois, alors qu'elle était en raid, elle rencontra un jeune homme. Il était tout maigrichon et ne dégageait aucune lueur de noirceur en lui, et elle en conclut qu'il était un pauvre habitant esseulé du carnage qui avait lieu. 

Elle décida alors de le prendre sous son aile, de l'aider, car elle ne voulait pas le laisser seul et était trop remplie d'amour pour agir comme cela. 

Pendant plusieurs semaines, elle veilla sur lui, lui offrant un abri et de la nourriture astrale. Ils développèrent une amitié sincère, et chaque nuit, elle retournait le voir, le cœur léger de faire une différence dans cet univers ravagé. 

Cependant, une nuit, alors qu'ils étaient assis ensemble sous un arbre argenté aux feuilles luminescentes, elle remarqua quelque chose d'étrange dans ses yeux. Une lueur sombre et fugace, comme une ombre traversant un ciel clair. Elle pensa d'abord que c'était son imagination, mais cette lueur apparut de plus en plus souvent. 

Un soir, alors qu'elle explorait les ruines d'une ancienne cité astrale, elle rencontra une vieille sage, réputée pour ses visions prophétiques. Intriguée par l'aura du jeune homme, la sage lui posa quelques questions. 

En entendant son histoire, la vieille femme pâlit et lui raconta la légende d'un être maudit, cachant en lui une noirceur pure, capable de détruire des mondes entiers. 

Elle ne pouvait pas croire que cela concernait son protégé, mais la description correspondait. Déterminée à découvrir la vérité, elle décida de le confronter. Ce soir-là, alors que les étoiles brillaient intensément, elle lui demanda de lui révéler son passé. 

Le jeune homme, d'abord réticent, finit par avouer la vérité. Il avait autrefois été un puissant sorcier, avide de pouvoir, qui avait plongé son propre monde dans les ténèbres. 

Pour échapper à son châtiment, il avait enfoui sa noirceur au plus profond de lui, espérant tromper ceux qui voudraient le punir. Mais, en vérité, cette noirceur grandissait, se nourrissant de ses peurs et de ses doutes. 

La révélation la bouleversa. Elle réalisa que son amour et sa compassion avaient peut-être été mal placés. Cependant, elle sentait toujours une part de bonté en lui, une lutte intérieure contre cette noirceur qui menaçait de le submerger. Elle savait qu'elle devait faire un choix : l'abandonner à son destin ou tenter de le sauver, en dépit du danger. 

Elle décida de tenter de le sauver et lui en parla. Le jeune homme, d'abord surpris, finit par accepter son aide. Il semblait sincère, reconnaissant, même, et ils entreprirent ensemble le voyage pour trouver un moyen de purifier son âme. Chaque étape de leur quête était semée d'embûches, mais elle était déterminée à le guider vers la rédemption. 

Au fil des semaines, il montrait des signes de transformation, une lutte intérieure qui semblait se calmer peu à peu. Mais ce qu'elle ignorait, c'est que la noirceur en lui avait évolué, devenant plus insidieuse. Derrière ses sourires et ses paroles réconfortantes, il commençait à tisser une toile de manipulation. 

Il jouait sur ses émotions, se montrant vulnérable quand il sentait qu'elle doutait, renforçant ainsi son désir de le sauver. Il exploitait ses peurs et ses espoirs, et progressivement, sans qu'elle ne s'en rende compte, elle devenait de plus en plus dépendante de son approbation, croyant voir en lui une véritable amélioration. 

Un soir, alors qu'ils campaient près d'un lac aux eaux cristallines, il lui raconta une histoire déchirante de son passé, des détails poignants et terrifiants qui la firent pleurer. Elle se sentit plus que jamais connectée à lui, décidée à ne jamais l'abandonner. C'était exactement ce qu'il voulait. En attisant sa pitié et en la rendant émotionnellement vulnérable, il renforçait son emprise sur elle. 

Les jours passèrent, et malgré quelques moments de doute, Noé continuait à croire en sa mission. Mais le jeune homme, sous ses airs repentants, préparait un plan. Il avait besoin de ses pouvoirs pour atteindre un artefact ancien, caché dans les profondeurs d'un temple oublié, un artefact capable de libérer sa pleine puissance. Utilisant son charme et sa manipulation subtile, il la convainquit de l'y emmener, prétendant qu'il s'agissait d'une étape cruciale pour sa purification. 

Arrivés au temple, les intentions du jeune homme devinrent claires. Il révéla sa véritable nature dans un éclat de rire sinistre, se débarrassant du masque de vulnérabilité qu'il portait depuis des mois. Il utilisa l'artefact pour libérer sa noirceur, retrouvant sa puissance perdue. Elle se sentit dévastée quand elle se rendit compte de la profondeur de sa manipulation. 

"Pourquoi ?" cria-t-elle, les larmes aux yeux. "Pourquoi m'avoir fait croire que tu voulais changer ?" 

Le jeune homme, désormais entouré d'une aura sombre et menaçante, la regarda avec une froideur qui la glaça. Il prit une grande inspiration, comme pour savourer pleinement le moment, puis commença à parler d'une voix teintée de cynisme. 

"Tu veux savoir pourquoi, ? Très bien, je vais te le dire. Au début, j'ai vu en toi une naïve exploratrice, trop pleine d'amour pour voir la réalité en face. Je me suis dit que je pourrais utiliser ta bonté à mon avantage, et je ne me suis pas trompé." 

Il fit quelques pas vers elle, son regard intense planté dans le sien. "Je ne suis pas ce pauvre homme perdu que tu as cru sauver. Je suis un être de noirceur, un sorcier qui a jadis dominé des mondes entiers. Ma soif de pouvoir est infinie, et j'ai réalisé que ta compassion était la clé pour me libérer de cette prison de faiblesse où j'avais été enfermé." 

Une... prison ? Imaginez s'il n'avait pas été sous cette "prison". Imaginez bien, car c'est un maitre des mots.  

Elle recula, ses mains tremblant de colère et de tristesse. "Mais... je sentais une lutte en toi, une part de bonté." 

Le jeune homme éclata de rire, un son cruel et dénué de joie. "Oh, cette lutte intérieure ? Un simple jeu d'illusions. La bonté que tu croyais voir n'était qu'une ruse pour t'attirer davantage dans mes griffes. Chaque larme, chaque mot de regret n'étaient que des outils pour manipuler tes émotions. Tu étais si désespérée de croire que tu pouvais me sauver, que tu n'as jamais vu le piège se refermer sur toi." 

Il tendit la main vers elle, une énergie noire pulsant à travers ses doigts. "Tu vois, ton amour et ta compassion étaient des faiblesses, et maintenant, tu vas disparaître comme tous les autres qui ont osé se mettre en travers de ma route." 

Malgré la peur envahissante, elle se redressa. Elle savait que la situation était désespérée, mais elle ne pouvait pas abandonner. Elle se concentra, cherchant en elle-même la force de résister. Elle réalisa que même face à cette trahison, son amour et sa compassion n'étaient pas des faiblesses, mais des forces. 

"Tu te trompes," dit-elle d'une voix ferme. "Mon amour et ma compassion ne sont pas des faiblesses. Ce sont des forces que tu ne pourras jamais comprendre. Et c'est avec elles que je vais te combattre." 

"Ta gueule". Et au même moment, un choc brutal s'empara de son corps, comme si on venait de lui avoir injecté du poison. 

"Tu es si prévisible" dit-il, sa voix débordant de mépris. "Tes grands discours sur l'amour et la compassion... tout cela n'a jamais eu de poids face à la véritable puissance." 

Elle s'effondra au sol, sentant le poison se répandre en elle, chaque fibre de son être en proie à une douleur insoutenable. Elle tenta de se relever, mais ses forces la trahissaient. Le jeune homme s'approcha, la dominant de toute sa hauteur, une expression de triomphe sur son visage. 

"Voilà où mène ton idéalisme," continua-t-il. "Tu aurais pu fuir, abandonner cette quête insensée, mais tu as choisi de me faire face, et voilà le résultat. Ton amour t'a conduite à ta perte." 

Malgré la douleur, elle leva les yeux vers lui. Une lueur de défi brillait encore dans son regard. "Tu penses avoir gagné, mais tu te trompes," murmura-t-elle entre deux respirations haletantes. "La véritable force réside dans la lumière, et tu ne pourras jamais l'éteindre complètement." 

Le jeune homme pencha la tête, mit sa main sur son menton, sourit avec des yeux maniaques et s'approcha de son objet. "Encore des mots creux. Tu es pathétique." 

Retour au moment présent 

« Nous devons partir », dit-il d'une voix grave. 

Sans un mot de plus, il disparut dans un tourbillon de lumière, emmenant Aaron avec lui. 

Nos 2 collègues restèrent seuls, alors que la brèche entre les mondes astraux se refermait lentement derrière eux. 

Noé regarda Anna, abasourdi. "Je n'arrive pas à croire que tout cela soit arrivé", dit-il d'une voix tremblante. Anna acquiesça silencieusement. 

Ils savaient que leur vie ne serait plus jamais la même après cette nuit. "Nous devons nous en aller", dit-il finalement. 

"Nous ne pouvons pas rester ici plus longtemps." Malgré leurs douleurs abominables, ils se relevaient. Mais alors qu'ils traversaient la cour, ils furent soudainement encerclés par un groupe d'hommes en uniforme noir. 

"Vous n'irez nulle part", dit le chef du groupe d'une voix glaciale. "Vous êtes tous les deux en état d'arrestation pour intrusion et destruction de biens publics."