Vol 4 : Trois

Il y avait une rivière devant lui.

C'était la nuit — ou du moins, c'est ce qu'il croyait. Il ne pouvait en être certain ; quand il levait les yeux, tout ce qu'il voyait, c'était une obscurité infinie, un abîme béant qui semblait s'étendre à une distance inimaginable et pourtant planait au ras de sa tête comme s'il menaçait de s'effondrer sur lui à tout instant.

Le sol était également d'un noir identique, mais pas dans le même dégradé sans fin que le ciel au-dessus. Au contraire, d'ombreuses lames d'herbe bruissaient dans un vent fantôme et, poussant juste sur la berge de la rivière, il y avait des touffes fourragères de fleurs arachnéennes (1), dont les pétales cramoisis étaient si éclatants qu'ils lui brûlaient les yeux.

Il ne pouvait se rappeler comment elles s'appelaient.

Des lys araignée rouges. Fleurs qui vivent pendant mille ans, se flétrissent pendant mille ans. Les fleurs et les feuilles sont destinées à ne jamais se rencontrer. (2)