Je me souviens

Je me souviens très vivement comment les rythmes de mon cœur s'étaient rendus à la guerre de mon esprit qui pulsait aux mots ce jour là quand Déimos avait prononcé. "Théia, voici ma compagne." Il l'introduisit avec aisance tout en se tournant et en la pointant du doigt.

J'avais finalement surpris Déimos avec une visite juste quelques jours après notre appel téléphonique, mais ce n'était pas ce à quoi je m'attendais.

Mes yeux s'écarquillèrent face à sa vérité abrupte qui m'avait pris au dépourvu et je me mis à questionner pourquoi il ne m'avait pas prévenu avant mon arrivée, car si j'avais su, je ne serais pas venue. Ses yeux commencèrent à s'attrister en me regardant, il n'avait pas apprécié la situation dans laquelle nous étions plongés.

Il vacillait, son arrivée l'avait profondément touché. Il était horriblement terrifié par sa femelle. Mais il n'avait rien à craindre car il tenait une déesse dans ses mains.

Ses cheveux avaient la riche couleur des châtaignes, ses lèvres étaient pulpeuses et brillantes, elles me rappelaient des cerises mûres. Ses yeux étaient d'un gris bizarre et profond, comme je n'en avais jamais vu. Elle possédait un long cou mince qui semblait briller et scintiller sous le soleil éclatant et ses yeux… ils intimidaient. Ils m'exprimaient son essence avant même que sa bouche le fasse, Alpha. Je n'avais jamais contemplé une telle grâce et beauté auparavant, même dans ma meute.

La façon dont elle se portait, la façon dont ses globes pénétraient les miens avec une curiosité ardente qui menaçait indirectement en dessous. C'était une reine. Une vraie reine. Mère l'adorerait, c'était un sentiment qui me vainquait.

Mon cœur se tendit sous le poids de son être, se déchirant petit à petit car elle était tout ce que Phobos voulait de moi. Elle était tout ce que j'aspirais à être étant louveteau. Ce jour-là, j'avais envie de me précipiter chez moi car elle m'avait montré qui je devais être, elle m'avait révélé combien j'étais lâche et timide. Elle explicitait mon indignité à l'instant où mes yeux croisèrent les siens.

"Bonjour, je suis Théia. C'est merveilleux de enfin te rencontrer." chuchotai-je avec l'envie de fuir ses yeux gris acérés, c'était comme si je parlais à une version féminine de Phobos et cela instillait un désespoir intense en moi. Elle avait rayonné gentiment à mes mots et tout ce à quoi je pouvais penser était à quel point son sourire était magnifique. Elle était tout ce que je n'étais pas et je savais juste qu'elle me confirmerait cela pendant les jours de mon séjour.

Je m'étais collée à Déimos à ce moment-là comme je le faisais régulièrement alors qu'elle se blottissait avec son groupe de femelles. Je l'enviais, elle possédait tant de femelles à elle qui la soutenaient et lui apportaient de la chaleur. Et moi, je n'en possédais aucune comme elles. Peut-être que si c'était le cas, j'aurais pu marcher un peu plus solidement sur cette route tranchante.

Le lendemain matin après ce jour fatidique, je suis allée courir avec Déimos. Je détestais bien sûr l'entraînement mais seulement les combats ou la chasse qui l'accompagnaient. J'adorais courir car cela aidait à libérer mon esprit, je me sentais protégée par la nature en le faisant.

"Ta femelle est très attirante, tu dois être heureux. Et elle est une Alpha, Déimos !" haletai-je en courant à ses côtés en tentant de suivre son rythme. Il ricana comme s'il trouvait mes mots amusants. Il n'avait pas approuvé.

"Elle ne peut pas être Alpha ici sur mes terres, Théia." Il répondit avec une férocité comme s'il avait un goût âcre au bout de la langue.

"Tu dois apprendre à l'aimer, Déimos." Je tentai de lui faire entendre raison mais il n'a pas compris, à mon avis. Mes mots sont tombés dans des oreilles sourdes.

"Jamais. Je n'oserais jamais être faible à nouveau." Il cracha ses mots vulgaires sur moi. Je n'étais pas en mesure de comprendre sa vérité car ses désirs différaient profondément de ceux de son frère.

Je me souviens de ce jour sinistre où j'ai cru que j'allais disparaître dans les mains inexorables de la femelle Alpha.

"Voudrais-tu prendre un thé avec moi dans ma chambre ?" lui avais-je demandé timidement tandis qu'elle m'observait avec des yeux curieux. Elle me semblait souvent être un louveteau. Je la trouvais adorable parfois.

"C'est super de enfin te rencontrer." Je lançai et menai notre conversation, j'étais toujours amicale avec les femelles. Je voulais être son amie car elle était la première qui ne me regardait pas avec des yeux méchants ou envieux. J'admirais cela en elle. "Tu es plus belle que je ne l'imaginais." Avais-je prononcé ma vérité, elle était absolument magnifique. "Et je n'arrive toujours pas à croire que tu étais un Alpha," murmurai-je mes joues brûlant de timidité en lui parlant. Je la complimentais.

"Suis un Alpha. Je serai toujours un Alpha." Sa chair s'était tendue à mes mots. Déimos m'avait dit qu'elle ne pouvait pas être Alpha sur ses terres donc j'avais assumé que c'était le cas mais je réalisai qu'elle ressentait différemment de lui. Mes yeux s'écarquillèrent devant son loup qui se tenait fièrement derrière ses globes tandis qu'elle analysait ma valeur à lui parler.

Je me balançais avec mélancolie. Pourquoi chaque loup ne me tenait-il que pour ma valeur potentielle ? Pourquoi aucun loup ne souhaitait me comprendre pour qui j'étais vraiment ? Je m'étais posé la question.

"Bien sûr. J'ai quelque chose à te montrer." dis-je en prenant une photo de Déimos et moi que je conservais toujours sur mon étagère. Je voulais qu'elle voie son mâle quand il était un louveteau car je savais qu'elle chérirait cela. Je voulais la faire sourire. "Voici Déimos et moi quand nous étions des louveteaux."

Elle avait arraché la photo de mes mains en hâte alors que je lui souriais considérablement tandis qu'elle analysait étonnamment la photo. J'aurais souhaité que Déimos m'ait informé plus tôt de sa présence car j'aurais apporté toutes celles que je possédais de lui si cela l'avait rendue si contente.

"Qui a pris cette photo ?" Elle demanda avec une curiosité profonde qui la confinait. Déimos ne l'avait pas familiarisée avec son passé, elle me faisait reconnaître cela.

Mes globes devenaient déprimés face à son enquête et avec un soupir abattu, je lui avais donné la vérité car elle avait le droit de savoir. "Ses parents l'ont prise, c'était la dernière fois que nous les avons vus."

"Quoi ? Pourquoi ? Qu'est-il arrivé sous la lune ?" Elle m'interrogeait tandis qu'elle sursautait sur son siège, ses globes méfiants de la révélation que j'allais lui transmettre. Peut-être que Déimos aurait été fâché contre moi s'il avait appris que je discutais de son passé avec elle mais cela ne m'inquiétaient pas. C'était sa femelle, elle méritait au moins de savoir cela.

"Ils sont morts. Ils sont décédés dans un accident quand Déimos avait dix ans. C'est pourquoi nous sommes plutôt proches, Déimos et moi. Il a vécu avec nous pendant un moment jusqu'à ce qu'il soit assez mature pour retourner ici et s'asseoir sur son trône." Ses yeux s'attristèrent à ma vérité, elle était une femelle authentique celle qu'il fallait pour Déimos car je remarquais qu'elle ressentait pour lui.

J'étais ravie pour eux car je pensais que Déimos aurait alors un soutien moral qui aurait persisté à ses côtés dans chaque épreuve et tribulation.

"Oh, je ne savais pas cela." En me retournant vers le tableau, je ne pouvais m'empêcher de réfléchir si elle savait combien elle était bénie d'être revendiquée par Déimos comme la sienne, car là je me trouvais échouée sur une île, mon mâle qui m'avait abandonnée loin de ma chaleur.

"Je sais que Déimos ne parle pas beaucoup mais donne-lui du temps, il va s'ouvrir. D'ici là, si tu as besoin de quelque chose, je suis là." Je la réconfortais dans sa lutte, je voulais être cette amie qu'elle avait lorsqu'elle se retrouvait abandonnée par lui. Car j'avais moi-même besoin d'une femme comme cela et j'avais conclu que je serais celle-là pour elle.

Mais je ne savais pas quelle méchanceté j'avais commise car en l'espace de quelques heures seulement, je me faisais étrangler jusqu'à la tombe par ses puissants membres alors que je luttait pour respirer.

"He bien, n'es-tu pas une belle menteuse, Théia ? Des amis tu dis, mais des amants vous êtes. Tu me mens en plein visage et tu oses t'asseoir sur mon trône. Tu as du cran, je te l'accorde." Elle rugissait avec une sauvagerie qui m'alertait jusqu'au tréfonds de mon être, ma vie était entre ses mains. Des amants ? Déimos et moi ? Je ne savais pas qui l'avait nourrie de mensonges et d'histoires mais d'une manière ou d'une autre, je croyais avoir mérité sa folie.

Déimos et moi étions constamment conscients des rumeurs sur notre relation qui circulaient parmi les loups comme un feu sauvage qui nous encerclait. Mais nous ne nous en souciions jamais vraiment car nous connaissions la vérité et nous n'avions commis aucun méfait.

Je portais mon affection pour lui car je le valorisais comme un vrai ami et parfois je l'imaginais être Phobos. Mais alors que sa femelle s'efforçait de me prendre la vie, je savais que j'aurais dû anéantir les contes fabriqués car je la voyais saigner juste comme moi.

Ses yeux trahis et furieux s'attardaient sur l'anneau que je portais joyeusement à mon doigt. Ce n'est pas ce que tu penses. Cela ne veut rien dire. C'est juste un cadeau. J'avais envie de le lui dire et de la soulager de son chagrin mais comment pouvais-je alors que ma gorge était écrasée petit à petit.

Je pensais que si je partais là-bas et maintenant, Phobos apparaîtrait-il pour dire son adieu car au moins j'aurais eu un aperçu de lui ce qui aurait rapidement apaisé mon désir douloureux. Je pensais que je pourrais mourir là sans soucis car j'étais déjà morte à l'intérieur.

"Lâche-la maintenant !" Déimos hurlait avec une violence énorme alors qu'il se réveillait avec une barbarie impitoyable devant ce qu'elle me faisait. "Laisse-la partir, mon mâle ! Maintenant ! Que diable fais-tu ?" Pourtant, ses mots semblaient ne pas affecter sa femelle, elle était une reine obstinée qui désirait éliminer une menace sans épine à son lien. Phobos l'aurait admirée, sa meute l'aurait trouvée digne.

"Te demandes-tu jamais à quoi ressemble la face de la mort ? Veux-tu que je te montre, Théia ? Je vais te faire cet honneur." Elle serrait plus fort ma gorge alors que les battements de mon coeur commençaient à cesser. Alors que je luttait pour respirer, tout ce que je pouvais discerner à ce moment-là étaient des yeux bleu océan qui se tenaient devant moi avec une clarté agaçante malgré mon environnement brumeux qui se dissolvait.

Même au moment de ma mort, tout ce dont je pouvais me souvenir était mon béni par la lune et cela enfonçait un peu plus la lame qu'il avait plongée dans mon cœur. Tandis que je griffais ses poignets essayant de simplement me raccrocher à quelque chose sous mes yeux flous, mon cœur battait vigoureusement avec l'agonie contenue de mon âme.

Je voulais au moins pouvoir annoncer mon adieu à Phobos alors que la lune m'accueillait dans ses portes. Je pensais qu'il serait soulagé de savoir que j'étais morte. Je suppliais la lune de m'accorder cela.

Comme si elle écoutait mon appel, ma gorge était libérée alors que je tombais brutalement au sol me tordant en arrière loin de la femelle qui aspirait à me tuer. "Ne lui fais pas mal, Déimos. Laisse-la partir." Je soufflais péniblement alors que ma poitrine se soulevait avec sauvagerie alors que je voyais la haine qu'il portait dans ses yeux pour elle comme s'il la percevait comme répugnante.

Sa douleur était la mienne. Arrête. Laisse-la partir. J'avais envie de hurler sur lui qui la tirait fermement loin de moi mais ma gorge était déchirée à vif de l'intérieur, aucun loup ne pouvait entendre mon appel.

Je me souviens de la manière prudente avec laquelle Déimos continuait à scruter sa femelle et Cronos alors que nous prenions tous un jour de congé pour voyager au marché voisin.

C'était la toute première fois que j'avais jamais vu un tel regard dans ses yeux. J'étais extrêmement surprise car je ne l'avais jamais vu étudier quelqu'un d'autre de cette manière. C'était comme s'il la désirait mais en même temps non. Elle l'intriguait.

Mais au moins il la regardait, là j'étais avec un béni par la lune qui ne voulait même pas m'offrir un petit regard de désir.

Les yeux verts de Déimos suivaient sa femelle comme un chiot oublié partout où elle allait, elle ne le remarquait pas cependant. "Tu la désires," je lui disais alors que j'examinais tranquillement quelques chevillères qui étaient exposées et échangées.

"Non." Il me répondait encore sans retirer ses yeux d'elle alors qu'elle faisait tranquillement du shopping avec mon frère. Ils étaient devenus assez proches l'un de l'autre, je ne l'avais pas prévu.

"Ne me mens pas, Déimos," je murmurais avec une trace d'irritation. Ses yeux me révélaient sa vérité tandis que sa bouche parlait des mensonges, je le connaissais très bien, il n'était pas capable de me tromper.

"Je ne le fais pas." Il prononçait enfin en se tournant pour croiser mon regard.

"Ce n'est pas bien, ce que tu fais. Tu lui fais du mal." Je lui murmurais doucement, je voulais qu'il comprenne la rigueur de ses actes car il doit savoir ce qui se fait se paie.

"Comment le sais-tu ?"

"Fais-moi confiance. Je le saurais mieux que n'importe quel loup. Sois doux avec elle, sois gentil avec son cœur. C'est une bonne femelle, elle ne mérite pas ta colère. Elle n'a commis aucun péché contre toi." Je conseillais mais cela semblait être reçu par des oreilles sourdes.

"Elle veut que je l'aime. Prends soin d'elle, sois là pour elle." Il grognait bas avec un dégoût car elle lui demandait tout ce qu'il déteste, tout ce qu'il avait déclaré qu'il ne ferait jamais à un autre après la mort de ses parents. Elle lui demandait simplement ce qu'elle mérite.

"Alors tu essaies Déimos. Tu n'es pas gentil. Essaye plus avec elle." Je murmurai alors que je souriais au vendeur et le remerciais de m'avoir montré les chevillères.

"Que veux-tu que je fasse, Théia?" Il soupirait comme s'il trouvait mes mots épuisants, comme si je lui avais demandé de décrocher les étoiles pour elle.

"Parle-lui ce soir quand nous retournerons au château." Il grogna audiblement de lassitude tandis que ses épaules s'affaissaient, vaincues. Il trouvait la tâche fatigante et inutile. "Réponds-moi." Je l'incitais, mes yeux sincères alors que j'attendais fermement sa réponse.

"Très bien, je le ferai." Il me promit avec un hochement de tête rapide alors que je lui souriais, contente qu'il suive mon conseil.

"Bon, maintenant achète-moi une glace en cadeau pour mon aide." Je ricanais en tirant sur sa manche alors que je le suppliais tendrement. Il était disposé à le faire sans hésitation et m'acheta un petit cornet.

Je supposais que c'était une bonne journée car nous l'avons tous savourée. J'étais ravie que Déimos ait suivi mon conseil alors qu'il portait sa femelle jusqu'à sa chambre puisqu'elle avait dormi paisiblement durant le trajet de retour. Mais je me trompais, cela ne serait pas une bonne journée pour moi.

Cronos me saisit brutalement par le poignet et me traîna sans ménagement derrière lui. Il était furieux contre moi comme si j'avais commis un péché énorme.

"Tu me fais mal, Cronos." Je gémissais douloureusement alors qu'il me menait vers les champs ouverts, sa poitrine se soulevant sous l'effet de sa fureur. J'avais peur et étais intimidée par lui pour la première fois car il ne m'avait jamais traitée de cette façon.

"Que as-tu fait ?" Sa voix était calme, mais je savais à quel point il était agité contre moi.

"Je-ne compre-" J'avais commencé à plaider ma cause mais il était déterminé à ne pas m'écouter, considérant ses théories comme la vérité ultime.

"Non ! Ne fais pas l'innocente avec moi. Es-tu vraiment amoureuse de Déimos ? Ne comprends-tu pas que tu déchires cette femme avec tes actions ? Elle est une bonne femelle, Théia. Elle ne mérite pas ça ! Je ne m'attendais pas à cela de ta part. Tu es honteuse." Ses paumes qui agrippaient mes épaules avec une sauvagerie qui me secouait de rage n'avaient pas piqué comparé à la critique qu'il portait dans ses yeux. Le fait qu'il croyait ces rumeurs plutôt que sa propre soeur me transperçait.

Mes lèvres tremblaient et les larmes inondaient ma vision. Mon cœur avait encore été déchiré, non pas par mon mâle cette fois-ci, mais par mon frère. Celui en qui j'avais confié toute mon âme. Il était le seul loup que je pouvais vraiment considérer comme le mien, mais il m'avait aussi abandonnée. Je savais alors que j'étais entièrement seule.

Je me demandais comment il me voyait à ce moment alors qu'il continuait à secouer mon corps sans réserve. Me considérait-il comme une prostituée ? Ou pensait-il que je ne valais rien, tout comme Phobos ?

Pourquoi tous les mâles choisissent-ils d'autres femmes que les leurs ? Que ce soit leur âme bénie par la lune, leur amie ou leur sœur ? Je m'effondrais en hurlant mes poumons, comme si j'étais soudainement devenue folle car mon âme pleurait et saignait sans merci. Je hurlais comme si un loup qui m'était cher était massacré devant mes yeux. J'en avais marre, j'en avais marre de tout. Je détestais cet enfer que j'appelais ma vie.

Cronos était effaré, ses yeux s'écarquillaient alors qu'il cessait ses gestes. "T-Théi-" Il commençait peut-être à réaliser que les soupçons qu'il avait n'étaient pas la vérité.

"Lâche-moi. Est-ce ainsi que tu me considères ? Je suis ta sœur, Cronos. Penses-tu vraiment que je trahirais la lune ?" Je ne pouvais pas bien articuler, la désolation de mon cœur me consumant ardemment.

Ses yeux se fermèrent, submergés par la culpabilité écrasante de ses actions et de ses mots qui l'inondaient.

"Je pensais juste que tu aurais pu... Je suis désolé, Théia. Pardonne-moi."

Mes yeux inanimés l'inspectaient alors qu'il me pressait de lui pardonner ses frasques. Les loups me trouvaient toujours facile, je ne gardais jamais rancune. Je pardonnais rapidement et j'étais simple à gérer. Mais je voulais être valorisée et respectée, être prise au sérieux pour une fois.

"Je ne t'appelle plus mon frère. Bonne nuit, Cronos." Je murmurais alors que de légers sanglots tremblaient mon corps alors que je pivotais et marchais chancelante vers ma chambre.

"Tu ne penses pas cela, Théia. J'ai fait erreur. Je suis désolé, je ne le referai jamais. Théia !" Cronos implorait derrière moi mais je continuais à avancer sans prêter attention. Je le méprisais à ce moment.

Quand je suis arrivée à ma chambre, je regardais en bas depuis la terrasse où je me tenais avec les yeux rougis et les joues marquées de larmes. La terre froide semblait m'appeler ce jour-là alors que je me sentais oubliée et tellement seule. Je me demandais si je devais sauter. Je me demandais si en me tuant, je pourrais enfin reposer en paix ?

Je me souviens du jour où j'avais renoncé à tout et à tous. Déimos avait organisé un petit bal dans son château et pour la première fois depuis longtemps, j'étais assez excitée. J'avais quelque chose à attendre, une nuit de conte de fées où je pouvais me détacher de mes soucis.

Quand la nuit était effectivement arrivée et que le bal battait son plein, je cherchais Déimos en espérant que passer l'événement avec lui soulagerait mon malaise. Il ne manquait jamais de me faire rire. J'avais besoin de lui à ce moment, en tant qu'ami. En tant que compagnon sur lequel je pouvais m'appuyer.

Mais lorsque j'entrais dans cette salle, tout ce que je voyais était deux âmes profondément amoureuses, les lèvres dévorant l'autre avec une passion ardente. Je me souvenais avoir ressenti cela quand j'avais dix-huit ans avec mon mâle. C'était leur moment. Un beau moment à observer.

Sous la salle sombre avec des lumières néons, Déimos ressemblait à mon âme bénie par la lune à distance et la scène que je découvrais devant mes yeux me consumait. Est-ce que Phobos pourrait faire cela ces jours-ci ? Embrasser d'autres femmes ? L'idée même je ne pouvais pas la digérer alors que je quittais la salle pour prendre un peu d'air frais.

J'étais en plein tourment et il n'y avait aucun loup pour m'aider ou me réconforter. "Théia !" La voix apaisante et inattendue de Déimos me fait sursauter alors que je me tourne rapidement pour le saluer.

"Déimos. Je-ne me sens pas bien. Je-" J'avais commencé à lui parler de mon malaise mais il avait ses propres nouvelles qu'il souhaitait livrer sans hésitation.

"Je pense que c'est mieux que tu rentres chez toi avec Cronos." Il me dit sans ciller, sa voix ferme et forte qui me piquait impitoyablement la peau.

"P-Pourquoi ?" Je bégayais. Avais-je fait quelque chose ? Je me questionnais.

"Elle se sent menacée par toi. Je ne sais pas pourquoi mais elle ne supporte pas que tu sois ici. Je considère peut-être qu'elle a découvert que tu étais censée être ma Luna si je ne l'avais pas trouvée." Il répondit en décrivant son mécontentement face à la situation globale étouffante que nous subissions ce jour-là.

"C'était juste une décision temporaire pour que je t'aide avec la meute jusqu'à ce que tu la trouves, elle n'a pas à s'inquiéter. Lui as-tu dit cela ? Tu dois apaiser ses inquiétudes, Déimos."

"Je ne l'ai pas fait. Mais je le ferai. Je suis désolé, Théia. Tu comprends mes raisons, n'est-ce pas ?" Il demanda doucement pendant que je lui offrais un sourire compréhensif pour apaiser sa culpabilité s'il en éprouvait.

"Oui bien sûr. Ne t'inquiète pas, je partirai demain, plus tôt sera le mieux. Maintenant, retourne à l'intérieur Déimos. Ta femelle doit être contrariée que tu m'aies suivie. Va la réconforter." Je lui dis avec un hochement de tête rapide alors qu'il acquiesçait avec gratitude avant de se retourner rapidement et de courir vers sa compagne.

Alors que je regardais son dos s'éloigner, la réalité de tout cela m'a enfoncée dans les vastes océans. J'avais perdu les trois mâles qui m'étaient chers à mon cœur.

Je me souviens du dernier jour de ma visite dans la meute de Déimos. Je levais les yeux vers le château et me remémorais mon enfance. Comme j'étais excitée de courir le long du chemin pour rencontrer Phobos et Déimos. Comme tout avait évolué si rapidement et soudainement. Un changement que je détestais de tout mon cœur. Je me sentais impuissante à faire quoi que ce soit alors je me tenais devant ce château et lui disais discrètement adieu.

Je savais que je n'y serais plus la bienvenue, ce n'était pas ce que je voulais. Mais cela devait se dérouler. Alors que j'entrais dans la cuisine pour prendre une bouchée rapide, sa voix aimante m'appelait.

"Théia." Son appel était faible et délicat.

"Ne me parle pas, Cronos." Un grognement bas que je lui offrais exprimant ma condamnation de ses actes. Je ne voulais pas lui parler.

"Je partirai avec toi aujourd'hui." Il chuchota alors qu'il se dirigeait à mes côtés, tentant de se réconcilier avec moi.

"Fais ce que tu veux." Ma voix était amère et sans émotion alors que je négligeais son existence.

"Parle-moi."

"Je ne veux pas," répondis-je avec une cruauté, qui était si différente de la véritable Théia.

"Pourquoi es-tu contrariée ? Tu peux toujours revenir ici." Il connaissait la cause de mon chagrin. Les nouvelles voyageaient vite à cette époque.

"Non, je ne peux pas !" J'ai serré son bras avec force alors que je pointais vers le plafond. "C'était mon château lorsque j'étais jeune, c'était mon véritable foyer, il contient tout ce qui m'est cher. Chaque souvenir que je chéris est gravé ici. Ces murs étaient mon paradis. Mais maintenant ce n'est plus le mien. Ni le château ni le mâle pour qui mon âme pleure. Ce château leur appartient maintenant et je ne suis plus la bienvenue." J'ai pointé vers Déimos et sa femelle alors que Cronos me serrait rapidement dans une étreinte étroite, s'efforçant de calmer ma tempête.

"Je t'amènerai ici à nouveau, je le promets." Il dit. Mais je savais que cela prendrait des années pour que cela se produise, quelque chose en moi a juste exprimé la vérité dès qu'il a annoncé sa promesse.

Plus tard ce jour-là, alors que je m'asseyais dans cette voiture alors que Cronos nous conduisait loin du château, j'envoyais une prière à la lune lui demandant de me délivrer de mon angoisse. D'apporter le bonheur et la sérénité pour les années à venir où je pourrais prévaloir sans avoir besoin de mon mâle ou de n'importe quel loup à mes côtés. Où je pourrais survivre seule.

Et je me souviens qu'avec le temps, elle m'a répondu.

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A/N

Bonjour, mes petits loups,

J'espère que vous avez aimé ce chapitre!

Le prochain chapitre sera le début de la 'ligne temporelle actuelle'! Comme je l'ai prévenu auparavant, ce sera un livre très affectueux et émotionnel mais il sera également émancipateur.

N'oubliez pas de,

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