Le champ de bataille était un véritable chaos. Les flammes, et les éclairs fendaient l'air, témoins des combats colossaux qui se déroulaient. Le sol tremblait sous le poids des titans qui s'affrontaient. Soudain, des flammes ardentes mélangées à du magma jaillirent du sol, balayant les rangs des virus draconiques et calcinant tout sur leur passage. Le terrain était transformé en une mer de cendres et de lave. Dedem sentit une présence écrasante derrière lui, une énergie brute et ancestrale qui semblait fusionner avec le cœur même de la planète.
Dedem, bien que blessé, tourna la tête et son instinct le reconnut instantanément.
« Un élu... ? » murmura-t-il, la respiration lourde.
Lyria, à ses côtés, fronça les sourcils en voyant la réaction de Dedem.
« Qui est-ce ? » demanda-t-elle, la tension dans sa voix palpable.
Célestion, grognant profondément, répondit avant Dedem.
« C'est l'élu du noyau terrestre... Nous avons dû le réveiller en brisant les barrières du monde avec nos combats. »
Dans les flammes, une silhouette émergea lentement. Un homme massif, son œil bleu brillant comme un glacier et l'autre orange incandescent comme un volcan. Il avançait calmement, les flammes se pliant autour de lui comme si elles répondaient à sa volonté. Le Warden contrôlé par Arcanis grogna en le voyant approcher.
L'élu posa un pied sur les restes calcinés des virus et observa le Warden et Arcanis avec un mélange de mépris et de curiosité.
« Toi, là, » dit-il en pointant son épée forgée dans la pierre et le magma en direction d'Arcanis, « tu n'as pas l'air dans ton meilleur jour. Et ta magie non plus, d'ailleurs. »
Arcanis esquissa un sourire, mais son regard trahissait une certaine inquiétude.
« Impressionnant... » murmura-t-il pour lui-même. « Même à une telle distance, il a perçu que la magie de Thalion avait fracturé la mienne. Un gêneur, mais... d'un niveau supérieur. »
D'un coup, deux silhouettes draconiques humanoïdes atterrirent lourdement entre Célestion et le Warden, créant un immense cratère à leur arrivée. La poussière et les débris furent balayés, révélant Galahad, le Draco-Chevalier de la Terre, et Zoryn, le Draco-Chevalier des Étoiles.
Galahad, robuste et imposant, avec ses cheveux bruns courts et ses yeux verts perçants, fit un pas en avant, tenant une énorme masse ornée de runes terrestres. Il fixa Célestion avec une intensité presque sauvage.
« Tu te souviens de moi, Dragon ? » dit-il, sa voix grondante résonnant comme un séisme.
Célestion grogna en réponse, ses ailes se déployant pour se préparer à l'affrontement.
« Galahad, le Draco-Chevalier de la Terre... »
Dedem, encore en souffrance, serra les dents et prit la parole.
« Que voulez-vous ? » demanda-t-il d'une voix rauque.
Galahad ne détourna pas son regard de Célestion, mais répondit à Dedem.
« Vos présences draconiques attirent l'attention à des kilomètres à la ronde. Vous avez de la chance que la Barrière d'Isolement Absolu ait été activée. Sinon, ce champ de bataille serait envahi. Mais sachez une chose : juste avant son activation, les 8 Draco-Chevaliers étaient en chasse ailleurs. Nous ne sommes que trois ici. »
Puis, avec un signe de la main, il défia Célestion.
« Maintenant, Dragon. Approche. Nous avons un combat à finir. »
Zoryn, plus élancé et mystérieux, s'avança à son tour. Ses yeux gris scintillants comme des étoiles se posèrent sur Aldaric.
« Alors, Aldaric ? Tu te dégonfles ? Pourquoi ne pas activer ta pleine puissance ? »
Aldaric ricana, répondant avec un regard dédaigneux.
« Ferme-la, ça ne te regarde pas. Occupe-toi plutôt de ce foutu Warden draconique. Martyrise-le tellement qu'il change de forme. » Il éclata de rire.
Arcanis et Dedem
Alors que l'attention de Dedem restait sur le chaos environnant, Arcanis avança calmement.
« Ta tablette, celle que tu tiens tant à protéger... Elle ne vient pas de Thalion, n'est-ce pas ? »
Le nom fit l'effet d'un coup de tonnerre dans l'esprit de Dedem.
« Tu connais Thalion ? » demanda-t-il, surpris et méfiant à la fois.
Célestion, sentant l'intention d'Arcanis, grogna profondément.
« De... ! » tenta-t-il d'alerter Dedem, mais Galahad bondit sur lui, le forçant à une lutte acharnée.
Dedem jeta un regard déterminé à Lyria.
« Va aider Célestion. »
Lyria hésita.
« Dedem, avec ton état, tu vas te faire massacrer ! »
Il la regarda durement, son ton tranchant.
« Ai-je l'air de plaisanter ? Fais ce que je te dis... Lyria. »
Elle serra les dents, choquée par son changement de ton, mais finit par obéir. Dedem détourna les yeux, s'en voulant d'avoir parlé ainsi, mais il savait que c'était nécessaire.
Arcanis, amusé, continua son jeu psychologique.
« Oh, Dedem... Tu ne sembles pas comprendre. Ton cher Thalion, celui que tu respectais tant... est mort. »
Les mots frappèrent Dedem comme un coup de massue.
« Non... » murmura-t-il, le souffle court.
Arcanis, savourant sa souffrance, enfonça le clou.
« Il s'est sacrifié pour toi, n'est-ce pas ? Mais au final, son sacrifice était vain. Tout ce qu'il a fait... et regarde où tu en es. »
Le champ de bataille s'arrêta presque dans le temps, le chaos ambiant semblant suspendu par la cruauté d'un seul geste. Arcanis, avec son sourire malveillant, sortit lentement une tête humaine de son manteau, son aura sombre imprégnant chaque mouvement. Il la souleva devant lui, ses doigts crochus la tenant comme un trophée macabre.
Note : Arcanis avait anticipé ce moment bien avant le combat dans la dimension. Lors de leurs premier affrontement, il avait discrètement récupéré un cheveu de Thalion. Grâce à sa magie, il avait façonné une réplique parfaite de sa tête, un simulacre si réaliste qu'il semblait arraché à la vie elle-même. Ce stratagème macabre n'était pas un simple tour de passe-passe, mais une manœuvre soigneusement calculée.
Dedem, la respiration haletante, serra son épée et son bouclier plus fort.
« Tu crois vraiment que je vais te croire ? » hurla-t-il, sa voix brisée par la colère et le doute. « Tu essaies de me déstabiliser avec tes mensonges ! »
Arcanis éclata d'un rire sinistre, un ricanement qui semblait résonner dans les âmes de ceux qui l'entendaient.
« Tu crois que je mens ? Très bien... Alors, regarde de tes propres yeux. »
D'un geste fluide, il jeta la tête de Thalion devant lui. Elle roula sur le sol, laissant une traînée sombre et morbide avant de s'arrêter aux pieds de Dedem.
Le silence.
Les yeux de Dedem s'élargirent, son corps se figeant. Son regard plongea sur cette tête immobile, les traits de Thalion encore reconnaissables malgré leur pâleur. Les mèches de ses cheveux, familières, se mêlaient au sang coagulé qui tâchait son visage.
Puis, comme une épée transperçant son cœur, la tête de Thalion ouvrit lentement la bouche et murmura, d'une voix brisée et faible :
« De... deem... mon... fils... »
Dedem lâcha son épée dans un fracas métallique, suivie de son bouclier qui s'écrasa au sol. Ses jambes tremblèrent, menaçant de céder sous le poids de son émotion.
Son visage se tordit dans une expression de douleur pure. Ses yeux, écarquillés, semblaient chercher une explication dans l'horreur devant lui. Une larme solitaire roula sur sa joue, mais elle s'évapora aussitôt sous l'intense chaleur de son corps, maintenant pris dans un tourbillon d'émotions.
« Non... » murmura-t-il, à peine audible.
Dedem, toujours agenouillé devant la tête de Thalion, sentit un torrent d'émotions incontrôlables s'emparer de lui : le chagrin, la colère, la culpabilité. Ses pensées s'embrouillèrent, des souvenirs flous s'entremêlant à sa douleur. Une vision de Eldric, son petit frère mort au combat, traversa son esprit, suivie d'un éclair de lucidité : Thalion était aussi parti, comme tous ceux qu'il avait juré de protéger.
Un frisson le parcourut tandis qu'une sensation étrange envahissait son corps. Son souffle devint rauque, saccadé. Il leva légèrement la tête, et ses yeux, autrefois d'un bleu profond, commencèrent à pâlir. Une lueur spectrale les traversa, jusqu'à ce qu'ils deviennent entièrement blancs, vides de toute humanité, illuminés d'une énergie crue et insondable. Un vent invisible sembla tourbillonner autour de lui, soulevant légèrement ses cheveux en bataille. Son visage s'assombrit, déformé par l'ombre et la lumière irréelle qui émanait de ses iris fantomatiques
Derrière Dedem, une silhouette gigantesque commença à se former : la Balance de l'Équilibre. Ses plateaux oscillèrent violemment, passant de droite à gauche comme si l'univers lui-même était en déséquilibre. Les chaînes qui maintenaient la Balance commencèrent à craquer, et une lueur aveuglante émanait de ses plateaux instables.
Arcanis, loin d'être effrayé, observait la scène avec un mélange de fascination et de satisfaction.
« Enfin, » murmura-t-il pour lui-même. « Enfin, je vois ce pouvoir si longtemps caché... »
Dedem tomba à genoux, ses mains tremblant alors qu'il les levait pour toucher la tête inerte devant lui. Mais avant qu'il ne puisse l'effleurer, une vague de magie pure éclata autour de lui, repoussant tout et tout le monde dans un rayon de plusieurs mètres.
Célestion, toujours en lutte avec Galahad, tourna la tête un instant pour regarder Dedem.
« Ce... Ce n'est pas bon... » grogna-t-il, la panique perçant dans sa voix.
Lyria, à quelques mètres, sentit un frisson parcourir son corps.
« Dedem ! Qu'est-ce que tu fais ? » cria-t-elle, mais sa voix semblait incapable de l'atteindre.
Arcanis, avec un sourire narquois, fit un pas en avant.
« Oh, Dedem... Ne résiste pas. Ce pouvoir en toi... Il est magnifique. Laisse-le s'exprimer. Laisse-le me montrer ce dont tu es vraiment capable. »
Dedem tourna lentement la tête vers Arcanis. Une voix rauque et étrangère, mêlée à la sienne, s'éleva de sa gorge :
« Tu... m'as... tout pris. »
La Balance de l'Équilibre derrière Dedem vacilla une dernière fois avant de s'effondrer dans un bruit assourdissant. Une onde de choc de lumière et de ténèbres se propagea dans toutes les directions, fissurant le sol et brisant les arbres alentour. Dedem, désormais entouré d'une aura instable de lumière et d'ombre, serra les poings.
Arcanis, bien qu'impressionné, resta confiant.
« Voilà le véritable Dedem, l'élu de l'Équilibre. Montre-moi ce que Thalion a vu en toi. Prouve-moi que son sacrifice n'a pas été en vain... ou alors, deviens la preuve qu'il a échoué. »
Dedem hurla, un cri qui résonna dans tout le champ de bataille, un mélange de douleur, de rage, et d'une puissance incontrôlable.
Le sol sous lui s'effondra, le transformant en un cratère, tandis que son aura continuait de croître, menaçant de tout dévorer.
Lorsque la vague de magie pure éclata autour de Dedem, tout dans l'atmosphère changea. La Balance de l'Équilibre, brisée et vacillante, projeta ses dernières lueurs sur Dedem, comme si elle le désignait en dernier recours pour maintenir un équilibre devenu impossible. Mais ce n'était pas la sérénité qui émanait de Dedem. Ce qui prenait forme était une abomination d'équilibre forcé, un mélange destructeur de lumière et de ténèbres.
Un cri guttural monta de sa gorge, rauque et inhumain, tandis que ses muscles se contractaient violemment. Dedem plaça ses mains sur son visage, comme pour contenir une douleur insoutenable. Mais alors, son corps entier commença à changer.
Son armure : Sa vieille armure d'élu, autrefois simple et symbolique, se désintégra sous l'intense énergie. À sa place, une armure nouvelle et intimidante se forma, forgée dans une lumière pure et des ténèbres tourbillonnantes. Les plaques d'armure luisaient d'un éclat doré et noir, gravées de runes mouvantes, comme si elles réagissaient à l'instabilité de Dedem. Ses épaulières se transformèrent en formes d'ailes asymétriques – l'une lumineuse, l'autre ombragée, pulsant d'une énergie chaotique.
Son casque : Un casque se matérialisa, couvrant entièrement son visage. Seuls deux orifices lumineux se distinguaient, dégageant une lumière blanche éblouissante, symbole de sa rage aveugle. Le casque ressemblait à une balance, avec des motifs de plateaux gravés sur les côtés, mais ces plateaux étaient brisés, représentant son état d'esprit fragmenté.
Ses armes : L'épée et le bouclier tombés au sol se désintégrèrent en particules d'énergie, avant de se reformer dans un éclat explosif.
L'épée devint une lame massive, presque disproportionnée, entourée de chaînes mouvantes. Chaque coup semblait capable de briser la réalité elle-même.
Le bouclier fusionna avec son bras gauche, devenant une barrière vivante capable de projeter des éclairs de lumière et de ténèbres.
Dedem se redressa lentement, sa respiration rauque résonnant comme un écho infernal. Sa peau semblait parcourue de fissures lumineuses, laissant entrevoir une énergie brûlante à l'intérieur, comme un volcan sur le point d'exploser.
Ses cheveux, auparavant simples, flottèrent dans l'air comme des filaments d'énergie pure, mêlés de noir et de blanc, créant un contraste saisissant. Une aura gigantesque s'éleva autour de lui, déformant l'espace et aspirant l'énergie environnante.
Dedem posa enfin son regard vide sur la tête de Thalion, toujours au sol. Les mots de Thalion résonnaient encore dans son esprit : « Mon fils... ». Dedem ferma les yeux, des larmes brûlantes coulant sur ses joues, se vaporisant aussitôt sous la chaleur de son pouvoir. Puis une pensée perça son esprit : le monde lui avait tout pris.
Il murmura d'abord, sa voix tremblante de rage :
« Eldric... Thalion... Pourquoi est-ce toujours ceux que j'aime ? Pourquoi ? »
Puis, il hurla, sa voix déchirant l'air comme un rugissement :
« SI CE MONDE ME PREND TOUT, ALORS JE LE DÉTRUIRAI ! »
Dedem leva les bras, son aura éclatant autour de lui comme une tempête. La Balance de l'Équilibre, bien que brisée, sembla réagir à ses paroles. Une lumière dorée et noire explosa dans le ciel, déformant le paysage.
« Je vais... Je vais le reconstruire ! Un nouveau monde ! Un monde où plus personne ne souffrira jamais ! Un monde où l'Équilibre sera absolu, et non une illusion pathétique ! »
Dans cet état, Dedem ne distinguait plus ses alliés de ses ennemis. Pour lui, tout le monde faisait partie de ce monde défaillant qu'il devait détruire pour en créer un nouveau. Il se tourna vers Arcanis, mais son regard traversa également Lyria, Célestion, et même Aldaric. Tout était flou, tout semblait contre lui.
Célestion, toujours en lutte avec Galahad, sentit l'immense danger.
« Dedem est... Il est perdu dans son propre équilibre ! » rugit-il.
Lyria tenta de s'approcher, tendant la main vers Dedem.
« Dedem ! C'est moi, Lyria ! Reprends-toi ! » cria-t-elle.
Mais Dedem tourna son regard vers elle, et pour un instant, il leva son immense épée, prêt à frapper. Sa voix était distordue, comme si deux êtres parlaient à travers lui.
« Tu fais partie de ce monde... Tu dois disparaître aussi. »
Célestion bondit devant Lyria, déployant ses ailes pour la protéger, tandis que Dedem abaissait son arme. Le choc de l'attaque projeta une onde de choc si puissante qu'elle fissura le sol sur des kilomètres et fit trembler le ciel.
Arcanis, toujours en retrait, observait avec un sourire narquois.
« Ah, Dedem... Quelle magnifique démonstration. »
Il murmura pour lui-même :
« Tu es exactement ce que je voulais voir. L'élu de l'Équilibre, détruit par son propre rôle. Tu n'as plus rien à sauver, Dedem. Tu es un outil parfait pour ma cause. »
Alors qu'Arcanis réfléchissait à ses prochains mouvements, Dedem, désormais totalement transformé, tourna son attention vers lui. L'élu, perdu dans sa rage, n'était plus Dedem... Il était devenu quelque chose de bien plus dangereux : le Jugement du Monde.
Il était devenu quelque chose de bien plus dangereux : le Jugement du Monde
À suivre...