Un silence pesant s'abattit sur la pièce. Tous les regards étaient rivés sur la silhouette de Léna, dont l'expression oscillait entre amusement et quelque chose d'indéchiffrable.
Loïs, encore sous le choc, recula légèrement, cherchant à comprendre ce qu'elle voyait.
— "Lila…?"
Léna haussa un sourcil avant de croiser les bras, son sourire s'étirant un peu plus.
— "Non. Lila est morte. Maintenant, c'est Léna." déclara-t-elle d'un ton tranchant, ses yeux balayant la pièce comme pour jauger leurs réactions.
Amber fronça les sourcils, son instinct de contrôle reprenant le dessus malgré le frisson glacé qui lui parcourait l'échine. Elle croisa les jambes et s'appuya contre l'accoudoir du canapé, cherchant à masquer son trouble derrière une expression détachée.
— "C'est quoi cette connerie ?" lâcha-t-elle d'un ton méfiant, ses ongles manucurés tapotant nerveusement le cuir du canapé.
Gary, qui jusque-là sirotait distraitement un verre, écarquilla les yeux en découvrant Léna. Son arrogance habituelle s'évanouit l'espace d'un instant, son regard trahissant une peur qu'il refusait d'admettre. Il posa lentement son verre sur la table, comme si un faux mouvement pouvait déclencher quelque chose d'imprévisible.
Liam, toujours imbu de lui-même, tenta de reprendre contenance. Il arqua un sourcil, croisant les bras dans une posture faussement confiante.
— "Honnêtement, tu fais un peu flipper. Tu es censée être morte, alors pourquoi es-tu là ? Une blague d'un goût douteux ?"
Véra, plus provocante, se redressa dans son fauteuil et lança d'une voix un peu trop aiguisée :
— "Si t'es là, c'est que t'as réussi à survivre… Mais comment, exactement ?"
Harry, lui, ne dit rien. Il était devenu livide et serrait nerveusement les accoudoirs de son fauteuil. Il n'avait jamais eu l'âme d'un meneur, toujours un suiveur. Et là, il ne savait clairement pas quoi faire.
Loïs, elle, semblait être la plus affectée. Sa bouche s'ouvrait et se refermait comme si elle cherchait quoi dire, mais aucun son ne sortait. La culpabilité transparaissait dans son regard fuyant, son corps raidi par la tension.
Léna la fixa un instant, puis éclata de rire.
— "Quoi, Loïs ? Tu regrettes de m'avoir laissée crever dehors ?"
Le coup fut direct, brutal. Loïs baissa la tête, incapable de soutenir son regard.
Amber se redressa légèrement, son malaise grandissant.
— "Pourquoi t'es là, Léna ? Qu'est-ce que tu veux ?"
Le sourire de Léna s'élargit encore, et une lueur mystérieuse brilla dans ses yeux.
— "Oh, pas grand-chose… Juste voir si mes 'chers amis' s'inquiétaient pour moi."
L'atmosphère devint irrespirable. Ils savaient tous que cette conversation ne faisait que commencer… et qu'ils n'allaient pas aimer la suite.
Gabriela fit son entrée dans le salon, encadrée par plusieurs soldats en tenue tactique, leurs armes prêtes à être utilisées au moindre signe de danger. Son regard froid analysa rapidement la situation, s'attardant un instant sur Léna, qui se tenait toujours au centre de la pièce avec un sourire amusé.
Amber et les autres n'osaient plus parler, figés entre la peur et l'incompréhension. Gabriela, elle, restait impassible, mais une lueur de méfiance traversa son regard.
— "C'est quoi ton jeu ?" demanda-t-elle d'une voix autoritaire, s'avançant lentement vers Léna.
Léna haussa les épaules, visiblement amusée par l'attitude défensive de la directrice de Life Corp.
— "Le vent tourne, Mme Sanchez." Elle balaya la pièce du regard, détaillant un à un les visages tendus des jeunes. "Votre petit bunker, votre sentiment de sécurité… tout ça ne tiendra pas éternellement, même avec vous aux commandes."
Ses mots, prononcés avec une légèreté troublante, résonnèrent comme un avertissement.
Les soldats resserrèrent leur prise sur leurs armes, prêts à intervenir. Gabriela, bien que stoïque, sentait que quelque chose lui échappait.
— "Tu nous menaces ?"
Léna éclata de rire.
— "Une menace ? Non… Un simple fait. Les choses bougent, et vous… vous n'êtes pas prêts."
Elle s'arrêta un instant, puis ajouta, un sourire mystérieux sur les lèvres :
— "En revanche, eux… eux, ils m'intéressent."
Amber fronça les sourcils.
— "De qui tu parles ?"
Léna la fixa droit dans les yeux avant de souffler, presque en chantonnant :
— "Hayden et son groupe, bien sûr."
Une tension palpable s'installa dans la pièce. Gabriella comprenait de moins en moins ce qui se jouait ici, mais une chose était sûre : Léna n'était plus humaine… et elle détenait des informations cruciales.
Soudain, son corps se mit à briller d'une lumière blanche éclatante.
— "À bientôt."
Dans un flash aveuglant, elle disparut.
Un silence de plomb s'abattit sur la pièce. Seul l'écho de sa voix résonnait encore dans l'esprit de chacun.
Gabriela attendit que tous les soldats quittent la pièce, une fois la menace écartée, avant de se tourner vers les jeunes, un air grave sur le visage. Elle savait que quelque chose d'important venait de se produire, quelque chose qui pourrait bien changer le cours des événements. Léna, ou plutôt Lila, venait d'apparaître, et son comportement étrange laissait présager bien des complications.
Les jeunes, nerveux et perturbés, s'assirent sur les canapés, leurs regards fuyants, chacun prenant une grande inspiration avant de raconter ce qui s'était passé ce fameux soir, le soir de la rentrée.
Amber, prenant la parole la première, s'exprima d'un ton plus froid que jamais, une colère contenue dans sa voix.
— "C'était pendant l'attaque. Le chaos était partout, les zombies étaient à l'extérieur du karaoké… Lila… elle a disparu dans la confusion." Elle s'arrêta un instant, les yeux plongés dans le vide. "On l'a entendue crier. On a entendu ses cris de détresse, mais… on ne l'a pas aidée."
Un silence pesant suivit ses mots. Les autres membres du groupe échangèrent des regards gênés, chacun se sentant responsable à sa manière. Véra, qui d'habitude était la première à hausser la voix, baissa la tête, ne sachant pas quoi dire. Loïs, d'habitude plus préoccupée par l'image, était étrangement silencieuse, comme si tout cela venait de briser quelque chose en elle.
— "On ne pouvait pas… on était trop occupés à essayer de survivre nous-mêmes," expliqua Gary d'un ton bas, sa voix trahissant une pointe de culpabilité. "On… on a juste décidé de rester dans la salle privatisée du karaoké. Elle était trop loin. Et puis, tout s'est passé si vite."
Liam croisa les bras, son regard sombre. "C'était impossible d'aller la chercher. Les zombies étaient partout. Si on y allait, on serait morts aussi."
Gabriela écoutait attentivement, un froncement de sourcils marquant son inquiétude. Elle comprenait leur situation, mais quelque chose clochait. Pourquoi Lila était-elle ici, si elle avait été laissée dehors, morte ? Et pourquoi maintenant, après tout ce temps, revenait-elle sous cette forme, si différente ?
— "Et vous êtes sûrs qu'elle est morte ?" demanda Gabriela d'un ton froid, ses yeux perçant ceux de chaque jeune. "Vous êtes certains qu'elle n'a pas survécu ?"
Amber haussait les épaules, comme pour minimiser la gravité de la situation, mais la culpabilité était évidente sur son visage.
— "On n'a pas eu le temps de vérifier. Elle était déjà trop loin quand on a entendu les bruits. On pensait que c'était trop tard." Elle baissa les yeux. "Mais c'était trop risqué de la sauver. On pensait… on pensait qu'elle était déjà morte."
Un silence lourd s'installa à nouveau. Gabriela, toujours debout, les observait attentivement. Elle savait que leurs actions, ou leur inaction, risquent d'avoir des conséquences sérieuses.
— "Et vous n'avez pas essayé de la retrouver plus tard ? Après que tout soit calmé ?" demanda-t-elle d'une voix plus douce, mais perçante.
Liam, d'un ton résigné, répondit : "Non. Après, c'était déjà trop chaotique. On était tous… paniqués. On n'a pas réfléchi."
— "C'est une erreur qui vous hantera peut-être à jamais," dit Gabriela avec fermeté, mais sans jugement. "Lila, ou Léna, comme elle se fait maintenant appeler, a été tuée par des zombies et ramenée à la vie, semble-t-il. Mais ce qu'elle est devenue… je ne peux pas encore l'expliquer."
Amber, une lueur d'inquiétude dans les yeux, demanda :
— "Vous croyez qu'elle est… différente ? Qu'elle est encore humaine ?"
Gabriela secoua la tête. "Je ne sais pas encore. Mais ce que je sais, c'est qu'elle détient des informations importantes, et vous feriez bien d'être prudents."
Elle se tourna vers les autres membres du groupe, les scrutant un à un. "Lila ou Léna… elle peut être une menace pour vous tous. Soyez sur vos gardes."
Le groupe, bien que choqué et perturbé par la révélation, acquiesça en silence. Ils se rendirent vite compte que, même dans cette situation désastreuse, ils avaient perdu quelque chose d'important ce soir-là.
Le poids du remords et la terreur grandissante
Léna avait disparu dans une lueur blanche, les laissant seuls dans le silence oppressant du bunker. Pourtant, son rire résonnait encore dans leurs têtes, un écho macabre qui les emprisonnait dans un tourbillon de peur et de culpabilité.
Amber fut la première à se lever d'un bond, cherchant du regard un repère, un soutien, mais elle ne trouva que des visages décomposés par la stupeur et l'angoisse.
— "C'était… c'était pas possible, pas vrai ?!" balbutia Gary, la voix tremblante, son arrogance habituelle totalement effacée.
Loïs, d'habitude si vénale et détachée, croisa les bras comme pour se donner une contenance, mais ses mains crispées sur ses avant-bras trahissaient son état.
— "Merde… elle était censée être morte !" cracha-t-elle, son regard fébrile balayant la pièce.
Véra, pourtant provocante en temps normal, resta figée sur place, ses lèvres tremblant légèrement. Elle voulut dire quelque chose, mais aucun mot ne franchit sa gorge.
Harry, toujours suiveur, semblait au bord de l'effondrement. Il n'osait pas bouger, comme si le simple fait de respirer allait provoquer un nouvel événement cauchemardesque. Il tourna lentement la tête vers Liam, cherchant un signe de réconfort, mais ce dernier n'était pas en meilleure posture.
Liam Wellington, d'ordinaire narcissique et sûr de lui, semblait avoir perdu toute couleur. Ses mains étaient moites, et son regard était rivé sur l'endroit où Léna s'était tenue quelques secondes plus tôt.
— "On l'a laissée…" murmura-t-il d'une voix à peine audible.
Le silence tomba d'un coup.
Le poids de ces mots s'abattit sur eux comme une chape de plomb.
Ils avaient laissé Lila dehors. Ils l'avaient entendue crier. Ils savaient qu'elle se faisait dévorer.
Et ils n'avaient rien fait.
Amber serra les poings.
— "Elle va nous tuer."
Sa voix était froide, tranchante. Mais au fond d'elle, c'était la panique qui parlait.
Loïs éclata soudainement :
— "Tais-toi ! On n'en sait rien !" hurla-t-elle, mais ses yeux larmoyants prouvaient qu'elle était en plein déni.
Véra recula lentement, fixant le sol, ses bras entourant son propre corps comme pour se protéger d'une force invisible.
— "Elle nous en veut… Elle va revenir…" murmura-t-elle comme une évidence terrifiante.
Harry secoua la tête frénétiquement.
— "Non… non… Peut-être qu'elle voulait juste nous faire peur ? Peut-être qu'elle voulait juste qu'on regrette…"
— "Ouvre les yeux, abruti !" siffla Liam. "Tu crois qu'elle va juste nous laisser tranquilles après ce qu'on lui a fait ?! Elle a dit que notre sécurité ne durerait pas. Elle veut qu'on souffre."
Leurs respirations devinrent saccadées, le silence n'étant brisé que par les halètements de chacun.
Ils étaient au bord de la rupture.
Et Léna n'avait fait que commencer.