Invités venus de loin [Partie 2]

"Comment osez-vous ?!" James explosa de colère. "Vous osez qualifier mon petit-fils d'indigne ?!"

"Père, je t'en prie, calme-toi," Mordred serra son père dans une étreinte d'ours. Il craignait que si le vieil homme y allait vraiment à fond, la Duchesse se retrouve avec la gorge arrachée de son corps.

Les gardes qui se tenaient derrière leurs employeurs sortirent leurs épées et se placèrent entre les deux parties.

"Navrée, Seigneur Ainsworth," répondit Agatha avec une légère révérence. "Bien que j'ai offensé votre famille, je ne laisserai pas ma fille épouser votre petit-fils. Même s'il en a été décrété par le père de mon mari."

"Où est ce bâtard ?" demanda James. "Amenez-le ici ! Je veux qu'il explique la raison pour laquelle il se retire de notre accord !"

"Le vieux Duc est parti explorer le désert au Sud," répondit Agatha. "J'ai peur qu'il soit impossible de le contacter en ce moment."

James rit avec mépris, "Je vois. Donc, vous avez profité de son absence pour rompre ces fiançailles. En résumé, il n'est pas au courant de vos agissements, n'est-ce pas, Dame Agatha ?"

"Oui. Le vieux Duc n'est pas au courant de mes actions," admit Agatha. Sa posture indiquait clairement qu'elle ne comptait pas céder. Elle était résolue à annuler l'accord de mariage pendant que le père de son mari était absent de leur Duché.

"Bien. Bien. Bien!" James lança un regard noir à la femme devant lui. "Penser qu'une petite baronne se comporte ainsi après avoir épousé un Duc. Vraiment décevant. Donc, votre mari est d'accord avec cela aussi ?"

"Mon mari partage le même avis." Agatha redressa son menton. "Le Duc de Griffith actuel ne reconnaît pas ce mariage arrangé. Si vous voulez lui parler, alors n'hésitez pas à venir au Duché de Griffith. Nous serons plus qu'heureux de vous offrir notre hospitalité."

"Hospitalité ?" railla James. "Une pu*e comme toi et ce bâtard feriez mieux de vous laver le cou. Tu veux que je vienne dans votre Duché ? Bien, j'amènerai la Peste Rouge avec moi lorsque je viendrai. Je veux voir comment vous deux prévoyez de m'offrir votre hospitalité !"

Agatha et la beauté froide, Eleanor, de la Secte Brumeuse, eurent une expression soudainement changée. Elles regardèrent le vieil homme avec stupéfaction, car elles savaient qu'il était on ne peut plus sérieux.

"Qu'y a-t-il ?" dit James avec dédain. "Effrayées ? Vous pensez que vous et votre mari avez l'autorité pour rompre cet accord ? Quant à toi, Eleanor de la Secte Brumeuse, il semblerait que toi et ces vieilles mégères de votre Montagne de Glace ayez beaucoup de temps libre. Voulez-vous aussi que je vous rende visite ? Je suis très curieux, quelle sorte d'hospitalité allez-vous offrir à ce vieil homme ?"

Les expressions d'Agatha et d'Eleanor étaient très sombres. Bien que la possibilité du retour de la Peste Rouge dans leur royaume fût faible, elles ne pouvaient nier cette possibilité. Toutes deux ne pouvaient se permettre de payer le prix si le vieil homme faisait de sa menace une réalité.

"Gramps, calme-toi." William tapota le bras de son grand-père. "Tu es impoli envers nos invités."

"Espèce de morveux ! Je fais ça pour toi !" S'il n'y avait pas eu d'autres personnes autour, James aurait déjà attrapé le petit effronté pour lui donner une raclée mémorable.

"Ne t'en fais pas gramps, je m'en charge," dit William avec un sourire. "Calme-toi. Je ne veux pas que tu fasses une crise cardiaque. Ça n'en vaut tout simplement pas la peine. Tante, peux-tu emmener grand-père dans sa chambre. Je m'occuperai de nos invités entre-temps."

Anna regarda son neveu avec appréciation et hocha la tête. "Père, allons-y. Je suis sûre que William saura gérer ces nuisibles - je veux dire, nos invités."

James renifla et quitta le salon en claquant la porte. Mordred soupira et fit signe à son neveu de s'asseoir à ses côtés.

Voyant que la situation dangereuse s'était calmée, les quatre gardes rangèrent leurs armes et se postèrent derrière leurs employeurs.

"Bien, donc vous êtes venus ici pour rompre l'accord de mariage." William acquiesça. "Pouvez-vous me dire pourquoi ?"

Agatha regarda le garçon devant elle avec surprise. La façon dont il agissait n'était pas celle d'un enfant de dix ans. Bien qu'elle ne se sentît pas comme si elle parlait à un adulte, elle pensait toujours que celui qui menait la conversation n'était pas un enfant.

"Permettez-moi de répondre à votre question," répliqua Eleanor. "Rebecca est un génie. Un génie dont un seul naît tous les deux cents ans. En tant que Maître, je ne peux permettre à ma disciple d'épouser un inconnu."

"Ah, je vois." William hocha la tête. "Parfaitement compréhensible."

"V-vous êtes d'accord ?" Eleanor fronça les sourcils. "Vous acceptez que vous ne soyez pas digne de ma disciple ?"

"Hmm ? Vous vous trompez." William secoua la tête. "Je comprends vos raisons, mais je ne suis pas d'accord. Cependant, puisque vous êtes venus ici pour rompre l'accord de mariage pour cette raison, vous avez sûrement fait les préparatifs nécessaires, n'est-ce pas ?"

Agatha commençait à sentir que le sale garçon devant elle n'était pas aussi simple qu'il n'y paraissait. Ses manières et la façon dont il agissait, lui donnaient l'impression que cet accord de mariage n'était pas une grande affaire pour lui.

"Que voulez-vous dire par préparatifs nécessaires ?" demanda Agatha.

"Ce que je veux dire, c'est, avez-vous préparé votre compensation ?" William sourit. "Puisque vous prévoyez de rompre l'accord de mariage, vous devriez avoir apporté une compensation adéquate pour nous faire accepter votre demande, n'est-ce pas ?"

Mordred, qui écoutait son neveu, avait un visage calme. Cependant, au fond de lui, il était très troublé. William ne s'était jamais comporté ainsi devant eux auparavant, et pendant un moment, il n'était pas sûr que le garçon assis à côté de lui était son vrai neveu ou non.

"Je vois." Agatha hocha la tête. "Vous voulez une compensation, n'est-ce pas ? Très bien, combien d'or voulez-vous ?"

"De l'or ? Je ne suis pas intéressé par l'or," répondit William. "Vous pensez que nous sommes pauvres ?"

'Oui,' pensa Agatha.

'Vous êtes pauvres,' médita Eleanor.

'Très pauvres.' Rebecca sourit.

'En réalité, nous sommes très pauvres.' Mordred soupira dans son cœur, mais ne dit rien. Il devait agir comme si l'or n'était pas important pour lui afin de soutenir son neveu dans les négociations.

"Mon Dieu, où sont nos manières ?" William plaça sa main sur son front comme s'il avait tout à fait oublié quelque chose. "Tante Helen, veuillez servir à nos invités du thé. Tiens, utilisez ces feuilles spéciales que j'ai ramassées en rentrant à la maison."

William ramassa effrontément les feuilles et les brins d'herbe qui étaient collés sur ses vêtements un par un. Il n'épargna même pas les feuilles qui étaient tombées sur sa tête pendant qu'il dormait dans la vallée.

"Comme vous voulez, jeune maître," dit Helen, la domestique de la famille, en prenant les feuilles avec un sourire. Elle se dirigea ensuite vers la cuisine afin de préparer le "thé spécial" pour leurs invités.

"Ne vous inquiétez pas, le thé sera servi sous peu." William offrit à ses invités un sourire radieux. "Je tiens à vous montrer toute notre hospitalité."

Mordred détourna le regard et toussa légèrement. Bien qu'il fût pauvre, il n'était pas assez effronté pour servir du thé fait avec les herbes sauvages dont se nourrissaient les chèvres de Lont dans la vallée.

Agatha et Eleanor firent de leur mieux pour cacher leur dégoût sur leur visage. Elles ne pouvaient pas croire que William osait leur servir du thé fait avec de l'herbe sauvage ! Cela leur fut une claque au visage et les fit bouillir de colère.

Rebecca, en revanche, regarda William avec amusement. Elle ne se souciait pas vraiment de l'accord de mariage et ne pensait pas grand-chose de son fiancé. Cependant, plus elle regardait William, plus il lui semblait plaisant à ses yeux.