chapitre 8: l'équilibre fragile

Le lendemain, le soleil se lève dans un éclat doré, mais Claudia ne parvient pas à trouver la lumière dans ses pensées. Elle se sent engloutie par un tourbillon de confusion et de culpabilité, ses émotions entremêlées entre l'envie de fuir et la volonté de tout affronter.

Elle n'a pas vu Anthony depuis la confrontation de la veille soir, et l'angoisse de la prochaine rencontre la consume. Le souvenir de son regard, la colère dans ses yeux, est comme une brûlure, imprégnée dans sa mémoire. Mais il y a quelque chose d'autre qu'elle essaie de repousser : la sensation persistante de désir pour Travis. Un désir qui ne fait que croître à chaque instant, un feu incontrôlable qu'elle peine à maîtriser.

Le téléphone vibre dans sa main, une notification de son père, un message qu'elle n'a pas envie de lire. Elle le ferme immédiatement, préférant repousser l'inévitable.

Il est tôt, mais elle décide de sortir prendre l'air. Lorsqu'elle franchit la porte du jardin, ses yeux tombent sur la silhouette de Travis, appuyé contre la barrière, l'air pensif, presque désinvolte, comme s'il attendait d'être vu. Il n'a pas besoin de bouger pour captiver son attention. Elle le voit comme il est : une silhouette imposante, et en même temps terriblement attirante.

Il la fixe, mais son regard est différent aujourd'hui. Il n'y a pas cette même arrogance qu'elle connaît bien. Il y a un calme dans ses yeux, un détachement maîtrisé, mais il est impossible de cacher le fait qu'il la veut. Il le veut avec une intensité qu'il ne cache même plus.

— Claudia. Sa voix la fait frissonner, douce mais menaçante.

Elle ne répond pas tout de suite. Elle se contente de le regarder, sentant une lutte intérieure grandir en elle. Chaque partie d'elle se débat : le désir, la culpabilité, la peur, tout ça dans un tourbillon émotionnel.

— Tu sais, j'avais presque oublié comment ça faisait, il dit d'une manière presque rêveuse, ses yeux s'attardant sur elle, d'attendre quelqu'un.

Elle fronce légèrement les sourcils. Il y a quelque chose dans ses paroles qui l'atteint, qui la perturbe. Mais elle ne cède pas. Pas encore.

— Tu crois vraiment que tout peut être aussi simple ? Elle le défie doucement, mais dans ses yeux, il y a une vérité que Travis saisit immédiatement. Elle est tiraillée.

Il ne réagit pas immédiatement. Il s'avance d'un pas vers elle, mais sans la toucher. Il aime la tension. Chaque mot échangé, chaque regard porté, tout est un jeu pour lui. Un jeu qu'il ne compte pas perdre.

— Simple ? Il répète, presque amusé. Claudia, tu sais aussi bien que moi que parfois, les choses sont plus simples qu'elles ne paraissent.

Claudia ferme les yeux un instant. Il a raison, mais elle ne veut pas l'admettre. Pas encore.

Mais c'est là qu'elle entend une voiture se garer dans l'allée. Le père de Claudia.

Elle se redresse immédiatement, comme une élève prise en faute. Elle sait que cette confrontation est inévitable.

Le père de Claudia, un homme imposant, autoritaire, sort de la voiture, l'air sévère, comme d'habitude. Il la regarde longuement avant de s'avancer vers elle, et son regard est lourd de reproches.

— Claudia, il faut qu'on parle. Sa voix est ferme, presque glaciale. Il n'y a aucune place pour la négociation.

Elle prend une profonde inspiration, avant de lui répondre, le cœur lourd de tout ce qu'elle ressent.

— Pas maintenant, papa. Elle n'a pas le courage de lui dire toute la vérité, pas dans l'immédiat. Elle craint qu'il ne comprenne pas, ou pire, qu'il tente de tout contrôler encore une fois.

— Non. Maintenant. Il insiste, ses yeux se durcissant. Tu ne vois pas où tout cela te mène ?

Travis se tient un peu plus loin, comme une ombre silencieuse. Il les observe, avec cette aura de quelqu'un qui sait que, quelle que soit la situation, il est maître de ce qui va se jouer.

Claudia se tourne vers lui, un instant d'incertitude avant de lui faire signe qu'il peut s'éloigner. Elle sait qu'il va écouter, même s'il ne s'éloigne pas totalement.

Le père de Claudia lui attrape le bras fermement, la forçant à le regarder dans les yeux.

— Tu vas trop loin, Claudia. Sa voix est basse, pleine de reproches, mais aussi de peur. Je ne veux pas te perdre. Il semble brisé, mais aussi déterminé.

Elle lui répond d'une voix cassée, mais pleine de résignation :

— Je ne peux plus continuer à jouer ce rôle, papa. Elle voit la douleur dans ses yeux. Je ne veux plus de cette vie.

Il serre les poings, sa mâchoire crispée. Il ne comprend pas, et Claudia sait qu'il ne le comprendra peut-être jamais. Mais au fond d'elle, quelque chose s'éveille. Elle se révolte enfin contre le contrôle qu'il a toujours exercé sur elle.

En arrière-plan, Travis se tient immobile, un simple spectateur de ce drame familial. Il ne parle pas, mais il observe chaque geste, chaque mot échangé. Il sait qu'il a encore du temps. Un temps pour la séduire encore davantage, pour l'amener à comprendre que, à ses côtés, elle pourra se libérer de tout ce fardeau.

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