Je me suis réveillé en pleine nuit dans ma chambre, les larmes coulant de mes yeux. J'ai quitté ma chambre et me suis dirigé vers la salle de bain.
Assis dans la baignoire, l'eau s'écoulant autour de moi, je n'arrêtais pas de repenser au moment où Arthur a été transpercé. Je souffrais en silence.
— Kaitoshi est mort par ma faute. Si j'avais pris le temps de l'attendre, il serait encore parmi nous, ais-je déclaré en larmes.
À ce moment-là, quelqu'un est entré dans la salle de bain et a tiré le rideau. C'était ma grande sœur, Izumi.
— Gabriel, que fais-tu sous la douche à cette heure ? Tu risques de tomber malade, me demande-t-elle avec une expression inquiète.
Je n'ai pas répondu, la douleur que je ressentais m'empêchant de le faire.
— Gabriel, je suis consciente que quelque chose te préoccupe. N'hésite pas à m'en parler, je suis ta grande sœur et je peux sentir quand quelque chose ne va pas.
Je me demandais comment expliquer à Izumi ce qui se passait. À chaque instant, je revoyais la scène de la mort d'Arthur, et je réalisais combien j'avais été un fardeau pour lui .
— Gabriel, pourrais-tu me dire ce qui ne va pas ? La dernière fois, c'était pareil : tu ne voulais parler à personne, tu ne souhaitais pas partager tes souffrances et tu as même envisagé de mettre fin à tes jours. S'il te plaît, petit frère, confie-moi ce que tu ressens. me demande-t-elle en larmes.
— Même si je t'expliquais, tu ne pourrais pas comprendre, dis-je en larmes.
— Je te comprends, petit frère. Que s'est-il passé avec Arthur ? me demanda-t-elle, les yeux larmoyants.
Elle avait rapidement saisi que cela était en lien avec Arthur, ce qui m'empêchait de demeurer silencieux.
— Tout est de ma faute. J'ai toujours été un fardeau pour lui, et voilà le résultat. Tu avais raison, Izumi. Si ce jour-là, je t'avais écoutée et que nous étions rentrés ensemble, il serait encore vivant. Je ne suis qu'un porte-malheur, dis-je en pleurant, maudissant mon existence.
Izumi m’a alors pris dans ses bras. Je n'avais pas totalement compris la raison de ce geste, mais j'avais ressenti un profond bien-être après son câlin.
— Non, au contraire, tu as pris la bonne décision, car cela t’a permis de rencontrer Arthur. Tu n'es ni un signe de malchance ni un fardeau, car nous cherchons tous des moyens de nous débarrasser de ceux qui le sont. En revanche, Gabriel, tout le monde s'efforce de te protéger, ce qui témoigne de ta valeur et de l'affection que nous te portons. Je sais également qu'Arthur partage mon point de vue.
À l'issue de cette conversation, Izumi et moi sommes descendus au salon, où je lui ai expliqué en détail les circonstances du décès d'Arthur, ainsi que du deadlines imposés par le système qui nous relie au jeu tant que personne ne l'a terminé.
Au lever du jour, nous avons reçu un appel téléphonique de Hiroshi nous annonçant le décès de Kaitoshi. Cinq jours plus tard, nous avons assisté aux funérailles de ce dernier.
Hiroshi avait informé tout le monde que Kaitoshi avait toujours souffert d'une maladie cardiaque, afin de dissimuler que sa mort était survenue dans le cadre du jeu.
Lors des funérailles de Kaitoshi, seuls les employés du restaurant et ma famille étaient présents. Il n'avait pas d'amis, ni de proches ; il était véritablement seul au monde, et je ressentais une culpabilité encore plus grande face à sa disparition.
Je ne pouvais pas rester, car je ressentais une profonde culpabilité d'être parti au beau milieu de la cérémonie. Après l'enterrement, je me suis retrouvé face à sa pierre tombale, les larmes aux yeux. Hiroshi m'a rejoint peu après, lui aussi affichant un regard abattu.
— Ce jour-là, Kaitoshi souhaitait rester pour m'aider à terminer les tâches avant l'ouverture. C'est moi qui lui ai suggéré de se connecter. C'est seulement maintenant que je prends pleinement conscience de l'ampleur de ma décision , a-t-il déclaré avec désespoir.
— Tu n'as rien à te reprocher, tout est de ma faute. J'ai été un boulet pour lui, il aurait atteint un bien meilleur niveau sans moi, je ne fais que le ralentir. Dis-je.
— De quoi parles-tu, Gabriel ? Toi, un boulet ? C'est ainsi que tu te perçois ? Ta sœur m'a tout expliqué, ne te considère pas de cette manière, » répondit-il d'une voix empreinte de douleur.
— C'est parce que je le suis et que je l'ai toujours été. Je n'ai pas pu lui prêter main forte lorsque tu en avais le plus besoin. Il est mort parce qu'il a voulu me protéger. Si je n'avais pas été présent, il n'aurait jamais rencontré Amakuni et serait encore en vie ! dis-je en larmes.
— Je suis déçu par ton comportement. Je ne m'attendais pas à cela de ta part. Pour Arthur, tu n'étais pas seulement un ami, mais véritablement un petit frère. S'il a agi de cette manière, c'est parce qu'il voyait en toi une part de lui-même qu'il avait perdue et qu'il souhaitait sauver. Arthur n'a retrouvé sa joie de vivre qu'après t'avoir rencontré, tu peux me croire, je l'ai connu bien avant toi. disait-il en fixant la tombe.
— Tu n’étais pas là, tu n’as pas été témoin de sa mort. Tu n’as pas ressenti cette impuissance. Mon cœur souhaitait l’aider, mais mon corps ne m'obéissait pas. Je ne pouvais que me rapprocher de ma faiblesse, dis-je en larmes.
« C'est exactement ce que m’a dit Kaitoshi après la mort de Daisuke. Pourquoi devait-il emprunter ce chemin ? Kaitoshi, Daisuke, donnez-moi la force de le remotiver. »
— Il est vrai que je n'étais pas présent, et je ne peux pas éprouver ce que tu ressens en ce moment. Je ne peux pas non plus partager cette culpabilité qui te ronge intérieurement. Cependant, il existe une chose que nous avons en commun, Gabriel : nous avons tous deux perdu un être cher. Néanmoins, cela ne signifie pas que la vie doit s'arrêter. Dit-il
— Kaitoshi t'a donné une seconde chance. Saute sur cette opportunité en vivant pleinement le présent, sans te préoccuper du passé. Le passé n'a pas d'importance, et le futur encore moins ; ce qui compte réellement, c'est le présent . Kaitoshi a compris cela trop tard, et je t'implore de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Accepte sa perte et tourne la page, car c'est ainsi que tu pourras véritablement avancer. ajouta-t-il.
— Tourner la page ? Accepter sa mort ? Que veux-tu dire par là ? J'ai vu Kaitoshi se faire tuer sous mes yeux, je ne pourrai jamais tourner cette page ! dis-je, la colère au ventre.
— D'accord, tu ne veux pas tourner la page, mais cesse de te lamenter comme une mauviette . Retourne dans ce maudit jeu et corrige tes erreurs en devenant plus fort. Si tu ne le fais pas, tu seras témoin d'autres pertes, et tu te sentiras aussi impuissant qu'aujourd'hui, rétorqua-t-il en élevant la voix.
— Même si je devenais plus fort, je ne pourrais pas ramener Kaitoshi parmi nous. À quoi bon continuer ? lui demandai-je.
— J'imagine que Kaitoshi t'a déjà parlé de Daisuke, ou plutôt de D-fire. Lui aussi s'est sacrifié pour sauver Kaitoshi. Après sa mort, il m'a tenu le même discours. J'ai l'impression de parler avec Kaitoshi, me répondit-il.
— Es-tu sincère en me disant cela, ou cherches-tu simplement à me convaincre ? lui demandai-je.
— Je te le dis car tu lui ressembles sur plusieurs aspects. Gabriel Kaitoshi était convaincu que D-Fire n’avait pas pris la bonne décision en lui confiant son pouvoir. C'était un fardeau bien trop lourd pour lui. S'il avait choisi d'acheter la H.A.T, c'était pour céder ce pouvoir au premier venu. Cependant, c'est après sa rencontre avec toi qu'il a compris pourquoi Daisuke lui avait attribué cette responsabilité, me confie-t-il.
Après ces paroles, je me suis remémoré ce qu'Arthur m'avait confié ainsi que la raison qui m'avait poussée à le suivre .
— Terminer le jeu afin de sauver tout le monde, lui ai-je dit en larmes .
— Kaitoshi a évoqué qu'il y avait sans doute d'autres personnes qui avaient acquis la H.A.T par désespoir, et qu'aucune d'elles ne méritait de mourir sans avoir connu le bonheur de vivre. À présent, Arthur t'a confié sa mission ; il ne dépend que de toi de décider de la voie à suivre : poursuivre le rêve d'Arthur ou te lamenter comme Kaitoshi ? me demanda-t-il.
— Pourquoi moi ? lui ai-je demandé.
— C'était sans doute le destin. Votre rencontre n'était pas un hasard, j'en suis convaincu. C'est ta destinée qui te tend la main. Accepte-la et réussis là où D-Fire et Arthur ont échoué, ajouta-t-il.
— Pourquoi ne reprends-tu pas ce qu'ils ont entrepris ? Tu es mieux placé pour accomplir ces objectifs, dis-je.
— Je m'occupe déjà du restaurant Daisuke no Ô. Ce rêve ne m'appartenait pas à l'origine, mais j'ai décidé de le poursuivre par respect pour Daisuke. Contrairement à toi, je n'essaie pas de lutter contre le destin, je l'ai simplement accepté , me confia-t-il.
« Il a fait le choix d'abandonner ses propres rêves pour préserver ceux de Daisuke. Je ressens cette douleur dans ton regard ; toi aussi, tu n'as pas réussi à accepter la perte de Daisuke, et c'est pour cela que tu cherches à faire vivre son rêve », pensais-je en l'observant.
— Je comprends désormais mieux pourquoi Kaitoshi m'a choisi. Hiroshi, je suis désolé d'avoir été aveuglé par ma culpabilité et de ne pas avoir compris ce que Kaitoshi attendait de moi. Je te remercie sincèrement de m'avoir aidé à y voir plus clair, lui ai-je confié.
À ce moment-là, Hiroshi a laissé échapper quelques larmes en entendant mes mots.
— Je suis ravi d'avoir pu t'aider, Gabriel, m'a-t-il répondu en souriant.
« C'est exactement les mêmes mots que ceux que Kaitoshi m'a confiés juste après t'avoir rencontré. Je suis heureux que tu t'en sois rendu compte bien avant lui et que tu aies décidé de tourner la page, d'accepter ce destin qui ne t'était pas destiné, » pensait-il en essuyant ses larmes.
— Allez, viens, tes parents et ta sœur nous attendent, ajouta-t-il.
« Arthur, je te demande pardon d'avoir été un boulet. Je te demande pardon de ne pas avoir mis du cœur. J'étais un lâche, je me cachais derrière toi parce que tu étais plus fort. Si j'avais fait le moindre effort, tu serais encore là parmi nous. Désormais, je ne me cacherai plus. Je finirai le jeu et je sauverai tout le monde, » pensai-je en rejoignant Hiroshi.
Une destinée que je n'ai pas choisie et que je me dois d'assumer pleinement, telle est mon histoire, l'histoire de ma légende.
運命の高まる影響
[UNMEI NO TAKAMARU EIKYOU:RISING IMPACT OF FATE]
Chapitre 07 : Un nouveau chapitre s'ouvre.
— Gabriel, es-tu vraiment sûr de vouloir rester ici ? lui demande sa mère.
— Oui, maman, Arthur m'a confié son appartement, et je dois m'en occuper ! lui répond Gabriel.
— Et pour le lycée, comment comptes-tu t'organiser ? s'inquiète son père.
— Je vais m'arranger pour terminer mon année, et l'année prochaine, je changerai de lycée. De plus, je consacrerai mon temps libre à aider Hiroshi au restaurant, tout ira pour le mieux pour moi, les rassure Gabriel.
— Si c'est ton choix, nous le respecterons, mais n'oublie pas de nous appeler, lui dit sa mère.
— Je te le promets, maman, répondit Gabriel.
Les parents de Gabriel étaient montés dans la voiture; seule Izumi était restée à l'extérieur.
— Izumi…
— Ne t'inquiète pas, petit frère. Je comprends ta décision et je ne veux pas m'immiscer, c'est toi qui décides, lui répondit sa grande sœur.
— Je te remercie pour tout, grande sœur ! s'exclama Gabriel.
Izumi prit Gabriel dans ses bras. Ce dernier laissa couler quelques larmes avant qu’Izumi ne le relâche et monte dans la voiture.
Le moteur démarra. Les parents de Gabriel, accompagnés de sa sœur, prirent la route à leur tour. Resté seul, Gabriel se rendit à l’appartement de Kaitoshi. Là, il contempla les photos de ce dernier accrochées aux murs.
— Izumi apportera tes affaires demain. En attendant, tu pourras porter ceci, lui dit Hiroshi en lui tendant quelques vêtements.
— Merci, répondit Gabriel avant d’aller se changer.
Quelques minutes plus tard, après s’être changé, Gabriel revint dans le salon, où Hiroshi l’attendait.
— Ça te va comme un gant, dit Hiroshi avec un sourire.
— Ce n’est qu’un t-shirt et un short, répliqua Gabriel en haussant les épaules.
— Oui, je sais... Gabriel, je ne t’ai pas encore posé la question, mais je dois savoir : qu’est-il advenu d’Amakuni ? demanda Hiroshi, l’air curieux.
— Il est mort, répondit Gabriel d’un ton sec.
— Tu en es sûr ? insista Hiroshi.
— Où veux-tu en venir, Hiroshi ? demanda Gabriel, intrigué.
— Il se pourrait qu’il ait survécu au combat, répondit Hiroshi calmement.
— Impossible ! s’exclama Gabriel.
— Comment peux-tu en être aussi certain ? As-tu vu son corps se décomposer de tes propres yeux ? demanda Hiroshi avec insistance.
— S’il avait survécu, il m’aurait achevé. Mais je suis là, à te parler. C’est bien une preuve, non ? rétorqua Gabriel.
— Tu as sans doute raison... mais par précaution, je veux que tu restes sur tes gardes, dit Hiroshi.
— Entendu. Je serai prudent, acquiesça Gabriel.
— Prépare-toi à passer une nuit blanche. Je veux tout t’apprendre sur l’univers de Fantasy: Impact of Fate, ajouta Hiroshi en sortant une pile de livres de son sac.
— Oh non..., soupira Gabriel.
Le lendemain, Izumi apporta les affaires de Gabriel dans l’appartement de Kaitoshi.
— Comment tu te sens, petit frère ? demanda-t-elle en prenant une photo de Kaitoshi posée sur une commode.
— Beaucoup mieux, répondit Gabriel avec un léger sourire.
— Tu t’es déjà reconnecté ? demanda-t-elle.
— Non, je compte le faire ce soir. Et à propos du jeu… tu peux m’expliquer pourquoi tu t’inquiétais autant ? Ne me sors pas que ce sont juste les rumeurs qui te mettaient dans tous tes états, lança Gabriel, le regard sérieux.
— C’est nouveau, ça… Je t’ai jamais entendu parler comme ça. C’est la mort de Kaitoshi qui t’a changé ? demanda Izumi, intriguée.
— En quelque sorte, oui. Mais arrête de tourner autour du pot, Izumi, et réponds franchement à ma question, dit-il d’un ton ferme.
— Je… Je n’ai jamais joué à Impact of Fate, mais mon copain, lui, y jouait. Et un jour, il n’est jamais revenu... Avec tous les bruits qui couraient autour du jeu, j’ai compris : le jeu l’avait tué, répondit Izumi, la voix tremblante.
— Je suis désolé, Izumi. Je ne voulais pas raviver de mauvais souvenirs, dit Gabriel, sincèrement.
— Ne t’inquiète pas, petit frère. Et puis, tant que je suis à Osaka, je vais en profiter pour te présenter quelqu’un, annonça-t-elle.
— Sérieusement ? s’étonna Gabriel.
— Oui, répondit Izumi en souriant.
Ils sortirent ensemble. En longeant les rues d’Osaka, Gabriel sentit une étrange impression de déjà-vu.
— Ce quartier me paraît familier…, dit-il en observant les alentours.
— Tu es déjà venu par ici ? demanda Izumi.
— Oui…, répondit-il en apercevant une maison. C’est celle de Kyoko.
Izumi appuya sur la sonnette de la maison, tandis que Gabriel se cachait derrière elle. C’est Kyoko qui vint ouvrir la porte.
— Izumi ? dit-elle, surprise en la voyant.
— Salut Kyoko, comment tu vas ? demanda Izumi avec le sourire.
— Très bien, merci. Mais qu’est-ce qui t’amène ici ? demanda-t-elle curieusement.
— Je voulais te présenter mon petit frère, répondit Izumi.
Kyoko se pencha légèrement et aperçut Gabriel, dissimulé derrière sa sœur. Elle éclata alors de rire.
— Gabriel ? Qu’est-ce que tu fais là derrière Izumi ? Ne me dis pas que tu as peur ? le taquina-t-elle.
— Vous vous connaissez ? demanda Izumi, surprise.
Kyoko s’approcha de Gabriel et lui tapota gentiment le dos en riant.
— Évidemment. Il voulait me draguer, mais le pauvre manque cruellement de courage ! lança-t-elle en se moquant doucement.
Gabriel rougit aussitôt, et Izumi se frappa le front, exaspérée.
La journée passa ainsi, et Gabriel resta silencieux. Il observait simplement sa sœur discuter avec Kyoko, sans dire un mot. Alors que le soleil se couchait, Izumi monta dans un bus et repartit.
« Cette journée m’a épuisé… » pensa-t-il en ouvrant la porte de l’appartement.
Une fois à l’intérieur, il referma la porte derrière lui et se dirigea vers la chambre.
« Le monde est vraiment petit… Je n’aurais jamais imaginé que Kyoko était la petite sœur du feu copain de ma sœur. » pensa-t-il en s’allongeant sur le lit.
Les yeux rivés au plafond, Gabriel tourna ensuite lentement la tête vers la H.A.T.
— Allez Gabriel, tu peux le faire… se dit-il à lui-même en prenant le casque de réalité virtuelle connecté à la console.
Il le plaça sur sa tête, prit une profonde inspiration, puis l’alluma.
Aussitôt, il se retrouva dans cette fameuse zone blanche — un vide immaculé, où flottait le cube d’activation qu’il avait déjà vu lors de sa toute première connexion au jeu.
La voix de Hiroshi résonna dans l’espace, claire et familière.
« Maintenant que tu as hérité du pouvoir d’Arthur et de D-Fire, le jeu va se réinitialiser afin d’apporter les modifications nécessaires à ton personnage. Tu conserveras tes facultés et compétences. La seule chose qui pourrait changer… c’est ton nom d’utilisateur. »
— Le jeu se réinitialise… Exactement comme Hiroshi me l’avait dit, murmura Gabriel en commençant à configurer son nouveau pseudonyme.
Pendant ce temps, dans un imposant château isolé sur une île du Palier Zéro du World Zero, une atmosphère étrange régnait.
Dans une vaste salle plongée dans une semi-obscurité, six silhouettes étaient assises autour d’une grande table circulaire, taillée dans une pierre noire lisse. Leurs visages restaient cachés dans les ombres, voilés par une lumière savamment tamisée.
Un trône massif dominait la salle, légèrement en retrait, sur une estrade de marbre. Une huitième personne y était assise, baignée dans une lumière crépusculaire, observant les six autres en silence.
Brisant le silence tendu, une voix féminine douce mais grave, provenant de la gauche de la table, s’éleva :
— Il ne faut plus qu’on se sépare… Il y a des Fantasy One extrêmement dangereux dans le jeu.
— Aucun Fantasy One, ni même un Fantasy Zero, ne peut nous égaler, soeurette. Je ne vois pas l’utilité de rester groupés, commenta une voix masculine du côté gauche, lasse et ennuyée.
— Ta bêtise te perdra, répliqua une autre voix, plus raffinée, depuis la droite de la table. Apprends à te servir de ta tête plutôt que de tes poings. "Mieux vaut prévenir que guérir", cette phrase te dit quelque chose ? Bref, nous devons prendre des précautions… avant que la situation ne devienne incontrôlable.
Tout en parlant, cette personne buvait calmement une tasse de thé, le geste empreint d'élégance.
— Héhéhé… je m’excite déjà à l’idée de voir tout dégénérer, lança une voix grinçante et irritante, située à la gauche de celui qui buvait du thé.
— Tais-toi un peu, espèce de détraqué. On parle sérieusement ici, alors ferme-la et fais-nous des vacances, grogna la femme assise plus à droite. Revenons au sujet principal : le mieux serait que nous formions des duos complémentaires pour garantir la durabilité de notre règne sur le World Zero.
— Le dernier mot revient à la Reine. C’est elle qui décidera si nous formerons des binômes ou non, déclara solennellement un homme assis sur un petit trône, situé juste en dessous du grand trône central.
Un silence respectueux s’installa, tandis que tous les regards se tournèrent vers la silhouette imposante trônant au sommet de la salle.
La Reine se leva alors, sa voix glaciale et majestueuse résonna dans la pièce :
— La force de nos individualités nous a permis de régner en maîtres sur le Système Impact Fate, forgeant ainsi stabilité et privilèges dans Rising Impact of Fate. Mais cette stabilité a été rompue. Un joueur a atteint notre niveau… Seul.
Si cela continue, d’autres Fantasy One pourraient nous égaler grâce aux cheats d’Impact of Fate.
Elle marqua une pause, son regard pesant.
— C’est pourquoi… nous devons recréer le Système Impact Fate afin de rétablir l’équilibre entre nous, les Kamikage, et les autres joueurs. À partir d’aujourd’hui, vous serez répartis en binômes — fondés sur la complémentarité de vos talents.
Un silence lourd tomba.
Puis un à un, les six membres acquiescèrent dans un murmure d’approbation.
Soudain, les immenses portes de la salle s’ouvrirent brutalement dans un grincement sourd.
Une silhouette pénétra dans la pièce.
Immédiatement, cinq des six personnes autour de la table se levèrent.
— Le principal concerné vient d’arriver ! s’exclama la femme assise à gauche.
— Le petit faible… Celui dont la défaite nous a contraints à cette réunion, ajouta l’homme au thé, un sourire moqueur aux lèvres.
Un seul nom résonna dans toute la salle :
— AMAKUNI !!
À suivre…