dans l'autre monde

Dans l'autre monde

Le ciel au-dessus de leur tête semblait se tordre, l'air lourd de mystère. Edras se tenait immobile, l'atmosphère autour de lui dense et oppressante, comme un voile prêt à se déchirer. Devant lui, une silhouette restait dans l'ombre, presque intangible, mais sa présence était indéniable.

Pourquoi l'as-tu choisi comme roi ?

Edras tourna lentement la tête, son regard perçant scrutant l'invisible au-delà de la silhouette qui lui faisait face. Ses paroles étaient pleines de sagesse et d'expérience, un poids difficile à supporter.

Edras : Je ne l'ai pas choisi…

Les mots semblaient sortir de sa bouche avec une lourdeur qu'il ne parvenait pas à cacher. Une profonde certitude habitait cependant son regard. La silhouette en face de lui ne semblait pas convaincue.

Mais tu lui as offert ce pouvoir, celui que tout le monde convoite, celui qui transforme un homme en une légende. Pourquoi lui avoir donné une telle chance ?

Edras se redressa légèrement, un soupir échappant de ses lèvres. Il n'était pas du genre à se justifier, mais cette question, il savait qu'elle viendrait. Il n'avait jamais eu l'intention de faire de Myan un roi, mais peut-être que le destin l'avait forcé à l'accepter.

Edras : Il me ressemble.

La réponse, brève, ne laissait pas place à la discussion. La silhouette sembla se pencher en avant, comme pour percer le secret derrière ces simples mots.

Il te ressemble ? Vraiment ? Mais qu'est-ce qui te pousse à lui accorder une telle importance alors que tu n'as jamais eu d'ambitions ?

Edras fixa la silhouette, ses yeux brillants d'une lueur étrange. Puis, dans un murmure profond, il répondit.

Edras : Il a un potentiel que même lui ignore. Un pouvoir inné, mais il ignore encore ce qu'il représente. Il n'a pas encore compris qu'il peut être plus que ce qu'il est.

Il marqua une pause, comme s'il pesait chaque mot qu'il allait dire. La silhouette sembla l'écouter avec une attention totale, l'écho de ses mots résonnant dans l'espace.

Tu ne veux vraiment pas qu'il prenne ta place, alors ? Pourquoi ne pas le faire devenir ton successeur, si tout ce que tu as fait est de le guider vers ce pouvoir immense ?

Edras secoua lentement la tête, comme si la question ne méritait pas plus de réflexion.

Edras : Je l'ai déjà dit… Non.

Les mots étaient fermes, sans la moindre hésitation. Il savait ce qu'il disait, et il n'avait pas l'intention de revenir dessus. Mais la silhouette ne semblait toujours pas satisfaite, persistant.

Et pourquoi, tu lui as montré son future comme ça.

Edras sourit légèrement, mais c'était un sourire sombre, empreint d'une sagesse douloureuse.

Edras : Je ne lui ai jamais montré son futur.

Le silence tomba un instant, lourd de doute et de perplexité. La silhouette s'avança légèrement, cherchant des réponses dans les yeux d'Edras.

Voix énigmatique : Mais alors… que lui as-tu montré, si ce n'était pas son avenir ?

Edras baissa la tête, comme s'il réfléchissait à ses propres paroles. Il savait que les vérités qu'il avait partagées étaient plus complexes qu'elles ne semblaient à première vue.

Edras : Je lui ai juste appris à ne pas se laisser engloutir par la soif de pouvoir, à ne pas convoiter ce qu'il ne pourrait jamais maîtriser. J'ai vu en lui un homme qui pourrait changer le monde, mais seulement s'il accepte la responsabilité de ce pouvoir.

Edras se tourna alors complètement vers la silhouette, son visage grave et déterminé.

Edras : Je lui ai montré que ce pouvoir pourrait l'anéantir, si il laisse la convoitise gouverner son cœur. Ce pouvoir, comme tout grand pouvoir, doit être manié avec sagesse, ou il détruira celui qui l'utilise.

Une profonde tristesse envahit ses yeux, mais il continua, sa voix empreinte de conviction.

Edras : Mais il ne doit pas le fuir non plus. Ce pouvoir est une chance. Une chance de réaliser son rêve. De se battre pour ce en quoi il croit.

Les mots d'Edras résonnaient avec une telle profondeur qu'il sembla que le temps autour d'eux ralentissait. La silhouette, tout en restant dans l'ombre, était visiblement troublée par cette réponse. Un silence lourd s'installa, alors qu'Edras, dans un dernier éclat de sagesse, conclut :

Edras : Parce que ce rêve, c'est lui qui doit le forger. Il est seul maître de son destin.

Sa voix se fit plus basse, presque un murmure.

Edras : Et ce pouvoir n'est qu'un outil… un moyen pour lui de briser les chaînes du destin, de forger une voie qui lui est propre.

Le vent souffla, emportant les dernières paroles d'Edras, tandis que la silhouette semblait disparaître dans l'éther, laissant derrière elle un silence pesant.