Chapitre 1 : L'Éveil dans la Forêt des Murmures.
La première chose que Nagibe sentit fut une douleur sourde, comme si son corps avait été broyé puis reconstruit à la hâte. Il ouvrit les yeux avec difficulté, son esprit embrumé par une confusion épaisse. Autour de lui, une forêt s'étendait à perte de vue, ses arbres gigantesques semblant toucher le ciel. Leurs branches, entrelacées comme des doigts noueux, laissaient filtrer une lumière tamisée, donnant à l'endroit une atmosphère à la fois paisible et oppressante.
Il se redressa lentement, sentant chaque muscle de son corps protester. Sa main se posa instinctivement sur sa poitrine, là où une douleur persistante semblait prendre racine. En baissant les yeux, il aperçut une marque étrange, gravée dans sa peau comme un tatouage ancien. Des lettres arabes, fines et élégantes, formaient un mot qu'il reconnut aussitôt : *« Maudit »*.
« Qu'est-ce que… ? » murmura-t-il, effleurant la marque du bout des doigts. La peau était lisse, comme si l'encre avait toujours fait partie de lui.
Avant qu'il ne puisse réfléchir davantage, une voix résonna dans son esprit, douce mais empreinte d'une inquiétude palpable.
*« Toi… tu ne devrais pas être ici. C'est impossible. »*
La voix semblait venir de partout et de nulle part à la fois, comme un écho lointain. Elle hésita un instant, puis paniqua, hurlant des mots incohérents avant de disparaître dans un dernier soupir : *« Tu es maudit… Réveille-toi avant qu'il ne soit trop tard ! »*
Nagibe se figea, le cœur battant à tout rompre. Maudit ? Réveille-toi ? Il regarda autour de lui, cherchant une explication, mais la forêt restait silencieuse, comme si elle retenait son souffle.
Des bruits étranges attirèrent son attention. Des craquements, des chuchotements, comme si les arbres murmuraient entre eux. Il sentit des regards invisibles peser sur lui, mais il ne vit rien. Juste les ombres mouvantes des branches et les feuilles qui bruissaient doucement.
« Bon, d'accord, c'est pas rassurant », murmura-t-il en se relevant.
Il décida de marcher, mais sa maladresse légendaire le trahit presque aussitôt. Son pied s'accrocha dans une racine, et il tomba lourdement dans un buisson épineux.
« Super, maintenant je suis sale ET perdu », grogna-t-il en se relevant, essuyant la boue sur son visage.
Il reprit sa marche, trébuchant à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'il aperçoive enfin une lueur au loin. Une ville perchée dans les arbres, avec des maisons en bois sculpté et des ponts suspendus qui semblaient défier les lois de la gravité.
En arrivant à l'entrée, un guerrier imposant, armé d'une grande hache, l'interpella.
« Hé, toi ! D'où tu sors, comme ça ? T'es pas d'ici, ça se voit. »
Nagibe, essoufflé, s'arrêta net. Le guerrier était massif, ses muscles saillants sous une armure de cuir usée. Ses yeux perçants semblaient scruter chaque détail de son apparence.
« Je… je me suis réveillé dans la forêt, là-bas », répondit-il en montrant du doigt la Forêt des Murmures.
Le guerrier écarquilla les yeux, visiblement surpris. « La Forêt des Murmures ? T'es sérieux ? Personne se réveille là-bas. Les humains sont arrivés il y a cinq ans, et tous sont passés par les Portes de l'Aube. Toi, t'es un cas à part. »
Nagibe, perplexe, demanda : « Cinq ans ? Mais… je viens juste de me réveiller ! »
Le guerrier le dévisagea, sceptique. « Et comment t'as survécu dans cette forêt ? T'as des pouvoirs ? Une arme ? Un talent caché ? »
Nagibe, gêné, répondit : « Euh… non. Juste… de la malchance, je crois. »
Le guerrier éclata de rire, un rire profond et sonore qui sembla résonner dans toute la forêt. « La malchance ? Dans cette forêt, t'aurais dû être mort dix fois ! T'es soit un génie de la survie, soit le type le plus chanceux du monde. »
Nagibe, sarcastique : « Ouais, super chanceux. C'est pour ça que je suis couvert de boue et que j'ai failli me faire manger par un arbre. »
Le guerrier rit encore, puis lui fit signe de le suivre. « Viens, on va voir le chef. Il voudra te parler. »
Nagibe hésita un instant, puis suivit le guerrier à travers les ruelles du village. Autour de lui, des maisons en bois sculpté semblaient défier les lois de la gravité, perchées sur des arbres gigantesques. Des ponts suspendus reliaient les bâtiments, et des lanternes colorées éclairaient les chemins.
Il se sentait à la fois émerveillé et terrifié. Où était-il ? Et pourquoi lui ?
La marque sur son cœur semblait brûler, comme un rappel constant de son étrange destinée.
Fin du chapitre 1 :
Nagibe, encore perdu et confus, suit le guerrier à travers le village, ignorant que sa vie est sur le point de basculer à jamais.