Alors que Feng Lin avançait dans le long couloir sombre, il sentait encore la douleur des blessures infligées par la marionnette. Son corps était engourdi, mais son esprit restait clair. Zin lui avait donné une opportunité précieuse, et il comptait bien en tirer profit.
Finalement, il atteignit une lourde porte de pierre, marquée de motifs anciens du clan Feng. En apposant sa main dessus, il sentit une faible résonance dans son œil, comme si le sceau reconnaissait son héritage. Avec un grondement sourd, la porte s'ouvrit lentement, révélant une vaste pièce souterraine.
À l'intérieur, des étagères couvertes de poussière s'étendaient à perte de vue. Des coffres scellés, des armes anciennes, des rouleaux de techniques oubliées… Mais ce qui attira immédiatement son attention, ce furent les dizaines d'anneaux spatiaux soigneusement rangés sur un piédestal.
Un léger sourire apparut sur ses lèvres.
— Voilà qui va me faire gagner du temps.
Feng Lin s'approcha lentement du piédestal et tendit la main vers l'un des anneaux. Il activa son œil pour sonder son contenu, et ce qu'il vit le laissa silencieux.
Chaque anneau contenait des ressources colossales : des pilules de cultivation, des trésors spirituels, des minerais rares, et même des techniques secrètes du clan Feng. Il en attrapa plusieurs, les inspectant un à un. Certains étaient remplis de jade spirituel en quantité astronomique, d'autres renfermaient des armes forgées par des artisans de haut niveau.
— Zin avait bien caché son jeu… murmura-t-il.
Il n'avait plus besoin de deviner pourquoi l'ancien Patriarche avait caché cet endroit. Si le clan Feng avait eu accès à ces ressources avant sa chute, il aurait pu éviter l'anéantissement.
Feng Lin ferma les yeux un instant, réfléchissant. Ce trésor était suffisant pour reconstruire un clan entier, mais il était encore trop faible pour le protéger. Il ne devait pas se précipiter.
Il rangea soigneusement plusieurs anneaux avant de tourner les talons.
— Avec ça, ma progression va s'accélérer.
Il quitta la salle souterraine sans se retourner.
Feng Lin arriva au temple, son regard toujours froid et calculateur. Il remarqua immédiatement la silhouette vacillante de Feng Yue.
Son visage était pâle, ses vêtements en désordre, et surtout… son œil gauche n'était plus là. Une blessure fraîche marquait l'endroit où il avait été, du sang séché coulant encore légèrement sur sa joue.
Feng Lin s'arrêta devant elle, l'observant un instant.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il d'une voix neutre.
Feng Yue releva la tête, ses lèvres tremblantes.
— …La deuxième épreuve. Je… j'ai échoué.
Elle serra les poings, la douleur et la frustration visibles sur son visage.
Feng Lin ne répondit pas immédiatement. Il savait que ces épreuves étaient conçues pour tester les membres du clan Feng, et qu'elles ne faisaient aucun cadeau. Mais perdre un œil… C'était une punition sévère pour un échec.
— Tu es encore en vie, c'est ce qui compte, finit-il par dire.
Feng Yue grimaça.
— C'est facile à dire… Toi, tu as réussi, pas vrai ?
Feng Lin ne confirma ni n'infirma. Il détourna simplement le regard vers l'entrée du temple.
— Il est temps de partir. On a d'autres choses à faire.
Sans attendre, il avança, laissant Feng Yue digérer sa défaite.
- Je suppose que tu sais que je suis pas Feng Lin, d'ailleurs depuis quand le sais tu ?
Feng Yue releva lentement la tête, son regard voilé par la fatigue et la douleur. Elle fixa Feng Lin un instant avant de détourner les yeux.
— …Depuis le début.
Feng Lin ne montra aucune réaction, mais au fond de lui, il analysait déjà les implications de cette réponse.
— Depuis le début ? répéta-t-il calmement.
Feng Yue eut un sourire amer.
— Mon frère n'a jamais eu ce regard. Celui que tu as… il est froid, calculateur, et il ne doute jamais.
Elle marqua une pause, puis ajouta d'une voix plus faible :
— Mais ce n'est pas pour ça que je t'ai laissé faire.
Feng Lin plissa légèrement les yeux.
— Alors pourquoi ?
Feng Yue hésita, puis soupira.
— Parce que… quoi que tu sois, tu es la seule chance qu'il nous reste.
- Pourtant je possède sont corps.
Feng Yue sourit faiblement, son visage marqué par la douleur.
— Posséder son corps ne veut pas dire être lui.
Feng Lin resta silencieux. Il pouvait voir dans son regard qu'elle était persuadée de ce qu'elle disait.
— Alors, qu'est-ce que je suis, selon toi ? demanda-t-il d'un ton neutre.
Feng Yue ferma les yeux un instant avant de répondre.
— Un étranger… mais un étranger qui porte désormais le poids du clan Feng. Que tu le veuilles ou non.
Feng Lin et Feng Yue quittèrent la grotte, foulant enfin le sol extérieur. L'air frais du matin les accueillit, contrastant avec l'atmosphère oppressante des épreuves.
Le ciel teinté de nuances orangées annonçait le lever du soleil. Feng Lin plissa les yeux, réalisant qu'ils avaient passé toute une nuit à l'intérieur sans même s'en rendre compte.
Feng Yue, malgré sa blessure, resta silencieuse. Son regard balayait l'horizon, comme si elle cherchait à retrouver un semblant de normalité après ce qu'elle venait de vivre.
Leur destination était claire : le bureau de leur père, situé au cœur du territoire du clan Feng.
Les premiers rayons du soleil éclairaient les bâtiments anciens du clan, révélant une atmosphère encore paisible avant l'agitation de la journée.
Feng Lin avançait d'un pas assuré, suivi de Feng Yue qui gardait la tête légèrement baissée, sa main toujours posée sur son œil blessé.
Devant la grande porte du bureau, Feng Lin frappa deux fois, puis entra sans attendre de réponse.
À l'intérieur, Feng Tian, leur père, était assis derrière un large bureau en bois massif, feuilletant un manuscrit ancien. Son regard se leva aussitôt vers eux, s'arrêtant un instant sur Feng Yue.
Lorsqu'il vit son œil blessé, son visage se figea. Ses doigts se crispèrent sur le manuscrit, le froissant légèrement. Une ombre passa dans ses yeux, mélange de stupeur et de colère contenue.
— Que s'est-il passé ?
Sa voix était grave, plus tranchante qu'il ne l'aurait voulu. Il se leva lentement, contournant son bureau d'un pas mesuré, mais chaque mouvement trahissait une tension grandissante. Son regard détailla Feng Yue avec insistance, s'arrêtant sur la plaie encore fraîche.
— Qui t'a fait ça ?
Son ton s'était fait plus froid, mais il y avait quelque chose d'autre, une émotion à peine contenue. Son poing se serra imperceptiblement.
Feng Yue baissa les yeux, incapable de soutenir son regard. Feng Lin, lui, resta impassible, observant son père avec attention avant de répondre.