Paris (7)

Leonel scruta rapidement la situation devant lui et poussa un soupir de soulagement en voyant qu'Aina allait bien. En fait, elle allait plus que bien, elle avait éliminé quatre autres des chevaliers de Jeanne, n'en laissant que quatre restants. Mais il semblait que le contrôle de Jeanne s'était renforcé avec moins de choses à gérer, rendant la difficulté encore un peu plus ardue.

'Parfait, je vais la neutraliser maintenant et tout sera terminé.'

Leonel réprima sa fatigue et s'élança sous une pluie de boules de feu. Il pouvait pratiquement voir la fin de cette affaire de plusieurs mois.

Il fonça sur Jeanne, son regard croisant le sien à travers des dizaines de mètres. Les chevaliers de Reimond essayèrent de bloquer son chemin une fois de plus, mais les derniers tombèrent d'un balayage de sa lance. Ils n'avaient même pas touché le sol que Leonel était déjà apparu à plusieurs mètres derrière eux.

Le regard de Jeanne était difficile à décrypter. Bien qu'il n'ait jamais détourné les yeux d'elle, Leonel ne pouvait pas dire si elle était calme ou en proie à des émotions complexes. Ses yeux bleus, dissimulés sous son masque doré, semblaient légèrement onduler avant de redevenir immobiles par intermittence.

En vérité, il semblait qu'elle était à bout. Elle ne pouvait pas rappeler ses chevaliers partis affronter Aina, sinon cette hache sanglante mettrait fin à sa vie. En même temps, elle avait toujours été en arrière-plan, sans aucune compétence de combat propre. Dès que Leonel avait pris la vie de Reimond, elle savait qu'elle n'aurait pas eu la capacité de résister si elle avait été sa cible.

20 mètres. 10 mètres. 5 mètres.

Leonel brandit sa lance, maîtrisant ses poumons brûlants en la projetant avec tout ce qu'il avait.

Il ne gaspillait pas ses mots avec elle. Le temps pour cela leur avait depuis longtemps échappé.

C'est à ce moment-là que Leonel entendit quelque chose qui ressemblait à un soupir. Et cela venait de Jeanne elle-même…

"Élever."

Un fil d'or se détacha de la arme d'hast de Jeanne et s'inséra dans le cadavre de Reimond qui était allongé à ses côtés, le faisant soudainement se relever et recevoir le coup de Leonel en plein poitrine.

Avec un bruit métallique, la lance de Leonel rebondit sur sa plaque de poitrine, provoquant une forte réverbération le long de son bras.

Ce fut un bref instant, mais Jeanne avait déjà bondi en arrière et levé haut son arme d'hast, une série de cadavres, fruits des efforts de Leonel et Aina, apparaissant sur son chemin.

Un cri sourd s'échappa des lèvres de Jeanne, et les quelques fils d'or de son arme d'hast se multiplièrent en plusieurs centaines. Non seulement ils se dirigèrent vers la foule d'Anglais éparpillés, mais ils traversèrent également les portes et pénétrèrent les lignes défensives des Français.

Leonel avait juste voulu pousser un soupir de soulagement. Jeanne n'était pas une Nécromancienne, elle n'avait pas réellement fait ressusciter Reimond, elle avait seulement pris le contrôle de ses membres et l'utilisé comme bouclier humain. Cependant, à en juger par l'épaisseur du fil d'or nécessaire pour y parvenir, il déduisit que cela demandait plus d'effort que de contrôler les vivants, donc il n'était pas étonnant qu'elle n'ait pas utilisé cette capacité auparavant.

Cependant, son bonheur fut de courte durée. Il avait pensé que Jeanne était limitée dans sa capacité à contrôler les autres, mais il n'aurait jamais imaginé qu'elle prendrait soudainement le contrôle de centaines de chevaliers comme ça.

'Non, je ne peux pas la laisser prendre de l'avance.' Leonel jeta un regard vers Aina, mais elle luttait toujours contre les quatre chevaliers restants. N'ayant pas d'autre choix, il pouvait seulement avancer de toutes ses forces seul.

'Merde, j'aurais vraiment dû m'occuper d'elle en premier.'

Ce n'était vraiment pas la faute de Leonel. Il avait suivi Jeanne pendant des mois, mais tout ce qu'elle faisait, c'était donner des augmentations de statistiques, et elle ne le faisait jamais pour plus de dix chevaliers à la fois. En plus de ça, elle ne contrôlait jamais activement leurs actions comme elle le faisait maintenant. Il avait négligé le fait que, tout comme lui cachait sa force réelle, elle faisait probablement de même.

Si l'on avait le choix entre un homme capable de voir l'avenir et une femme fragile qui semblait seulement pouvoir contrôler dix chevaliers… Il était clair quel choix aurait été le plus commun.

Mais maintenant, il en payait le prix.

Leonel sentit une certaine agitation dans son cœur. Il était évidemment beaucoup plus rapide que Jeanne, mais son chemin continuait d'être barré par des cadavres et des Anglais prêts à donner leur vie. En même temps, il savait que les Français devaient certainement se ruer vers Aina. C'était au point qu'il n'osait pas regarder en arrière de peur de ne pas pouvoir contrôler son envie de se retourner pour l'aider.

Leonel rangea sa lance dans son dos une fois de plus et sortit son atlatl. Habituellement, il n'aurait pas eu de problème à enclencher une fléchette d'une seule main, mais il était encerclé de toutes parts, rendant le processus maladroit. Pour aggraver les choses, comme son bras gauche était inutile, il devait agir rapidement sous peine de ne pas pouvoir se défendre du tout.

Il réussit à peine, mais lorsqu'il releva la tête, les surfaces réfléchissantes de plusieurs épées, piques et lances se dirigeaient dans sa direction.

Sans autre choix, Leonel serra les dents et lâcha son atlatl, reprenant sa lance de son dos pour détourner ces armes.

Leonel pouvait sentir Jeanne s'éloigner de plus en plus. Pour aggraver les choses, l'aura d'Aina commençait à devenir erratique, si cela continuait, elle pourrait redevenir incontrôlable.

S'il avait su que cela arriverait, il aurait laissé Aina utiliser son percée vers le Septième Nœud pour briser cet Art de Force qui les piégeait. À ce moment-là, elle aurait pu stabiliser sa Force et ne pas avoir à s'inquiéter. Mais maintenant, il n'y avait tout simplement pas une source de Force suffisamment dense ici pour l'aider.

Plus Leonel réfléchissait, plus l'agitation dans son cœur grandissait et plus sa lance devenait incontrôlable. Ce n'était pas seulement ses pensées, c'était sa fatigue. Comment son contrôle pouvait-il rester le même lorsque ses jambes semblaient remplies de plomb et ses bras si faibles ?

'Calme-toi Leonel. Respirer. Réfléchir. Comment nous sortir de là ?'

La persistance n'était pas juste nécessaire quand c'était commode. Elle était d'autant plus importante lorsque tout semblait désespéré.