POINT DE VUE DE SARAH
Pendant un instant, le temps sembla se figer. Comme par respect.
Le corps du vieil homme s'écrasa lourdement sur le sol.
Son sang se répandant autour de son cadavre.
La réalité de ce monde.
Implacable.
Je pouvais sentir mon sang traverser la moindre de mes veines, s'insinuer dans le moindre de mes muscles.
Un tourbillon d'émotions m'emportait, déferlant sans fin dans mon crâne.
Tristesse. Incompréhension. Haine…
Face à toutes ces questions, je ne pouvais plus tenir.
Je lâchai prise, laissant mon esprit s'engouffrer dans les abysses.
Plus je sombrais et plus mes émotions me quittèrent.
Jusqu'à finalement atteindre… le vide.
Tout était noir, tout était…
Calme.
Puis, lentement vint la peur.
Je n'avais pas peur du noir.
Non, se qui me terrifiait, c'était cette sérénité.
Mon âme tremblait face à cette réalité, la douceur du néant…
Alors que mon corps se laissait enivrer par ce silence apaisant, une lueur tremblotante apparut au loin.
Je m'en approchai, flottant dans cette mer obscure.
Lorsque je me retrouvai assez proche pour en apercevoir l'origine, je pouvai t'apercevoir.
Caché au milieu de ces ténèbres tu étais là, ce sourire contagieux, ces yeux pétillants, Thomas…
Mais alors que je tentais de te prendre dans mes bras, me laissant envelopper par ta lumière, un écho.
Une voix.
Lointaine.
Elle était familière…
Puis le monde trembla.
Tout vacilla autour de moi, s'effondrant sur lui-même.
Un bruit assourdissant.
Un souffle brûlant.
Mon esprit refit surface d'un coup.
Gabriel me secouait violemment, hurlant mon nom.
Face à moi, une immense colonne de flammes s'élevait, déchirant le ciel en deux.
Alors que les flammes finissaient par se dissipé, l'un des civils apparus, il tenait par le cou le corps toujours enflammé d'un des soldats de True Human.
Les tentes alentours se consumaient répandant les flammes dans tout le parking tandis que des résidus de magie parsemaient le bitume.
Le reste des civils courraient se mettre à l'abri et les soldats reprenant leur calme se mirent en position.
Il était seul au milieu de ce carnage cerné par tous les soldats, allais-je continuer de regarder.
Allais-je continuer à n'être qu'une simple spectatrice.
Mon viseur se glissa entre mon visage et l'un des soldats, presque instinctivement, j'étais… calme ?
Mon viseur était parfaitement aligné synchronisé avec ma respiration, puis une légère pression sur la détente.
La balle traversa le parking talonnée par la mort, avant de venir s'écraser inéluctablement dans le corps de ce soldat.
Il s'écrasa sur le sol, net.
Je venais… de lui ôter la vie.
Comme un retour brutal à la réalité, un choc électrique parcourait mon corps, je lâchais mon arme à mes pieds. Mes main tremblaient, tétanisées.
— Qu'ai-je fait ?
Les soldats ouvrirent le feu, leurs balle s'engouffrant dans un mur de flamme générer par l'Éveillée.
Puis une série de coups de feu retentirent traversant le parking percutant le muret en pierre derrière lequel nous nous trouvions.
— Et merde, maintenant on a plus le choix ! Cria Gabriel.
Il se releva le canon de son arme prenant appui sur le muret puis tirait dans leur direction, les douilles ricochaient à ses pieds encore et encore alors qu'il ordonnait :
— C'est pas le moment de pleurer, reprend ton arme et tir, c'est un ordre.
Les balles continuaient de fuser dans notre direction mais une forte chaleur se répandait tout autour.
Je me relevais, reprenant mon arme, les mains encore tremblotantes, puis j'ouvris le feu.
Je n'arrivais plus être précise, mes balles manquaient leurs cibles, quand soudain des flammes engloutirent les soldats.
Mais alors que la situation semblait tournée a notre avantage quelque chose clochait.
Ilvaro !
Je balayais du regard la zone à sa recherche, puis finalement je le trouvais, il était calme et assistait à la scène, comme si… tout était sous contrôle.
Mes lèvres se décolèrent et alors que je m'apprêtais a avertir Gabriel, Ilvaro sortit un revolver, le pointa en direction de l'Éveillé et appuya sur la détente.
Toutes les balles tirées par les soldats s'engouffraient dans un mur de flamme fondant avant même d'inquiéter l'Éveillé, cependant un dixième de seconde après que la balle d'Ilvaro sois entré en contact avec les flammes, elles disparurent, puis le corps de l'Éveillé s'écroula a son tour sur le sol.
C'est alors que plusieurs hélicoptère arrivèrent dans la zone, Gabriel se tourna vers moi hurlant :
— On bouge, maintenant !
Il m'attrapait fermement par le bras me traînant sur les premiers mètres tandis que l'on se mit a courir à tout vitesse traversant le quartier de toit en toit.
— C'est quoi cette merde ! enchaîna-t-il
Alors que nous entamions notre course finale en direction du quartier générale, le bruit assourdissant du moteur d'un hélicoptère rugissait au dessus de nos tête.
Je courrais de toute mes forces, a bout de souffle, me tenant le flanc.
Ma blessures était entrain de se rouvrir, et la douleurs commençais a refaire surface.
Putain, non, pas maintenant, pas comme ça.
Je continuais de courir chaque pas étant plus difficile que le précédent. C'est alors qu'un regain de motivation se fit ressentir.
La mitrailleuse lourde de l'hélicoptère nous poursuivant se mit à retentir.
Puis après quelques secondes, une pluie de balles s'abattait dans notre sillage.
Les balles se rapprochaient de plus en plus…
— Oh non, non pas ça ! hurlais-je
À cet instant, c'était mon instinct qui ordonnais a mes jambes de continuer de courir, face à nous l'un des axes principaux, et donc la fin des immeubles.
— Ne t'arrête surtout pas ! hurla Gabriel, courant toujours juste devant moi.
Alors que les mètres qui nous séparait du vide diminuait, encore, et encore, et que les balles se rapprochèrent me laissant ressentir le souffle de l'impact sur le sol, Gabriel ordonna :
— Quand on arrive au bout, saute !
Sa voix était différente… sans me l'expliquer je pouvais le percevoir malgré la situation, bien qu'il essayait de se montrer rassurant, il savait lui aussi. La mort se trouvait au bout de l'immeuble.
J'arrivai finalement au bout de l'immeuble sautant dans mon élan, fermant les yeux, les larmes montant.
Je suis désolée, je n'aurais pas pu te venger. Thomas.
Adieu.
J'étais seule face a l'une des loi fondamental de ce monde : "la gravité".
Je priais, priais pour ne pas souffrir, c'est alors qu'une chaleur réconfortante m'enlaçais, jusqu'au bout tu auras veillé sur moi… Thomas.
Un bruit sourd et métallique, l'impact.
L'intense douleur parcourait mon corps, de la tête jusqu'au orteil, un goût de souffre et de métal envahissait ma gorge tandis que je recrachais ce qui devait être du sang.
J'avais mal, atrocement mal, je pouvais ressentir la chaleurs de mon sang s'écouler un peu partout sur ma peau refroidie par le vent provoqué par le rotor de l'hélicoptère au dessus de moi.
Je n'arrivais plus à bouger, la moindre tentative de mouvement déclenchais une douleurs insupportable, j'arrivais a entrouvrir les yeux, tout était flou, teinté de rouge.
Au bout d'un moment je ressentis de l'agitation autour de moi, c'était la fin, les soldats de True Human venait finir le travail.
Je refermais les yeux, ne voulant pas voir la mort de face puis attendis.
Attendis.
Encore.
Mais pourquoi prennent-il autant de temps ?
Puis d'un coup une violente explosion retenti, suivit d'une seconde dans les secondes qui suivis.
Alors que j'essayais de me tourner, un intense choc électrique parcourra ma colonne vertébrale, puis un visage que je n'arrivais pas a distinguer se pencha au-dessus de moi. Il semblait ordonner des choses mais sa voix se mélangeais dans ma tête et je n'arrivais pas a discerner ce qu'il disait.
Après quelques instants d'autres personnes arrivaient autour de moi, je sentais qu'ils m'attrapais, doucement puis me soulevais pendant un instant, la douleurs était telle que je ne pouvais pas m'empêcher de lâcher un hurlement.
Finalement ils me déposèrent dans ce qui devait être une civière. Alors que je tournais la tête, ma vision s'éclaircissait légèrement, je pouvais distinguer une carcasse de voiture totalement enfoncée sur elle-même, un corps encastré dedans, Gabriel…
Tout se figea, mon cœur hurlant dans un silence infini.
Alors qu'on me chargea dans à l'arrière d'un véhicule, les portes claquèrent le moteur vrombissait, tandis que tout autour de moi s'évanouissait.