Échos dans les couloirs

POINT DE VUE D’ÉLODIE

Le soleil s’était éclipsé depuis une bonne heure, si tout se passait bien, le groupe s’étant rendu au conseil des Cinq Gardiens devrait revenir dans la nuit.

Plus que quelques heures avant ton retour…

Accompagné de Jasmine, je me dirigeais jusqu’à l’infirmerie, je m’étais juré de passer les voir une fois par jour jusqu’à leurs rétablissements.

Les couloirs du quartier général étaient plutôt agités, et cela depuis le départ de l’autre groupe.

Toutes les escouades ont reçu pour ordre de rester sur notre territoire, les différentes unités se relayaient donc pour patrouiller dans les alentours.

Il n’y a jamais eu d’attaques contre une faction lors d’un conseil, mais cela ne voulait pas dire que ça ne pourrait pas arriver, et j’appréciais de voir tout le monde se démener à la tâche sans prendre trop à la légère leur rôle.

Lorsque nous arrivions au niveau de la porte de l’infirmerie, nous croisions Pauline, qui, comme à son habitude, se trouvait derrière son bureau.

— Comment vont-ils ? interrogeai-je, guettant qu'elle ait fini se qu'elle était en train de faire

— Ah ! Élodie, vous tombez bien, j’ai du nouveau, Sarah ne devrait pas tarder à se réveiller.

— Vraiment !

— Oui, son état est stable, et elle semble un peu agiter, mais elle devrait se réveiller dans les prochaines heures.

— Génial, et, tu as des nouvelles pour Gabriel ?

— Tu sais, pour le moment, Gabriel est plongé dans le coma pour ne pas qu’il souffre, mais ta mère m’a dit qu’elle demanderait de l’aide auprès d’autre faction lors du conseil, donc fais-lui confiance.

— Je sais, je sais…

Pauline esquissait un léger sourire, puis replongea dans ses dossiers.

J’ouvrais la porte me dirigeant vers le lit de Sarah, il y avait toujours la chaise que j’utilisais à chaque fois que je venais ici.

Je m’asseyais donc, lui racontant ma journée tandis que Jasmine jouait calmement dans un coin de la pièce.

Alors que les minutes défilèrent et que cela faisait un peu plus d’une heure que je discutais avec Sarah encore profondément endormie, je me levai, me tournant vers Jasmine qui jouait avec des cubes en bois qu’elle avait trouvés dans une des anciennes boutiques composant le quartier général.

— Tu as faim ? On va chercher quelque chose à grignoter ?

Elle lâcha ses jouets qu’elle entreposait dans un bureau de la pièce, puis venait m’attraper la main.

— Oh oui !

Sur ces mots, je me dirigeais donc avec Jasmine prenant la direction du réfectoire.

De l’autre côté de la porte se trouvait toujours Pauline qui semblait clôturer ses dossiers et ranger son bureau.

— Fin de journée ?

Elle regroupa les quelques feuilles et les empila en les tapotant contre la table.

— Oui, je finis de ranger tout ça dans un classeur et j’ai fini pour aujourd’hui.

— On va partir manger quelque chose avec Jasmine, tu veux qu’on mange ensemble ?

Elle relevait la tête toute souriante.

— Et bien dernièrement vu que je finis tard, je mange seul, donc avec plaisir. Je range ça… là, et… ça là. Voilà, on peut y aller.

Nous prenions donc toutes ensemble la direction du réfectoire, Pauline semblait vraiment heureuse de venir manger avec nous et discutait avec Jasmine, mais, alors que nous arrivions près du hall d’entrée pour nous rendre au réfectoire, des dizaines de bruits de pas courant dans le couloir résonnait, le tout mélanger à un bruit de métal roulant à pleine vitesse.

Soudain, des voix hurlèrent dans les couloirs, se rapprochant de notre position.

— Poussez-vous, poussez-vous, c’est urgent !

— Il nous faut un médecin, vite !

Il ne fallut pas plus d’une minute pour apercevoir au bout du couloir courant dans notre direction plusieurs hommes poussant et tirant des brancards.

— Que s’est-il passé ? cria Pauline

Les hommes peinaient à respirer, cherchant le minimum d’air possible dans leurs poumons pour aligner quelques mots.

— On a… on a subi une attaque. Répondit l’un d’entre eux, haletant. 

Dès que le convoi de brancards arrivait à notre niveau, Pauline courut avec eux en direction de l’infirmerie.

Sans perdre un instant, je pris Jasmine par la main, puis, courait avec eux en direction de l’infirmerie tout en me tournant vers elle.

— Je suis désolé, on mangera un peu plus tard. 

Jasmine, jamais difficile, acquiesça et courut à mes côtés.

Heureusement, avec la masse de gens autour des brancards et sa taille, elle ne pouvait pas voir l’état des blessés.

Leurs corps étaient brûlés au troisième degré, à plusieurs endroits, leurs vêtements en partie fondus se mélangeaient à leur chair et dégageait encore un peu de fumée par endroit.

Il ne nous aura fallu pas plus de cinq minutes pour arriver au niveau de l’infirmerie, à peine arriver, Pauline prenait les choses en main, ordonnant au divers membre d’aller chercher du matériel et surtout d’autres médecins ou assistant pour l’aider.

Je demandais à Jasmine de rester devant la porte pour le moment afin qu’elle ne voie pas la scène.

Certains diraient qu’elle avait vu pire, mais, pour moi, ce n’était pas une raison.

J’assistais Pauline comme je le pouvais, allant chercher des tissus humides, ramenant du matériel, jusqu’à ce que les premiers autres médecins et assistants finissent par arriver afin de prendre le relais.

Pauline ordonna à tous ceux n’étant pas indispensables de sortir afin de les laisser travailler dans les meilleures conditions.

Rapidement, un message demandant au membre opérationnel de se rassembler se fit entendre dans les couloirs.

Cependant, cela ne me concernait pas. Je finissais donc seul avec Jasmine devant la porte de l’infirmerie.

Son estomac criait famine, bien qu’elle ne bronchait pas d’un poil attendant patiemment à côté de moi sur l’un des sièges au niveau de la porte.

— Bon, allons manger, on en profitera pour ramener quelque chose à Pauline.

Nous prenions donc à nouveau la direction du réfectoire.

Les couloirs étaient vides, seuls quelques membres patrouillaient, tandis que les autres s’occupaient de sécuriser l’extérieur.

Arrivée au réfectoire se trouvant au premier étage, nous étions seules, c’était plutôt rare, généralement, il y avait toujours quelqu’un, mais au vu de la situation, ce n’était pas si étonnant.

Habituellement, des plats préparés étaient mis à disposition de ceux résidant au sein même du quartier général, mais, aujourd’hui, avec des effectifs en moins, tout le monde se débrouillait un peu comme il voulait.

Depuis l’affrontement avec le gouvernement, je ne prenais jamais le temps de bien manger, grignotant vite fait un sandwich avec ce qu’il y avait de disponible. Mais depuis que je m’occupais de Jasmine, je m’efforçais de préparer des plats comportant tout ce dont avait besoin une enfant en pleine croissance.

Au menu de ce soir, c’était bouillon de légumes. 

Je récupérais quelques denrées que l’ont stockaient dans une chambre froide tandis que Jasmine allait chercher un petit tabouret non loin de nous pour être à hauteur du plan de travaille.

Armée de son économe, Jasmine épluchait les divers légumes que je finissais de passer à l’eau.

Je découpais en morceau le fruit de son travail, puis mis le tout à mijoter dans une marmite avec quelques herbes aromatiques du sel et du poivre.

Après un peu moins d’une heure de cuisson que nous passions à discuter, le bouillon de légumes était prêt, je versais deux portions dans deux assiettes creuses, puis stockais le restant dans des boites en plastique pour les autres membres intéressés après leurs patrouilles ou bien pour ceux revenant du conseil.

Je séparais juste une portion dans une boite individuelle pour la ramener à Pauline une fois terminée.

Nous prenions notre dîner dans un silence rare, pas un bruit à l’horizon.

Au début, ce silence était apaisant, mais plus le temps passait, plus l'atmosphère semblait s'alourdir, comme si chaque seconde qui passait comprimait l’air ambiant petit à petit de manière imperceptible.

Ce calme cependant avait un avantage, le moindre bruit se distinguait sans difficulté.

Alors que je terminais la vaisselle aidée de Jasmine, des bruits se détachaient de l’ambiance silencieuse.

Mon rythme cardiaque s’accélérait, chacun de mes sens était à l’affût, des bruits en temps normal imperceptible était discernables, et provenait d’au-dessus de nous, à savoir, le toit.

Intrigué par mon comportement anodin, Jasmine s’apprêtait a en demander la raison, mais je la coupai net d’un geste de la main, plusieurs ombres venaient de traverser au niveau de la baie vitrée.

Tout s’alignait dans ma tête en une fraction seconde, mon instinct me hurlant de courir.

J’attrapai la main de Jasmine courant en direction de la salle de contrôle, de là-bas, je pourrais prévenir toute la faction d’une attaque sur le quartier général.

Je ne perdais pas la moindre seconde, mais, lorsque nous arrivions au niveau du couloir menant à la fameuse salle, et que l’on s’apprêtait a courir dans sa direction, une explosion retentissait à quelque mètre de nous faisait volé en éclat la baie vitrée juste au-dessus de nos têtes.

Tout de suite je me positionnais au-dessus de Jasmine encaissant les débris de verres venant s’écraser sur le sol.

Dissimulé par la fumée provoquée par l’explosion, je pris Jasmine et me dirigeais vers la boutique la plus proche se trouvant le long du couloir.

Alors que nous restions cachés derrière ce qui était le poste de caisse, des bruits de corde et de harnais métallique frottant contre celle-ci résonnaient.

Peu importe qui ils étaient, ils venaient de pénétrer dans notre quartier général.