Nous arrivions finalement tous au niveau de ma chambre. Peut être par fainéantise, mais elle semblait ne pas avoir été fouillée.
Le rideau métallique toujours descendu, un lit, puis un matelas posé au sol. Mes vêtements de la veille que j’avais déposés sur le sol étaient toujours présents et n’avaient pas bougé.
Éclairés par des lampes torches, nous avancions au niveau des lits.
Je m’installais près du matelas au sol, laissant le lit à Amélie et Jasmine. Je n’avais déjà pas de quoi la faire dormir dans une chambre seule, alors le moins que je pouvais faire était de lui laissé le lit.
Je m’installais donc en premier sur le matelas, clairement pas pensé pour accueillir deux adultes, mais bon.
Je m’étais glissé le plus au bord, tourné vers l’extérieur tandis qu’elle s’immisçait sous la couverture.
Jasmine semblait parfaitement installée avec Amélie dans le lit à moins d’un mètre de nous.
Tout était calme, silencieux, l’ambiance était aux antipodes de la journée, loin du stress, des affrontements.
Le conseil était déjà assez éreintant en lui-même, alors l’assaut du quartier général n’avait clairement pas aidé.
Mais elles étaient vivantes, je pouvais ressentir son souffle de l’autre côté du matelas, ainsi que son cœur battre.
Peut-être était-ce le mien ?
Je n’en avais pas la moindre idée.
Cependant, cette nuit là, malgré ce torrent de sentiment, sa peau à deux centimètres de la mienne, une seule idée me venait à l’esprit.
M’abandonner au bras de la déesse de la nuit.
Et c’est sur cette pensée que mon corps plongea dans l’inconscience.
Lorsque je me réveillais, les rayons du soleil passaient déjà au travers du rideau métallique, laissant présager une heure assez avancée.
Tout le monde semblait encore dormir, puis émergeant gentiment, je me rappelais les conditions dans lesquelles je m’étais endormie.
Cette légère distance instaurée au moment de nous endormir s’était totalement rompue. En partie blottie contre moi, la main posée sur mon torse, sa tête nichée dans mon épaule, je pouvais sentir son souffle chaud contre ma peau.
Tirailler entre l’idée que j’avais bien mérité un peu de repos et l’idée qu’il fallait aller aider les autres à la reconstruction et au nettoyage, c’est son visage empli d’innocence et totalement apaisé qui me décida.
J’avais bien mérité quelques minutes de plus et elle aussi.
Les minutes défilaient, j’alternais entre fixer le plafond et refermant les yeux, mais, dans tous les cas j’évitais le moindre mouvement pouvant la réveiller.
Après finalement presque une heure, probablement déranger par les multiples allez et retours dans le couloir, je sentis du mouvement au niveau de mon épaule, lorsque je rouvris les yeux dans sa direction, je pouvais voir son regard plonger dans le mien, se demandant se qui s’était passé.
Une longue seconde suspendue dans le cours du temps, puis lors de la réalisation, elle se recula légèrement, les joues tournant légèrement au rouge.
— Sa… salut, bien dormis ?
Tentant de dissiper le léger malaise, elle continua de s’écarter s’efforçant de ne pas le faire trop vite afin de ne pas trahir ses pensées.
Mais son regard et ses joues rougissantes plaidaient en sa défaveur, qui, je dois bien l’avouer, lui donnait un air très attachant.
Peut-être par lâcheté, parce que ce n’était pas le moment, je ne saisissais pas l’occasion, désamorçant la situation, lâchant un léger :
— Très bien, et d’après se que je vois toi aussi !
Alors qu’elle détourna le regard balbutiant quelques mots, je constatais que Amélie et Jasmine étaient elles aussi réveillées.
Sans perdre trop de temps, je me levais, récupérais quelques affaires puis me dirigeais vers l’extérieur.
— Je pars prendre une douche puis voir si je peux aider, vous n’avez qu’à aller prendre un petit déjeuner et me rejoindre plus tard !
N’attendant pas la réponse des autres, je passais sous le rideau métallique puis prenais rapidement la direction des douches.
Les couloirs étaient assez agités, certain courait déjà faire leurs rapports, tandis que d’autre commençais a nettoyer le sol, balayant les douilles encore au sol.
Ce n’est qu’après une courte douche se limitant au strict nécessaire que je me dirigeais vers le bureau de Lumia.
Les personnes défilaient dans un balai incessant, certain attendant leurs tours, d’autres forçant leurs passages directement dans le bureau, généralement un paquet de documents à la main.
Alors que je passais devant les quelques membres poster devant la porte, je toquai brièvement à la porte.
Lumia affairée sur une pile de rapport laissant présager une journée interminable jeta rapidement un coup d’œil en direction de la porte.
— Ah ! Adrien, tu tombes bien. J’ai une bonne nouvelle pour toi, Sarah s’est réveillée, pour le moment, Pauline s’assure que son état est correct, mais le travail de la jeune Éveillée semble avoir porté ses fruits.
Ne sachant pas comment réagir, je restais bloqué au niveau de la porte, devrais-je aller la voir, mais ne pas aider les autres serait une insulte envers ceux ayant perdu des proches la nuit dernière…
— Ne reste pas planté là, va la voir, d’ailleurs, tiens, voici quelques documents pour Pauline, tu n’as qu’a lui ramenez en chemin. Au fait, je suis désolé de te demander ça, mais…
Lumia s’interrompit en scrutant les aiguilles d’une horloge accrochée sur l’un des murs.
— Dans deux heures, une réunion réunissant tous les chefs de section du quartier général aura lieu.
— Ne t’inquiète pas j’y serais !
Prenant les deux, trois documents qu’elle me tendit, je me dirigeais vers ma chambre.
À ma grande surprise, elles étaient encore toute là, Jasmine assise sur le matelas au sol, au niveau d’Élodie qui semblait avoir trouvé sa nuit un peu trop courte et qui s’était recouchée.
— Debout là-dedans ! ordonnais-je, tapotant sur le rideau métallique.
Élodie se tourna vers moi, me lançant un regard offusqué.
— Et bien déjà de retour ?
— Oui et avec une super nouvelle, Sarah est réveillée !
Ces yeux encore pas très réveillés s’illuminaient d’un coup, et sans perdre un instant elle était déjà sortie du lit.
— Alors, on y va ?
Je ne pouvais m’empêcher de lâcher un profond soupir, mais, venant d’elle, ça m’étonnait plus vraiment.
— Comme ça ?
Élodie me regarda d’un air dubitatif, cherchant sur mon visage la raison de ma question ?
— Allez prendre une douche, je vais prendre de quoi déjeuner pour Jasmine et je vous retrouve au niveau des vestiaires. D’ailleurs, trouve des vêtements propres pour Amélie.
Justement, je me tournais vers elles, assise au bord du lit, elle assistait à la scène en tant que simple spectatrice, ne manquant pas d’esquisser de léger sourire face au manque de patience d’Élodie.
— D’ailleurs je suis désolé, mais j’ai l’impression que tu vas devoir encore patienter un peu avant que je l’on puisse te ramener dans ta faction…
Se levant, prête à suivre Élodie, semblant décidée à franchir l’étape de la douche en des temps records, elle répondit :
— Ne t’inquiète pas, je ne suis pas pressé, prenez votre temps et faites ce que vous avez à faire.
Elle s’avança à mon niveau, récupérant la main de Jasmine au passage, puis se dirigeais vers Élodie.
— Et bien je te suis.
Séparé de nouveau, je me dirigeais donc vers le réfectoire en quête d’un petit déjeuner pour tout le monde.
Des cordes pendaient toujours depuis les baies vitrées fracturées, stigmate de l’affrontement de la nuit dernière, les débris de verres avaient été rassemblés en petit tas dans un coin attendant que quelqu’un vienne les ramasser.
Le réfectoire était plutôt actif, la plupart des personnes présentes lors de l’affrontement d’hier s’y trouvaient, se répartissant les tâches autour d’un bon café bien mérité.
L’un des membres chargés du repas me donna quelques gâteaux sous vide ainsi qu’une petite brique de lait au chocolat, “pour Jasmine”, avait-il précisé.
Un peu troublé par sa montée fulgurante en popularité, je saisissais le tout, puis prenais la direction des vestiaires.
Lorsque j’arrivais finalement au niveau des douches, Élodie se trouvait debout derrière Jasmine qui s’était assise sur un banc le temps qu’on lui brosse les cheveux.
— Et bien, vous avez fait vite !
Élodie tournait le regard vers moi, continuant de démêler les cheveux de Jasmine.
— Tu t’attendais à quoi, on n’allait pas faire attendre Sarah !
Sortant le petit déjeuner du sac plastique, je tendis la brique de lait à Jasmine qui s’empressa de l’attraper.
À peine récupérer que la paille était déjà planter dans la brique et elle commençait déjà à l’engloutir tout en se faisant brosser les cheveux.
Lorsque Amélie sortit des douches, je distribuais le reste du petit déjeuner à tout le monde que nous mangions sur le chemin de l’infirmerie.
Arrivée au niveau de la porte, elle était déjà grande ouverte, au loin à quelques mètres assis sur l’un des lits, Sarah discutait avec Pauline, elle était belle et bien réveillée !