Chapitre 3
— Je ne mettrai pas cette robe.
Elena croisa les bras, toisant Alejandro avec défi. Face à elle, il tenait une robe en soie rouge, moulante, avec une fente vertigineuse sur le côté et un décolleté plongeant.
— Tu exagères, répondit-elle, sourcils froncés. On va à un dîner, pas à un gala de Victoria's Secret.
Alejandro soupira et s'appuya contre le mur du dressing de sa chambre, qu'il vient d'approvisionner avec des tas de vêtements de marques féminin hyper Cher
— Tu ne vas pas à un dîner d'affaires, tu sors avec ton mec. Il fit une pause et ajouta avec un sourire en coin. Alors tu dois porter un truc sexy.
Elena le fusilla du regard.
— Tu n'es pas mon mec.
— Aux yeux du monde, si. Et un homme comme moi ne sort pas avec une femme habillée comme une secrétaire coincée.
Elle inspira profondément pour ne pas lui envoyer la robe à la figure.
— Je suis une avocate, Alejandro. Mon style est sobre et élégant.
— Sobre et ennuyeux, la coupa-t-il. Tu es une belle femme, mais tu te caches derrière ces vêtements stricts. Ce soir, tu dois jouer le rôle de ma femme, et crois-moi, ma femme n'a pas peur de montrer ses courbes.
Elena ouvrit la bouche pour répliquer, mais se retint. Elle n'allait pas lui donner la satisfaction de la voir s'énerver.
Elle tourna les talons et attrapa une robe noire, fluide, avec des manches longues et un col en V discret.
— Je vais porter ça. Point final.
Alejandro leva les yeux au ciel.
— Tu veux avoir l'air de ma grande sœur ou de ma femme ?
— Tu veux une femme ou une escort girl ? rétorqua-t-elle sèchement.
Il éclata de rire, visiblement amusé par son tempérament de feu.
— D'accord, maître. Fais comme tu veux, mais ne viens pas te plaindre quand la presse dira que je suis fiancée à une nonne.
Elena ignora sa provocation et se dirigea vers la salle de bain avec sa robe.
Une bataille gagnée. Mais sûrement pas la guerre.
Elena était installée dans le salon, son ordinateur sur les genoux, la maison d'Alejandro se trouve dans le quartier de La Finca, il y a une paix silencieuse qui lui donne envie de travailler, elle tente de répondre à quelques emails.
Depuis son arrivée ce matin, elle a quand même ressentir un p'tit malaise. Cette maison n'était pas un foyer, mais un musée du succès. Des trophées, des maillots encadrés, des photos de lui avec des célébrités… Tout respirait l'égo surdimensionné d'Alejandro Vasquez.
Elle leva les yeux de son écran en entendant des pas approcher.
Alejandro entra dans le salon, torse nu, une serviette autour du cou. Ses cheveux humides laissaient deviner qu'il sortait de la douche.
Elena détourna immédiatement le regard.
— Tu pourrais mettre un t-shirt, non ? lança-t-elle.
Il haussa un sourcil, amusé.
— Tu va vivre avec moi bientôt. Il va falloir t'y habituer.
— Correction, je vais vivre ici pour un an.
— Ça reste une cohabitation. Et crois-moi, tu verras bien plus que ça, Maître.
Elle leva les yeux au ciel, refusant de mordre à l'hameçon.
Il s'installa sur le canapé en face d'elle et la détailla un instant.
— Tu travailles ?
— Contrairement à toi, j'ai des dossiers à traiter.
Il sourit.
— Contrairement à toi, je suis déjà multimillionnaire.
Elena referma son ordinateur dans un claquement sec.
— Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté cet enfer ?
— Parce que tu n'avais pas le choix.
Son arrogance l'agaçait au plus haut point. Elle prit une profonde inspiration et se leva.
— Je rentre chez moi.
Alejandro la suivit du regard et lança, juste avant qu'elle ne disparaisse derrière la porte d'entrée :
— Prépare-toi bien pour ce soir. On doit être crédibles.
Elle ne répondit pas, mais en fermant la porte derrière elle, elle se fit une promesse :
Elle ne se laisserait pas manipuler par Alejandro Vasquez.
---
Elena descendit lentement les marches de son immeuble, sa robe rouge effleurant le sol à chacun de ses pas. Elle refusait d'admettre qu'Alejandro avait eu raison, mais elle devait bien reconnaître que l'autre robe qu'elle comptait porter manquait de prestance pour un événement aussi médiatisé.
Dès qu'elle sortit, elle repéra immédiatement la voiture stationnée devant son immeuble. Une BMW noire aux vitres teintées, brillante sous les réverbères. Elle connaissait bien ces modèles : BMW était l'un des partenaires officiels du Real Madrid, et Alejandro ne roulait que dans des véhicules de luxe.
Il était adossé à la portière côté passager, vêtu d'un costume noir impeccable, une chemise blanche légèrement entrouverte. Il la scruta de haut en bas, un sourire moqueur au coin des lèvres.
— Tu vois, quand tu veux.
Elena leva les yeux au ciel.
— Ne te fais pas d'illusions. J'ai juste décidé que l'autre robe était encore pire.
Alejandro rit doucement et lui ouvrit la portière avec un geste théâtral.
— Bien sûr, maître. Monte, on va être en retard.
Elle s'installa à contrecœur, croisant les jambes avec élégance. L'habitacle sentait un mélange subtil de cuir neuf et du parfum boisé d'Alejandro. Elle fit mine de ne pas y prêter attention, même si son cœur battait un peu plus vite qu'elle ne l'aurait voulu.
Il s'installa derrière le volant et démarra sans un mot. Pendant les premières minutes du trajet, le silence régnait, seulement troublé par la douce mélodie qui s'échappait des haut-parleurs du véhicule.
Alejandro jeta un coup d'œil vers elle.
— T'es toujours aussi silencieuse en voiture ?
— J'évite juste les conversations inutiles.
— Tu vas devoir t'habituer à parler avec moi, Elena. On est censés se mariés, rappelle-toi.
Elle tourna la tête vers lui, le défiant du regard.
— Et toi, tu vas devoir t'habituer à ce que je ne sois pas l'une de ces femmes qui se pâment devant toi.
Alejandro sourit, amusé.
— Tu crois que je suis habitué à quoi, exactement ?
— À ce que tout le monde te dise oui.
Il haussa un sourcil, l'ombre d'un sourire toujours accroché à ses lèvres.
— C'est vrai. Mais tu es une exception fascinante.
Elle serra les dents, refusant de se laisser troubler.
— Écoute, Vasquez, ce mariage est un arrangement, rien de plus. Pas la peine d'essayer tes petites techniques de séduction sur moi.
Alejandro lâcha un léger rire en gardant les yeux sur la route.
— D'accord, maître. Mais tu verras… Jouer les amoureux en public, ça finit parfois par déteindre en privé.
Elle détourna le regard vers la fenêtre, fixant les lumières de Madrid qui défilaient.
Elle allait devoir être plus forte que jamais.
Le dîner se déroulait mieux qu'Elena ne l'avait imaginé. Le restaurant El Cielo, situé sur un rooftop du centre-ville, offrait une vue imprenable sur Madrid la nuit. Des tables élégamment dressées, un éclairage tamisé et un fond musical discret donnaient à l'endroit une atmosphère à la fois intime et sophistiquée.
Alejandro, fidèle à lui-même, semblait totalement à l'aise. Il commandait sans même regarder la carte, plaisantait avec le serveur, et jouait son rôle de fiancé parfait avec un naturel déconcertant.
— Tu devrais au moins prétendre apprécier ce dîner, glissa-t-il en coupant un morceau de son steak.
Elena, qui s'était contentée de picorer son assiette, releva les yeux vers lui.
— J'apprécierais davantage si je n'avais pas l'impression de jouer dans une mauvaise comédie romantique.
Alejandro sourit, amusé.
— Alors fais semblant. C'est ton job, non ?
Elle soupira et but une gorgée de vin, consciente que les regards étaient braqués sur eux. Quelques tables plus loin, des clients chuchotaient déjà, leurs téléphones à la main.
— Ils nous observent, souffla-t-elle.
Alejandro jeta un coup d'œil discret autour d'eux avant de hausser les épaules.
— C'était le but, non ? Tu devrais t'habituer à ça.
— Je suis avocate, pas actrice.
— Ce soir, tu es ma fiancée.
Il tendit la main vers elle, attrapa délicatement la sienne et entrelaça leurs doigts. Sa peau était chaude, son toucher à la fois assuré et naturel.
Elena faillit retirer sa main par réflexe, mais elle se ravisa. Jouer le jeu. Juste pour ce soir.
— Tu es agaçant, murmura-t-elle entre ses dents.
Alejandro sourit en caressant doucement le dos de sa main du bout de son pouce.
— Mais terriblement charmant.
Elle leva les yeux au ciel, mais son cœur battait un peu plus vite qu'elle ne l'aurait voulu.
---
Dès qu'ils franchirent les portes du restaurant, une vague de flashs les aveugla instantanément. Une foule de paparazzis s'agglutinait à l'entrée, criant le nom d'Alejandro, posant des dizaines de questions à la seconde.
— Alejandro, c'est officiel avec Elena Moreau ?
— Vous êtes ensemble depuis combien de temps ?
— C'est un vrai couple ou un coup de pub ?
Elena sentit son estomac se nouer. Elle n'était pas habituée à ce genre de frénésie médiatique.
Alejandro, lui, ne broncha pas. D'un geste fluide, il posa une main ferme sur sa taille et l'attira légèrement contre lui.
— Tout va bien ? souffla-t-il à son oreille.
Elle hocha discrètement la tête, même si son corps était tendu.
La sécurité intervint rapidement, repoussant les photographes qui tentaient d'approcher un peu trop près.
— On doit traverser rapidement, votre voiture vous attend de l'autre côté, informa un garde du corps.
Alejandro hocha la tête et resserra légèrement son emprise sur Elena.
— Accroche-toi à moi, lui murmura-t-il.
Elle déglutit et obéit, sentant malgré elle une étrange sensation de protection dans ce chaos.
Leur progression fut compliquée, les flashs crépitant sans relâche, des questions fusant dans tous les sens.
— Elena, un sourire !
— C'est sérieux entre vous ?
— Alejandro, comment décrirais-tu ta relation avec elle ?
Ignorant tout le vacarme, Alejandro pencha légèrement la tête vers elle et lança, assez fort pour que les journalistes l'entendent :
— Elle est incroyable.
Un bourdonnement d'excitation parcourut la foule. Elena tourna la tête vers lui, interloquée. Il venait vraiment de dire ça ?
Elle n'eut pas le temps de réagir. Ils atteignirent enfin la voiture, et un garde leur ouvrit la portière. Alejandro l'aida à monter avant de s'engouffrer à son tour.
La voiture démarra en trombe, laissant derrière eux la meute de photographes en ébullition.
Dans l'habitacle, le silence retomba brutalement.
Elena relâcha lentement l'air qu'elle retenait dans ses poumons.
— C'était… intense, souffla-t-elle.
Alejandro tourna la tête vers elle, un sourire en coin.
— Et ça ne fait que commencer, maître.
Elle le fixa un instant, avant de détourner le regard vers la vitre, où les lumières de Madrid défilaient.
---
La voiture filait silencieusement dans les rues illuminées de Madrid. Le tumulte des paparazzis était désormais derrière eux, mais Elena sentait encore l'adrénaline pulser dans ses veines.
Assise sur le siège passager, elle gardait les bras croisés, le regard fixé sur la ville qui défilait par la fenêtre.
Alejandro, lui, semblait parfaitement détendu. Il roulait d'une main nonchalante sur le volant, une lueur amusée dans les yeux.
— Alors ? demanda-t-il après un moment de silence.
Elena tourna la tête vers lui, méfiante.
— Alors quoi ?
— Première soirée officielle réussie, non ?
Elle haussa un sourcil.
— Si par "réussie" tu veux dire être aveuglée par des centaines de flashs et poussée contre toi par des gardes du corps, alors oui, c'était une grande réussite.
Alejandro rit légèrement, mais ne répondit pas. Il tourna dans une rue plus calme et ralentit en approchant de l'immeuble d'Elena.
Lorsqu'il s'arrêta devant l'entrée, il coupa le moteur et se tourna vers elle.
— Je veux que tu sois là pour le match de ce week-end, déclara-t-il.
Elena plissa les yeux.
— Pardon ?
— Dimanche, Bernabéu. Real Madrid contre Las Palmas. Tu seras au carré VIP.
Elle le fixa, incrédule.
— Et pourquoi j'irais voir un match ?
Alejandro haussa les épaules.
— Parce que tu es censée être ma fiancée et qu'une fiancée soutient son homme.
Elena laissa échapper un petit rire sarcastique.
— Soutenir son homme ? On est sérieux là ?
Alejandro posa un bras sur le volant et la regarda d'un air amusé.
— Écoute, tu veux que cette mascarade fonctionne ou pas ? Si tu n'es pas là dimanche, tout le monde se posera des questions.
Elle soupira et secoua la tête.
— Je ne suis pas fan de foot. Dit elle pour lui faire changer d'avis .
— Tu n'as pas besoin de l'être. Tu as juste à être là, sourire aux caméras et prétendre que tu es folle de moi.
— C'est beaucoup me demander.
— Oh allez, ne fais pas ta difficile. On sait tous les deux que tu aimes les hommes en short qui courent après un ballon.
Elena leva les yeux au ciel.
— Tu es insupportable.
Alejandro rit doucement avant de se pencher légèrement vers elle. Son parfum boisé et masculin flotta dans l'air.
— Alors, marché conclu ?
Elle hésita un instant, mais au fond, elle savait qu'il avait raison. Si elle voulait que cette mise en scène tienne la route, elle devait jouer son rôle à fond.
Elle poussa un soupir résigné.
— D'accord, j'y serai.
Alejandro sourit, satisfait.
— Parfait. Je dirai au club de te préparer un pass VIP.
Il tendit la main vers elle comme pour sceller l'accord. Elena le regarda, hésitante, puis finit par serrer sa main brièvement avant d'ouvrir la portière.
— Bonne nuit, Alejandro.
— Dors bien, fiancée.
Elle ne prit même pas la peine de répondre et sortit de la voiture. Alors qu'elle refermait la porte derrière elle, elle entendit le moteur redémarrer.
Elle monta les marches et s'engouffra dans l'immeuble où se trouve son appartement.