Chapitre 11

Chapitre 11

Elena aurait pu rentrer directement après son rendez-vous au club, mais elle avait besoin d'espace.

D'espace loin d'Alejandro.

L'épisode du matin l'avait plus troublée qu'elle ne voulait l'admettre.

Ce baiser nocturne…

Son attitude provocante…

Son regard insistant…

Elle secoua la tête, tentant d'oublier ces pensées.

Alors, elle décida de rester au bureau.

Elle passa la journée à travailler sur des dossiers liés à l'image médiatique de certains de ces clients, planifiant des campagnes de communication, répondant à des emails importants.

Mais, malgré toute sa concentration, elle sentit son téléphone vibrer plusieurs fois.

Des messages.

Elle les ignora.

Elle savait qui c'était.

Quand le soleil commença à décliner, elle finit par ranger ses affaires et quitta enfin le cabinet.

Sur la route, elle espérait une soirée calme.

Mais ce ne fut pas le cas.

Dès qu'elle gara sa BMW noire dans l'allée de la villa d'Alejandro, elle perçut du bruit.

De la musique.

Des voix.

Et une délicieuse odeur de grillades.

Son regard se posa sur le jardin de derrière, éclairé par des lampions suspendus.

Une grande table en bois était dressée, des joueurs du Real Madrid étaient attablés, riant et discutant dans une ambiance décontractée.

Au centre, Alejandro.

Souriant. Décontracté. À l'aise.

Un verre à la main, il plaisantait avec Vinícius et Rodrygo, tandis que d'autres joueurs, comme Federico Valverde et Eduardo Camavinga, s'affairaient autour du barbecue.

Elena fronça les sourcils.

Quand est-ce que c'était prévu, ça ?

Il ne lui avait rien dit ce matin.

Elle avait passé la journée à l'éviter, et lui, il organisait un barbecue ?

Vraiment ?

Elle inspira profondément et s'avança calmement.

Quand elle passa le portail menant à l'arrière de la maison, plusieurs regards se tournèrent vers elle.

— Elena ! s'exclama Vinícius en levant son verre.

— Tu arrives pile au bon moment, viens manger avec nous ! ajouta Rodrygo, un large sourire aux lèvres.

Elle força un petit sourire poli.

— Merci, mais je viens juste d'arriver, et je suis un peu fatiguée.

Son regard croisa celui d'Alejandro.

Il était appuyé contre le bar extérieur, une bière à la main.

Et il l'observait.

Amusé.

Elle se crispa légèrement.

Il le faisait exprès.

Elle en était sûre.

Alejandro esquissa un sourire narquois et s'approcha lentement.

— Tu as bossé tard, dis-moi. lança-t-il, d'un ton faussement détendu.

Elle haussa les épaules.

— Oui.

— Tellement que tu n'as pas vu mes messages ?

Elle planta ses yeux sombres dans les siens.

— Je les ai vus.

Il haussa un sourcil.

— Mais tu n'as pas répondu.

Elle croisa les bras.

— Je ne voyais pas l'urgence.

Son sourire s'agrandit légèrement.

— Tu es donc vexée.

Elle souffla, agacée.

— Vexée de quoi ? Que tu fasses la fête chez toi ? Ça ne me regarde pas, Alejandro.

Elle tenta de passer à côté de lui, mais il lui barra subtilement la route.

— Tu aurais pu au moins me dire que tu rentrerais tard.

Elle le fixa, choquée par son audace.

— Tu plaisantes, j'espère ? Depuis quand je dois te rendre des comptes ?

Alejandro posa son verre sur la table la plus proche et glissa les mains dans ses poches.

— Tu vis sous mon toit.

Elle le fusilla du regard.

— Temporairement, chuchote-t-elle.

Son sourire s'élargit encore plus.

— Bien sûr.

Elle sentit le regard de plusieurs joueurs sur eux.

L'atmosphère était détendue, mais elle savait qu'ils essayaient tous d'écouté, intrigués par leur échange.

Elle n'allait pas lui donner ce plaisir.

Alors, elle décida de jouer son jeu.

Elle lui adressa un sourire froid, puis se tourna vers Rodrygo et Vinícius.

— Alors, vous avez gagné le droit de manger ce soir ou c'est juste pour célébrer une nouvelle coupe de cheveux de Valverde ?

Un éclat de rire général éclata.

Rodrygo secoua la tête en riant.

— On fête juste la vie, Elena. Profite un peu !

Elle jeta un dernier regard à Alejandro avant de s'installer à table.

S'il croyait qu'elle allait facilement se laisser troubler, il se trompait.

Mais une chose était sûre :

Cette soirée allait être intéressante.

---

Elena n'avait pas prévu de rester.

Elle s'était dit qu'elle allait juste manger un morceau, puis prétexter la fatigue pour s'éclipser.

Mais l'ambiance était bonne.

Et, contre toute attente, elle se laissa prendre au jeu.

Attablée entre Rodrygo et Eduardo Camavinga, elle se surprit à rire, à discuter, à partager des anecdotes sur le club, les joueurs et leurs petites manies.

Elle n'était pas une étrangère dans cet univers.

Elle connaissait la plupart des joueurs, certains depuis leur arrivée au Real, d'autres depuis les équipes de jeunes.

Alors forcément, elle avait des dossiers.

Elena prit une gorgée de bière et lança, l'air de rien :

— Vous saviez que Vinícius a failli pleurer le jour où il a dû faire son premier shooting photo en Espagne ?

Un éclat de rire général éclata autour de la table.

Vinícius, la bouche pleine, ouvrit de grands yeux.

— Attends… QUOI ?

Rodrygo explosa de rire.

— C'est vrai ?

Elena hocha la tête, malicieuse.

— Je travaillais déjà au club à l'époque. Je t'ai vu arriver à la séance, complètement paniqué parce que tu ne savais pas comment poser devant l'objectif.

Camavinga tapa du poing sur la table en riant.

— Tu te fiches de nous, Vinícius ?!

Le Brésilien leva les mains en l'air, faussement indigné.

— Eh, c'était mes débuts, j'étais grave stresser ! Et J'étais un gosse !

Rodrygo rit encore plus fort.

— Tu es toujours un gosse, frère.

— Taisez-vous, tous. bougonna Vinícius, avant de lancer un regard mi-amusé, mi-vexé à Elena.

— Toi, je vais me venger.

Elle haussa les épaules, un sourire taquin aux lèvres.

— Je suis prête.

Alejandro, silencieux jusque-là, l'observait.

Son regard était différent.

Elle était à l'aise, souriante, lumineuse.

Et il détestait l'admettre, mais ça lui plaisait.

— À mon tour ! s'exclama Rodrygo, un grand sourire aux lèvres.

Tout le monde se tut, intrigué.

— Vous voulez entendre une vraie anecdote sur Alejandro ?

Elena tourna la tête vers Alejandro, qui leva un sourcil.

— Fais gaffe à ce que tu dis, Rodrygo. avertit-il d'une voix posée.

Mais Rodrygo n'avait pas peur.

Il se pencha légèrement et lança :

— Je parie que personne ici ne sait qu'Alejandro a déjà été recalé à l'entrée d'une boîte de nuit à Madrid ?

Un silence.

Puis un fou rire général.

Même Elena manqua de s'étouffer avec sa bière.

Alejandro roula des yeux.

— T'es vraiment une balance.

— Non, mais attends, on veut les détails ! s'exclama Vinícius.

Rodrygo, ravi d'avoir capté l'attention de tout le monde, poursuivit :

— C'était sa première saison ici. On voulait sortir après une victoire, mais lui, il avait oublié sa carte d'identité.

Camavinga éclata de rire.

— Un videur l'a pris pour un mineur, c'est ça ?

Rodrygo hocha la tête, hilare.

— Exactement. Il ne voulait pas croire qu'Alejandro était un joueur du Real. On a dû appeler le manager pour qu'il vienne le chercher !

Elena croisa les bras, un sourire en coin.

— Alors, Monsieur l'attaquant star s'est fait recaler ?

Alejandro haussa les épaules, impassible.

— C'était y a longtemps.

Rodrygo rit encore.

— C'était l'année dernière.

Tout le monde repartit dans un fou rire monumental.

Même Elena ne put s'empêcher d'éclater de rire.

Elle regarda Alejandro.

Pour une fois, il n'avait pas le contrôle.

Et ça lui allait bien.

La soirée continua, dans une ambiance légère et festive.

Elena échangea avec presque tous les joueurs, discutant de leurs prochains matchs, de leurs vacances, de leurs ambitions.

À plusieurs reprises, elle sentit le regard d'Alejandro sur elle.

Mais elle ne lui donna pas satisfaction.

Elle ne le regarda pas.

Pas tout de suite.

Elle attendit que la soirée tire à sa fin.

Et, alors que les joueurs commençaient à partir, elle croisa enfin son regard.

Il y avait quelque chose d'intense dans sa façon de l'observer.

Quelque chose de… différent.

Elle haussa légèrement un sourcil.

Il esquissa un sourire en coin.

Et elle comprit.

Il allait encore essayer de la troubler.

Mais cette fois…

Elle était prête.

---

Les joueurs étaient partis, la villa était redevenue calme.

La gouvernante rangeait les derniers verres et balayait les miettes laissées sur la terrasse.

Elena, elle, avait filé directement à l'étage.

Elle avait besoin d'une douche.

Pas seulement pour se débarrasser des odeurs de barbecue, mais aussi parce qu'elle sentait encore les regards, les rires, l'ambiance de la soirée.

Elle avait passé un bon moment, bien plus agréable qu'elle ne l'aurait imaginé.

---

Elle était dans la salle de bain, devant le miroir, en train de se brosser les dents.

Ses cheveux étaient attachés en un chignon haut, et elle portait un simple short noir et un soutien-gorge assorti.

Rien de provocant.

Rien d'inhabituel.

Mais visiblement, elle n'était pas seule.

Alejandro poussa la porte sans frapper et entra comme si de rien n'était.

Elena s'arrêta net, sa brosse à dents en main, et arqua un sourcil.

— T'as perdu la notion de l'espace privé ou bien ? demanda-t-elle, la bouche encore pleine de dentifrice.

Alejandro haussa les épaules sans la moindre gêne.

— J'ai besoin d'une douche.

Et avant même qu'elle ne puisse protester, il attrapa le bord de son t-shirt et le retira d'un seul mouvement fluide.

Torse nu.

Comme si c'était la chose la plus normale au monde.

Elena détourna immédiatement le regard vers le miroir, essayant de rester impassible.

— T'aurais pu attendre que je termine.

Alejandro esquissa un sourire en coin.

— C'est une grande salle de bain, non ?

Il fit ensuite glisser son short, et sans la moindre hésitation, se débarrassa aussi de son caleçon.

Nu.

Totalement nu.

Sous ses yeux.

Elle ne regarda pas immédiatement.

Elle lutta.

Mais son regard finit par trahir sa curiosité.

Juste une fraction de seconde.

Juste un coup d'œil furtif.

Mais Alejandro le vit.

Et il s'en amusa immédiatement.

Il tourna légèrement la tête vers elle et lança, avec un sourire diablement provocateur :

— Tu vois un truc qui te plaît ?

Elena sentit une chaleur lui monter aux joues, mais elle ne se laissa pas démonter.

Elle leva un sourcil et reprit son brossage de dents comme si de rien n'était.

— Oh, je regardais juste pour voir si t'avais des proportions normales. lâcha-t-elle, la voix neutre.

Alejandro rit doucement en entrant sous les jets d'eau.

— Et alors ? Verdict ?

Elle lui jeta un regard furtif dans le miroir, un sourire taquin au coin des lèvres.

— Rien d'exceptionnel.

Alejandro secoua la tête en riant.

— Menteuse.

Elena s'efforça de garder son calme.

Elle se rinça la bouche, posa sa brosse à dents, puis se redressa, prête à quitter la salle de bain.

Mais au moment où elle passa près de la douche, Alejandro tourna légèrement la tête vers elle, l'eau coulant sur ses épaules musclées.

— Fais attention, Elena.

Elle s'arrêta. Croisa les bras.

— À quoi ?

Son regard se fit plus intense.

— À ne pas trop jouer avec moi.

Elle fronça légèrement les sourcils, intriguée.

— C'est toi qui cherches à me troubler, pas l'inverse.

Alejandro laissa un silence planer.

Puis il murmura, un sourire en coin :

— T'es sûre ?

Elena soutint son regard, mais elle savait qu'elle devait partir.

Sinon…

Sinon il allait gagner.

Alors elle fit demi-tour, la tête haute, et ouvrit la porte.

Juste avant de sortir, elle lança, sans se retourner :

— Bonne douche.

Et elle claqua la porte derrière elle.

Son cœur battait beaucoup trop vite.

Et elle détestait ça.

---

Elena avait fait de son mieux pour ignorer Alejandro dans la salle de bain.

Mais son cœur battait encore trop vite lorsqu'elle rejoignit son lit.

Elle s'installa sur le côté, dos à la porte, et attrapa son téléphone, essayant de se concentrer sur quelque chose d'utile.

Mais elle ne lisait rien.

Elle ne voyait rien.

Son esprit était encore coincé dans cette salle de bain.

Et ce regard brûlant qu'il lui avait lancé sous l'eau.

Un frisson la parcourut, mais elle se força à l'ignorer.

Quelques minutes plus tard, la porte de la chambre s'ouvrit.

Elle n'avait pas besoin de se retourner pour savoir que c'était lui.

Le matelas s'affaissa légèrement, signe qu'il venait de s'installer.

Il ne dormait pas.

Elle le sentait.

Il attendait.

---

Elena ferma les yeux, tentant de se détendre.

Mais Alejandro bougea soudainement.

Un simple mouvement.

Une légère pression sur le matelas.

Puis, sans prévenir, sa main effleura son bras.

Un geste subtil. Presque innocent.

Mais elle savait.

Elle savait que ce n'était pas un accident.

Elle ne bougea pas. Ne réagit pas.

Alors, il recommença.

Cette fois, son doigt traça lentement une ligne imaginaire sur sa peau nue.

De son épaule jusqu'à son coude.

Elena sentit un nouveau frisson la parcourir, mais elle garda les yeux fermés.

Elle ne lui donnerait pas cette satisfaction.

Mais Alejandro était patient.

Et il connaissait ses forces.

Il s'approcha légèrement, sa respiration devenant plus audible.

Puis, sa main glissa sur sa hanche, à travers le tissu fin de son short.

Là encore, il ne faisait rien d'explicite.

Rien de vraiment répréhensible.

Mais tout était calculé.

Il jouait.

Et il voulait qu'elle perde.

— Tu vas encore faire semblant de dormir longtemps ? murmura-t-il contre son oreille.

Elena ouvrit brutalement les yeux.

Mais elle ne bougea pas.

Elle respira lentement, calmement.

— Je dors, Alejandro. répondit-elle d'une voix neutre.

Il rit doucement.

— Non, tu ne dors pas.

Elle sentit son sourire.

Elle n'avait même pas besoin de le voir.

Elle savait qu'il s'amusait.

Il se pencha légèrement, et cette fois, ses lèvres effleurèrent presque sa nuque.

Elena serra les poings sous la couette.

— Arrête. murmura-t-elle.

— Pourquoi ?

Il parlait tout bas.

Sa voix était basse. Lente.

Trop tentante.

Trop dangereuse.

— Parce que c'est idiot. répliqua-t-elle, sans bouger.

Alejandro passa un bras autour de sa taille, collant son torse chaud contre son dos.

— Non, c'est humain.

Elle ferma les yeux plus fort, comme si ça pouvait l'aider à échapper à la situation.

— Dors, Alejandro.

Il soupira doucement, mais ne s'éloigna pas complètement.

— Tu crois que je peux dormir alors que t'es là, juste devant moi ?

Sa voix était plus rauque.

Et elle savait qu'il n'avait pas besoin d'en dire plus.

Elle avait bien vu sa réaction dans la piscine.

Elle avait bien senti son regard.

Et elle savait que cette nuit allait être encore une torture.

Pour lui.

Mais aussi pour elle.

Alejandro ne bougea pas.

Mais il resta contre elle.

Respirant lentement.

Lui laissant suffisamment d'espace pour reculer…

Mais pas assez pour qu'elle oublie sa présence.

Les minutes défilèrent.

Aucune parole.

Juste ce silence troublant.

Et cette tension qui flottait entre eux.

Elena resta immobile.

Tendue.

Concentrée sur sa respiration.

Mais à chaque mouvement de son torse contre son dos, elle sentait l'intensité de la situation monter.

C'était comme un bras de fer silencieux.

Qui allait craquer en premier ?

Elle ? Ou lui ?

Alejandro bougea légèrement, rapprochant son visage du sien.

— Tu respires trop vite, Elena. murmura-t-il.

Elle serra les dents.

— Non.

— Si.

Un sourire dans sa voix.

Elle détestait ça.

Elle détestait qu'il ait le contrôle.

— T'as pas intérêt à faire ça toute la nuit. souffla-t-elle.

— Pourquoi ?

Il effleura sa peau du bout des doigts.

Juste un contact.

Mais c'était suffisant.

Elle serra encore les poings.

— Parce que je pourrais te tuer.

Alejandro rit doucement.

— T'as pas besoin de ça pour me faire souffrir.

Un silence.

Puis, il ajouta, plus bas encore :

— Tu le fais déjà en m'ignorant.

Elena ferma les yeux.

Bon sang.

Cette nuit allait être beaucoup trop longue.

---

Elena ouvrit les yeux avec difficulté.

La lumière du matin, bien trop agressive, lui vrilla immédiatement le crâne.

Elle grogna en se retournant, enfouissant son visage dans l'oreiller.

Sa tête battait comme si un tambour tapait directement dans son cerveau.

Quelle horreur.

Elle savait exactement pourquoi.

Cette nuit avait été une torture.

Pas seulement à cause du manque de sommeil…

Mais surtout à cause de lui.

Alejandro.

Sa présence.

Son souffle.

Ses doigts qui avaient parcouru sa peau avec une lenteur exaspérante.

Et cette tension insupportable entre eux.

Elle grogna encore plus fort.

— Putain...

Elle n'eut même pas le temps de se plaindre davantage.

Une ombre passa devant son champ de vision.

Elle entrouvrit les yeux et découvrit Alejandro, debout, les bras croisés.

Torse nu.

Un short de sport beaucoup trop bas sur ses hanches.

Mauvais.

Très mauvais.

Elle détourna les yeux aussitôt.

— T'as pas bougé du lit. fit-il remarquer avec amusement.

Elena se contenta d'un soupir.

— J'ai une migraine. lâcha-t-elle d'une voix rauque.

Alejandro haussa un sourcil.

— C'est ce qui arrive quand on dort mal.

Elle ne releva pas.

Mais son silence était trop parlant.

Alejandro sourit encore plus.

— Ah… Je vois. fit-il, s'asseyant sur le bord du lit.

Elena fronça les sourcils sans même ouvrir les yeux.

— Tu vois quoi ?

— Que tu m'en veux encore pour cette nuit.

— J'en veux à mon cerveau de m'avoir gardée éveillée. grogna-t-elle.

— T'es sûre que c'est ton cerveau qui est en faute ?

Sa voix était trop proche.

Trop amusée.

Trop séduisante.

Elena ouvrit enfin les yeux.

— T'es infernal.

Alejandro haussa les épaules, faussement innocent.

— Je n'ai rien fait.

— Justement.

Elle voulait dire quelque chose d'autre.

Mais elle se stoppa net.

Alejandro s'était penché.

Sa main toucha son front.

Elena se figea.

Le contact était trop doux.

Trop… naturel.

Alejandro fronça les sourcils cette fois-ci.

— T'es bouillante.

— Normal, j'ai chaud. répliqua-t-elle sèchement.

— T'as pas juste chaud, t'as de la fièvre.

Il se leva et quitta la chambre sans rien ajouter.

Elena en profita pour respirer.

Bon sang.

C'était quoi, ce bordel ?

Il revint cinq minutes plus tard avec un verre d'eau et un cachet.

Elle leva un sourcil.

— T'es médecin maintenant ?

— Non, mais t'as l'air d'une loque.

Elena aurait aimé avoir la force de lui envoyer un coussin en pleine tête.

Mais elle se contenta de prendre le médicament.

Elle but l'eau d'une traite et s'effondra de nouveau sur l'oreiller.

— Tu comptes rester là toute la journée ? demanda Alejandro.

— Ouais.

Il rit doucement.

— Pas très professionnel tout ça.

— J'ai de la fièvre, crétin.

— T'aurais dû dormir au lieu de fantasmer sur moi.

Elle ouvrit brusquement les yeux.

— Pardon ?

Alejandro était appuyé contre la commode, détendu, un sourire narquois aux lèvres.

— Bah ouais. fit-il. T'as pas dormi, t'es épuisée, t'as la migraine…

Il se pencha légèrement.

— Si c'est pas une punition divine, ça…

Elena le fusilla du regard.

— Je vais te tuer.

— Tu veux dire… me torturer toute la nuit comme tu l'as fait hier ?

Elle attrapa le coussin et le lui lança.

Il éclata de rire en esquivant.

— C'est bon, j'arrête.

— Va te faire foutre.

— Oh, je préférerais largement que ce soit toi qui t'occupes de moi.

Elena se cacha sous la couette.

C'était pas prévu.

Pas prévu qu'il l'attire autant.

Pas prévu qu'il la pousse à bout.

Pas prévu que ses nerfs lâchent.

Mais quand une femme reste sans mec pendant deux ans…

Et qu'un homme comme lui décide de la tester...

C'est forcément une catastrophe annoncée.