Chapitre 16
Elena ouvrit les yeux avec difficulté, sa main posée sur son bas-ventre douloureux. Elle grogna en se tournant sur le côté, cherchant une position plus confortable.
L'odeur d'un café fraîchement préparé chatouilla ses narines, suivie par celle du pain grillé. Elle fronça les sourcils.
Attends… Maria ne travaille pas ce matin…
Elle se redressa légèrement et aperçut Alejandro, une tasse de café fumant dans une main et une assiette dans l'autre.
— Tu es malade ou quoi ? murmura-t-elle, incrédule.
Alejandro haussa un sourcil en s'approchant du lit.
— Pourquoi ? Parce que je t'apporte ton petit-déjeuner au lit ?
— Précisément.
Il posa l'assiette sur la table de nuit et s'assit au bord du lit.
— J'ai fait des œufs brouillés, des toasts et un jus d'orange frais. Il lui tendit la tasse. Et ton café, sans sucre, comme tu l'aimes.
Elena attrapa la tasse avec précaution, le regard toujours méfiant.
— Tu veux quelque chose en retour, c'est ça ?
Alejandro posa une main sur son cœur, faussement blessé.
— Tu crois vraiment que je suis incapable d'être attentionné sans arrière-pensée ?
— Oui.
Il éclata de rire avant de secouer la tête.
— Je prends soin de toi parce que je vois bien que tu souffres. Et franchement, j'ai vu des blessures sur le terrain qui semblaient moins douloureuses que ce que tu vis en ce moment.
Elena soupira et prit une gorgée de café. La chaleur de la boisson lui fit un bien fou.
— Je t'avais prévenu, mes règles, c'est une montagne russe d'émotions. Tu peux encore fuir.
Alejandro haussa les épaules.
— J'ai survécu aux Clasicos, je peux survivre à ça.
Elena laissa échapper un petit rire, puis elle prit un toast et mordit dedans.
— C'est… étonnamment bon.
— Merci. J'ai des talents cachés.
Il s'installa plus confortablement sur le lit et la regarda manger en silence.
— Tu sais, c'est bizarre. dit-elle après un moment.
— Quoi donc ?
Elle hésita, puis haussa les épaules.
— Te voir comme ça… T'es censé être ce mec ultra-playboy, ce gars qui ne pense qu'au foot et aux belles femmes. Et là, tu es… doux. Prévenant.
Alejandro sourit légèrement.
— Peut-être que je suis un meilleur mari que tu ne le pensais.
Elena leva les yeux au ciel.
— N'exagère pas.
Il tendit la main et écarta une mèche de cheveux de son visage.
— Repose-toi aujourd'hui. Je vais gérer la villa, et si tu as besoin de quelque chose, je suis là.
Elena sentit son cœur se serrer. Il était sérieux. Il agissait comme un vrai mari, sans le masque du joueur de foot séducteur que tout le monde connaissait.
Elle posa sa main sur la sienne, hésitante.
— Merci, Alejandro.
Il lui adressa un clin d'œil.
— Tout ce que tu veux, Madame Vasquez.
Elle sourit malgré elle.
Peut-être que ce mariage n'était pas si faux que ça, après tout.
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Deux jours s'étaient écoulés depuis qu'Elena avait retrouvé son équilibre hormonal, et Alejandro se sentait… soulagé. Il ne l'aurait jamais avoué à voix haute, mais gérer ses sautes d'humeur et ses envies soudaines avait été une véritable épreuve.
Ce matin-là, il s'était levé tôt pour se rendre à l'entraînement tandis qu'Elena préparait sa journée de travail.
— Enfin libre ? l'avait-elle taquiné en le voyant s'étirer avant de quitter la villa.
Il avait haussé un sourcil, un sourire en coin.
— Libre ? J'ai adoré jouer les bons maris.
— Mmh… Elle avait attrapé son sac et s'était approchée de lui. Tant que ça ?
— J'envisage même d'ouvrir un club de soutien pour hommes vivant avec des femmes en période de règles.
Elena éclata de rire et lui donna une tape sur l'épaule.
— T'es idiot.
— Et toi, t'es en retard.
Elle lui tira la langue avant de partir pour son cabinet.
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Après une matinée intense d'entraînement, Alejandro rejoignit le vestiaire en sueur, les muscles tendus après une série d'exercices physiques. L'ambiance était studieuse : le Real Madrid allait affronter le FC Porto en Ligue des Champions, un match crucial pour la qualification en quart de finale.
Courtois, assis sur le banc en train de se sécher les cheveux avec une serviette, lança :
— Alors Vasquez, prêt pour ton premier match en C1 face à Porto ?
— Toujours. répondit Alejandro en attachant les lacets de ses baskets.
— T'as quelqu'un qui va venir te voir au stade ? ajouta Vinicius, curieux.
Alejandro releva la tête, pensif.
— Je vais essayer de convaincre ma femme.
Rodrygo éclata de rire.
— Convaincre, carrément ? Mec, si t'étais vraiment marié, elle n'aurait même pas besoin d'invitation.
Alejandro roula des yeux et se leva.
— Vous parlez trop.
Courtois sourit en coin.
— Bonne chance, Vasquez.
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Le soir, lorsqu'Alejandro rentra à la villa, Elena était dans le salon, concentrée sur son ordinateur portable. Il s'installa sur le canapé en face d'elle et l'observa un moment avant de briser le silence.
— Je pars au Portugal dans trois jours.
Elle leva à peine les yeux.
— Je le sais déjà.
— Tu viens avec moi ?
Elena releva enfin la tête, surprise.
— Pardon ?
— Je veux que tu viennes voir le match. dit-il avec sérieux. Ce serait bien que ma femme me soutienne pour un si grand match .
Elle croisa les bras.
— Tu plaisantes ? J'ai un emploi du temps chargé, Alejandro. Je ne peux pas tout lâcher pour aller te regarder courir après un ballon au Portugal .
— Tu regardes bien mes matchs depuis ton canapé.
Elle ouvrit la bouche pour répliquer mais il la coupa.
— L'autre soir devant le Clasico, tu étais en train de hurler contre la télé.
Elena se renfrogna.
— Ce n'est pas la même chose.
— Pourquoi ? Il haussa un sourcil. Parce que cette fois, je te demande de venir à l'étranger ?
Elle soupira et referma son ordinateur.
— Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée.
— Pourquoi pas ?
Elle hésita un instant avant de répondre.
— Parce que… j'ai peur que ça brouille les choses entre nous.
Alejandro la fixa intensément.
— Les choses sont déjà brouillées, Elena.
Un silence pesant s'installa entre eux. Puis il se leva et se dirigea vers la cuisine.
— Réfléchis-y. lança-t-il avant de disparaître dans l'ombre du couloir.
Elena le regarda partir, perturbée.
Pourquoi avait-elle la sensation qu'aller à ce match serait plus que juste un simple voyage ?
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Le lendemain, La journée avait été longue, mais productive. Après une série de rendez-vous, Elena quitta enfin son cabinet, l'esprit un peu plus léger. En descendant les marches du bâtiment, elle tomba nez à nez avec Sarah, une amie qu'elle n'avait pas vue depuis des semaines.
— Elena ! s'exclama Sarah en lui ouvrant grand les bras.
Elena lui rendit son étreinte avec un sourire sincère.
— Sarah ! Ça fait une éternité !
— Tu m'étonnes ! Et toi, madame la femme mariée, toujours aussi débordée ? plaisanta-t-elle.
Elena haussa les épaules en riant.
— Ne m'en parle pas…
Sarah pencha légèrement la tête, l'observant avec malice.
— T'as l'air d'avoir besoin de souffler un peu. Et si on se faisait une soirée entre filles ? Juste toi et moi, comme avant.
L'idée était tentante. Trop tentante.
— Pourquoi pas ? répondit-elle finalement, un éclat d'excitation dans la voix.
— Parfait ! On se retrouve au Noir & Or vers 21h ?
— Ça me va.
— Génial ! Prépare-toi à une soirée mémorable ! s'enthousiasma Sarah avant de lui faire un clin d'œil et de s'éloigner.
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Une fois rentrée à la villa, Elena se dirigea directement vers sa chambre pour se préparer. Alejandro n'était pas encore là, probablement retenu par une séance d'entraînement ou un dîner avec l'équipe. Tant mieux, elle n'aurait pas à expliquer pourquoi elle sortait ce soir.
Elle ouvrit son dressing et fit glisser les cintres les uns après les autres, cherchant la tenue parfaite. Après plusieurs hésitations, elle opta pour une robe noire moulante qui épousait parfaitement ses formes, avec un décolleté subtil mais terriblement efficace. Elle laissa ses cheveux tomber en cascade sur ses épaules et se maquilla légèrement, mettant en valeur ses yeux avec un trait d'eye-liner bien dessiné.
Une fois prête, elle s'empara de son téléphone et enregistra un message vocal sur WhatsApp.
— Hey, je sors ce soir avec une copine. Juste une soirée entre filles. À plus tard.
Elle hésita une seconde avant d'appuyer sur envoyer. Une partie d'elle savait qu'Alejandro ne laisserait pas passer ça sans commentaire, mais elle s'en fichait. Elle avait besoin de se vider la tête, de penser à autre chose qu'à cette relation étrange et confuse qu'ils entretenaient.
Elle enfila ses talons, attrapa son sac et quitta la villa sans se retourner. Ce soir, elle voulait juste être Elena, pas « Madame Vasquez ».
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Madrid, centre-ville.
Elena et Sarah étaient attablées au bar du Noir & Or, leurs verres scintillant sous les lumières tamisées du club. L'ambiance était électrique, le DJ enchaînait les sons entraînants, et le parfum des cocktails se mêlait à celui des corps en mouvement.
— T'avais raison, ça fait du bien de sortir ! s'exclama Elena en portant son verre à ses lèvres.
— Je te l'avais dit, ma belle ! répliqua Sarah avec un sourire complice.
Elles trinquèrent, riant entre elles, mais Sarah, toujours observatrice, prit un air sérieux en fixant Elena.
— T'es sublime ce soir, mais pourquoi j'ai l'impression que tu cherches à oublier quelque chose ?
Elena haussa un sourcil, feignant l'ignorance.
— Je vois pas de quoi tu parles.
— Mmh… t'essaies de fuir ton "mari", c'est ça ?
Elena soupira, puis haussa les épaules.
— On n'en parle pas, ok ? Ce soir, je suis juste Elena.
— Très bien. Et puisqu'on est dans cette optique… Sarah se pencha vers elle, un sourire malicieux aux lèvres. Ce bar est sympa, mais je connais un endroit encore mieux.
— Sarah… hésita Elena.
— Pas de discussion. Fais-moi confiance.
Sans attendre son accord, Sarah la prit par la main et l'entraîna dehors. Quelques minutes plus tard, elles arrivèrent devant un club bien plus exclusif, un lieu prisé par la jet-set madrilène : Le Monarch.
Un simple regard du videur suffit pour les laisser entrer. L'ambiance était plus intense, plus luxueuse, avec des célébrités aux tables VIP et une musique électrisante qui faisait vibrer les murs.
— Là, c'est autre chose, non ? cria Sarah par-dessus la musique.
— Ouais, pas mal ! répondit Elena en riant.
Elles commandèrent encore un verre, puis se dirigèrent vers la piste de danse. L'alcool commençait à faire effet, et Elena se laissa porter par la musique. Son corps ondulait au rythme des basses, les yeux mi-clos, savourant ce moment d'insouciance.
Soudain, un homme s'approcha d'elle. Grand, brun, avec un sourire charmeur et une chemise légèrement ouverte, il lui tendit la main.
— T'as un déhanché dangereux, toi.
Elena sourit, amusée.
— Merci… je suppose.
— Je peux t'offrir un verre après cette danse ?
Elle hésita. Il était séduisant, mais elle n'était pas là pour ça. Pourtant, elle ne le repoussa pas directement, préférant rester neutre.
— Je suis juste là pour danser.
— Ça me va aussi.
Il posa une main légère sur sa taille, guidant leurs mouvements. Rien de déplacé, mais suffisant pour qu'une tension s'installe.
Et puis, tout bascula.
Un bruit sourd.
Un choc brutal.
Elena eut à peine le temps de voir ce qui se passait qu'elle vit l'homme vaciller en arrière, son nez en sang, avant de s'effondrer au sol sous l'impact d'un coup de poing phénoménal.
— Qu'est-ce que… ?!
Elle leva les yeux, horrifiée.
Alejandro.
Son regard était noir, sa mâchoire contractée, son poing encore serré. L'air autour de lui vibrait de rage pure.
Derrière lui, un groupe de joueurs du Real Madrid observait la scène avec un mélange d'étonnement et d'amusement : Vinícius, Bellingham, Rodrygo, Rüdiger et Camavinga.
Alejandro ne lui laissa pas le temps de réagir. Il attrapa l'homme par le col et le souleva légèrement du sol.
— Si je te revois poser tes mains sur elle, je te jure que tu ne pourras plus jamais marcher droit, compris ? cracha-t-il.
Le type hocha frénétiquement la tête, terrifié. Alejandro le lâcha d'un coup sec, le laissant s'écrouler.
Elena, sous le choc, sentit son cœur battre à une vitesse folle.
— Alejandro ! Bordel, ça va pas ?! s'exclama-t-elle.
Il tourna son regard brûlant vers elle.
— Qu'est-ce que tu foutais là avec ce type ?!
— Je… Je dansais !
— Danser ?! Tu crois que je vais rester là à te regarder danser avec n'importe qui, pendant que je suis à l'autre bout de la ville ?!
Son ton était bas, menaçant, mais ce n'était pas de la colère pure. C'était autre chose.
De la possessivité.
De la jalousie brute.
Sarah, restée en retrait, souffla un "Wow" avant de lever les mains.
— Ok, je crois que c'est mon signal pour disparaître. Elena, on se capte demain, hein ?
Et sans attendre de réponse, elle disparut dans la foule.
Alejandro attrapa Elena par le poignet et la tira légèrement, l'emmenant avec lui à l'extérieur.
— On rentre. Maintenant.
— Tu crois vraiment que tu peux me donner des ordres ? protesta-t-elle.
— Elena, monte dans cette foutue voiture avant que je perde patience.
Son regard était brûlant, et étrangement, elle sentit une vague d'adrénaline envahir son corps.
Putain.
Elle n'avait jamais vu Alejandro comme ça.
Et le pire ?
Elle adorait ça.