Chapitre 24

Chapitre 24

Alejandro gara la voiture devant un immeuble modeste mais bien entretenu, dans un quartier calme de Madrid. Il inspira profondément avant de couper le moteur et se tourna vers Elena.

- Tu es sûre que c'est une bonne idée ? demanda-t-il, un brin nerveux.

Elle posa sa main sur la sienne et lui sourit.

- Elle va t'adorer, je te le promets.

Ils descendirent du véhicule et montèrent jusqu'à l'appartement de la mère d'Elena. Dès que la porte s'ouvrit, une femme d'une cinquantaine d'années, élégante malgré la simplicité de sa tenue, leur offrit un sourire chaleureux.

- Enfin, je rencontre cet Alejandro dont tout le monde parle ! s'exclama-t-elle avec enthousiasme avant de serrer Elena dans ses bras.

Alejandro se redressa instinctivement, comme un gamin qui rencontre la mère de sa petite amie pour la première fois.

- Madame Moreau, c'est un plaisir. dit-il poliment.

- Appelle-moi Roseline, mon garçon. Allez, entrez !

L'intérieur était cosy, décoré avec soin, et Alejandro se sentit immédiatement à l'aise. Sur la table du salon, des plats haïtiens fraîchement préparés dégageaient une odeur envoûtante.

- Je vous ai préparé un bon repas, asseyez-vous.

Ils prirent place autour de la table, et très vite, l'atmosphère devint légère et joyeuse. Roseline racontait des anecdotes sur Elena enfant, ce qui la faisait grogner de temps en temps tandis qu'Alejandro riait de bon cœur.

- Tu sais qu'elle avait un carnet secret où elle notait tous les noms des garçons qu'elle trouvait mignons ?

- Maman ! s'exclama Elena, les joues rouges.

Alejandro, amusé, leva un sourcil.

- Intéressant... J'étais sur la liste ?

- Bien sûr que non ! répondit-elle en croisant les bras, faussement vexée.

- Parce que je ne jouais pas encore au Real, c'est ça ? plaisanta-t-il.

- Exactement. Et on ne se connaissait pas encore, rétorqua Elena en haussant les épaules, ce qui fit éclater de rire sa mère.

Après avoir mangé, ils s'installèrent dans le salon avec un café.

Roseline sourit et observa Alejandro un instant avant de demander :

- Et toi, mon garçon, parle-moi un peu de ta famille.

Alejandro s'adossa au canapé, prenant un instant avant de répondre.

- Ma mère est décédée il y a plusieurs années. dit-il doucement.

Elena posa instinctivement une main sur la sienne.

- Oh... Je suis désolée. murmura Roseline.

- Merci. répondit-il avec un léger sourire triste. - Quant à mon père... Il haussa les épaules. - Il est encore au Brésil, mais on n'est pas très proches. Il m'appelle seulement quand il veut de l'argent.

Un silence s'installa brièvement.

- Oh... fit la mère d'Elena, visiblement peinée. - C'est dur, un père qui ne joue pas son rôle.

Alejandro hocha la tête, masquant son émotion sous une façade détachée.

- Disons qu'il a toujours vu en moi un portefeuille plus qu'un fils.

Elena serra un peu plus sa main, et il lui lança un regard reconnaissant.

Cherchant à détendre l'atmosphère, Roseline reprit :

- Ta mère est d'origine Brésilienne aussi ?

Alejandro hocha la tête.

- Oui, une vraie carioca.

- Comme mon père alors, fit Elena avec un sourire.

Alejandro tourna brusquement la tête vers elle.

- Attends... ton père était Brésilien ?

- Non, Français. Mais ma mère est Haïtienne.

Alejandro arqua un sourcil, surpris.

- Je savais que tu étais Franco-Haïtienne, mais je n'avais jamais capté que ta mère était haïtienne.

Roseline rit doucement.

- C'est une petite cachotière, celle-là.

Elena haussa les épaules en souriant.

- Je croyais que tu l'avais deviné.

Alejandro secoua la tête, amusé.

- J'avais pas capté... mais maintenant tout s'explique.

- Mais bon... ajouta-t-il, encore plus fier , - je suis tombé sur une femme avec une famille en or, alors ça compense largement tout.

Roseline sourit et posa une main maternelle sur l'avant-bras d'Alejandro.

- Peu importe d'où on vient, ce qui compte, c'est les liens qu'on tisse. Et sache que tu es le bienvenu ici, mon fils. Tu fais désormais partie de cette famille.

Alejandro sentit une chaleur nouvelle envahir sa poitrine. Ce mot-famille-avait toujours eu un goût amer pour lui. Mais à cet instant précis, il se sentit réellement à sa place.

Elena observa la scène avec émotion. C'était peut-être le plus beau cadeau qu'elle pouvait offrir à Alejandro : un foyer, un endroit où il se sentirait aimé, accepté, sans conditions.

Après cette conversation chargée d'émotion, Roseline se leva pour débarrasser la table.

- Laissez-moi vous aider, maman. proposa Elena en prenant quelques assiettes.

- Non, non, ma chérie, tu es venue avec ton mari, profite du moment. répliqua sa mère avec un clin d'œil complice.

Alejandro esquissa un sourire amusé mais ne corrigea pas l'erreur. Il se leva malgré tout.

- Je vais vous aider. C'est la moindre des choses.

- Oh ! Un homme qui sait se montrer serviable ? Je comprends pourquoi Elena a craqué ! plaisanta Roseline en le laissant l'accompagner jusqu'à la cuisine.

Elena, restée dans le salon, se laissa tomber dans le canapé avec un soupir. Elle n'aurait jamais imaginé que cette rencontre se passerait aussi bien. Sa mère semblait vraiment apprécier Alejandro, et il semblait à l'aise, et ça lui faisait plaisir.

Dans la cuisine, Alejandro rinçait les assiettes pendant que Roseline les essuyait.

- Merci pour le dîner. C'était délicieux. dit-il sincèrement.

- Tu as aimé ? J'ai fait un "diri djon djon" spécialement pour toi, c'est de la cuisine Haïtienne. Elena m'a dit que tu voulais goûter quelque chose de différent et exotique.

- C'était incroyable ! Je crois que je vais exiger que ma femme prenne des cours avec vous.

Roseline éclata de rire.

- Elena et la cuisine ? Bonne chance !

Alejandro rit à son tour, avant que la mère d'Elena ne le regarde plus sérieusement.

- Je voulais te parler d'une chose, Alejandro.

Il posa l'assiette qu'il tenait et lui fit face.

- Je t'écoute.

- Elena ne m'a pas tout dit sur votre relation. Elle le fixa intensément. - Mais je suis sa mère, et je vois bien qu'il y a quelque chose d'étrange entre vous.

Alejandro sentit une légère tension monter en lui.

- Pourquoi dites-vous ça ? demanda-t-il prudemment.

Roseline esquissa un petit sourire.

- Parce que ma fille est une femme intelligente et indépendante. Elle ne se serait pas mariée du jour au lendemain sans que j'en entende parler avant.

Alejandro resta silencieux. Elle était perspicace, bien plus que ce qu'il avait anticipé.

- Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. continua-t-elle. - Mais j'ai une seule question.

- Laquelle ?

- Tu l'aimes vraiment, Alejandro ?

Il ne réfléchit pas une seconde avant de répondre.

- Oui. De tout mon cœur.

Roseline le scruta un instant, cherchant à déceler la moindre trace de mensonge. Mais Alejandro était sincère, il le savait au plus profond de lui.

Elle hocha doucement la tête.

- C'est tout ce que je voulais entendre.

Elle lui tapota l'épaule avant de prendre une serviette et de continuer à essuyer les assiettes comme si de rien n'était.

Alejandro souffla discrètement. Elle ne poserait pas plus de questions.

Mais dans son regard, il vit quelque chose d'inattendu : de la confiance.

Elle lui faisait confiance.

Et cela signifiait bien plus qu'il ne voulait l'admettre.

Quand ils retournèrent au salon, Elena regarda sa mère, intriguée.

- Vous avez comploté contre moi ? plaisanta-t-elle.

Roseline secoua la tête.

- Rien du tout. Juste une conversation entre une mère et son gendre.

Elena plissa les yeux.

- Maman...

- Ne t'inquiète pas, ma chérie. Elle se leva et embrassa sa fille sur la joue. - Ce garçon a bon cœur.

Elena observa Alejandro, qui lui adressa un petit sourire.

- Je le sais déjà. murmura-t-elle.

Roseline les raccompagna jusqu'à la porte.

- Revenez quand vous voulez. La maison est toujours ouverte pour vous.

- Merci, maman. dit Elena en la serrant dans ses bras.

Alejandro fit de même et murmura doucement :

- Merci pour votre accueil, maman.

Roseline haussa un sourcil, surprise, puis éclata de rire avant de le taper légèrement sur l'épaule.

- Tu apprends vite, toi !

Ils quittèrent l'appartement, Alejandro sentant une chaleur étrange dans son cœur. Pour la première fois depuis longtemps, il avait l'impression d'appartenir à une vraie famille.

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Quelques semaines plus tard...

L'effervescence régnait à Madrid. Ce soir, le Real Madrid organisait une somptueuse soirée pour célébrer l'anniversaire du club, un événement où joueurs, dirigeants, sponsors et célébrités allaient se retrouver dans un cadre luxueux.

Alejandro ajusta le nœud de sa cravate en se regardant dans le miroir de leur chambre. Il portait un smoking noir parfaitement taillé qui mettait en valeur son allure élégante et charismatique. Il jeta un regard à l'horloge murale avant de s'approcher de la porte de la salle de bain.

- Bébé, tu es prête ? demanda-t-il en frappant légèrement.

- Donne-moi encore quelques minutes, chéri ! répondit Elena d'une voix légèrement excitée.

Alejandro rit doucement avant de reculer, les mains dans les poches, l'attente devenant presque insoutenable. Il descend l'attendre dans le grand salon.

Puis, enfin, Il entendit la porte s'ouvrit.

Elena descendit lentement les escaliers, chaque pas résonnant légèrement contre le marbre. Elle portait une somptueuse robe fendue d'un rouge éclatant, qui épousait ses courbes à la perfection tout en restant élégante. Son dos était délicatement dénudé, et ses cheveux relevés en un chignon sophistiqué laissaient entrevoir ses boucles d'oreilles scintillantes.

Alejandro, d'abord silencieux, cligna des yeux avant d'être frappé de plein fouet par sa beauté.

- Woauh... souffla-t-il, incapable de détourner le regard.

Il s'approcha lentement, sa main glissant instinctivement sur sa taille avant de murmurer :

- Tu es sublime, chérie. Absolument divine.

Elena sourit en coin, appréciant l'effet qu'elle avait sur lui.

- Tu n'es pas mal non plus, Señor Vasquez. taquina-t-elle en ajustant le revers de sa veste.

Alejandro l'attira doucement contre lui, son souffle chaud effleurant son oreille.

- Tu es si belle que j'ai presque envie d'annuler la soirée et de t'avoir juste pour moi.

Elena rit doucement et posa une main sur son torse.

- On ne peut pas, mon amour. C'est une soirée importante pour toi...

Il grogna légèrement avant de déposer un baiser dans le creux de son cou.

- D'accord, mais je te préviens... à la seconde où cette soirée est terminée, tu es à moi.

Elena frissonna légèrement, mais elle adorait l'effet qu'il avait sur elle.

- On verra, Vasquez... si tu es sage. dit-elle en lui lançant un regard espiègle avant de s'éloigner.

Alejandro la suivit des yeux, puis attrapa la clé de la voiture.

- Allez, allons rendre les autres jaloux.

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Le couple arriva dans l'un des palaces les plus prestigieux de Madrid, où les flashs des photographes illuminaient l'entrée comme une constellation de lumières. Dès leur apparition, toutes les têtes se tournèrent vers eux.

Alejandro, habitué à l'attention, garda son regard fixé sur Elena. Elle était radieuse, et il pouvait déjà entendre les murmures autour d'eux.

- Alejandro Vasquez est venu accompagné...

- C'est sa femme, non ? Ils sont magnifiques ensemble.

- Elena Moreau, l'une des avocate du club. Elle est d'une élégance incroyable !

Elena, légèrement nerveuse, serra discrètement la main d'Alejandro. Il la sentit immédiatement et se pencha vers elle pour murmurer à son oreille :

- Ne fais pas attention à eux, ils peuvent dire ce qu'ils veulent. Tu es parfaite.

Elle inspira profondément et hocha la tête. Avec lui à ses côtés, elle se sentait invincible.

Une fois à l'intérieur, ils furent accueillis par plusieurs joueurs du Real Madrid, accompagnés de leurs compagnes. Luka Modrić et sa femme vinrent immédiatement les saluer.

- Eh bien, Vasquez, tu as fait une entrée digne d'une star de cinéma ! plaisanta Modrić.

- Ne sois pas jaloux, mon ami. répondit Alejandro avec un sourire en coin.

La femme de Modrić adressa un clin d'œil complice à Elena.

- Je suis ravie de voir que les choses évoluent entre vous deux.

Elena rougit légèrement mais répondit avec assurance :

- Moi aussi.

La soirée continua dans une ambiance festive et raffinée. Alejandro et Elena dansèrent, riant et profitant de cette nuit où, pour une fois, il n'y avait pas de faux-semblants, pas de mensonges.

Juste eux, ensemble.

Et plus amoureux que jamais.

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La soirée d'anniversaire du Real Madrid avait été un succès. Alejandro et Elena avaient savouré chaque instant, entourés de l'élite du football et des amis du club. Mais maintenant, une tout autre surprise attendait Elena...

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Quelques jours plus tard

Elena marchait prudemment, les yeux bandés, la main d'Alejandro serrée dans la sienne. Elle entendait ses propres pas résonner contre le sol, et son cœur battait à un rythme soutenu.

- Où est-ce qu'on va ? demanda-t-elle, une pointe d'impatience dans la voix.

Alejandro rit doucement.

- C'est une surprise.

- Oui, mais on va où ?

- Tu es trop impatiente, cariño. la taquina-t-il en pressant légèrement ses doigts.

Elle souffla, amusée mais aussi frustrée. Elle lui faisait confiance, bien sûr, mais elle mourait d'envie de savoir ce qu'il avait préparé.

Ils continuèrent d'avancer. Elle sentait la texture du sol changer sous ses pieds. Après quelques détours dans ce qui lui semblait être un long couloir, elle monta quelques marches. Puis, soudainement, elle ressentit une sensation différente sous ses chaussures. Un sol moelleux, parfaitement entretenu... du gazon.

- Alejandro... c'est quoi ça ? murmura-t-elle, sentant un léger frisson lui parcourir la colonne vertébrale.

- Encore un peu de patience.

Il la fit avancer encore quelques pas, puis s'arrêta.

Un silence s'installa, juste interrompu par le lointain écho du vent. Puis elle sentit ses mains sur son visage, délicates et réconfortantes. Il défaisait lentement le bandeau.

Quand enfin elle put ouvrir les yeux, elle resta figée.

Elle était au Santiago Bernabéu. Son cœur rata un battement.

Le stade était magnifiquement décoré. Des guirlandes lumineuses s'étendaient en hauteur, créant une ambiance magique sous le ciel madrilène. De chaque côté, des bouquets de roses blanches et rouges parsemaient le terrain.

Mais ce qui attira son regard en premier, c'était l'énorme message inscrit en lettres dorées au centre du terrain :

"¿QUIERES CASARTE CONMIGO?"

Elena porta immédiatement une main à sa bouche, les larmes lui montant aux yeux.

Alejandro était à genoux devant elle, une petite boîte en velours noir ouverte entre ses doigts.

Il la regardait avec une intensité indescriptible.

- Elena Moreau Vasquez... murmura-t-il d'une voix légèrement tremblante. Veux-tu m'épouser cette fois pour de vrai ? Pas de contrat... juste nous. Parce que je t'aime. Parce que je ne veux pas vivre un seul jour sans toi.

Les larmes roulèrent sur les joues d'Elena. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle voyait, ce qu'elle entendait.

Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit d'abord.

- Oui. souffla-t-elle enfin, la gorge nouée par l'émotion.

- Oui ? Alejandro releva légèrement la tête, le souffle suspendu.

- Oui ! dit-elle plus fort, un immense sourire illuminant son visage. Oui, je veux être ta femme !

Sans attendre, Alejandro glissa la magnifique bague ornée d'un diamant étincelant à son doigt avant de se relever et de la prendre dans ses bras.

Il la fit tournoyer sous le ciel étoilé du Bernabéu, riant de bonheur alors qu'elle l'embrassait avec passion.

Les applaudissements fusèrent autour d'eux. Plusieurs coéquipiers d'Alejandro et leurs compagnes étaient présents, témoins privilégiés de ce moment unique. Luka Modrić, Jude Bellingham, Rodrygo Goes et Vinícius Jr. applaudirent bruyamment tandis que la femme de Modrić essuyait discrètement une larme d'émotion.

- Je vous l'avais dit, ces deux-là étaient faits l'un pour l'autre ! s'exclama-t-elle en riant.

Alejandro et Elena restèrent quelques secondes dans les bras l'un de l'autre, savourant l'instant.

Puis il murmura à son oreille :

- Tu n'imagines pas à quel point je t'aime.

- Je t'aime moi aussi. répondit-elle tendrement.

Ce soir-là, le Santiago Bernabéu n'avait jamais été aussi lumineux, aussi magique... Tout comme leur amour.