Hwan relâcha lentement sa prise sur Ji-Sun. Un contrat sur sa tête… Il aurait dû s'en douter. L'homme en noir n'était que le premier signe d'un problème bien plus vaste.
— Qui est à l'origine de ce contrat ? demanda-t-il d'une voix mesurée.
Ji-Sun frotta son poignet endolori et hésita.
— Nous ne savons pas exactement. Le commanditaire a utilisé un intermédiaire pour diffuser la nouvelle dans le Murim. Mais… il y a une rumeur.
Hwan croisa les bras, attendant la suite.
— On dit que la personne qui a placé ce contrat connaît votre passé.
Ces mots résonnèrent en lui comme un coup de tonnerre.
— Mon passé…
Il y avait bien trop de gens qui auraient pu vouloir sa mort, mais peu connaissaient réellement qui il était et ce qu'il avait fui.
— Les assassins viendront bientôt, reprit Ji-Sun. Ce village est en danger.
Hwan sentit un frisson d'agacement. Il n'avait rien demandé à ce monde. Pourquoi fallait-il toujours qu'il le ramène dans son sillage ?
— Tu veux que je parte ? dit-il d'un ton neutre.
— Non. Je veux que vous surviviez, répondit Ji-Sun avec gravité.
Hwan le fixa un moment avant de soupirer.
— Combien de temps avant qu'ils arrivent ?
— Une semaine, peut-être moins.
Hwan se détourna et regarda le ciel. L'orage qui menaçait depuis le matin était enfin là. Il sentit les premières gouttes de pluie lui tomber sur la peau, froides et implacables.
— Très bien.
Il ne savait pas encore comment il allait gérer cette situation, mais une chose était certaine : il ne laisserait pas son passé dicter sa vie.
Pas cette fois.
La pluie s'intensifia, transformant le sol en une boue glissante sous les pas de Ji-Sun, qui observait Hwan avec un mélange d'anxiété et d'admiration. Il s'attendait à ce que l'ancien guerrier panique, pose plus de questions ou même tente de fuir. Mais au lieu de cela, Hwan était resté immobile, son regard perdu dans l'orage, comme s'il pesait silencieusement le poids des années écoulées.
— Qu'allez-vous faire ? osa finalement demander Ji-Sun.
Hwan inspira profondément, sentant l'odeur de la pluie mêlée à celle du bois humide et de la terre fraîche.
— Rien.
Le messager ouvrit de grands yeux.
— Rien ? Mais vous êtes en danger ! Le village aussi !
— Je sais.
Hwan tourna la tête vers lui, ses prunelles sombres illuminées par un éclat indéchiffrable.
— Mais s'inquiéter ne servira à rien. Si des assassins viennent, ils viendront. Fuir ne ferait que confirmer que je suis une proie facile.
Ji-Sun serra les poings, visiblement frustré par cette réponse.
— Vous ne comprenez pas. Ce n'est pas un simple groupe de bandits qui viendra. Ce sont des chasseurs du Murim, des gens qui vivent pour tuer. Une fois qu'ils ont une cible, ils ne s'arrêtent jamais.
Hwan resta silencieux. Ce que disait Ji-Sun, il le savait déjà.
— Vous devez quitter ce village, insista le jeune homme. Vous avez peut-être choisi la tranquillité, mais elle ne vous choisira jamais.
Hwan laissa échapper un rire amer.
— Et si je pars, que crois-tu qu'il arrivera ?
Ji-Sun fronça les sourcils, ne comprenant pas immédiatement.
— Ils fouilleront ce village de fond en comble. Ils tortureront les habitants, les interrogeront, chercheront des indices. Fuir, c'est les condamner.
Le messager blêmit. Il n'y avait jamais pensé.
Hwan passa une main dans ses cheveux mouillés, la pluie coulant le long de son cou. Il était fatigué de ce genre de situations.
— Écoute-moi bien, Ji-Sun. Je vais te poser une question.
— … Oui ?
— Pourquoi es-tu ici ?
Le jeune homme tressaillit sous le ton tranchant de la question.
— Je… J'ai été envoyé par un contact de la Secte de l'Ombre Écarlate.
— Et pourquoi t'ont-ils envoyé ?
Ji-Sun déglutit.
— Pour vous prévenir.
— Faux.
Ji-Sun releva la tête, interloqué.
Hwan s'avança légèrement, le regard perçant.
— Une secte aussi secrète que l'Ombre Écarlate ne s'embarrasserait pas d'un messager pour prévenir un homme en fuite. Si quelqu'un t'a envoyé, c'est qu'il voulait voir ma réaction.
Ji-Sun pâlit, comprenant soudainement le sous-entendu.
— Tu n'es pas simplement un messager. Tu es un test.
Un silence pesant tomba entre eux.
— Si je te tue ici, poursuivit Hwan, ils sauront que je suis toujours le même. Si je te laisse partir, ils en concluront que je suis faible.
Le vent souffla entre les maisons du village, soulevant des gouttes de pluie comme de la poussière. Ji-Sun sentit son cœur s'accélérer.
— Je vais te poser une dernière question, reprit Hwan d'une voix calme.
Ji-Sun retint son souffle.
— Veux-tu vivre ?
Le messager sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine.