La sonnerie stridente de l'appartement d'Ezra résonna dans le silence du matin. Kael, encore à moitié dans les vapes, traîna des pieds jusqu'à la porte, un simple jogging pendouillant sur ses hanches et le torse nu. Lorsqu'il ouvrit, il se figea net.
Devant lui, les bras chargés de bagages, se tenait Gabriela Navarro, la mère d'Ezra.
— Oh, fit-elle, surprise de le voir à la place de son fils. Puis un sourire taquin s'étira sur ses lèvres. Eh bien, un beau spectacle pour les yeux de si bon matin.
Kael se racla la gorge, essayant de paraître plus réveillé qu'il ne l'était vraiment.
— Miss Brisa, quel bon vent vous amène ?
Gabriela entra dans l'appartement sans attendre d'invitation, comme si c'était chez elle. Kael, ne sachant trop comment réagir, s'empressa de l'aider à porter ses affaires et les déposa dans la cuisine.
— Il est où, l'autre ? demanda-t-elle en rangeant ses courses.
— Il prend sa douche.
Quelques minutes plus tard, Ezra débarqua dans la cuisine, encore les cheveux humides, surpris de voir sa mère déjà installée et fini par les rejoindre. Entre-temps Kael avait enfilé un tee-shirt et profitait tranquillement de son plat.
— Mama, tu ne m'as pas dit que tu venais !
— J'ai besoin de ta permission pour venir maintenant ? répondit-elle avec un sourcil levé.
Kael étouffa un rire de l'autre côté de la table, se cachant derrière son verre de jus. Mais Gabriela n'en avait pas fini.
— Dis donc, vous l'avez fait finalement, lâcha-t-elle d'un ton faussement innocent.
Les deux garçons s'étouffèrent simultanément, Kael recrachant presque son jus tandis qu'Ezra manqua de s'étrangler avec sa bouchée.
Gabriela Navarro n'était pas du genre à mâcher ses mots. Femme forte au cœur tendre, elle avait élevé Ezra seule après la mort de son mari quand son fils avait quinze ans. En tant qu'Omega, elle avait su s'imposer et se faire respecter dans un monde où ce n'était pas toujours facile. Même Kael, qui ne cachait pas son mépris pour les Omegas, avait fini par l'admirer. Elle le traitait comme son propre fils, et Kael passait souvent plus de temps chez eux que chez ses propres parents. Elle avait consacré ses années à voyager un peu partout à travers le monde une fois son fils capable de s'occuper de lui-même. Gabriela avait longtemps soupçonné qu'il y avait plus qu'une simple amitié entre eux, même si les garçons niaient toujours.
Mais au fond… elle savait bien que…
— Mama, s'il te plaît, tu vas pas recommencer, grogna Ezra.
— Bah quoi ?fit-elle en haussant les épaules avant de prendre une gorgée de sa boisson. — Quelle autre idée pourrais-je avoir quand je retrouve Chico Loco à moitié nu et toi sous la douche ?
Ezra leva les yeux au ciel.
— Eh bien, ce n'est pas le cas figure toi, Mama.
Gabriela tourna son regard vers Kael, l'air de dire "et toi, que dis-tu pour ta défense ?" Kael se contenta de hausser les épaules, mais un sourire en coin trahissait son amusement.
^Flashback – La nuit dernière^
— Laisse-moi te ramener puisque tu ne retrouves pas tes clés, avait insisté Ezra.
Kael avait tout fait pour dissimuler ce qui le tracassait, mais Ezra savait que quelque chose n'allait pas. Alors, il avait suivi le plan de Travis : cacher les clés de Kael pendant qu'il était sur le circuit. Et, miracle, ça avait marché. Kael avait fini par accepter qu'Ezra le raccompagne.
— Tu viens de dépasser l'intersection qui mène chez moi,remarqua Kael.
— Je sais, répondit simplement Ezra.
Il savait que Kael prendrait la fuite s'il annonçait vouloir parler. Alors, il l'avait piégé à sa façon.
À peine avaient-ils franchi la porte qu'Ezra lança :
— Et si tu me disais ce qui n'allait pas ? Comme ça je saurais si j'ai fait quelque chose et…
— Tais-toi et prends-moi juste dans tes bras, le coupa Kael.
Ezra ne se fit pas prier et le pris dans ses bras. Kael posa sa tête dans le creux de son cou, restant là en silence.
— Désolé de t'avoir inquiété inutilement, je sais pas ce qui me prends tout à coup, finit-il par murmurer après un long moment, sans pour autant le lâcher.
— T'excuse pas, tu as parfaitement le droit, répondit Ezra doucement. Mais s'il te plaît, parle-moi quand ça va pas. On trouvera une solution ensemble, d'accord ?
Après leurs douches respectives, ils s'étaient effondrés dans le lit, dormant d'un sommeil lourd.
^Fin du Flashback^
— On devait juste discuter un peu, et j'ai fini par passer la nuit ici, expliqua Kael à Gabriela.
— Ce n'est pas parce que je suis une pauvre vieille dame que vous devez essayer de me berner les jeunes, répliqua-t-elle en plissant les yeux.
— Arrête ton cinéma, 45 ans, c'est pas comme si tu t'approchais de la centaine, se moqua Ezra.
Gabriela leva les mains en signe de reddition.
— Bon bref, j'ai emballé des souvenirs de mon voyage en Égypte, tu vas adorer mon chéri. Partage-les aussi avec ton copain, d'accord ?
— Ce n'est pas mon copain, dirent les garçons en chœur.
— Ah, mais je ne te le dis pas dans ce sens-là moi, ricana-t-elle.
Ils continuèrent à discuter de tout et de rien : Gabriela raconta ses aventures en Égypte, Kael donna des nouvelles de sa famille, et ils partagèrent quelques fous rires. Avant de partir, elle tendit un petit paquet à Kael.
— Joyeux anniversaire en avance, Chico Loco.Je ne serai pas là le jour J.
— T'étais pas obligée, dit-il en prenant le paquet.
— Redis-le encore et je repars avec mon cadeau, le menaça-t-elle en plaisantant.
Kael éclata de rire.
— Ce n'est pas la peine.
Gabriela les embrassa tous les deux sur la joue.
— Adiós, muchachos.Ne faites pas de bêtises.
À peine la porte refermée, Ezra lança en s'étirant :
— Tu m'as déjà trouvé mon cadeau, toi ?
Kael haussa un sourcil.
— J'ai même oublié que c'était bientôt ton anniversaire.
Kael le fixa, bouche bée.
— Quoi ?!C'est une blague, pas vrai ?
Ezra éclata de rire, laissant Kael totalement abasourdi.