Extrait 001

Je l'ai sentie avant même de la voir.

Son parfum. Chaud, capiteux, presque insolent. Il s'est glissé dans le hall avant elle, s'est accroché à mes narines comme un souvenir qu'on croit avoir oublié. Et pourtant, il était là. Vivant. Brûlant. Ginevra.

Je me suis figé. Juste une seconde. Pas assez pour qu'on le remarque, mais assez pour que je me maudisse intérieurement. Je n'étais pas censé réagir. Pas comme ça. Pas pour elle.

Je me suis forcé à sourire, les mains dans les poches, le regard faussement détaché.

— Alors… tu n'embrasses pas ton nouveau beau-frère ?

Ma voix sonnait plus moqueuse que je ne l'avais prévu. Plus… acide. Elle a penché la tête, un léger sourire au coin des lèvres. Ce sourire qu'elle ne servait qu'aux imbéciles ou aux hommes qu'elle voulait garder à distance.

Et pourtant, elle s'est approchée.

Elle a déposé un baiser sur ma joue. Léger. Polissé. Mais suffisant pour foutre en l'air les barrières que j'avais mis des mois à ériger. Son souffle a frôlé ma peau. Et ce parfum... merde. Ce parfum m'a fait l'effet d'un vertige.

Je n'ai pas bronché. Pas levé un sourcil. Mais à l'intérieur, tout s'est tendu.

Son odeur… elle m'a toujours retourné le crâne.

Le pire, c'est que j'étais préparé. Prêt à tout affronter. Le mariage, les regards lourds, la gêne dans l'air. Je m'étais blindé, mentalement. Froid, distant, inébranlable. J'étais revenu à Madrid pour faire face, relever le menton et jouer mon rôle.

Mais j'ai baissé ma garde.

Il a suffi d'un regard. D'un souffle. D'un putain de parfum.

Et tout a basculé ce jour-là.

Sebastian m'a tiré de mes pensées avec une tape sur l'épaule.

— Monte te reposer un peu, petit frère. Le dîner est pour ce soir.

J'ai hoché la tête sans répondre. Sans un regard pour elle. J'ai gravi les escaliers comme si je fuyais quelque chose. Comme si j'étais encore ce foutu adolescent amoureux qu'elle avait brisé.

Dans ma chambre, j'ai lancé une playlist de reggaeton. Le rythme résonnait à travers le sol comme un battement de cœur désaccordé. Je me suis allongé sur le lit, bras croisés derrière la tête. Et j'ai fermé les yeux.

Mais le sommeil, lui, ne venait pas.

Parce qu'elle était là. À un étage de moi. À une poignée de murs. Mariée à mon frère.

Et j'avais de nouveau cette sensation familière dans la poitrine.

Ce mélange de manque, de colère, et de désir.

Ça promettait d'être une putain de longue soirée.