Chapitre 10 Le dragonnet

Il est noir comme la nuit avec des grandes cornes encore plus noires sur la tête, ils ressemblent aux ténèbres elles-mêmes, la raison qu’il est passé inaperçu. Il y a des ailes qui font le double de sa taille accrochée à ses épaules et pas sur ses omoplates comme elle aurait pu le penser, à chaque bout des ailes il y a des lames qui semblent pouvoir trancher l’air tellement elles sont fines. Il n’y a aucun doute, c’est un dragonnet.

Mais ce qui a le plus surpris Hilda est ses mains, elle a entendu dire que leurs mains peuvent aller jusqu’à deux fois la taille de ceux des humains alors que ceux-ci font la moitié de celles d’Hilda. Elles sont si petites qu’on ne pourrait même pas imaginer qu’elles lui appartiennent, de vraies mains de bébé avec des écailles et des griffes. Qu’est-ce que ce dragonnet fait ici ? Elle ne sait pas poser la question longtemps parce qu’il l’a plaquée au sol et l’étrangle. Il est faible puisqu’elle peut encore respirer un peu. « Mais tu vas arrêter de gigoter comme ça, j’ai du mal à te tuer.

-Tu penses vraiment que tu vas y arriver juste avec ta main droite ? dit-elle dans un grand murmure et un sourire en coin. Oro spiritus terrae, quaeso, da vires ad defendendum… Ahhhh ! crie-t-elle sans voix après qu’il lui a donné un coup de poing dans le ventre pour qu’elle se taise.

-Je ne te laisserais pas le temps d'incanter, sale sorcière, chuchota-t-il avec un petit ricanement.

-J’ai peut-être des petites mains comparées à mes semblables, mais je suis réputé pour leur force de poigne, surtout avec la droite. Tu as l’honneur d’être la première personne à la tester dans toute sa puissance, mais je vais y aller graduellement, juste pour te voir souffrir, dit-il avec un sourire qui se rendait jusqu’à ses oreilles internes de lézard. « 

Et il serre encore plus la main sur la gorge de sa victime. Maintenant, elle a encore plus de mal à respirer. Elle essaye de penser à une façon de retirer sa sale patte de sur son cou et pense en avoir trouvé une, mais n’est pas sûre si ça va marcher. Tant pis, je tente le tout pour le tous. Alors elle communique par télépathie avec Vespera. Aide-moi, je t’en supplie. Je ne vais plus tenir longtemps.

Vespera l’entend. Au début elle pense que c’est une ruse pour qu’elle retourne au château, mais une voix en elle lui dit qu’elle doit aller sauver sa jumelle. Elle déploie ses ailes, sort de la grotte qui est à dix kilomètres au sud du château, traverse la ville dans les airs et rejoigne Hilda dans sa chambre, étendue à terre avec la tête presque bleue, sous un dragonnet qui l’étrangle d’une force surprenante avec une petite main. Elle se jette sur le dos du dragonnet pour qu’il lâche sa proie et ça l’a fonctionner. Enfin Hilda sent l’air dans ses poumons. Les jumelles se mirent côte à côte et incantationnent en même temps. « Oramus aquae spiritum, Te rogamus, ut carceris Pro vi mala facias. »

Après cette incantation, une bulle d’eau se forme autour de la tête du dragonnet et le submerge, il essaye dans un dernier effort de briser la bulle, mais il n’y arrive pas et il tombe sans connaissance. Hilda va voir son cou dans un miroir et, comme elle le pensait, il a laissé des marques qui prendront du temps à disparaître. Les filles amènent l’intrus aux gardes pour qu’ils le mettent au cachot pour le préparer à son interrogatoire. Ensuite elles vont dans la chambre de l’élue pour s’expliquer de la discussion plut tôt. « Je suis désolé d’avoir réagi comme je l’ai fait. Je n’avais aucune raison valable de t’avoir dit que tu étais jalouse. J’ai eu le pouvoir qui m’est monté à la tête, dit Hilda avec la posture d’excuse.

-Non, ce n’est pas à toi de t’excuser, c’est moi qui ai commencé en te traitant d’idiote. Je me suis sentie mise à part parce que tu as décidé de passer à l’action sans moi alors qu’on avait prévu de le faire ensemble. Mais tu as en partie raison, c’est vrai que je suis jalouse que tu aies rencontré les esprits en personnes, dit Vespera avec la même posture qu’Hilda. »

Elles se pardonnent mutuellement et Vespera va avec Hilda à l’infirmerie pour qu’elle se fasse soigner son cou, surtout après un tel étranglement. « Il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi n'as-tu pas utilisé d’incantation sans les prononcés ?

-Parce que si le dragonnet s’était échappé, il aurait averti son roi de mes nouveaux pouvoirs. Je veux garder un effet de surprise pour la bataille.

-C’est une sage décision de cacher tes cartes et de les révéler au moment voulu.

-Il y a quelque chose dont je ne t’ai pas parlé, je n’avais pas le choix de prendre la proposition de l’esprit.

Comment ça ?

-Il a dit que si je refusais, il allait me tuer et laisser nos deux mondes entre les mains des envahisseurs.

-Quoi! J’ai envie de dire que je te l’avais dit que c’était dangereux, mais je l’ai dit trop tard on dirait.

-Moi je pense qu’il ne l’aurait pas fait parce qu’au même moment, j’ai vu l’aura d’E et de F s’agrandir, comme s’ils n’allaient pas laisser passer ça.

-Et si tu te trompais ?

-Je suis certaine que je ne me trompe pas. »

Elles sont finalement à l’infirmerie et Hilda est tout de suite traitée. Sanitas lui suggère de dormir à l’infirmerie pour la nuit comme ça ils pourront voir si les choses changent.