Ils ne partent pas longtemps après. L’homme lézard, la dryade et l’humaine traversent dix kilomètres en seulement 45 minutes. Hilda remarque que plus ils s’enfoncent dans la forêt, plus la végétation devient dense.
-C’est parce que nous nous rapprochons de la reine des dryades, dit Silva en remarquant le visage d’Hilda tourner dans tous les sens.
Pour ensuite être encerclés par les sœurs de Silva. Les deux invités n’entendent rien, mais il est clair que Silva est en train de discuter avec ses semblables pour qu’elles les laissent passer. Ça lui a pris cinq minutes avant de convaincre les autres dryades de leurs bonnes intentions.
-Elles peuvent être précautionneuses parfois, surtout quand il s’agit de notre souveraine. Maintenant, nous pouvons continuer notre route vers le centre de la forêt.
-Sssommes-nous encore loin ?
-Ne vous inquiétez pas, ce n’est qu’une question de minute avant que nous arrivions à la cour de la reine.
Chose promise, chose due. Après une marche rapide de dix minutes, ils arrivent à voir une lueur du soleil de midi à travers des branches. Ils marchent quelques pas et se retrouvent dans une petite clairière. Les arbres entourant l’endroit sont immenses, on pourrait croire qu’ils sont debout depuis l’ère des dinosaures. Il y a des cercles de fleurs qui partent des arbres jusqu’au centre de cette plaine. Là où il y a un arbre avec un énorme tronc. Un arbre sans feuille que l’on confondrait avec un arbre mort, mais il n’en est point.
D’un coup, l’arbre commence à se déterrer lui-même pour leur présenter une créature gigantesque qui se tient sur deux pieds et mesure 20 mètres par l’estimation d’Hilda. Son corps est recouvert d’une peau rugueuse qui pourrait se faire confondre avec de l’écorce et ses cheveux sont tellement raides qu’ils ressemblent à s’y méprendre à des branches. Plus cet individu s’approche et plus il devient imposant. Quand elle est suffisamment proche, elle s’assoit avec les jambes croisées. Les visiteurs se rendent compte que Silva s’est prosternée devant la créature et ils décident de suivre son exemple.
-Vous avez devant vous la reine des dryades. Il s’agit d’une espèce évoluée des dryades qui a pour nom les ramis. Malheureusement, elle est la dernière rami femelle du monde et de ce fait elle reste éloignée du monde des hommes pour pouvoir assurer la descendance de sa population. C’est elle la reine, car les ramis sont une espèce matriarcale. Il n’y a que les dryades qui comprennent son langage, donc je traduirai pour que vous puissiez converser ensemble.
Ils entendent des vibrations juste après que Silva eu finit d’expliquer ce qui allait se passer. Ces vibrations viennent de la reine. C’est de cette façon qu’elle communique. Ni Hilda, ni Monitor ne comprenaient une seule chose de ce que disait la souveraine des dryades, mais Silva acquiesçait après que sa reine eut fini de parler.
-Sa Majesté veut savoir pour quelle raison vous voulez traverser son territoire.
Hilda se relève et avance d’un pas pour attirer l’attention de son interlocutrice et ainsi s’autodésigne pour répondre à ses questions.
-Bonjour, reine des dryades. Je me présente je suis Hilda Kowalsky et j’ai été invoquée dans ce monde pour détruire la menace qui pèse autant dans ce monde-ci que dans mon monde d’origine. C’est pourquoi nous devons traverser votre territoire.
La géante retourne son regard vers Silva et les vibrations recommencent.
-Pourquoi t’avoir invoquée, toi, et pas quelqu’un d’autre ?
-Je dirais que c’est pour deux raisons. Premièrement, car quand mes parents sont morts, ils sont devenus les esprits élémentaires du feu et de l’eau, donc j’ai une partie de leurs pouvoirs qui sont en moi de base en plus de la moitié de leur pouvoir qu’ils m’ont légué avec aussi ceux des esprits de la terre et de l’air. La deuxième raison est que je déteste les envahisseurs, autant dans ce monde que dans le mien.
-Pourquoi as-tu tant de haine envers les envahisseurs ?
-Parce que c’est leur faute si je n’ai pas eu une vie normale comme ceux de mon monde. C’est de leur faute si je m’évanouis seulement à la vue d’une simple goutte de sang. C’est de leur faute si je fais parfois des cauchemars de la scène du meurtre de mes parents. Voilà les raisons qui me poussent à haïr les envahisseurs.
La reine reste immobile un moment à examiner Hilda de la tête au pied. L’humaine se sent mal à l’aise comme si elle est toute nue devant une foule. Puis la géante détourne le regard pour ensuite le poser sur l’homme varan et les vibrations recommencent une fois de plus.
-Sa Majesté vous demande pourquoi vous vous battez contre Tyrannus et son armée.
-Je me bats contre eux, car ils sont impitoyables envers leurs ennemis, même s’il s’agit de civils. Donc je me bats pour protéger la population de mon pays contre les envahisseurs.
La reine enlève son regard de sur le général et ferme les yeux, comme si elle réfléchit. Les vibrations recommencent et la dryade traduit :
-Donc si je comprends bien, il y a l’élue qui est ici pour la vengeance d’une possibilité de vie qu’ils lui ont enlevée et un général qui fait ceci dans l’intérêt des sujets du royaume qu’il sert. C’est le jour et la nuit. L’une ne pense qu’à elle et l’autre pense aux autres. Est-ce suffisant pour vous autoriser à traverser ce territoire à la place de l’autre camp ?
-Car un feu est si vite parti dans cette forêt, laisse entendre Hilda.
La reine frappe le sol de toutes ses forces et fait trembler le sol autour de son poing. Les vibrations sont plus bruyantes et plus graves que les autres fois. Même Silva tremble tellement elle a peur de la réaction de sa souveraine.
-Es-tu en train d’insinuer que si nous ne coopérons pas, vous allez mettre le feu à la forêt ?
-Jamais je ne menacerais de la sorte ! Je dis seulement que si vous décidez d’aider les forces ennemies, il se pourrait qu’ils y mettent le feu eux-mêmes. N’oublions pas que nous parlons de dragonnet. Peut-on vraiment faire confiance à la parole des dragonnets pour qu’ils laissent cette forêt tranquille même si elle se trouve dans le royaume ennemi ?
Alors que la rami femelle se calme, elle recommence à parler et Sliva traduit :
-Pourtant vous faites bien confiance à un dragonnet, n’est-ce pas ?
-Ce n’est pas de la confiance. Il a peur de moi, car il sait de quoi je suis capable. C’est un peu comme de la tyrannie que je fais sur Cinis. Je vous assure que je n’hésiterai pas à le tuer s’il me trahit, dit Hilda avec de la colère dans le regard.
La reine porta son regard vers le ciel, ni gris ni bleu, pour réfléchir à comment elle devrait se comporter envers ses invités. Elle réussit à prendre une décision et demande à Silva de citer ce qu’elle va annoncer. Les vibrations se font plus longues que les précédentes et Silva écoute attentivement pour être sûre de ne manquer aucune parole prononcer par sa reine. Pendant la plus longue partie du temps qu’elle parlait, elle regardait Hilda pour une raison que l’humaine ne connait pas.
-Je vais maintenant citer les mots exacts de Sa Majesté. « J’ai pris une décision. Vous allez pouvoir traverser la forêt pour atteindre votre destination plus rapidement. Cependant, il y a une condition que je vais imposer. Vous devrez vous battre pour autre chose que pour la vengeance. Comme le général qui, quant à lui, se bat pour la protection de son pays. Si vous acceptez cette condition, alors vous aurez accès à ma forêt et aussi nous, les ramis et les dryades, vous offrons une force militaire supplémenter pour pouvoir protéger les forêts qui sont sous ma protection.
-Êtes-vous en train de me dire que ma raison n’est pas valable ?
La reine des dryades se penche vers l’humaine pour qu’elles puissent se regarder dans les yeux. Hilda se sent pénétrée jusqu’au plus profond de son âme.
-Oui. Se battre pour quelqu’un qui est en vie est admirable, mais se battre pour venger une personne qui n’est plus de ce monde ne la ramènera pas parmi les vivants. Donc je pose cette question, êtes-vous prête à abandonner les morts pour vous consacrer aux vivants ?
Hilda est perturbée. Bien sûr qu’elle veut sauver ce monde et, du même coup, la Terre, mais est-elle prête à abandonner sa cause principale qui est de venger ses parents ? Après tout, ils sont toujours avec elle sous forme d’esprits élémentaires. Mais il reste qu’elle est traumatisée de l’expérience qu’elle a vécue à seulement l’âge de 15 ans. Elle doit prendre une décision. Peu importe la décision qu’elle va prendre, il y aura des conséquences, positives ou négatives.
Si elle accepte cette condition, ils vont arriver en avance et vont pouvoir se préparer à l’apparition de l’armée ennemie et, en plus, la reine a promis qu’elle va leur envoyer des dryades avec eux. Mais si elle refuse, quoi de bon pourrait arriver ? Elle va pouvoir garder sa raison initiale de se battre. Et quoi d’autre ? Rien ne venait dans la tête d’Hilda si elle refuse l’offre de la rami.
-J’accepte votre condition. Je jure de ne plus me battre pour prendre ma revanche pour mes défunts parents, mais pour protéger les vivants qui existent dans les deux mondes, dit Hilda avec une nouvelle détermination.
La reine, qui était restée pencher vers l’élue pendant le temps qu’elle réfléchissait, se redresse et hoche de la tête en signe d’approbation. Elle se retourne vers sa subordonnée et se remet à parler.
-Soit, je vous offre maintenant toutes mes sujets et mes frères.
Un énorme vrombissement provenant de la rami femelle se fait entendre à travers toute la forêt. L’armée d’Hyldriam, qui ne sait pas ce qui se passe, est sur ses gardes et voit les arbres bouger pour ensuite se déterrer eux-mêmes et se dirige vers le centre de la forêt, la source du grondement. Il y a aussi de petites créatures qui s’avancent dans la même direction que les arbres et ne portent aucune attention envers les visiteurs qui restent abasourdis par ce qu’ils voient.
Afin de savoir ce qui se passe, toute l’armée commence à suivre les créatures et se retrouve dans la clairière. Il y a l’une de ces créatures-arbre qui est debout et entourées par les autres créatures vues se rapprocher de cet endroit qui sont prosternés. Aux côtés de la créature, les soldats peuvent voir deux formes familières ; le général Monitor et la représentante de la princesse Vespera, Hilda. Tout à coup, ils entendent une voix féminine dans leurs têtes.
-Bonjour à vous, nous sommes les protectrices de la forêt et nous avons eu un accord avec vos chefs. Vous allez pouvoir traverser la forêt pour vous rendre à destination et notre reine à accepter de laisser ses sujets, les dryades et les ramis, vous porter main forte contre les forces du dragon Tyrannus. Tout ce que notre reine vous demande est de garder la forêt le plus intacte possible et que vous partez le plus tôt possible.
Aussitôt l’annonce faite, les ramis et les dryades partent tout de suite en direction du canyon. L’armée ne comprend rien à ce qui vient de se passer. Ils comprennent les mots qui ont été mis dans leurs têtes, mais ne comprennent pas comment ils ont pu en arriver à avoir 100 créatures de plus. Ils finissent par sortir de leur torpeur et suivent les arbres mouvants pour le champ de bataille. Ça leur a pris deux jours avant d’arriver au canyon d’Inuiriam.