Hilda trouve que l’apparence de l’autoproclamé roi des dragons est…surprenante. Le haut de son corps n’a aucune écaille. Les seules différences sont ses cornes sur son front et ses gigantesques ailes accrochées à son dos. Le bas de son corps est ce qui surprend le plus Hilda, car il n’a pas de pied. En fait, il rampe, car son bas du corps est similaire à celui des serpents qui est rayé noir et rouge. Il y a aussi ses yeux qui sont hypnotisant, un œil rouge et l’autre noir, les deux avec une pupille verticale. Soudain, il tourne la tête en direction d’Hilda. « Penses-tu vraiment que je ne t’ai pas remarqué, Hilda ? dit-il avec un sourire. Je ne suis pas aveugle, tu sais. »
Sa voix est grave, mais toutefois mielleuse. On aurait dit qu’il était un charmeur de serpent. Sa voix c’est sa flûte et Hilda est le serpent. Elle doute à savoir si elle doit se montrer ou bien si elle doit rester cachée. S’il ne savait vraiment pas où je suis, il n’aurait pas tourné la tête vers moi. Ça ne sert à rien de continuer à me cacher. Elle décide donc de se révéler devant son ennemi. Comme elle venait de faire, Tyrannus l’inspecte de la tête au pied. « Alors c’est toi qui a vaincu l’un de mes sujets sans tuer cette enfant pourrie gâtée.
-Tu veux parler de Vespera ?
-Oui, elle, dit-il avec un rictus de dégoût sur le visage. Je me demande comment tu as été capable de faire ça.
-Que sais-tu sur Own ?
-Tout, puisque c’est moi.
-Quoi !?
-Vois-tu, je n’ai pas de corps physique en tant que tel, comme mon frère, mais je peux prendre possession d’un corps sans problème.
-Donc c’est toi qui tire les ficelles et non Tyrannus ?
-Bingo, tu as tout compris.
-Arguere m’a permis de communiquer avec Vespera pendant que le dragonnet la contrôlait.
-C’est très intéressant. Aussi intéressant que la façon que tu as dressé le dragonnet qui a été pris pour prisonnier. D’autres personnes y seraient allées avec la confiance. Toi, tu y es allé par la peur et la souffrance.
-Bon, trêve de bavardage. Tu sais certainement la raison que je suis ici, n’est-ce pas ?
-Bien sûr. Tu veux me tuer et ainsi éliminer celui qui a envahi le pays dans ton monde d’origine. Alors, quand commence-t-on ? »
Il finit la phrase et Hilda envoie vers lui une boule de feu. Own est surpris qu’elle ne dise aucune incantation, mais ne prend tout de même pas la peine d’esquiver et reçoit l’attaque de plein fouet. La boule se dissipe et Hilda voit son ennemi sans égratignure.
Elle n’attend pas qu’il riposte et projette tout de suite une boule d’eau bouillante. Own se met plus sur la défensive maintenant et évite avec une vitesse déconcertante la boule qui change tout de suite de direction pour toucher sa cible. L’attaque a réussi à fissurer son armure en obsidienne grâce au choc thermique. Son regard est passé d’amusé à en colère en quelques secondes, car maintenant il sait qu’elle peut le blesser. « Sorcière ! »
Il ouvre la bouche et des flammes noires en sortent. Hilda sait tout de suite que c’est des flammes maudites et commence à paniquer. Pour ce qui est des incantations plus complexes comme te recouvrir de feu pour annuler une attaque, tu dois avoir recours à F directement et faire une incantation pour l’invoquer, se remémore-t-elle de sa première discussion avec Arguere. Donc elle récite une incantation pour l’esprit de la terre. « Spiritus ignis invoco. Adiuva me quaeso. »
Le temps s’arrête. Hilda voit les flammes qui n’avancent plus et ne comprend pas comment ça pourrait arriver. Soudain, une fissure se forme dans le sol et des flammes sont retirées des profondeurs de la terre. Quand les flammes ont disparu, un individu avec un capuchon est apparu à leur place. « Que puis-je faire pour toi, chère élue ?
-Peux-tu m’envelopper de feu pour bloquer son attaque ? »
L’esprit se tourne vers les flammes en question et détermine la sorte de flamme qui serait appropriée. « Sans problème, un feu sacré devrait être plus que suffisant pour neutraliser cette déflagration, dit-il en claquant des doigts. »
Hilda est instantanément dans une flamme blanche, mais ça ne la brûle pas. C’est même chaleureux et réconfortant. « Merci, papa, dit Hilda avec un sourire plein de tendresse. »
Artur est surpris que sa fille l’ait reconnue. Il enlève son capuchon pour que sa fille puisse voir son visage avec un sourire. Ensuite d’autres flammes viennent et l’esprit disparait avec eux.
À la seconde qu’il est parti, le temps reprend son cours et les flammes noires se dirigent vers Hilda. Comme Own avait fait plus tôt, elle n’esquive pas les flammes et y ressort indemne.
Le dragon ne comprend pas comment sur le coup et voit les flammes blanches qui recouvrent Hilda. Il tombe dans une colère noire et prend une épée qui était restée dans sa tente et Hilda dégaine son épée et se prépare à parer l’attaque de Tyrannus. Il se rapproche rapidement. Tellement rapidement qu’Hilda a passé à un cheveu de se faire décapiter. Malheureusement, son épée n’a pas eu la même chance qu’elle et il ne lui reste plus qu’une demie-épée.
Il est déjà en train de se rapprocher de sa proie pour porter le coup final, mais Hilda récite une nouvelle incantation. « Spiritus terrae invoco. Adiuva me quaeso. »
Comme l’autre fois avec Artur, le temps s’arrête. Cette fois-ci l’esprit sort de la terre sans laisser de trace. « Je peux faire quelque chose pour vous, madame ?
-Je voudrais savoir si tu peux faire une épée encore plus solide et tranchante que celle de Own. »
Il porte attention à la lame et remarque qu’elle est enchantée, mais sinon c’est une épée en métal banale. « Je peux facilement faire une épée plus résistante et tranchante, ça ne prendra pas trop de temps. »
Il pointe sa paume de main vers le sol et une épée y sort. Elle est magnifique. Elle a une couleur bleutée avec des lettres étrangères à Hilda. « Cette épée a été fabriquée en carmeltazite, qui est le minéral le plus solide des deux mondes. J’ai remarqué que l’épée d’Own est enchantée et c’est pour ça qu’elle a pu trancher la vôtre en deux. Pour compenser, j’ai ajouté des runes qui augmentent considérablement les caractéristiques de cette épée, autant sa dureté que son tranchant. Elle est maintenant vôtre. »
Il prend l’arme de sorte que la lame soit vers le bas et la tend vers celle qui l’a invoquée. Quand elle prend l’épée, elle est surprise par sa légèreté. « Merci de ton aide. » Satisfait, il se transforme en boue et se fond dans la terre.
Le temps revient à la normale et Own ne comprend pas comment Hilda peut avoir une nouvelle épée. Aucune importance, je vais la couper en deux comme avec l’autre et cette fois je ne vais pas la rater, pense-t-il avec un sourire.
Le contact approche et Hilda est prête à le recevoir. Lorsque l’épée d’Own touche l’épée d’Hilda, l’épée bleutée coupe celle d’Own comme dans du beurre. Own a juste le temps d’esquiver, mais Hilda a tout de même réussi à lui infliger une coupure sur la joue. Le fils des dieux est tellement en colère qu’il pousse un cri d’enragé. À ce moment, Hilda ne sait pas ce qui lui arrive.