Chapitre 10 : The Notice, Loyalty, and Fear

Chapitre 10 : L'avis, la loyauté, et la peur

Vaën

C'est dans le silence du matin qu'il est venu nous voir.

Brun, barbe courte, large d'épaules, mains calleuses. Il avait servi la Matrone pendant quinze ans. Un garde, un habitué des poings fermes et des ordres aboyés. Mais pas une bête.

Il frappa à la porte de l'arrière-cour, trois coups secs. Ni plus, ni moins. Code discret pour dire : pas un client, pas une menace.

Je suis sorti. Seul.

— Il est là, souffla-t-il en tendant un bout de papier plié.

Pas un contrat. Pas une lettre. Juste un feuillet imprimé avec une encre presque effacée. Une description, un nom incomplet, une récompense modeste. Mais le mot qui brûlait, c'était échappée. Et le visage esquissé… c'était Lucia. Une version trop jeune, trop floue, mais reconnaissable.

— C'est affiché chez le tanneur. Chez la vieille herboriste aussi. D'autres vont le recevoir. C'est pas officiel. Mais les yeux du quartier sont en alerte. Il la cherche.

Il baissa les yeux. Pas de discours. Pas d'ordres. Pas même une question.

— Pourquoi nous prévenir ?

Il haussa les épaules. Un geste lent. Fatigué.

— J'ai vu ce que la Matrone lui faisait. J'ai fermé les yeux. Longtemps. Trop longtemps. Je vous dois au moins ça. Après… vous ferez ce que vous voulez.

Il tourna les talons, sans demander quoi que ce soit. Sans se faire prier.

Je l'ai laissé partir.

---

Quand je suis revenu, Lucia dormait encore. Une sueur glacée sur le front. Elle avait pleuré dans son sommeil. Ses doigts agrippaient un coin de drap comme s'il allait lui être arraché.

J'ai pris une décision.

— On doit partir.

Nira m'a fixé, puis Lucia. Elle n'a rien dit. Juste un hochement de tête.

---

[Vaën] — Statut mis à jour : Alerte de danger (passive)

> Les instincts de survie sont exacerbés. Bonus de perception accrue dans les 24h suivant une alerte vitale.

Aucun gain de niveau. Aucun changement de classe. Juste un frisson dans l'air.

---

On ne pouvait pas fuir maintenant. Trop de regards. Trop de risques.

Mais on pouvait se préparer.

Camoufler Lucia.

Changer ses vêtements.

Teindre ses cheveux avec les restes de baies amères.

Apprendre à parler autrement.

Enseigner à Nira comment désarmer un homme sans force.

Enseigner à Lucia à courir sans se retourner.

Moi, j'ai appris à tuer plus proprement.

---

Le soir venu, j'ai croisé le regard de la Matrone. Elle ne savait rien. Pas encore.

Mais elle observait.

Toujours.

Et dans l'ombre du couloir, là où la lumière ne touchait pas le bois pourri… je l'ai vue.

Une silhouette. Mince. En manteau sombre. Il n'était pas entré.

Mais il regardait la façade du bordel.

Et moi, je l'ai regardé en retour.