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Le village de Shirokawa était une petite communauté paisible, nichée au cœur des montagnes du nord du royaume. Aki, un garçon de 15 ans aux cheveux blancs et aux yeux d'un vert perçant, vivait là avec sa sœur jumelle, Hana, et leur mère. Le village tirait sa subsistance de l’agriculture, de l’élevage, et surtout de la vente de bois, un métier que le jeune Aki exerçait avec fierté. Leur père, un marchand de passage, les avait abandonnés avant même leur naissance, les laissant seuls dans ce coin reculé du royaume.
Un jour, tout bascula.
Leurs vies tranquilles furent brisées lorsqu'une horde de barbares envahit leur village. Leur chef, un homme imposant portant un masque d’os et armé d’une hache noire à double tranchant, mena l’attaque. Ce jour-là, la mère d'Aki, dans un élan de désespoir et d'amour maternel, se sacrifiat pour tenter de sauver ses enfants, mais elle ne survécut pas.
Aki et Hana, seuls et dévastés, prirent la fuite à travers les forêts, fuyant l'incendie et le chaos. Ils finirent par arriver à la capitale, où un monde totalement différent les attendait. Ils furent pris en charge dans un camp de réfugiés, un endroit humide et insalubre, où la survie était un combat quotidien.
Dans ce lieu de souffrance, la sœur d’Aki, trop faible et affamée, fit de son mieux pour cacher sa douleur à son frère. Elle faisait semblant de ne pas avoir faim, pour ne pas inquiéter Aki. Mais malgré ses efforts, la maigreur de son corps trahissait son état de santé de plus en plus fragile.
Un soir, Aki, décidé à sauver sa sœur, se rendit près du garde-manger surveillé par les soldats. En chemin, il passa devant une tente où sept autres réfugiés murmuraient entre eux, préparant un plan pour dévaliser les réserves. L’angoisse de la famine guida le cœur d’Aki, qui, contre toute prudence, décida de rejoindre ce groupe. Ensemble, ils réussirent à piller le garde-manger, et Aki put ramener à sa sœur un festin qu’elle dévora en silence, un sourire furtif sur ses lèvres.
Les jours passèrent.
À chaque nouvelle tentative de vol, l'anxiété grandissait. Les soldats commencèrent à se rendre compte des disparitions dans les réserves, et les vols se firent plus risqués. Après quelques semaines de succès, Aki et son groupe décidèrent de marquer une pause. Mais la situation de Hana se détériorait. Son ventre criant de faim, elle s’éteignait peu à peu.
Un matin, Aki se rendit de nouveau chez les réfugiés qui l’avaient aidé dans ses précédents vols. À sa grande surprise, il les trouva en train de plier bagages. Quand il les interrogea, ils lui expliquèrent qu’ils avaient trouvé un maître forgeron qui leur avait proposé de travailler pour lui en échange d’un toit. Ils allaient quitter le camp.
Aki, désespéré, leur demanda de rester, mais ils refusèrent. « On ne veut pas chercher de problèmes », lui dirent-ils. Alors, seul, Aki tenta une dernière fois de s’introduire dans le garde-manger des soldats, mais cette fois, il échoua.
Les jours suivants, plusieurs réfugiés quittèrent le camp pour aller travailler dans la ville : certains comme domestiques ou servantes, d’autres dans des champs ou en tant que forgerons. Peu à peu, Aki et Hana se retrouvèrent abandonnés, seuls, dans leur tente humide, où ils attendaient, sans savoir de quoi demain serait fait.
C'est alors qu'un jour de pluie, un riche marchand aperçut Aki et Hana. Les enfants étaient trempés, presque méconnaissables dans la boue et le froid. Après avoir demandé aux gardes qui étaient ces enfants, et appris leur histoire, le marchand descendit de sa calèche et s’approcha d’eux.
« Que voulez-vous de nous, monsieur ? » demanda Aki, les yeux méfiants.
Le marchand, un homme d'une quarantaine d'années, au visage marqué par la souffrance, leur sourit doucement.
« Aucun mal, mes enfants. Vous ne devriez pas être là, sous la pluie et dans cette tente. Venez avec moi. Ce soir, vous serez au chaud, vous aurez à manger et un toit au-dessus de votre tête. »
Le regard de Hana, faible et terrifié, s’attarda sur l'homme. Son ventre criait famine, et elle tremblait de froid. Aki hésita un instant, mais la douleur dans les yeux de sa sœur fit pencher la balance.
Il accepta.
Le marchand les emmena dans sa grande maison. Ce fut la première fois depuis longtemps qu’Aki sentit la chaleur d’un foyer. Là, des servantes les accueillirent, les séchèrent, leur donnèrent des vêtements propres et les nourrirent jusqu’à plus faim. C’était simple, mais tellement précieux pour eux.
Le lendemain matin, après un bon petit-déjeuner, le marchand leur parla.
« Mes enfants, vous avez perdu vos parents, vous avez souffert, mais vous êtes ici maintenant, dans ma maison. Il est temps de penser à votre avenir. »
Il les regarda attentivement.
« Vous pouvez apprendre un métier. Ou bien vous inscrire à l’académie de l’Empire pour recevoir une éducation. »
Aki réfléchit un instant, puis répondit d’une voix déterminée :
« Je veux apprendre le maniement de l’épée. »
Monsieur Lern, le marchand, soupira tristement, mais acquiesça. « D’accord. »
Il se tourna ensuite vers Hana.
« Et toi, ma chère Hana, que veux-tu faire ? »
Elle répondit avec un sourire timide :
« J’aimerais devenir une grande commerçante, comme vous. »
Monsieur Lern sourit à son tour.
« Très bien. Tu iras à l’académie. »
Le lendemain, Monsieur Lern annonça :
« La semaine prochaine, nous irons faire vos inscriptions. Cela vous convient-il ? »
Aki et Hana acquiescèrent ensemble.
« Oui, monsieur. »
Ils avaient désormais un avenir. Mais ce futur serait-il aussi simple qu’ils l’espéraient ? Leurs cœurs portaient encore les cicatrices du passé, et le chemin devant eux restait semé d'embûches. Mais au moins, pour la première fois, Aki et Hana avaient l’espoir d’un lendemain meilleur.