“On peut porter des couronnes et tout de même cuisiner avec des doigts pleins de sucre.”
Dans le palais de la lune, le matin n’est jamais pressé il s’étire, il glisse comme un soupir de brume sur les pierres argentées, et se glisse entre les rideaux tissés de lumière froide, sans jamais les froisser et au cœur du palais, une cuisine sacrée s’éveille pas un feu de guerre, mais celui du souvenir, et des mains qui transmettent Chang’é, silhouette d’éternité en hanfu de silence, fait frémir une théière de porcelaine lunaire ses gestes sont lents, presque religieux à ses côtés, Héra, l’ancienne reine de l’olympe, a retroussé les manches sa toge est relevée par des rubans célestes, et son regard trahit une joie qu’elle croyait perdue depuis des siècles enfin, Saphira, pieds nus, emmitouflée dans un kimono trop grand, regarde un bol de farine comme s’il allait lui raconter un secret.
— « on fait quoi aujourd’hui ? » demande-t-elle.
Chang’é se tourne vers elle, un sourire presque invisible
.— « nous allons forger un gâteau mais pas n’importe lequel un gâteau des reines, pour offrir un souvenir à celles qui gouvernent sans l’avoir demandé. »
Saphira cligne des yeux.
— « un souvenir qu’on peut manger ? j’aime bien. »
Elles préparent tout en silence la pâte naît dans une mélodie de chants anciens Chang’é murmure des prières oubliées la poussière d’étoile s’élève en spirales le lait de licorne coule lentement, tiède comme un matin sans peur le sucre de comète, encore vibrant de lumière, fond au contact du silence Héra, bras solides, tourne la pâte comme si elle berçait un souvenir elle rit doucement en évoquant Diva enfant, courant nue dans un palais olympien Saphira, concentrée, ajoute une pincée de lumière bleue née de son propre cœur.
— « pour que ça ait le goût de moi. »
Puis vient la crème du cœur Héra fouette avec l’énergie d’un tonnerre contenu chaque tour crée une image suspendue Kael, les cheveux mouillés par la pluie, riant sans défense Destiny, caché derrière un livre, observant sans le dire Rose, les mains couvertes de sucre, souriant doucement.
— « j’ai peur que ça devienne trop bon… on va pleurer en le mangeant. » souffle Saphira.
Élya, toujours présente sans faire de bruit, ajoute une pincée de souvenirs sucrés des confettis en sucre cristal, des fleurs séchées venues de Hope, et une plume douce comme un pardon lorsque le gâteau est prêt, elles sortent dans le jardin suspendu le ciel s’ouvre lentement, comme une paupière cosmique elles posent une part sur une pierre creuse une prière s’envole, invisible, mais réelle.
— «pour celles qui ont régné sans jamais régner. pour celles qui ont protégé sans jamais se battre. et pour les reines qui ne savaient pas qu’elles l’étaient.»
Le reste du gâteau est mangé sans bruit des rires naissent, mais ne percent jamais le ciel ils s’élèvent, comme une vapeur sucrée, vers les étoiles et dans cette matinée sans couronne, trois déesses firent la paix avec leurs souvenirs en façonnant un gâteau.
Fin chapitre 23 — Le Gâteau des Reines