Chapitre 55 - Le Gribouillis du Carnet Maudit

Dans la salle du thé lunaire, Saphira repose contre un coussin cosmique, une tasse entre les doigts son regard se perd dans les volutes bleues du chocolat chaud pendant que Super Patate fait tournoyer un cookie dans sa main, en grande discussion avec une cuillère qui l'écoute trop poliment le silence est doux. Léger jusqu'à ce qu'une anomalie le brise.

Une bulle mais pas une jolie, ni pétillante une bulle d’encre tordue flottante tremblante comme un souvenir non assumé elle apparaît au-dessus d’eux, et à l’intérieur... un murmure.

—"Je n’ai pas de nom...mais j’ai été dessiné et maintenant... je viens pour votre réalité".

Saphira redresse la tête, son cœur se serre

ce n’est pas un appel c’est une sentence.

pendant ce temps, dans un coin reculé du multivers, le studio de l’auteur (D) est à nouveau en crise un carnet qu'il avait oublié, enfoui sous des piles de récits refusés, chute au sol il s’ouvre d’un souffle et à la page 3... une horreur un gribouillis un dessin raturé un croquis effacé par peur un corps tordu, inachevé un visage d’enfant à moitié fondu. des traits hachés comme des cris un crayon fiché dans l’œil et surtout... un nom à peine gribouillé Zzzztchk...oups D) blêmit.

"Oh non… pas lui pas le gribouillis je l’avais... oublié".

Et l’oubli, parfois, se venge,

La tour bleue frémit le ciel devient papier froissé les murs se tâchent d’encre les rayons des bibliothèques dégorgent des lettres effondrées les poupées de Saphira pleurent des bulles muettes puis, du vide, surgit l’être.

Il n’a pas de contour fixe il est fait de lignes hachées, de ratures vivantes, de pleurs non dessinés il parle non, il déverse des sons en majuscules inversées en langue d’erreur.

ƧAҺ PƐЧƠП ƧƐƧ ƧPƠЯƧ... ЯƐЧCЯƐ EЯ ΉƧЯƐ Ƨ'ƠП ɿOЧƧ ƧƐ...

Saphira recule d’un pas.

"Il parle à l’envers même la grammaire a peur"

Super Patate bondit et dégaine une bulle de "BOOM " stylisée, en mode dessin animé il la lance à pleine vitesse lais le gribouillis l’absorbe et la mâche puis la recrache sous forme d’un ploc minuscule.

Saphira tente d’ouvrir un grimoire de correction littéraire elle trace un paragraphe entier avec des runes syntaxiques.

Mais à peine l’encre touche l’air... elle se dissout c’est impossible... il est pré-narratif. il n’a jamais eu d’histoire propre il est... pur oubli dessiné la tour vacille les poupées fuient. Arcanaa, même elle, frissonne depuis la salle de la tour prison le gribouillis touche le sol et ce n’est plus la réalité qui tremble c’est l’idée de réalité les rêves s’effondrent comme des bulles crevées.

Le manuscrit vivant se plie sur lui-même, les lettres hurlent à l’intérieur.

Arcanaa apparaît brièvement dans un miroir.

—"Cette entité… n’a pas de début ni de fin elle est le ratureur le non-né".

Au cœur de ce chaos, Saphira s’avance.

Elle ne lève pas les mains elle ne crée pas de sort elle parle.

—"Tu n’as jamais eu de nom... elle tend la main, paume ouverte alors je t’en donne un".

Elle ferme les yeux.

—" Je t’appelle Raturon et je te reconnais tu es un personnage tu existes à cet instant".

l’ombre se fige le gribouillis, instable, pleure, des larmes d’encre douce des gouttes d’existence sa voix change devient enfantine.

—"Je... suis ?

Saphira dessine une case lumineuse autour de lui, à la main, avec un crayon d’éclairs.

Elle l’intègre à une BD inachevée de la tour.

Une histoire jamais terminée, mais ouverte à la tendresse Raturon s’assoit dans cette page calme le regard vague les traits toujours incertains mais... apaisés.m il lève la tête

—"Merci... maman de bulles.

Fin du Chapitre 55 – Le Gribouillis du Carnet Maudit