Chapitre 2 - La Forme Véritable de l'Éclat Bleu

Le laboratoire de la tour bleue avait été aménagé dans la plus basse des salles, là où la lumière des étoiles ne descendait pas on y sentait l'odeur du quartz fondu et des encres célestes des fioles flottaient entre les colonnes, des cercles magiques se superposaient comme des pétales mouvants, et au centre, penchée sur un autel de verre vivant, saphira travaillait ses cheveux retenus par un bandeau stellaire, elle tenait entre ses doigts un ingrédient emprunté à héra : une larme de mémoire divine, scellée dans un cube d'ambroisie à côté, un éclat lunaire cristallisé, offert en silence par chang’é, flottait dans une coupe de silence.

"jour 1... nouveau test", murmura-t-elle.

Elle tissa le sort.

Échec.

Le sort la transforma en papillon cosmique incapable de parler pendant deux heures.

jour 2 :

elle ajusta les glyphes elle échangea un catalyseur contre une mèche de cheveux divins volée à morphée pendant une sieste elle ajouta une goutte de lumière de rêve.

Explosion douce.

Le plafond disparut pour montrer un ciel d'encre.

jour 3 :

Échec.

jours 4 à 7 :insomnies, grimoires vivants brûlés d'ennui, poupées en panique à chaque hausse de mana.

Mais le huitième jour quelque chose changea une pulsation comme un battement de cœur dans la pierre un cercle parfait se traça dans l'air, sans que personne ne le dessine.

saphira, les mains tremblantes, prononça l'incantation elle créa la source.

Une énergie magique brute pure une origine elle ne ressemblait à rien d'existant ni lumière, ni ténèbres, ni rêve elle était... commencement et saphira, sans réfléchir, la prit dans ses mains elle l'absorba cette source été de l'éther ce ne fut pas une douleur ce fut un éveil la pièce bascula la tour entière frémit les poupées s'agenouillèrent sans comprendre pourquoi les murs chantèrent une mélodie qu'elles n'avaient jamais apprise et dans une brume de reflets bleus et argent, elle apparut.

Grande, éclatante.

Une femme à la peau pâle comme une étoile refroidie, aux cheveux longs mêlant les fils bleus de l'orage et l'argent du silence ses yeux, vastes, semblaient pleurer l'infini sans douleur ses lèvres... parfaites douces irréelles même les poupées rougirent même les artefacts se mirent à rayonner.

Elle porta la main à son cœur.

— "...je suis moi toujours mais je suis aussi... celle que je serai."

Et dans le miroir céleste, une étiquette se forma, douce comme une révélation.

saphira noctielle, forme épanouie — reine des sources.

Elle sourit.

— "vingt-quatre heures ça suffira pour danser, créer... et apprendre à me regarder sans détourner les yeux."

Fin du chapitre 2 — la forme véritable de l’éclat bleu