CHAPITRE 11 - UNE PROMENADE PRESQUE HUMAINE

Le matin était calme dans les forêts de l'Univers 14. Une brume légère serpentait entre les troncs, caressant les herbes encore endormies loin du manoir, loin des tours, loin des pactes et des prisons, deux silhouettes nobles marchaient côte à côte sur un sentier forestier Saphira Noctielle, dans sa forme adulte, portait une robe gothique discrète aux reflets bleu-nuit, bordée de dentelles d'ombre. son ombrelle repliée reposait sur son épaule à ses côtés, la Comtesse Écarlate, somptueuse comme toujours, avait troqué sa robe dramatique pour une tenue plus urbaine manteau de soie rouge foncé, bottes en cuir d'obsidienne, et gants noirs finement brodés sa beauté restait surnaturelle, mais contenue dans une élégance terrestre.

Derrière elles, à quelques pas, deux gardiens accompagnaient chacune des dames quatre au total. Tous vêtus en costume noir parfaitement coupé, lunettes de soleil miroir, oreillettes factices. d'apparence des gardes du corps d'élite en réalité des monstres et des entités immortelles déguisées pour ne pas troubler l'harmonie du jour des joggeurs passèrent en courant, saluant poliment.

Bonjour mesdames !

Belle matinée pour marcher, hein !

Les deux reines répondirent d'un sourire poli aucun humain ne pouvait imaginer que ces deux femmes avaient vu naître des étoiles... et brûler des mondes.

Tu sais, soupira Ecstacy, je n'ai pas marché comme ça depuis des siècles mes promenades habituelles finissent généralement dans une mare de velours, ou sur un trône fait de soupirs.

Et aujourd'hui ? tu es sur un sentier piéton balisé par la municipalité, répliqua Saphira, amusée. Tu pourrais presque avoir une carte de fidélité au club de randonnée.

La comtesse rit doucement, un rire feutré, sensuel, qui fit frissonner les arbres.

Et toi ? la grande reine bleue, maîtresse des tours et des foudres... tu fais quoi quand tu ne juges pas des entités conceptuelles ?

Saphira répondit du tac au tac :

Je couds des doudous pour mon fils.

Silence. La Comtesse cligna des yeux.

... Pardon ?

Tu as bien entendu j'aime le tissu je silence et l'amour qu'on met dans les choses simples ma vengeance préférée contre les horreurs du monde ? l'éducation.

Elles s'arrêtèrent près d'un petit kiosque de bois abandonné les gardiens se placèrent discrètement autour, maintenant une fausse illusion d'intimité. Saphira fit apparaître un petit service à thé flottant dans les airs, couvert d'un napperon d'éclairs bleus brodés.

Ecstacy l'observa avec une étincelle de malice dans le regard.

Je suis littéralement en train de boire du thé dans une forêt avec une déesse des éclairs et quatre gardiens plus vieux que la logique ce multivers est absurde.

Saphira, en servant une tasse, répliqua :

Non il est poétique et la poésie est absurde c'est pour ça qu'elle est nécessaire.

Un couple âgé passa lentement à proximité le vieux monsieur, appuyé sur sa canne, salua :

Ah, deux jeunes dames en vadrouille jolies robes !

Merci, dit Saphira, inclinant la tête.

Vous êtes des actrices ? ou des aristocrates ? demanda la vieille dame avec un clin d'œil.

Ecstacy répondit avec un sourire qui aurait glacé le sang d'un roi démon :

Un peu des deux nous jouons les monstres dans les contes mais que pour les adultes.

Le couple rit doucement, puis repartit quand ils furent hors de portée, Saphira chuchota.

Tu deviens presque sociable.

La Comtesse la regarda longuement.

Peut-être ou peut-être que je suis en train d'apprendre à jouer à l'humain toi... tu sembles y parvenir avec grâce.

Parce que j'ai un fils parce que j'ai aimé et parce que je me suis autorisée à ne plus être une arme même pour un instant.

La promenade reprit les oiseaux chantaient les gardiens suivaient silencieusement les monstres restaient tapis, mais l'humanité flottait autour d'elles comme une brume paisible.

Saphira regarda les arbres, puis le ciel.

J'aimerais qu'il y ait plus de jours comme celui-ci.

Ecstacy, elle, regardait le sol, pensivement.

J'aimerais... en être digne.

Saphira sourit une main gantée de noir effleura celle de La Comtesse.

Tu es là tu marches c'est déjà une réponse.

FIN DU CHAPITRE 11 — UNE PROMENADE PRESQUE HUMAINE