La tour bleue était silencieuse un silence absolu, plus profond que la mort, plus lourd que la douleur. le ciel autour, autrefois vibrant d'éclairs paisibles, s'était tu pas même un murmure d'orage. rien que l'écho lent des pas d'une reine qui ne pleure plus Saphira Noctielle, dans sa forme naturelle une petite loli gothique aux yeux cernés d'infini montait lentement les marches vers le sommet de la tour elle ne disait rien ses vêtements flottaient autour d'elle, noirs comme les cauchemars, bordés de dentelle ses cheveux bleus, relâchés, coulaient dans son dos comme une pluie figée elle ne s'était pas transformée aujourd'hui plus de magie pour grandir plus de théâtre pour rassurer le monde elle était elle-même, une déesse blessée, une mère dévastée.
Chaque marche résonnait dans la tour comme une note funèbre. Elya, sa poupée fidèle, l'attendait devant la grande porte blessée .
— Reine... veux-tu que je les éloigne ? demanda-t-elle à voix basse.
Saphira ne répondit pas elle tendit simplement la main.
La porte s'ouvrit d'elle-même la salle était suspendue hors du temps, ni ciel, ni sol juste une vaste voûte d'éclairs immobiles et de brume ondoyante et au centre... le Trône un trône trop grand pour elle sculpté d'éclairs bleus et d'ombres douces des chaînes d'énergie s'élevaient comme des branches mortes, vibrantes de souvenirs scellés, les accoudoirs ? des poupées anciennes, muettes, dont les yeux en boutons semblaient pleurer pour elle à ses pieds, un tapis de brume douce où s'était agenouillée Elya, tenant une lanterne qui brillait à peine une lumière pour ceux qui doutent.
Saphira grimpa lentement, et s'assit le trône respira et la tour entière s'inclina.
Les couloirs se remplirent de murmures toutes les poupées de la tour s'étaient agenouillées à l'instant où leur reine s'était assise la brume tournoya le trône sentit son chagrin le Trône sentit sa rage et dans ce souffle infime, Saphira Noctielle, pour la première fois, ne prononça pas de mots doux.
— Nékridhal... souffla-t-elle.
Puis elle releva la tête, et sa voix résonna, glaciale :
— J'irai partout jusqu'aux confins des multivers même dans les mondes interdits je retournerai chaque cauchemar, chaque temple je veux mon fils vivant ou vengé.
Des poupées approchèrent, solennelles.
— Votre Majesté...
— Votre Fille du Vide...
— Notre Déesse Mère...
Quatre d'entre elles avancèrent.
Lisa, fine et nerveuse, manipulait des fils invisibles.
Croc, aux mâchoires trop grandes, capable de traquer dans les dimensions brisées.
Gideon, vêtu de noir, portait sur son dos un cercueil vivant scellé.
Et Vina, que l'on appelait la destructrice, dont le regard brûlait d'une passion démente.
— Laissez-nous chercher, majesté, dit Lisa en s'agenouillant.
— Nous ramènerons votre fils... ou la tête de ceux qui l'ont pris, gronda Croc.
Saphira les regarda. Longuement puis, lentement, elle tendit la main droite.
— Allez portez ma colère sans pitié.
Une à une, les poupées disparurent, traversant les portes oniriques.
Saphira resta seule sur son trône elle ne pleurait plus ses mains fines serraient les accoudoirs cousus de souvenirs.
Le Trône se mit à respirer plus fort, vibrant comme une bête.
Et d'une voix étouffée, que seul le vide entendit, elle murmura :
— Je ne suis plus la petite Reine...
— Je suis celle que vous avez éveillée.
Fin du Chapitre 13 — Le Trône de la Vengeance Silencieuse.