Chapitre 20 - La Cendre et les Âmes

Le froid, encore Nékridhal se réveilla lentement, son corps de poupée enchaîné dans une cage suspendue l'air sentait la rouille, le sang et la peur recyclée deux gardes approchèrent, armés de lames thermiques l'un d'eux aboya :

debout. transport vers le bloc f.e.r.

formation endoctrinement des rebuts.

On le jeta dans un convoi, entassé avec d'autres enfants une vingtaine tous pâles, maigres, blessés. certains pleuraient d'autres ne parlaient plus.

Nékridhal, silencieux, les observait.

T'as pas peur ? murmura une voix.

Il tourna la tête un homme la moitié du visage couvert de métal son œil gauche brillait rouge, le droit était vide d'émotion.

— rakho, dit-il. mi-machine, mi-homme. j'étais un héros. maintenant je suis... un outil cassé.

À côté de lui, une petite fille démoniaque cornes fracturées, ailes brûlées

— fixa Nékridhal.

— je suis liryssa, dit-elle. univers 7. les nazis ont dressé des dragons mon monde est mort. moi aussi, je crois.

Nékridhal baissa les yeux.

je suis nékridhal. fils de la reine bleue. et pour rester en vie ici... je vais me faire petit.

Il murmura sans bouger les lèvres.

Mais un jour... vous m'entendrez.

De retour dans l'Univers 7, un orage bleu roulait lentement dans le ciel. Le carrosse noir de la reine fendait les routes calcinées, ses chevaux de foudre hennissant dans le vent éthérique Ils s'arrêtèrent au bord d'une ville éteinte, couverte d'un dôme spectral.

Saphira, sur son trône flottant, observa.

Une prison d'âmes... quelle aberration.

Gideon s'avança :

Les morts sont piégés ils ne trouvent plus la sortie. ni vers le ciel, ni vers l'enfer.

Vina, muette jusqu'ici, ouvrit une petite pochette noire brodée d'un éclair elle en sortit un fragment cristallin.

je brise ça ?

Saphira hocha la tête, sans un mot.

Vina jeta le cristal contre le dôme une onde bleue le traversa il se fissura comme du verre avant d'exploser en silence.

Mais les âmes... restèrent perdues. Inertes errantes.

Lisa, fronçant les sourcils, demanda :

elles ne partent pas ?

Une vieille âme s'approcha sans forme définie, mais un visage de souffrance douce.

Les chemins vers l'au-delà ont été détruits les dieux ont fermé les portes... pour se protéger.

Vina resta silencieuse un instant, puis tourna vers la reine.

Elles sont condamnées elles n'ont nulle part où aller.

Saphira ferma les yeux, puis rouvrit ses paupières glacées.

Que les dieux de ce monde pourrissent ils ont laissé leur peuple sans espoir ce monde est faible... confus... et ridicule.

Elle se leva, les bras croisés dans les manches de sa robe noire.

Qu'est-ce que j'aurais à gagner à réparer ce chaos... moi ?

Lisa, les yeux brillants de compassion, murmura :

Parce qu'ils n'ont plus que nous, mère.

Saphira tourna la tête lentement un silence pesant s'installa, puis elle rit un rire froid, impérial. sans joie.

et c'est pour cela que je les aiderai. non pas par bonté... mais pour qu'ils se souviennent... que la reine bleue est venue.

Elle leva un doigt une pluie de lumière descendit du ciel les âmes commencèrent à se stabiliser... juste assez pour survivre.

Saphira se rassit, croisa les jambes et reprit sa tasse de thé.

Allons à la prochaine ville. j'ai envie d'un peu plus de bruit.

GideonLisaVina, et Croc hochèrent la tête.

Et au loin, dans la prison militaire, Nékridhal, dans le noir, leva les yeux sans le savoir, sa mère marchait vers lui.

Fin du chapitre 20 – La Cendre et les Âmes.