Chapitre 21 – Silm-Orak : Les Racines Suspendues
1.
L’arrivée
Le vortex se referma dans un soupir de lumière.
Elisha, Kaeliss et Mélione
émergèrent dans un paysage suspendu entre le vertige et le silence.
Silm-Orak n’était pas une cité. C’était un fossile géant
accroché aux racines d’un arbre-monde oublié, dont les lianes pendantes
s’enfonçaient dans l’éther.
Des ponts de branches mortes, des plateformes couvertes de mousses
phosphorescentes, des ruines flottantes qui vibraient à chaque pas.
— Elisha, fronçant les sourcils :
« Cet endroit n’existe sur aucune carte Nexus. Même les mémoires akashiques le
contournent. »
— Kaeliss, voix grave :
« Peut-être parce qu’il refuse d’être observé. »
Mélione, quant à elle, posait déjà ses doigts sur l’écorce
noire.
— « Ces racines… elles sont vivantes. Et conscientes. »
Le sol trembla faiblement. Un avertissement. L’intrusion avait été perçue.
2.
Pièges déjoués
La première épreuve fut silencieuse.
Un escalier organique s’ouvrit devant eux… puis se referma derrière, les
enfermant dans un tunnel de sève dure.
Les murs vibraient, lisant leurs flux de mana.
Soudain, des lianes surgirent, visant les points vitaux, comme si elles
lisaient leurs intentions.
Kaeliss dressa un miroir psychique inversé, rendant leurs
pensées illisibles.
Mélione libéra un souffle d’anti-mana, coupant l’instinct
magique du lieu.
Elisha, elle, fit plus simple : elle gravait au sol des
glyphes de retour en boucle, forçant les lianes à se perdre dans une distorsion
spatiale.
Ils passèrent.
Mais l’endroit apprenait d’eux.
Le sol suivant céda sous leurs pieds…
Et ils tombèrent dans le Noyau Suspendu : une caverne sans
gravité, où des sphères de souvenirs cristallisés flottaient en apesanteur.
3.
Les Indices
Mélione toucha l’un des cristaux. Une voix éteinte murmura
:
— « DR-00TH… échec d’isolement… fracture au niveau divin... ne pas
interagir…»
Elisha tendit la main vers un second éclat.
Elle vit un rituel d’éveil, un cercle d’invocation brisé, et un œil —
un œil immense — qui s’ouvrait sur un ciel inversé.
Kaeliss sentit le souvenir des cris. Non enregistrés. Non
audibles. Juste… pressés contre l’âme.
— « Quelqu’un... ou quelque chose a tenté de sceller une entité
ici. Mais le sceau a muté. »
— Elisha, pâle :
« On ne sécurise pas des anomalies… on les laisse vivre ici. »
Un frisson parcourut leurs échos d’âme.
Puis le sol se contracta.
4.
L’Apparition
Un hurlement brisa la réalité.
Une entité, immense, déchira la gravité du lieu : un Cauchemar
de Racine, classé SS, que même les Archives
Infernales avaient refusé de classifier.
Plus de dix bras, un tronc d’os végétaux, et un crâne inversé où pleuraient
des yeux multiples.
Kaeliss fut projeté contre une stalagmite suspendue.
Elisha hurla des incantations de rupture, mais la créature absorbait
les glyphes.
Mélione tenta une fusion partielle avec un spectre draconique…
sans succès. Le lien fut dévoré.
Ils luttaient.
Et perdaient.
5.
Le désespoir
Ils saignaient. L’air vibrait de peur.
Kaeliss perdit un bras d’ombre.
Elisha fut forcée de brûler un artefact de survie.
Mélione, recroquevillée, tenta une dernière invocation, mais
ses mots s’évaporaient avant de naître.
Puis…
Silence.
Un frisson.
Un pas.
6.
L’intervention
Un homme en capuche, silhouette obscure, marcha sur le vide
comme s’il traversait un tapis de cendres.
Aucune aura. Aucune présence détectable.
Mais le monde… se mit à plier autour de lui.
Il leva une main.
Et l’univers trembla.
La créature rugit. Il n’esquiva pas. Il n’eut pas besoin.
En un seul geste, il trancha l’espace autour du monstre. Pas l’air. Pas la
matière. L’existence même.
La bête hurla en plusieurs langues… puis disparut. Non pas tuée. Mais annulée.
Les trois membres de la Nébuleuse étaient figés.
—
7.
Incompréhension
— Elisha, balbutiant :
« C’était… quoi, ça ? »
Kaeliss, à genoux, fixait le vide :
— « Même mon esprit n’a pas pu suivre. Je… je n’ai pas vu de mouvement. Juste…
un résultat. »
Mélione, en larmes :
« Ce n’est pas un humain. Pas même un dieu… »
L’homme s’arrêta devant eux.
Pas un mot.
Il leva deux doigts, traça un symbole invisible.
Puis disparut comme une onde dans l’eau noire.
8.
Échos dans les Hauteurs
Ailleurs, dans les sphères célestes, les véritables dieux
se redressèrent.
Certains avec rage, d’autres avec curiosité,
quelques-uns avec une peur ancienne.
Un murmure traversa le tissu du monde :
— « Il est revenu. »
— « Cela n'était pas prévu. »
— « Il s’est manifesté sans notre accord. »
Et l’Œil du Panthéon, d’ordinaire fermé, se tourna vers Ma-Théo.
Fin du Chapitre 21
– Silm-Orak : Les Racines Suspendues