Le ciel était gris, comme s’il devinait la noirceur du destin qui attendait
Ma-Théo. La mission paraissait anodine : un repérage dans un ancien
souterrain oublié, situé en périphérie de la ville. Une mission de rang
E, officiellement.
Le groupe assigné à la tâche était composé de quatre chasseurs :
Lork, un guerrier brutal de
rang D, grande gueule et méprisant.
Nara, une mage de feu peu
loquace mais hautaine.
Sarin, un archer silencieux
mais compétent.
Et Bren, le plus âgé, un
soutien défensif spécialisé en barrières.
Ma-Théo les rejoignit en silence. Dès son arrivée, les regards lourds
tombèrent sur elle.
— Super, la mascotte est là, grogna Lork. Reste derrière, gamine. On n’est
pas là pour jouer les nounous.
Elle ne répondit pas. Elle serra simplement son arme et suivit, comme
toujours.
Dans
les entrailles de la terre
Le groupe s’enfonça dans le tunnel ancien, les murs couverts de mousse et de
glyphes effacés par le temps. Une odeur de moisissure et de chair pourrie
imprégnait l’air.
— Il y a quelque chose qui cloche, murmura Sarin, tendant son arc.
Ils franchirent une arche affaissée, et soudain, les ténèbres les
avalèrent.
Des cris retentirent. Des goules décharnées jaillirent des
ombres, suivies de scorpions noirs, bien plus massifs
qu’attendus. Une trentaine de créatures, bien au-delà d’un niveau E. C’était
une mission de rang C déguisée, un piège mortel.
— Retraite ! hurla Bren. Ce n’est pas ce qu’on nous a dit !
Mais déjà, Sarin tomba, transpercé par une lame chitineuse.
Son corps fut tiré dans l’ombre en un instant, sans un cri. Ma-Théo hurla son
nom, mais il était déjà trop tard.
Nara tenta de lancer un sort de feu, mais une goule surgit de nulle part et
lui lacéra la gorge. Le sang éclaboussa le sol. Elle s’effondra sous les yeux
horrifiés de Lork.
Ma-Théo tenta de frapper une goule, mais son épée fut bloquée par une pince
gigantesque. Une douleur éclata dans son flanc. Elle recula, haletante, tandis
que Lork se battait en hurlant, furieux, mais déjà submergé.
Bren posa une barrière autour d’eux, tremblante.
— Je ne… tiendrai pas… longtemps…
Ma-Théo sentait son souffle se briser. Elle était impuissante. Trop faible.
Trop lente.
[Système Nébulaire — Niveau de menace : critique]
Protocole d’urgence : déploiement de la Séquence de Contrôle Absolu.
« Laisse-moi faire… »
Son esprit s’éteignit. Ses yeux devinrent de lumière.
La Voix du Monde, sombre et implacable, s’empara de son corps.
Le
réveil d’un fléau
Ma-Théo bougea comme une ombre divine. Son épée fendit l’air avec une
vitesse surhumaine. Elle dansait entre les créatures, découpant les goules,
tranchant les pattes des scorpions, annihilant les monstres les uns après les
autres.
Lork, blessé, s’était écroulé. Bren hurlait de douleur. Ma-Théo se plaça
devant eux, une aura noire irisée de lumière blanche
tourbillonnant autour de son corps.
— Initiation de la technique [Sanction Nébulaire — Frappe
dimensionnelle].
Une fissure de lumière s’ouvrit dans l’air. Un écho sonore distordu
déchira les profondeurs. Un seul coup balaya les derniers monstres, les
transformant en cendres.
Silence.
Le
retour à la Guilde
Le calme revint. Ma-Théo, les yeux vides, tenait Lork blessé sur son épaule,
et Bren, inconscient, sur l’autre. Les deux seuls survivants.
À leur arrivée à la Guilde, le silence s’installa
immédiatement.
Les chasseurs s’arrêtèrent, figés devant la silhouette maculée de sang de
Ma-Théo, marchant lentement avec deux corps inanimés.
— C’est… elle ?
— Non… impossible…
— Elle est rentrée… seule ?!
La réceptionniste Lyana accourut, le visage livide.
— Par les Cieux… Lork est vivant ? Et Bren ?!
Des soigneurs se précipitèrent. Bren était gravement blessé, à la frontière
de la mort. Lork avait le bras brisé et plusieurs côtes fêlées. Mais ils
étaient en vie.
Et Ma-Théo, silencieuse, tendit une bourse pleine de cristaux de
monstres, et une griffe de scorpion noir géant,
preuve de leur extermination.
Les murmures enflèrent. Peur. Soupçons. Jalousie. Certains la regardaient
comme une héroïne. D’autres, comme un monstre.
— Elle… les a tous tués. Seule.
— Ce n’est pas normal… ce n’est pas humain.
— Qu’est-ce qu’elle est vraiment ?
Lyana s’approcha d’elle.
— Ma-Théo… qu’est-ce que tu as fait… ?
Ma-Théo leva les yeux. Son regard était vide, profond, comme si
quelque chose d’autre la regardait à travers elle.
[Système Nébulaire — Synchronisation avec l’hôte : 19%]
« Tu as franchi une ligne, Ma-Théo. Rien ne sera plus jamais comme
avant. »
Fin du Chapitre 5