Chapitre 5 : « L’ombre sous la terre » (version corrigée)

Le ciel était gris, comme s’il devinait la noirceur du destin qui attendait

Ma-Théo. La mission paraissait anodine : un repérage dans un ancien

souterrain oublié, situé en périphérie de la ville. Une mission de rang

E, officiellement.

Le groupe assigné à la tâche était composé de quatre chasseurs :

Lork, un guerrier brutal de

rang D, grande gueule et méprisant.

Nara, une mage de feu peu

loquace mais hautaine.

Sarin, un archer silencieux

mais compétent.

Et Bren, le plus âgé, un

soutien défensif spécialisé en barrières.

Ma-Théo les rejoignit en silence. Dès son arrivée, les regards lourds

tombèrent sur elle.

— Super, la mascotte est là, grogna Lork. Reste derrière, gamine. On n’est

pas là pour jouer les nounous.

Elle ne répondit pas. Elle serra simplement son arme et suivit, comme

toujours.

Dans

les entrailles de la terre

Le groupe s’enfonça dans le tunnel ancien, les murs couverts de mousse et de

glyphes effacés par le temps. Une odeur de moisissure et de chair pourrie

imprégnait l’air.

— Il y a quelque chose qui cloche, murmura Sarin, tendant son arc.

Ils franchirent une arche affaissée, et soudain, les ténèbres les

avalèrent.

Des cris retentirent. Des goules décharnées jaillirent des

ombres, suivies de scorpions noirs, bien plus massifs

qu’attendus. Une trentaine de créatures, bien au-delà d’un niveau E. C’était

une mission de rang C déguisée, un piège mortel.

Retraite ! hurla Bren. Ce n’est pas ce qu’on nous a dit !

Mais déjà, Sarin tomba, transpercé par une lame chitineuse.

Son corps fut tiré dans l’ombre en un instant, sans un cri. Ma-Théo hurla son

nom, mais il était déjà trop tard.

Nara tenta de lancer un sort de feu, mais une goule surgit de nulle part et

lui lacéra la gorge. Le sang éclaboussa le sol. Elle s’effondra sous les yeux

horrifiés de Lork.

Ma-Théo tenta de frapper une goule, mais son épée fut bloquée par une pince

gigantesque. Une douleur éclata dans son flanc. Elle recula, haletante, tandis

que Lork se battait en hurlant, furieux, mais déjà submergé.

Bren posa une barrière autour d’eux, tremblante.

— Je ne… tiendrai pas… longtemps…

Ma-Théo sentait son souffle se briser. Elle était impuissante. Trop faible.

Trop lente.

[Système Nébulaire — Niveau de menace : critique]

Protocole d’urgence : déploiement de la Séquence de Contrôle Absolu.

« Laisse-moi faire… »

Son esprit s’éteignit. Ses yeux devinrent de lumière.

La Voix du Monde, sombre et implacable, s’empara de son corps.

Le

réveil d’un fléau

Ma-Théo bougea comme une ombre divine. Son épée fendit l’air avec une

vitesse surhumaine. Elle dansait entre les créatures, découpant les goules,

tranchant les pattes des scorpions, annihilant les monstres les uns après les

autres.

Lork, blessé, s’était écroulé. Bren hurlait de douleur. Ma-Théo se plaça

devant eux, une aura noire irisée de lumière blanche

tourbillonnant autour de son corps.

Initiation de la technique [Sanction Nébulaire — Frappe

dimensionnelle].

Une fissure de lumière s’ouvrit dans l’air. Un écho sonore distordu

déchira les profondeurs. Un seul coup balaya les derniers monstres, les

transformant en cendres.

Silence.

Le

retour à la Guilde

Le calme revint. Ma-Théo, les yeux vides, tenait Lork blessé sur son épaule,

et Bren, inconscient, sur l’autre. Les deux seuls survivants.

À leur arrivée à la Guilde, le silence s’installa

immédiatement.

Les chasseurs s’arrêtèrent, figés devant la silhouette maculée de sang de

Ma-Théo, marchant lentement avec deux corps inanimés.

— C’est… elle ?

— Non… impossible…

— Elle est rentrée… seule ?!

La réceptionniste Lyana accourut, le visage livide.

— Par les Cieux… Lork est vivant ? Et Bren ?!

Des soigneurs se précipitèrent. Bren était gravement blessé, à la frontière

de la mort. Lork avait le bras brisé et plusieurs côtes fêlées. Mais ils

étaient en vie.

Et Ma-Théo, silencieuse, tendit une bourse pleine de cristaux de

monstres, et une griffe de scorpion noir géant,

preuve de leur extermination.

Les murmures enflèrent. Peur. Soupçons. Jalousie. Certains la regardaient

comme une héroïne. D’autres, comme un monstre.

— Elle… les a tous tués. Seule.

— Ce n’est pas normal… ce n’est pas humain.

— Qu’est-ce qu’elle est vraiment ?

Lyana s’approcha d’elle.

— Ma-Théo… qu’est-ce que tu as fait… ?

Ma-Théo leva les yeux. Son regard était vide, profond, comme si

quelque chose d’autre la regardait à travers elle.

[Système Nébulaire — Synchronisation avec l’hôte : 19%]

« Tu as franchi une ligne, Ma-Théo. Rien ne sera plus jamais comme

avant. »

Fin du Chapitre 5