Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis l’arrivée de Genshiro Tatsuma.
Sous sa tutelle, Chibaki progressait à une vitesse fulgurante. Les journées étaient rythmées par des séances d’entraînement intensives qui semblaient ne jamais se finir, mais Chibaki ne se plaignait jamais. Il avait soif d’apprendre et de surpasser ses limites.
— C’est bien, Chibaki. Tu te débrouilles de mieux en mieux, déclara Genshiro après une session particulièrement intense. Ta maîtrise du Myuki a bien avancé, tu va bientôt atteindre le niveau de Résonance Éveillée. Tu rattrapes ton retard sur les autres, mais il te reste encore bien du chemin à parcourir.
Essoufflé, mais fier de lui, Chibaki répondit en souriant :
— Merci, Maître Genshiro. C’est grâce à vous, vous êtes un excellent maître. Sans vous, je n’y serais pas arrivé.
Le grand homme éclata de rire, balayant la remarque d’un geste de la main.
— Fiou… On va s’arrêter là pour aujourd’hui. C’était plus intense que la semaine dernière, tu vas finir par me faire transpirer, gamin !
Chibaki sourit, épuisé mais ravi par les progrès qu’il avait accomplis. Genshiro, malgré sa stature imposante et sa maîtrise impressionnante du Myuki, était étonnamment bienveillant et encourageant.
— Va prendre un bain, puis retrouve-moi dans la salle à manger. Aide ta mère à préparer le repas, et on discutera de la suite de ton entraînement.
— Oui maître, j’y vais ! répondit Chibaki en courant presque vers la porte.
Plus tard, dans la salle de bain…
L’eau chaude enveloppait sa peau, apaisant ses muscles fatigués. Pourtant, l’esprit de Chibaki était ailleurs. Il revoyait mentalement ses mouvements, ses erreurs, ses réussites. Il pensait à la séance d’entraînement de la journée, analysant chaque geste, chaque respiration, cherchant toujours à s’améliorer.
Il voulait aller plus loin. Faire mieux. Être plus efficace.
C’est bien beau de maîtriser le Myuki… mais je gaspille trop d’énergie, pensa-t-il, son regard fixé sur l’eau de la baignoire qui ondulait doucement.
Une idée germa soudain dans son esprit.
Et si je renforçais mon corps avec mon propre Myuki ? Comme ça, je pourrais augmenter ma puissance sans perdre en efficacité… C’est ça, je dois fusionner mon Myuki avec mes muscles.
Son regard s’illumina à cette pensée. C’était simple en théorie, mais difficile en pratique. Il savait qu’il lui faudrait du temps pour maîtriser cette technique, mais une petite voix intérieure lui soufflait que c’était possible. Il décida de garder cette idée pour lui, ne voulant pas tout révéler tout de suite. Il voulait surprendre Genshiro avec sa découverte.
La nuit tombée…
Alors que Chibaki s’endormait, son esprit fut happé dans un rêve étrange. Une sensation de vide l’envahit, et il se retrouva plongé dans une noirceur absolue. Il n’y avait rien. Aucune lumière. Aucun son. Aucun repère pour se situer.
Puis, une voix, faible, lointaine, murmura dans l’obscurité.
"Hmm…?"
"Pourquoi… rien ?"
"Suis… où ?"
"Suis… qui ?"
"Moi… tout seul ?"
"... Pourquoi ?"
Chibaki ressentit une solitude effrayante, une solitude originelle, comme si tout autour de lui n’avait jamais existé. Le vide était total.
Puis, tout à coup, une lumière éblouissante jaillit du néant. Elle explosa, brute, aveuglante, dévastatrice. C’était une force primordiale, un éclat d’énergie infinie, incontrôlable, comme une déflagration cosmique.
Le Big Bang.
Chibaki se réveilla en sursaut, le souffle court, son cœur battant la chamade, trempé de sueur froide. Il émergea lentement du sommeil, la sensation de la lumière encore vivace dans son esprit.
— C’était quoi, ça…? murmura-t-il d’une voix tremblante, secouant la tête pour chasser la lourdeur du rêve.
Il fixa le plafond quelques instants, encore sous l’effet de l'étrange sensation qu’il venait de vivre.
— Sûrement un autre rêve étrange… se dit-il pour tenter de se rassurer.
Il se leva et se dirigea vers la fenêtre, observant la lueur pâle de la lune éclairer la vallée en dessous. Le vent frais du matin apportait avec lui une sensation de calme, mais quelque chose en lui avait changé. Il ne savait pas exactement quoi, mais il sentait qu’il avait franchi une étape. Ce rêve, aussi perturbant soit-il, allait marquer un tournant dans son parcours.
Le lendemain matin, dans le jardin d’entraînement,
Dès les premiers instants de l’entraînement, Genshiro fronça les sourcils. Il observait attentivement Chibaki, comme s’il avait remarqué un léger changement chez lui.
— Hmm… Il y a quelque chose de différent chez toi ce matin. Tu n’es pas comme d’habitude, dit-il en croisant les bras, un regard perçant rivé sur le jeune garçon.
Chibaki se contenta d’un sourire confiant, comme si ce changement était délibéré.
Le combat d’entraînement débuta, et Genshiro recula dès les premiers échanges. Il était d’abord surpris, puis franchement impressionné.
— Tu es plus rapide… et plus fort ! s’exclama-t-il. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Chibaki répondit avec fierté, en esquivant une attaque :
— J’ai inventé une nouvelle technique. Hier soir, en prenant mon bain, j’ai réalisé que je devais minimiser ma consommation de Myuki tout en augmentant ma force. Alors j’ai trouvé ça : renforcer mon propre corps avec du Myuki. Je me suis entraîné toute la nuit à l’appliquer.
Genshiro resta bouche bée, incapable de cacher son étonnement.
— Tu… as trouvé ça tout seul ?! C’est une technique que même moi je ne maîtrise pas totalement ! Et tu l’as inventée sans l’avoir jamais vue ?! Comment… ?!
Un sourire immense se dessina sur le visage du maître.
— Tu es un véritable prodige, Chiba. C’est pour ça que je t’entraîne. Tu trouves toujours un moyen d’avancer, même face à l’inconnu. Tu as l’âme d’un vrai combattant.
— Merci, maître, répondit Chibaki entre deux coups. Et je compte bien continuer à m’améliorer… encore plus vite !
Les coups résonnaient dans le jardin d’entraînement. Genshiro se préparait à répondre avec une nouvelle attaque, mais un regard admiratif brillait dans ses yeux. Chibaki venait de franchir une étape importante. Ce n’était que le début, mais il était clair que le jeune garçon avait un potentiel exceptionnel.