Chapitre I – L’Ombre dans les ruines
L’ombre incarnée
Le piège
Le duel
***
Caerulus Secundus, cité-monde déchirée, gémissait sous les griffes d’une flotte-ruche sans nom. Les cieux étaient d’un gris malade, parcourus d’éclairs roses et verts, tandis que la pluie acide tombait en fines gouttes corrosives sur les décombres d’une ruche jadis prospère.
Parmi les ruines calcinées de Portus Caerulus, une escouade d’Intercessors progressait lentement. À leur tête, le frère Maelyus Aylar, silhouette massive et impassible, avançait à travers les gravats, son bolter lourd en main, capteur de mouvement activé.
— « Aucun signal vox du contingent local depuis six heures. L’unité de la Garde n’a pas répondu non plus. Cette zone est devenue un tombeau. » déclara Frère Mallion, vérifiant son auspex.
Aylar hocha lentement la tête. Son armure était déjà marquée de brûlures et d’entailles superficielles, souvenirs d’escarmouches passées. Il leva un poing fermé.
Silence.
Puis… un son.
Un claquement mouillé. Un raclement.
Quelque chose se mouvait sur les murs. Pas vu. Pas entendu. Sentie.
— « Lictor, » murmura Aylar. « Restez groupés. L’ennemi rôde. Il nous traque. »
***
Le Lictor se tenait là, à quelques mètres au-dessus d’eux, camouflé parfaitement contre la paroi. Ses crochets gouttaient d’acide, son regard multiple braqué sur sa proie : Aylar.
Il sauta.
Un sifflement. Une masse osseuse et tranchante fusa dans l’air. Aylar roula sur le côté, dégainant son pistolet. Trop lent. Frère Selenius hurla brièvement avant qu’un croc n’éventre son plastron. Le sang gicla.
— « En cercle ! FEU CONCENTRÉ ! » hurla Aylar.
Les bolters rugirent comme une tempête. Les balles percutèrent le monstre, mais il bondit, rapide, surnaturel. Il éventra un second frère avant de se faufiler entre les décombres.
Aylar jura dans un murmure.
— « Il connaît nos angles. Ce n’est pas un animal. C’est un assassin. »
***
Prenant l’initiative, Aylar ordonna une feinte. Il fit mine de se retirer, traînant les corps de ses frères dans un couloir étroit d’une structure en ruine. Il disposa une série de grenades-frags dissimulées dans les gravats, laissant un passage ouvert, apparemment vulnérable.
Puis… ils attendirent.
Des minutes passèrent. Puis, un sifflement. Une brise étrange. Le Lictor fonça dans le couloir, pensant les frapper par surprise.
Trop tard.
CLAC !
Aylar activa la détonation. Une déflagration de shrapnels emplit le couloir. Le Lictor hurla, sa chair éclatant sous l’impact, ses bras arrachés.
Mais il n’était pas mort.
Aylar bondit à sa rencontre.
***
Le Lictor, pantelant, tenta de planter une griffe dans son plastron. Aylar, impassible, dévia l’attaque avec son gantelet, puis enfonça son couteau de combat dans l’œil principal de la bête. Elle hurla, puis recula, blessée.
Mais Aylar ne relâcha pas la pression.
Il bondit sur elle, pistolet dans une main, lame dans l’autre, hurlant :
— « Pour l’Empereur ! »
Trois tirs plasma percèrent la tête du Lictor.
Le silence tomba.
***
Deux frères étaient morts. Trois blessés.
Mais la zone était sécurisée.
Aylar contempla la carcasse fumante du Lictor. Une créature d’assassinat et de terreur, abattue par sa stratégie et sa fureur méthodique.
Il prit un fragment de la griffe du monstre et l’attacha à son ceinturon.
— « Que ceci soit un avertissement à leur nuée : nous sommes l’acier. Nous sommes la lumière. Et nous ne reculerons pas. »
Ainsi commença la longue guerre d’Aylar sur Caerulus.