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ATTENTION

Nous étions là, allongés au sol comme au bon vieux temps. Je ne sais pas si je vous l'ai dit, mais Falone et moi étions sortis ensemble il y a longtemps, mais ça n'avait pas vraiment fonctionné. La nuit se mit à tomber...

Falone :

— "Il est déjà tard, je dois y aller. Personne ne sait que je suis là. Je ne veux pas que mes parents s'inquiètent, avec ce qui s'est passé aujourd'hui."

— "Je comprends, tu as raison, je vais aussi rentrer. Il ne faut pas oublier que le tueur de mon père est encore en liberté."

Falone :

— "Ouais absolument, tu devrais te mettre à l'abri. Qui sait s'il n'en a pas aussi après toi ? Ou bien même s'il s'agit d'un tueur en série ?"

— "En vrai, je n'ai nulle part où aller à part cette maison."

Falone :

— "Comment ça ? Et ta famille ?! Je veux dire les parents de tes parents, des cousins... Personne ?"

— "Disons que c'est compliqué... Ils me détestent."

Falone :

— "Vraiment ? Moi je pense qu'avec ce qui s'est passé aujourd'hui, ils ne vont pas te laisser comme ça. La famille reste la famille, peu importe nos différends..."

Pendant que nous étions assis, nous nous sommes levés. Même si, pour moi, plus rien n'avait d'importance, être avec elle à ce moment-là, c'était comme avoir une étincelle de vie dans un cœur qui avait décidé de ne plus battre.

On marchait tout en discutant dans les bois vers 19h. Toutefois, j'ai décidé de rentrer chez moi, me charger et faire mes valises. Il est impossible que je reste ici.

Cependant, j'avais un peu de regrets. J'allais devoir quitter l'endroit où je suis né.

---

Le retour au lieu du crime.

Falone et moi nous sommes séparés à un rond-point. Moi, j'ai continué jusqu'à arriver devant chez moi et elle a pris le chemin opposé, vers sa maison.

C'était terrifiant, j'étais devant chez moi. Je tremblais. Quand je pense qu'hier encore je me pavanai dans cette maison. Maison de mon enfance. Aujourd'hui, j'avais même peur d'y faire un pas.

C'est là que mon père avait été tué. Mais il fallait que je rentre, juste pour prendre mes affaires.

Je réfléchissais beaucoup. La réalité était face à moi et je ne voulais pas l'affronter.

Debout devant chez moi, je sentais que quelqu'un me regardait au loin, depuis la maison d'à côté.

C'était monsieur Roger, mon voisin, qui regardait par la fenêtre.

Monsieur Roger était un vieux retraité qui semble s'être converti en guetteur professionnel. Il me regardait avec ses yeux pleins de condamnations.

Je n'avais pas envie de croiser son regard, je risquais d'être désagréable, enfin plus que d'habitude.

Pour entrer dans la maison, c'était un peu compliqué. Donc je suis entré progressivement, lentement, pas à pas je m'avançais.

Mon cœur se remit à battre violemment, le bruit de mes pas résonnait dans la maison vide de vie.

J'ai donc allumé la lumière. Et là, je suis resté debout, comme tétanisé.

Lorsque j'ai allumé la lumière, c'était comme un réveil brutal. Rien n'était faux.

Je pense qu'au fond de moi, j'étais dans le déni, mais la lumière fut le marteau de la vérité que je fuyais.

J'avais du mal maintenant à respirer et à me tenir debout.

Je me suis adossé au mur, les mains sur la tête. Elle me faisait mal, comme ce matin.

Avec la difficulté, due au malaise que j'avais soudainement, je me suis dirigé vers la scène du crime.

Puis je me suis arrêté à la grande tache de sang séché.

Je me suis écroulé au sol, exactement là où était allongé le corps de mon père ce matin.

Des larmes coulaient lentement sur mes joues.

Je me suis mis à caresser cette marée de sang séché comme si c'était lui, comme si j'avais encore la possibilité de le ramener parmi nous.

Les ramener à la maison.

Seul. De la famille, aucun signe de vie. Personne n'avait même envoyé un message pour savoir comment j'allais après tout ça.

Je me sentais si seul, si vulnérable.

Je me suis mis à dire en sanglot :

— "Maman, où es-tu ? Tu me manques tellement !"

D'un coup, un frisson m'a envahi.

J'ai tourné mon regard vers la porte que j'avais laissée ouverte.

Quelqu'un approchait. Une femme ! Ma mère ?!

---

Au poste de police

Pendant ce temps, du côté de la police, l'enquête venait de devenir la priorité du gouvernement.

Le poste de police était sous la charge d'un ancien militaire, calibré chef sergent. Il avait été blessé lors d'une mission au Liban. Depuis, il avait été affecté ici, dans ce commissariat. Il se nommait BRADFORD.

Il avait fait venir Loïc et Richard dans son bureau. Cependant, il n'y était pas seul, il y avait deux autres personnes dans la pièce.

Bradford avait des informations venant de la plus haute instance.

Bradford :

— "Bienvenue à tous. Comme vous le constatez, l'affaire de ce matin n'est pas comme les autres. Nous n'avons jamais enregistré de cas aussi violent ici depuis que j'ai été affecté dans cette petite ville.

Je ne vais pas passer par quatre chemins, le bureau des enquêtes du S.H.A.R.D est désormais sur l'affaire.

Elle ne nous concerne plus seulement. Mais je laisse l'agent Rory faire le topo."

Rory :

— "Bon, je suis Rory, et lui c'est Michaël. Tous deux, nous sommes des agents envoyés par le S.H.A.R.D, qui veut que l'on trouve cet individu au plus vite. Le Premier ministre a mis notre agence sur l'affaire depuis déjà trois ans."

Michael :

— "Oui, en effet. L'affaire s'est ébruitée massivement. Depuis que les chaînes d'infos ont dévoilé cette histoire, qui — il faut le dire — est vraiment terrible. Mais ce n'est pas la seule raison de notre intervention."

Richard :

— "Comment ça ?"

Rory :

— "Eh bien disons que nous avons des raisons de penser qu'il s'agirait d'un tueur en série."

Loïc :

— "Je me le disais aussi..."

Michaël :

— "Et qu'est-ce qui vous a fait penser ça ? Vous avez remarqué quelque chose, n'est-ce pas ?"

Loïc :

— "Ce crime était vraiment bien fait, du travail de pro. Donc soit la personne avait des connaissances en médecine, soit c'est un tueur averti..."

Bradford :

— "Ou même les deux ?"

Loïc :

— "Tout à fait. Mais cette rage ressemble étrangement à celle d'un homme qui avait de la rage en lui. Il ne voulait pas seulement tuer, il voulait se délecter de la douleur de sa victime. Ça, pour moi, c'est l'œuvre d'un tueur qui aime tuer."

Pendant ce temps, Richard voulait savoir si le fait que le S.H.A.R.D soit maintenant impliqué voulait dire qu'on leur retirait l'enquête.

Cependant ses doutes furent dissipés lorsque le sergent Bradford annonça qu'ils feraient équipe avec eux pour résoudre cette enquête.

En effet, le meurtre de mon père et la disparition de ma mère passaient en boucle sur les chaînes d'infos.

Les enquêteurs du net avaient fait de ce sujet leur matière première.

Non pas parce que mon père était mort, mais parce qu'il était violemment mort.

Les quatre enquêteurs — Loïc, Rory, Michaël et Richard — sont sortis du bureau du sergent Bradford.

Ils sont allés au bureau du S.H.A.R.D pour former temporairement une unité chargée de l'affaire.

La salle était remplie de personnes très renommées dans le monde des enquêteurs.

Ils étaient environ trente, chacun responsable d'une ville ou d'un État où le tueur en série avait frappé.

Ils se partageaient les informations de manière fluide, selon eux.

Le chef, Rory, leur fit le topo général :

Rory :

— "Bon, comme vous le savez, il y a une série de meurtres dans différentes villes et États qui présentent des similitudes, ce qui nous fait penser qu'on a affaire à un tueur en série.

Il tue toujours avec la même rage, mais il laisse ses victimes mourir lentement pendant qu'il les observe."

Pendant que Rory parlait, quelqu'un distribuait des documents contenant des informations plus précises sur les crimes dans tous les États où il avait sévi.

Rory :

— "Par chance, il y a deux semaines, nous avons trouvé dans une forêt une femme qui a survécu.

Elle a pu échapper à son agresseur. C'est une information qui n'est pas encore dans les médias. Et pour sa sécurité, cela restera ainsi.

La femme, âgée de 45 ans, était dans un état pitoyable. On l'a trouvée inconsciente.

Malheureusement, les blessures dues aux coups lui ont fait perdre l'usage de ses jambes."

Un officier leva la main et fut autorisé à poser une question.

— "Est-ce que la victime a pu nous renseigner sur son agresseur ?"

Rory :

— "Comme je l'ai dit, nous l'avons trouvée inconsciente, et elle est sortie de l'hôpital il y a seulement deux jours.

Cependant, nous avons pris sa déposition par un agent, qui nous la communiquera très prochainement."

Richard :

— "Mais pourquoi seulement maintenant ? Pourquoi ne pas l'avoir interrogée à l'hôpital ?"

Tous se mirent à le regarder comme un idiot. Rory sourit légèrement.

Rory :

— "Bon... hum... je crois que vous êtes nouveau ici, non ? Ne répondez pas !

Sachez simplement qu'ici, on ne parle que si l'on est autorisé à le faire... Compris ?

Cependant, ta question est justifiée. Disons que le mari de la victime ne nous a pas permis d'avoir un échange avec elle tant qu'elle était à l'hôpital.

C'est pourquoi on ne le fait que maintenant."

À la maison

Pendant ce temps, de mon côté, comme vous le savez, une silhouette était là, devant ma porte...

Je croyais voir ma mère. Si seulement...

Malheureusement pour moi, c'était madame Murielle, la femme du voisin Roger.

Elle a toujours été une personne compatissante.

Vous voyez tante May dans Spiderman ? Ouais, Murielle était comme elle… mais en beaucoup plus canon.

Elle m'a apporté un plat de son fameux gâteau à la viande.

Le nom est bizarre, mais crois-moi, c'est divin.

Murielle :

— "GRÉY ? Lève-toi, tu dois prendre des forces. Je sais que tu n'as pas mangé. Tiens, je t'ai apporté mon gâteau à la viande que tu aimes tant."

J'ai détourné le regard, fixant la tache de sang séché. La douleur refusait de me quitter.

— "Est-ce que j'ai fait quelque chose pour que le ciel me le fasse payer ?"

Murielle :

— "Je ne pourrais rien dire qui serait à la hauteur de ton chagrin, mais sache que moi aussi je suis une mère. Et c'est avec l'amour d'une mère que je te dis de tenir le coup.

Le pire, lorsqu'on perd ceux qu'on aime, ce n'est pas de pleurer… c'est de refuser de continuer à vivre."

— "Tu as raison... Mais j'ai tellement mal. Mon cœur ne supporte plus le choc. J'ai envie de tout casser."

Murielle :

— "Pleure, si ça peut t'aider à surmonter cette épreuve. Je dois partir. Il ne faut pas que tu sais qui me voie ici."

— "Roger, hein ? Pourquoi je demande ? Je sais qu'il me déteste..."

Murielle :

— "Non, ne pense pas ça. Disons qu'il est… disons… craintif. Il a beaucoup souffert, comme toi.

Son fils s'est fait tuer, et la police n'a jamais mis la main sur le meurtrier..."

Gréy :

— "Mais qu'est-ce que moi j'ai à voir avec ça ?"

Murielle :

— "Qu'est-ce que tu ferais si tu voyais celui qui a fait ça à ton père ?"

Gréy :

— "Je n'ai même pas envie de penser à ça maintenant."

Murielle :

— "Exactement ! Pour lui, tout le monde aurait pu tuer son fils. À chaque fois qu'il voit quelqu'un, il se dit : Est-ce que c'est lui qui a tué mon enfant ?

Je ne te demande pas de le pardonner..."

Elle est partie en laissant le gâteau sur la chaise.

Cette même chaise où celui qui a tué mon père était assis.

Puis elle a fermé la porte derrière elle.

Et là, je me suis levé d'un bond !

— "Enfin je suis seul !!

J'ai enfin tué ce vieux connard.

J'ai enfin tué mon père !"

Je me suis assis sur la chaise où je l'ai vu mourir lentement.

Mais je ne l'ai pas vraiment fait de bon cœur.

Il le fallait.

Cependant, j'avais mal… pas parce que je l'avais tué, mais plutôt parce que je voulais encore le faire souffrir.

C'était plus fort que moi.

Je ne pouvais plus me retenir.

M'abstenir.

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Le lendemain...

Il était déjà 14 heures.

Loïc et Richard avaient déjà démarré en direction du QG du S.H.A.R.D pour le nouveau topo.

L'enquête avait vraiment avancé.

Zarah avait de nouvelles informations, notamment l'ADN du tueur, retrouvé dans le ventre sans boyaux de la victime.

Mais les autres enquêteurs, issus des différentes villes, avaient aussi avancé.

Ils étaient en route vers la salle de réunion du S.H.A.R.D.

Richard :

— "Le tueur en série sera bientôt derrière les barreaux. Loïc, tu penses qu'il est dans notre ville ? Ou bien que c'est ce GRÉY ?"

Loïc :

— "Non. Gréy est trop perdant dans cette affaire.

Et surtout, celui qui a tué cet homme l'a fait en le frappant au visage avec une rage immense.

Or, Gréy n'avait pas une seule égratignure sur les mains."

Richard :

— "Peut-être…"

Loïc :

— "De toute façon, nous sommes déjà en retard à la réunion.

Nous aurons plus d'informations une fois là-bas."