« Il y a des guerres que les hommes ne voient pas.
Parce qu'elles se jouent en silence, entre deux femmes qui se lisent sans se toucher. »
—
Cela faisait longtemps.
Trop longtemps.
Et ce matin-là, dans le calme glacé du laboratoire, Jinlian franchit enfin la porte.
Silencieuse. Parfumée. Précise comme une aiguille.
Face à elle, Yuèyao ne leva même pas les yeux. Ses mains continuaient de moudre une racine rare. L'air embaumait le fiel et la concentration.
Mais Jinlian parla. Tranchante.
— « Alors c'est vrai… Tu es devenue la favorite de mon oncle. »
Elle sourit. Faux.
— « Félicitations. »
—
Yuèyao ne répondit pas.
Elle versa quelques gouttes de poison lent dans un bol d'obsidienne. Puis, doucement :
— « Tu veux quelque chose ? »
Jinlian s'approcha d'un pas.
— « Juste observer. »
Puis, sans attendre :
— « C'est étrange.
La même femme qui disait : "Je vais briller, même si le destin ne veut pas",
a fini par coucher avec un prince pour obtenir des privilèges. »
Un silence.
— « Quelle ironie. »
—
Yuèyao s'arrêta. Juste un instant.
Jinlian continua, la voix douce, mais chargée de venin :
— « Ahhh… Les hommes sont tous pareils.
Il pense que tu l'aimes vraiment. »
— « Mon oncle, cet idiot romantique, croit qu'il est spécial.
Mais ce n'est pas lui. C'est son titre, son pouvoir. Comme toujours. »
Elle s'approcha encore.
— « On n'aime jamais quelqu'un pour qui il est.
Seulement pour ce qu'il représente.
Son pouvoir. Son statut. Sa beauté. »
Un souffle.
— « C'est ça, la vérité derrière l'amour.
Une mise en scène. Une illusion utile. »
—
Yuèyao leva enfin les yeux.
Froids. Sombres. Calmes.
Et dit lentement :
— « Choisis bien tes mots. »
Jinlian sourit, mais un léger frisson traversa ses doigts.
Yuèyao reprit :
— « Tu peux m'insulter. C'est sans importance. »
Un pas.
— « Mais si tu insultes Liyan encore une fois… »
Un éclat dans ses yeux.
— « …alors là, Jinlian, tu comprendras pourquoi même les poisons ont peur de moi. »
—
Un silence tomba.
Brûlant. Tendu.
Jinlian, la regarde est puis elle dit je suis venu seulement pour te dire bonjour alors à porcher fois
—
Yuèyao reprit son travail. Comme si rien ne s'était passé.
Mais dans l'air…
quelque chose avait changé.
La guerre, silencieuse, venait de commencer.
La fin du Chapitre 9