Damons ouvrit lentement les yeux.
Son crâne le lançait, et chaque battement de son cœur semblait résonner contre les parois de sa boîte crânienne.
Il voulut se redresser… mais un poids inattendu sur son ventre le fit grogner de douleur.
“Urgh… Qu’est-ce qui s’est passé… ?”
Un lapin blanc était assis sur lui.
Un véritable lapin.
Avec de longues oreilles tombantes, un pelage d’une blancheur immaculée… et surtout, des yeux étrangement expressifs.
Mais le plus choquant restait à venir.
“Tu t’es fait rétamer par des gobelins, et ils t’ont capturé pour te bouffer. Tout comme moi.”
Damons sursauta, les yeux écarquillés.
“Quoiiiii ?! Un lapin qui parle ?! Je suis mort, c’est ça ? Je suis mort, et je suis au paradis… ou en enfer ?!”
“Mais non, débile ! Je viens de te dire que t’as été capturé. Rah… les humains… encore plus bêtes que des gobelins.”
“La ferme, le rongeur ! Nous, les humains, on est très intelligents ! C’est vous les lapins qui fuyez dès qu’une brindille craque !”
“Pfff, parle pour toi. Je suis pas un lapin ordinaire. J’ai maîtrisé l’Art du Bond Écrasant ! Les gobelins m’ont capturé pendant mon sommeil, sinon je les aurais tous pulvérisés.”
“L’Art du quoi ?! Arrête de rêver. On est prisonniers dans une grotte crasseuse, et tu veux me faire croire qu’un lapin karatéka peut tous les battre ?”
“Mieux qu’un humain qui s’est fait démonter par trois gobelins niveau 3…”
“Toi…”
“Toi-même.”
S’ensuivit une véritable dispute, digne d’un vieux couple grincheux.
Les insultes volèrent, les piques aussi absurdes que puériles s’enchaînèrent sans pause.
Cela dura plusieurs longues minutes… jusqu’à ce que tous deux s’essoufflent.
“Bon… comment on sort d’ici ?” demanda finalement Damons.
“Tu me libères, je les explose tous, et on se casse.”
“Et si je me libérais d’abord, moi ?”
"Toi ? Sérieusement ? T’as même pas pu battre trois gobelins puants, et tu penses affronter tout un camp ? Avec un chef probablement niveau 7 ? Tu vas juste crever et foutre en l’air notre seule chance.”
“Et toi, t’es un lapin !”
“Un lapin d’arts martiaux, abruti !”
“Pfff…”
“Pffff…”
Nouvelle prise de bec.
Ils étaient repartis de plus belle.
Mais alors qu’ils s’insultaient à nouveau, trois petits gobelins s’approchèrent timidement.
Leur démarche était hésitante, et leurs grands yeux brillants leur donnaient un air presque enfantin.
Ils observaient les deux prisonniers avec une curiosité mignonne et maladroite.