Je sortais du lycée.
Le ciel n’avait pas de couleur.
Ni gris, ni bleu. Juste un fond d’air tiède, sans émotion.
Je marchais sans penser.
Comme on sort d’un endroit qu’on ne comprend plus.
Et c’est là que je l’ai vue.
Pas vraiment.
Son visage était flou, comme effacé à moitié.
Mais je savais.
Je sentais qu’elle était importante.
Pas comme une amie. Pas comme une inconnue.
Elle était celle que j’attendais sans le savoir.
Je suis allé vers elle, le cœur calme mais la poitrine déjà serrée.
Et je lui ai proposé quelque chose de simple.
"Tu veux aller au cinéma ? Passer du temps avec moi ?"
Elle a accepté.
Sans surprise, sans hésitation.
Comme si c’était évident.
Comme si elle m’avait attendu aussi.
On a marché.
Dans les rues de ma ville.
Il y avait du monde, beaucoup. Des passants, des voix, des lumières.
Mais tout était flouté autour de nous.
Comme si le rêve nous protégeait de l’extérieur.
Je ne me souviens pas de ce qu’elle a dit.
Ni de ce que j’ai dit.
Je ne sais même pas si on a parlé.
Mais je me rappelle avoir prié intérieurement pour que ça ne s’arrête pas.
Je ne voulais pas que ça s’efface.
Je ne voulais pas me réveiller.
Mais je me suis réveillé.
Brusquement.
Sans transition.
Et là, dans mon lit, j’ai senti une douleur dans ma poitrine.
Pas une douleur physique.
Un vide.
Un creux impossible à remplir.
Comme si j’avais laissé quelque chose derrière moi.
Ou pire, comme si quelque chose avait refusé de venir avec moi.
Je ne sais pas qui elle était.
Je ne connais toujours pas son visage.
Mais je sais que dans ce rêve-là, je n’étais pas seul.
Et que le réveil m’a volé ce que je n’ai jamais eu.