— Pourquoi es-tu ici, toi ? N'étais-tu pas dans la capitale ?
— Euh… moi ?
— Qui d'autre à part toi est ici ?
— Toi !
— D'accord, je me parle à moi-même maintenant ?
— Peut-être. On ne sait jamais !
— Hé ! Je suis sérieuse !
— Tu ne l'étais pas avant ?
— Je ne rigole pas !
— Je n'ai pas dit le contraire.
— Allez ! Sois raisonnable et dis-moi, que viens-tu faire ici ?
— Tu m'as manquée… alors voilà, je suis apparu !
Divya le regarda, puis toucha son front avec deux doigts.
— Que fais-tu ?
— Rien… Tu n'as pas de fièvre, et pourtant tu continues à dire des bêtises.
— Je ne l'ai pas…
— Oh, je vois !
— Quoi ?
— Rien.
— Tu vois quoi ?
— Je pense que tu t'es endommagé le cerveau en venant ici.
— Tu insinues quoi ?
— Rien !
— Tu veux dire quoi alors ?
— Tu ne m'as pas entendu ?
— Oh non, mon Dieu ! Tu me prends pour quoi là ?
— Pour ce que tu es, bien sûr !
— Tu me traites de fou ?
— Ça, je ne l'ai pas dit.
— Tu as dit quoi alors ?
— Ce que tu viens d'entendre.
— J'ai bien entendu que tu m'as traité de fou !
— C'est toi qui l'as dit !
— Mais je l'ai entendu !
— Je n'ai pas dit le contraire.
— Voilà, tu viens de l'avouer !
— Je veux dire que je n'ai pas dit que tu ne l'avais pas entendu.
— Je t'ai entendu le prononcer !
— Là, tu hallucines.
— Tu veux dire ?
— Je veux dire que tu devrais consulter un psychiatre. Il me semble que tu as des troubles psychotiques… des hallucinations auditives.
— Tu te fous de moi ou quoi ?
— Mais non, chéri ! Comment peux-tu entendre ce qui n'a pas été dit ?
— Tu ne m'as pas vu depuis des jours, et lorsque tu me retrouves enfin, c'est comme ça que tu me traites ?
— T'ai-je fait du tort ?
— Bien sûr !
— Euh… Je ne suis pas face à face avec mon petit copain, mais plutôt côte à côte ! Et en plus, t'ai-je maltraité hier soir ? Après tout, on s'est vus la veille après des jours sans se voir, alors dis-moi si je t'ai maltraité hier soir !
— Tu ne peux pas deviner ?
— Alors dis-toi que tu es un faible. Reproche-toi de ne même pas pouvoir satisfaire une femme. Pas de virilité, pas d'assiduité… donc pas de performance sexuelle !
Dit Divya en riant et en voulant s'échapper du lit.
Ritshy, un peu furieux, la tira de nouveau au lit et dit :
— J'ai été peu performant hier soir, hein ?
— Oui, ton feu s'est éteint dès l'étreinte annoncée !
— Alors je vais te montrer un roc au souffle brûlant.
Ritshy, toujours un peu agacé, la plaqua au lit, l'embrassa, et alors que Divya essayait de se retirer en posant ses mains sur sa poitrine, il ne céda pas. Il attrapa ses mains et les lia doucement avec sa cravate.
— Madame possède un gros appétit, alors je devrais m'assurer qu'elle soit rassasiée, non ? Alors sois sage, et tu verras jusqu'où je peux aller quand on me défie…
Murmura-t-il à son oreille, avant de l'embrasser dans le cou, de la mordiller et de la caresser.
— Non… pas besoin de continuer, répondit Divya d'un ton bas.
Ritshy approcha ses lèvres de son oreille :
— Laisse-toi aller. Le silence peut te faire frémir. Je peux faire de tes limites un souvenir. Je joue avec le feu, et ce jeu ne connaît pas de perdants. Je suis le secret que tu devrais redouter de découvrir…
Divya ne put s'empêcher de laisser échapper un soupir. Les mains de Ritshy continuaient de glisser sur son corps, caressantes.
— Non, Ritshy… laisse-moi !
Il relâcha ses mains. Profitant de ce moment, Divya se libéra de l'étreinte, repoussa la cravate et lui dit :
— J'ai plein de choses à faire. Pas maintenant, Ritshy.
— N'est-ce pas madame qui disait que mon souffle manquait de constance, et que l'effort semblait trop lourd pour ma chair hésitante ? Pourquoi ai-je l'impression qu'elle veut s'enfuir maintenant ?
— Non, merci.
— Allez, viens ! dit-il en s'approchant d'elle.
— Ce n'est pas nécessaire. Ton endurance était une promesse tenue jusqu'au dernier frisson. Tu possédais une ardeur sans fin. Tu poursuivais chaque soupir avec la même force, le même feu… Un regard de ta part peut tout déshabiller, en un mot.
— Ah ! Chérie, il ne faut pas se fier aux mots. Ça risquerait de voiler la vérité. Il vaut mieux l'expérimenter soi-même !
— Non, non, ne t'approche pas de moi !
— Chérie ! Pourquoi ne l'essaies-tu pas ?
— C'est bon ! Je sais que tu peux le faire, tu peux y arriver. Je crois en toi.
— Comment le sauras-tu si tu ne l'as jamais essayé ?
— Je l'ai vécu hier soir !
— Ça ne compte pas, chérie. Essayons à nouveau !
— Ce n'est pas nécessaire !
— Sans oublier que tu es amnésique ce matin, chérie… Laisse-moi te rafraîchir la mémoire !
— Non, ce n'est pas nécessaire, merci beaucoup. Je ne suis plus amnésique, je me souviens de tout, très clairement, dit Divya avant de courir en direction de la salle de bain.
Ritshy, la voyant fuir, ne la poursuivit pas. Il resta assis sur le lit et lança calmement :
— Ma chérie, pourquoi jouer les timides ? Tu ne voulais pas me découvrir ? Alors pourquoi t'es-tu éclipsée ?
— Non, merci ! Tu es trop gentil aujourd'hui !
— N'ai-je pas toujours été très gentil avec toi ?
— Pas comme aujourd'hui !
— J'ai toujours été donnant, non ?
— Ouais, dit-elle en refermant la porte de la salle de bain. Elle souffla un grand coup et murmura :
> Il avait un calme étrange, une maîtrise hors du commun. Il est facile à enflammer, mais il ne cède pas facilement… Ouf… J'ai failli me faire avoir ce matin.
Après sa douche, Divya prit un taxi pour aller chez ses parents. De son côté, Ritshy prit un taxi pour se rendre à l'hôpital. Une fois arrivé, il salua ses collègues :
— Bonjour Jenny ! Bonjour David !
— Bonjour frère ! répondit David.
— Bonjour mon pote ! ajouta Jenny.
— Comment a été la nuit ?
— C'était bien, frère.
— Très bien, cousin !
— D'accord. Et de votre côté ? lança-t-il avec un sourire.
— Très bien, merci cher choral ! s'écrièrent-ils en chœur.
— Frère !
— Hmmmmm ?
— Comment se fait-il que tu sois de si bonne humeur aujourd'hui ?
— Vraiment ? Vous trouvez ?
— Oui, cousin, moi aussi je le constate ! Dis-nous, qu'est-ce qui t'est arrivé ? Tu as gagné au loto ? Ou alors… tu as passé une merveilleuse nuit en compagnie d'une beauté ?
— Hé, frère !
— Hmmmmm !
— Tu as une marque rouge au cou ! Oh mon Dieu ! C'était si intense ! On dirait que c'était plutôt agréable, non ?
— Hmmm… Hmmm… firent Jenny et David, en riant.
— Hé, cessez de me taquiner ! David, as-tu pris tes médicaments ? demanda Ritshy, changeant de sujet.
— Non…
— Allez, viens les prendre.
— Tu ne nous dois pas d'abord une explication ? demanda David.
— Laquelle ?
— Dis-nous qui était en ta compagnie hier soir.
— Vous !
— Oh, nous ? Ne dis pas ça comme ça, d'autres pourraient mal comprendre et interpréter ça de travers !
— Allez, frère, dis-nous !
— Cesse de demander, toi ! Et toi, prends tes médicaments.
Demanda Ritshy à David.
— Non !
— Allez ! Viens les prendre.
— Ne nous dois-tu pas d'abord une explication ? lança David avec insistance.
— Laquelle ?
— Dis-nous… qui était en ta compagnie hier soir ?
— Vous !
— Oh, nous ? Ne dis pas ça comme ça ! D'autres, en entendant cela, risqueraient de mal comprendre et de tout interpréter de travers.
— Allez, frère, dis-nous ! insista Jenny.
— Cesse de demander, toi ! Et toi, prends tes médicaments !
— Non ! Tu m'en parles avant !
— Alors tu ne guériras pas !
— Ce sera bien ! Je resterai toujours en ta compagnie !
Ritshy sourit légèrement, puis déclara :
— Ma petite amie Divya est en ville. C'est sa ville natale. Je l'ai croisée hier soir… On a dormi dans le même hôtel.
— Oooooooohhhhhh ! s'exclama Jenny. C'est donc ça la raison de ta grande joie !
— Vous, les amoureux, vous êtes vraiment mystérieux ! Vous vous retrouvez à des heures improbables, juste pour faire… ce genre de choses-là ? Comment vous faites ? demanda David, curieux.
— Ce n'était pas intentionnel. On s'est rencontrés par pure coïncidence. Et puis… que veux-tu dire par "comment les amoureux font" ? Et vous, les célibataires, comment faites-vous ? répliqua Ritshy.
— Moi, je suis célibataire, et j'en suis fier ! Rien à envier !
— Rien à envier puisque tu n'as rien !
— J'ai tout ce qu'il me faut ! En plus, j'ai un travail !
— Ce ne sont pas mes affaires…
— D'accord, d'accord, cessez de vous chamailler, les gars ! Chacun fait ses choix ! intervint Jenny pour apaiser la tension.
— Toi, tais-toi ! s'écrièrent-ils en chœur en se tournant vers elle.
— Pourquoi vous répondez ensemble comme ça ?
— Ça ne te concerne pas ! reprirent-ils à l'unisson.
— D'accord, d'accord, je ne me mêle plus de vos affaires de potes ! Continuez de parler, je sors un instant. Je ne veux pas vous déranger.
Jenny se leva, attrapa une pomme parmi les fruits apportés la veille, et se dirigea vers la porte. En l'ouvrant, elle fut surprise de découvrir Nadège, qui écoutait à la porte. Celle-ci, appuyée contre la poignée, faillit tomber en avant, prise de court.
— Nadège ? C'est toi ? s'étonna Jenny.
Elle jeta un regard à Ritshy, puis fixa Nadège, qui la tira aussitôt hors de la pièce par la main. Une fois dehors, Jenny referma la porte et s'empressa de demander :
— Tu avais reçu mes messages ?
— Oui, je les ai reçus.
— Où étais-tu passée ? Je n'ai pas arrêté de t'appeler, mais tu étais injoignable. Tu faisais quoi ?
— J'étais un peu occupée. Je n'ai pas vu tout de suite que tu m'appelais. J'ai répondu à tes messages dès que je les ai lus.
— Alors… comment ça s'est passé ?
— Échoué.
— Comment ça ?
— C'est encore un échec !
— Quoi ? Encore échoué ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Ritshy est intervenu. Il l'a sauvée.
— Mais il vient tout juste de dire qu'il avait croisé Divya hier soir, et qu'ils ont dormi dans le même hôtel ! Je crois même qu'ils ont eu des rapports…
— Qu'est-ce qui te fait croire ça ?
— J'ai remarqué des ecchymoses suspectes sur son cou. Alors j'en ai tiré mes conclusions.
— Il n'a rien dit à ce sujet ?
— Non. Mais à moins qu'il ne me sorte qu'il a été piqué par une méduse, je doute qu'il ait une autre explication…
Nadège fronça les sourcils, puis murmura avec un sourire malicieux :
— Il semble que mon plan se soit retourné contre moi. Je voulais les éloigner, les empêcher d'avoir un contact physique, mais… j'ai causé exactement l'inverse. Une rencontre intime. Divya… tu as eu de la chance cette fois. Mais la prochaine fois, il n'en sera pas ainsi. Tu n'auras pas cette chance. Et peut-être que tu survivras à peine.
Sur ces mots, elle ajusta son sourire et poussa la porte pour retourner calmement dans la pièce où se trouvaient les autres, comme si de rien n'était.