Mercredi 3 avril 2042Zone 3, secteur Sud – Virelia
Cher journal,Je t’ai appelé Lumière. Parce qu’ici, plus rien ne brille. Ni le soleil, ni les gens, ni les yeux de maman. Alors j’allume une bougie dans ma tête, et je t’écris, pour ne pas étouffer.
Ce matin, ils ont coupé l’électricité. Encore. Troisième fois cette semaine.Papa a sorti les bougies qu’on cache dans le tiroir des vieilles choses, celui qu’on n’ouvre que quand on n’a plus le choix.On a mangé froid, comme d’habitude. Des conserves et du silence.
J’ai entendu maman pleurer dans la salle de bain. Elle croyait que je dormais. Mais je ne dors presque plus. Mon oreiller connaît mieux mes cauchemars que mes rêves.
Ils disent qu’on vit en sécurité, ici, à Virelia. Mais si c’est ça, la sécurité, pourquoi est-ce que j’ai toujours le cœur serré ? Pourquoi est-ce que mon amie Lila ne revient pas à l’école ? Pourquoi est-ce que les adultes se taisent quand j’entre dans une pièce ?
Aujourd’hui, j’ai décidé d’écrire tout ce que je vis. Pour me souvenir. Pour ne pas devenir invisible comme ceux qui partent et dont on ne parle plus. Pour que quelqu’un sache.
Tu sais, Lumière, j’ai 12 ans. Et parfois, j’ai l’impression d’être née vieille.Mais tant que je peux t’écrire, je suis encore vivante. Et tant que je suis vivante, j’écrirai.
Bonne nuit. Ou ce qu’il en reste.
Lyna