Le sol craquait sous leurs pas. La lumière du soleil était aveuglante, et l’air semblait lourd, presque palpable. Une chaleur sèche écrasait la forêt environnante, une chaleur si pesante qu’elle effaçait presque toute odeur naturelle. À mesure qu’Akyra et Momoi progressaient, la température semblait grimper encore.
Momoi s’arrêta un instant, posant sa main sur un tronc d’arbre brûlant.
Momoi : Tch (retirant sa main, la paume rougie). On a vraiment atteint la zone la plus rude de la forêt…
Akyra, lui, avançait tranquillement, impassible, les mains dans les poches. Même sous cette chaleur extrême, il n’avait pas l’air gêné le moins du monde.
Akyra : Ça va aller, Momoi ? ( tournant légèrement la tête.)
La jeune fille avait le front trempé de sueur. Ses cheveux noirs, attachés en doubles couettes, collaient à sa nuque. Sa tenue militaire noire et blanche était devenue un piège thermique.
Momoi :Je… Je vais bien… (tentant de se donner une contenance.)
Mais son visage rougi et sa respiration irrégulière disaient le contraire.
Akyra observa la scène un instant avant de lâcher :
Akyra : Si tu continues comme ça, tu vas tomber.
Momoi : J’ai dit que ça va !
Il haussa simplement les épaules.
Quelques minutes passèrent, dans un silence pesant uniquement rythmé par le chant lointain d’insectes et le crépitement de branches sèches sous leurs pieds. Finalement, Momoi s’arrêta de nouveau, les mains sur les genoux, haletante.
Akyra soupira légèrement, puis, d’un ton neutre mais direct :
Akyra : Enlève le haut.
Momoi tourna brusquement la tête vers lui, les joues écarlates.
Momoi : H-Hein ?! T’es sérieux, là ?!
Akyra : Je parle de ta veste et ton t-shirt militaire, pas autre chose, baka… Avec cette température, tu vas juste finir en torche humaine.
Elle serra les dents, troublée. Elle le fixa avec suspicion pendant quelques secondes.
Momoi : C’est facile pour toi de dire ça… T’as même pas une goutte de sueur.
Akyra : Je gère mon Kala, c’est différent. Toi, t’es humaine. Alors ? Tu préfères crever de chaud, ou avoir un peu honte ?
Un silence pesant s’installa. Puis, détournant les yeux et rougissant plus fort, Momoi marmonna :
Momoi : … Je… Je porte un soutien-gorge, au cas où tu demandes…
Akyra haussa un sourcil, légèrement amusé, mais ne répondit pas.
Avec un soupir résigné, Momoi retira lentement sa veste, puis son t-shirt militaire. Il ne lui restait que son soutien noir simple et ses pantalons de combat. Sa peau luisait de sueur, mais elle semblait immédiatement respirer un peu mieux.
Momoi : Regarde ailleurs, idiot…
Akyra : J’ai même pas regardé, détends-toi.(avec son éternel ton désinvolte.)
Ils reprirent leur route. L’atmosphère lourde continuait de les oppresser, mais Momoi semblait tenir un peu mieux. De temps à autre, elle jetait un regard gêné vers Akyra, qui ne paraissait toujours pas affecté par la chaleur. Son allure tranquille contrastait tellement avec l’environnement qu’il semblait hors du monde.
Soudain, un craquement plus fort que les autres retentit à leur gauche.
Momoi se retourna d’un bond. Un rideau de flammes naissait entre deux arbres.
Momoi : Merde !
Les branches sèches avaient pris feu, probablement à cause de la chaleur accumulée. L’incendie risquait de se propager.
Sans réfléchir, Momoi leva sa main droite.
Momoi : The Misfits — Bruma Colossus !
Un vortex d’énergie noire s’ouvrit devant elle, et la silhouette massive du Colosse de Glace apparut, translucide et froid. En quelques secondes, l’atmosphère autour d’eux baissa brutalement de température.
Le géant de glace projeta une vague gelée sur les flammes, les éteignant aussitôt dans un sifflement de vapeur.
Akyra l’observa sans un mot, les mains toujours dans les poches.
Une fois le danger écarté, Momoi rappela le Colosse d’un claquement de doigts, haletante.
Momoi : Je commence à mieux gérer leur invocation…
Akyra : T’avais intérêt.
Ils continuèrent d’avancer, plus profondément encore dans la forêt. Les arbres semblaient de plus en plus rabougris, leurs troncs noirs et secs. L’air vibrait presque, comme sous l’effet d’une chaleur palpable.
Et c’est alors que Momoi s’arrêta brutalement.
Akyra haussa un sourcil.
Akyra : Quoi encore ?
Momoi : Là…
Ils étaient face à une petite clairière asséchée, où plusieurs silhouettes trapues et massives se tenaient.
Des orcs.
Leur peau verte foncée luisait de sueur et de crasse. Ils portaient des armures de cuir grossières et brandissaient des armes primitives : haches, masses, lances. Pourtant, leur simple présence dégageait une pression indéniable.
Momoi serra les poings.
Momoi : Laisse-moi faire.
Akyra la fixa un instant.
Akyra : Tu es sûre ?
Momoi : Je dois voir jusqu’où je peux aller maintenant. Je veux tester mon Kala. Si je reste toujours derrière toi… Je n’avancerai jamais.
Il ferma les yeux, semblant réfléchir. Puis, avec un léger sourire :
Akyra : Très bien. Je vais chercher de l’eau pendant ce temps. »
Momoi hocha la tête, plus déterminée que jamais. Elle s’avança doucement, relâchant un peu de son aura sombre. Les Misfits se matérialisaient déjà derrière elle.
Akyra, lui, tourna les talons calmement, s’éloignant dans la direction opposée. Mais même en s’éloignant, il gardait son attention posée discrètement sur elle.
Le vent chaud soufflait sans pitié à travers les arbres noirs et tordus. Momoi se tenait devant le groupe d’orcs, concentrée, entourée de ses trois Misfits : Shade Dancer, Bruma Colossus et Helix Marionette.
Sans détourner un regard, elle murmura entre ses dents :
Momoi : C’est maintenant que je vais voir si je suis vraiment devenue plus forte…
De son côté, Akyra s’éloignait calmement, les mains dans les poches, ses pas souples brisant à peine les brindilles sèches sous ses pieds.
Akyra : Bon… À moi de jouer, murmura-t-il, le regard porté vers le sol.
Il s’arrêta au milieu d’un petit espace dégagé, s’agenouilla et ferma les yeux.
Un léger battement résonna dans l’air : son Kala, cette énergie spirituelle invisible, se déploya lentement autour de lui. L’air autour de son corps vibrait légèrement, comme déformé par une chaleur invisible.
Il concentra son énergie au bout de ses doigts, qu’il plaqua doucement contre le sol craquelé.
Akyra : Localisation spirituelle, murmura-t-il.
Une onde fine et circulaire s’étendit sous terre, traversant les racines, les pierres, les couches de terre brûlées. Akyra était parfaitement immobile, comme une statue.
Au bout de quelques secondes, il rouvrit les yeux.
Akyra : … Trouvé.
Il se redressa, puis planta sa main dans le sol d’un coup sec.
Une fine fissure s’ouvrit immédiatement, et de l’eau tiède, presque brûlante, jaillit lentement. C’était une nappe souterraine isolée : juste assez pour remplir sa gourde et celle de Momoi.
Sans presser le pas, il emplit les deux contenants.
Akyra : Ça devrait suffire…
Un grondement lointain le ramena à la réalité. Il se redressa et tourna les yeux vers l’endroit où il avait laissé Momoi.
Silence.
Un mauvais pressentiment lui traversa l’esprit.
Akyra : … Momoi ?
Il accéléra légèrement, revenant à grandes enjambées vers la clairière où il l’avait laissée.
Mais à son arrivée… rien.
Le terrain était vide.
Pas un bruit, pas un souffle. Pas d’orcs. Pas de Momoi.
Les traces de pas, les traces de combat… totalement absentes. Pas de sang, pas de blessure, même les feuilles au sol n’étaient pas dérangées.
Comme si personne n’avait jamais été là.
Akyra s’immobilisa au centre de la clairière, les yeux plissés, silencieux.
Son cœur, pourtant d’ordinaire si calme, battait légèrement plus vite.
Akyra : … Impossible.
Il lâcha les gourdes qui tombèrent sur le sol, se brisant dans un cliquetis vide.
Une goutte de sueur, non due à la chaleur, coula le long de sa tempe.
Puis, sans prévenir, une vague d’énergie explosa autour de lui.
Son Kala se libéra entièrement.
Une onde de choc invisible balaya les alentours, projetant les feuilles et la poussière à plusieurs mètres. Les branches se brisèrent sous la pression.
Les arbres les plus proches tremblaient comme s’ils allaient plier sous une tempête.
Akyra ferma les yeux, son aura s’intensifiant encore. Sa silhouette semblait grandir, se superposant à l’environnement comme une ombre déformée.
Akyra : … Je t’ai laissé cinq minutes,( d’un ton glacial.)
Dans le flot immense de son énergie, il se concentra sur un point précis : le sceau qu’il avait apposé sur le dos de Momoi.
Il le cherchait, au milieu du tumulte de son propre pouvoir.
Et soudain…
Un filament.
Une trace minuscule, ténue, mais réelle. Une signature énergétique qu’il connaissait.
Akyra : Là…
Son regard s’ouvrit d’un coup, brillant d’une lueur presque surnaturelle.
Sans attendre, il bondit, son corps laissant une traînée d’aura derrière lui.
Il fila à toute vitesse, brisant les branches, ignorant le feu qui commençait à se rallumer autour de lui à cause de sa propre puissance relâchée. Sa vitesse était telle que le sol se fissurait sous ses pieds à chaque appui.
Tout ce qu’il avait en tête, c’était :
Momoi.
Pas question de la perdre maintenant.
La forêt entière semblait se plier sous sa volonté.
Akyra fendait l'air à une vitesse difficilement perceptible à l'œil nu, ses pas soulevant des gerbes de poussière sèche. La forêt, étouffée par la chaleur, semblait trembler sous la pression de son Kala libéré. Chaque arbre qu’il croisait se pliait légèrement sous la pression spirituelle, comme s’il était un roi non reconnu et que la nature elle-même se prosternait devant lui.
Son regard était dur, froid, concentré uniquement sur le filet d’énergie invisible qui flottait dans l’air, relié au sceau qu’il avait apposé sur le dos de Momoi.
Akyra : Tch... Qu’est-ce que c’est que ce bordel...
Le lien du sceau n’était pas net. Il oscillait, comme une fréquence brouillée, signe que Momoi était dans un endroit hors de l’espace classique.
Akyra : Une barrière spirituelle ou un domaine privé ?
Il se concentra davantage, amplifiant encore son Kala au point où l’air vibrait autour de lui. Puis, d’un mouvement brusque, il planta sa main droite dans le vide.
Une faille. Une légère déchirure dans l’air, imperceptible pour un humain normal, mais bien réelle.
Akyra : Là.
Il attrapa le bord invisible de cette déchirure et l'écarta de force. Une lumière bleutée s’en échappa, accompagnée d’un léger souffle d’énergie glacée.
Akyra plissa légèrement les yeux avant de s’y engouffrer sans hésiter.
Momoi ouvrit brusquement les yeux.
Son souffle était court. Elle était allongée sur un sol de pierre froide, entourée de cristaux noirs plantés dans les murs. L’air semblait plus épais, presque étouffant. Elle porta sa main à son front et tenta de se relever.
Momoi : Qu’est-ce que... où je suis ?
Ses souvenirs lui revinrent. Les orcs, le combat... puis ce flash blanc.
Elle se redressa péniblement, ses jambes encore tremblantes. En observant autour d’elle, elle réalisa qu’elle était seule, mais son sceau lui brûlait légèrement le dos.
Signe qu’Akyra était proche. Ou qu’il la cherchait.
Une voix retentit soudainement, résonnant sur les murs.
voix :Réveillée, enfin.
Momoi sursauta et se retourna vivement. Un homme se tenait dans l’ombre, sa silhouette floue, difficile à distinguer à cause de la lueur vacillante des cristaux.
Momoi : Qui... qui êtes-vous ?!
Elle se mit instinctivement en garde, mais l’homme ne fit que lever la main calmement.
voix : Tu n’as rien à craindre... pour l’instant. Je ne suis ni un ennemi, ni un allié. Disons... un testeur.
Un... testeur ? répéta Momoi, méfiante.
Momoi : Si tu veux vraiment retrouver ton maître, et devenir plus forte, il faut passer par ici.
L’homme s’avança enfin dans la lumière : grand, vêtu d’un manteau noir simple, masque couvrant entièrement son visage. Aucun symbole apparent.
Momoi serra les poings.
Momoi : Où sont les orcs ? Pourquoi m’avoir téléportée ici ?!
Le masque s’inclina légèrement, amusé.
voix : Les orcs ? Des illusions. Des fausses cibles envoyées pour observer tes réflexes. Tout ceci fait partie du filtrage. Si tu échoues ici, inutile d’aller plus loin.
Avant qu’elle puisse répondre, une intense vibration parcourut la salle.
Un craquement apparut soudain dans l’air derrière elle.
Momoi se retourna brusquement, les yeux écarquillés : une faille bleutée s’ouvrait dans le vide.
Momoi : C’est...
La silhouette d’Akyra émergea calmement du néant, comme si briser des barrières spirituelles n’était qu’un simple loisir pour lui.
Ses yeux se posèrent directement sur Momoi, puis sur l’homme masqué.
Silence pesant.
L’homme fit un léger pas en arrière, instinctivement.
Akyra souffla alors d’un ton calme, les mains dans les poches :
Akyra : Sérieusement... Vous jouez à ce genre de jeu ? J’aime pas trop ça.
Momoi : Akyra c'est toi
A suivre