Bûth : Tu te montres enfin...
Assis sur une table, au milieu des nombreuses autres d'une taverne non loin de la guilde, les deux frères se font face.
Muruf : Je suis désolé d'être parti sans donner de nouvelles…
Une serveuse vient alors les voir avec deux tasses en bois remplies d'alcool entre les mains.
Serveuse : Voici les bières pour nos deux orcs.
Bûth : Merci
Muruf : Hmmm...
Elle s'en va tout en lançant un regard à Muruf. Bûth montre alors la paume de sa main droite à son frère et ce dernier se met à fixer la pierre.
Bûth : Cette pierre qui est logée dans ma main... C'est un artefact qui contient le mana de papa si je ne me trompe pas.
Muruf : Ecoute, je comprends que tu m'en veuille pour la douleur que ça t'as apporté au quotidien, revivre ces souvenirs n'a pas dû être facile mais... Je ne voulais pas qu'il tombe dans l'oubli, je voulais que quelqu'un se souvienne de lui... C'est pour ça que je suis revenu après l'attaque du village, j'ai récupéré l'artefact qu'il gardait précieusement dans la maison. Ensuite je suis allé trouver son corps et j'ai plongé la pierre dans son sang pour que celle-ci s'imprègne de son mana...
Le jeune orc le regarde, alors qu'un air terrifié s'est emparé de son visage.
Bûth : Tu... Tu as...
Muruf : Oui, je savais pour l'artefact qu'il gardait dans la maison… Et je savais comment ça fonctionnait. Il faut que la pierre soit en contact avec le sang de deux personnes différentes, la pierre s'imprègne du mana de la première personne et la seconde pourra alors utiliser le mana de l'artefact... J'ai ensuite mis la pierre en contact avec ton sang pour que vous soyez lié… Je l'ai fait pour que tu te rappelles à jamais de notre père... Je l'ai fait pour ton bien.
C'est alors que Bûth se lève, s'approche de son frère et lui donne un violent coup au visage ce qui le fait tomber de sa chaise. Toutes les personnes présentes dans la salle se tournent alors vers eux et l'ambiance conviviale de la taverne fait place à un profond silence.
Bûth : Pour mon bien ?! Tu crois que tout ça m'a aidé ?!
Muruf le regarde droit dans les yeux, dans une incompréhension totale.
Bûth : La douleur que j'ai ressentis presque toutes les nuits, c'était pour mon bien ?! Le revoir mourir encore et encore, c'était pour mon bien ?! Cette douleur à la main, c'était pour mon bien ?!... Quand tu m'as laissé seul dans cet orphelinat... C'était pour mon bien ça aussi ?
Muruf ne sait pas quoi répondre et détourne le regard ce qui plonge Bûth dans une colère noire. Sans dire un mot, il décide de sortir de la taverne.
Muruf : Attends !
L'orc se relève, attrape l'épée qu'il avait posée au pied de la table et il sort lui aussi pour essayer de rattraper son petit frère qui marche désormais dans la rue.
Muruf : Bûth !
Il se rapproche de son frère qui s'arrête dans sa marche et fait apparaître une lance dans sa main droite avant de se retourner d'un coup tout en pointant son frère avec l'arme ce qui effraye les passants. L'orc, pris de peur, fait un pas en arrière et met ses mains en évidence.
Bûth : Dis-moi, comment est-ce que je peux te considérer comme un frère après tout ce que tu m'as fait ?
Muruf : Je suis désolé pour tout... Vraiment...
Bûth agrippe encore plus fermement l'arme.
Muruf : Mais je veux changer tout ça... Si je suis revenu, c'est que j'ai une proposition à te faire... Je veux que tu rejoigne mon combat !
Ses paroles attirent l'attention du jeune orc qui baisse légèrement son arme.
Bûth : Ton combat ?
Muruf : Je t'ai laissé de côté tout ce temps car je ne voulais pas que tu sois mêlé à tout ça mais… Tu as bien grandi entre-temps et je veux que tu viennes avec moi… Ensemble, allons venger les orcs qui sont victimes d'oppression.
Bûth : Et qu'est ce que t'entends par "venger" ?
Muruf regarde rapidement autour de lui pour s'assurer que personne ne les écoute.
Muruf : Je veux que tous les humains ayant fait du mal à un orc en payent le prix...
Bûth baisse totalement son arme et observe son frère, les yeux dans les yeux.
Muruf : Je veux venger les nôtres et leur montrer ce qu'ils nous ont fait. Qu'en dis tu ?
Il lui tend alors la main, Bûth l'observe attentivement avant de regarder son frère à nouveau mais avec un soupçon de mépris.
Bûth : Tu n'es pas le grand frère que j'espérais... Et tu ne le sera jamais avec un tel comportement.
Il reprend alors son chemin en direction de la guilde qui se situe au bout de la rue, laissant son grand frère derrière lui, désemparé.
Muruf : Bûth…
Il regarde son petit frère partir au loin avant de frapper violemment le mur qui est près de lui.
Muruf : Pourquoi... Qu'est ce que j'ai raté pour que tout se déroule ainsi ?
Encore une fois, les ténèbres se sont emparé de moi... Je me réveille à nouveau dans cette ville, plongée dans les ténèbres. Je me lève et regarde autour de moi.
Jules : Encore ?
C'est vide, il n'y a personne… Je me mets alors des petites tapes au visage.
Jules : Ressaisis toi Jules ! C'est dans ta tête tout ça, c'est normal qu'il y ait personne.
Bon, qu'est ce que je fais maintenant ? Si je suis ici c'est qu'il doit y avoir une raison donc je me mets à marcher au milieu de la rue.
Jules : Tiens ?
En observant les vitrines des grands bâtiments qui bordent la rue, je remarque qu'elles sont toutes noires, on ne peut rien voir à travers.
Jules : Bizarre...
Je marche jusqu'à arriver à un carrefour qui croise une autre rue et je remarque une silhouette d'homme dans l'un des quatres coins. Il est de dos et porte un casque avec une sorte d'armure ainsi qu'une lance qu'il tient fermemant.
Jules : Hey !
Il ne bouge pas quand je l'appelle, je décide donc d'aller le voir. Je m'approche de la personne et pose ma main sur une de ses épaules.
Jules : Désolé mais je... Euh...
Il tourne lentement sa tête et, pris de peur à la vue de son visage, je fais quelques pas en arrière pour m'éloigner de lui. Sa tête s'est totalement retournée mais le reste de son corps lui n'a pas bougé.
Jules : C'est quoi ça...
Pourquoi son corps n'a pas bouger ?! Mais ce qui me choque le plus c'est que ce n'est pas vraiment un humain... Non... c'est un corps en décomposition. J'observe alors les parties de son corps qui ne sont pas recouvertes par l'armure ou de vêtements et c'est bien la chair putride. C'est dans ta tête Jules, reprends toi bordel !
Cadavre : S'il vous plaît... J'ai une famille...
Il parle ?! Et ces paroles... je les ai déjà entendus mais où ?... Je suis pris de stupeur lorsque je me souviens de ces paroles.
Jules : Non… C'est…
Il s'avance vers moi, lentement, et je recule de manière à être à bonne distance au cas où il utiliserait son arme.
Jules : C'est toi... C'est toi que j'ai tué lorsqu'on a attaqué la frontière !
Cadavre : Tu ne vas pas... faire ça... Laissez-moi... En vie...
Il attrape alors sa lance à deux mains et tente un attaque frontale. Je transforme alors mon bras droit en lame et repousse son arme de justesse. Je contre attaque en essayant de le toucher là où ses bras ne sont pas protégé mais impossible, il contre tout mes mouvements avec une grande rapidité. Je décide donc de reprendre mes distances car il marche très lentement donc c'est assez simple de le distancer.
Cadavre : Je vous... En prie...
C'est vraiment étrange, il est agile au combat mais quand il faut courir, c'est autre chose... Après avoir fait quelques pas en arrière tout en lui faisant face, je me retourne et je me mets à courir pour fuir avant de vite m'arrêter.
Jules : C'est pas vrai...
Je suis au milieu du carrefour et il y a d'autres corps, comme lui, qui arrivent des quatres rues ce qui m'encerclent. Tous ont des habits de marin sauf deux que je reconnais instantanément : Le capitaine du navire et Mark.
Jules : A quoi ça rime tout ça !
Voix : Vous nous…
Cette voix me plonge dans une profonde terreur, je me retourne lentement vers l'origine de cette dernière.
Ode : Détestez… On le sait…
Alors elle aussi, elle est là… Je me prépare à leur face lorsque je sens les ténèbres se dissiper autour de moi.
Je me réveille en sursaut tout en me redressant un peu sur le lit qui est dans ma chambre, dans le dortoir de la Guilde. Tout la pièce est plongé dans le noir à cause de la nuit. Je reprends petit à petit mon souffle et j'essaye de comprendre ce qu'il s'est passé.
Jules : Ce n'est qu'un mauvais rêve... Mais qu'est ce que ça voulait dire ?
Pourquoi ? Mon regard se pose alors sur la porte de ma chambre que j'aperçois légèrement. Je vais prendre l'air... Ouais, ça m'aidera à mieux dormir après. Je me lève et je sors de ma chambre lorsque je tombe sur Geno qui est debout dans le couloir, fixant la lune par la fenêtre.
Geno : Toi aussi, tu n'arrives plus à dormir ?