Elle sembla hésiter un moment, ses yeux évitant les miens, puis elle leva lentement la tête et afficha un sourire timide.
« Esperanza, c'est mon nom. »
Son sourire s'affichait sur son joli visage, un sourire qui me donnait l'impression d'être mis à nu, exposé à une lumière trop vive. Ce simple mot, son prénom, résonnait encore et encore dans mon esprit, s'imprimant comme une mélodie entêtante dont je ne pouvais me détacher. Je la regardais, figé, un sourire idiot scotché sur mon visage.
— Pourquoi me regardes-tu comme ça ? demanda-t-elle, un brin inquiète.
— Tu as un joli prénom ! répondis-je, toujours avec ce même sourire béat. Je n'en espérais pas moins d'une jolie fille comme toi.
Un instant, son expression changea. Puis, un autre sourire, plus timide, plus sincère, se dessina sur ses lèvres. J'avais réussi. J'avais capté son attention, et rien que cette idée me réchauffait le cœur.
— Pff… que tu es flatteur, toi, dit-elle en riant, posant doucement sa main sur ma poitrine.
Ce simple contact me fit l'effet d'une décharge électrique. Mon cœur battait à tout rompre. Je voulais prolonger cet échange, profiter de cette magie naissante, mais une voix brisa le moment.
— Beny, on y va !
Mes amis venaient de me retrouver, me tirant hors de mon rêve éveillé.
— Au revoir, Beny ! lança-t-elle, joignant ses mains devant sa jupe avec une grâce naturelle qui me cloua sur place.
— À demain, Esperanza ! répondis-je en lui adressant un dernier signe de la main avant de me détourner.
Je sentais son regard dans mon dos. Elle voulait encore parler, et moi aussi. Mais parfois, il faut savoir laisser une scène parfaite se refermer d'elle-même, pour mieux donner envie d'en écrire la suite.
À peine avais-je rejoint mes amis qu'une voix désagréablement familière s'éleva derrière moi.
— Tiens, tiens, tiens… Alors comme ça, notre Beny serait tombé amoureux ?
Angelo. Évidemment. Je connaissais son ton railleur, cette arrogance moqueuse qui me tapait sur les nerfs.
— Angelo… Si tu la touches, je te tue. Crois-moi.
Je le fixai droit dans les yeux, ma voix plus menaçante que jamais. Il savait que je ne plaisantais pas.
— Ouais, c'est ça. Mais toi, tu t'es permis de me piquer ma copine ! lâcha-t-il avec une rage contenue, son regard brûlant d'un mélange de colère et de frustration impuissante.
Je pris une grande inspiration pour garder mon calme.
— Écoute, Angelo. Il est vrai que ta copine m'a avoué ses sentiments et qu'elle était prête à te quitter pour moi. Mais je lui ai dit non. J'étais déjà avec Sonia. Que tu le croies ou non, je ne t'ai jamais pris ta copine. Maintenant, dégage de mon chemin !
Il resta figé, incapable de trouver une réponse. Ce silence était une victoire. Sans lui laisser le temps de reprendre contenance, je tournai les talons et m'éloignai avec ma bande de potes. « J'ai tout réglé », me répétais-je, mais au fond de moi, je savais qu'il n'en resterait pas là. Je devais me préparer au pire.
La maison était baignée d'une atmosphère chaleureuse. Le dîner était servi, et l'on échangeait les récits de la journée dans une ambiance animée. Je souriais, participais, racontais quelques anecdotes… mais j'omis soigneusement tout ce qui concernait Angelo. Ce moment de paix me faisait du bien.
Pourtant, une seule image restait ancrée en moi : celle d'Esperanza, de son regard, de son sourire. Je brûlais d'impatience de la revoir.
Mais la nuit s'étirait interminablement. Allongé sur mon lit, les yeux fixés au plafond, je revoyais chaque trait de son visage, chaque mouvement de ses lèvres, chaque éclat de son rire. C'était évident.
J'étais tombé amoureux.