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Les Portes Du Danger

Arrivés aux pieds de la grande porte, je pouvais sentir une énergie sombre émaner de derrière elle, la même sensation glaciale qui m'avait envahi durant les funérailles du professeur Kaine.Une aura oppressante, presque palpable, comme si quelque chose d'ancien et de puissant attendait patiemment de l'autre côté. Miyako et Klayn, cependant, semblaient insensibles à cette présence invisible. Leurs regards restaient fixés sur les majestueux symboles gravés dans le métal de la porte, fascinés par leur beauté complexe.

"Regardez," dit soudain Miyako, sa voix empreinte d'émerveillement.

Des lettres dorées commencèrent à se matérialiser dans l'air devant nous, flottant doucement comme des particules de lumière suspendues. Elles formaient une phrase écrite en Orchadien, chaque caractère vibrant d'une énergie propre, comme s'ils étaient vivants.

"Miyako ?" appela Klayn, son ton impliquant qu'elle devait être capable de traduire ce message. Après tout, elle était celle qui connaissait le mieux cette langue ancienne.

"Je ne peux pas traduire ça," répondit-elle rapidement, secouant légèrement la tête. Sa voix trahissait une pointe d'inquiétude.

Et pourquoi ça ?" lâcha Klayn, croisant les bras avec un rictus impatient, son ton oscillant entre défi et curiosité.

Miyako détourna les yeux des glyphes, ses doigts crispés autour de son poignet comme pour se retenir. "Je te l'ai déjà dit, Klayn," répondit-elle, sa voix plus tranchante qu'elle ne l'aurait voulu. "Ces écritures ne pardonnent pas. Une erreur, et on pourrait tous finir en cendres...ou pire."… La langue est divisée en trois catégories distinctes : basique, intermédiaire et avancé. Ces symboles…" Elle marqua une pause, levant une main pour désigner les lettres flottantes. "...sont du niveau avancé. À ma connaissance, il n'existe plus aucun ouvrage permettant de les comprendre pleinement."

Klayn se frotta la tête, visiblement frustré. "C'est à ne rien y comprendre. Et comment tu sais qu'ils sont de niveau avancé si personne n'a jamais documenté cette catégorie ?"

Elle croisa les bras, adoptant un air pensif. "Bien que je ne connaisse pas la signification de tous les symboles de la langue, j'ai appris à les distinguer et à reconnaître à quelle catégorie ils appartiennent. Les basiques et les intermédiaires, je les ai étudiés pendant des années, mais ces caractères... Ils sont bien trop complexes. Je n'en ai jamais vu d'aussi élaborés, d'où ma supposition qu'ils relèvent d'une maîtrise supérieure."

"Ouais, ça se comprend," admit Klayn après un moment de réflexion. "Cette langue a l'air incroyablement complexe."

"C'est un euphémisme," rétorqua Miyako. Puis, après un moment de silence, elle ajouta : "Mais bon, si nous devons vraiment traduire ce genre de messages pour franchir cette porte – ou toutes les autres – ça risque de poser problème. Personne à ma connaissance, mise à part mon oncle ou l'Empereur lui-même, ne serait capable de comprendre la langue à ce stade. Alors, nous..."

À peine eut-elle fini sa phrase qu'un léger tremblement parcourut le sol sous nos pieds. Les portes massives face à nous s'entrouvrirent lentement dans un grincement sourd, révélant une salle plongée dans une semi-pénombre. Des rayonnages remplis de livres anciens s'étendaient à perte de vue, baignés d'une lumière tamisée émanant de globes lumineux flottant doucement entre les étagères.

Quelle fut la surprise de Miyako lorsqu'elle réalisa que la phrase avait non seulement été comprise mais aussi traduite correctement. Un message apparut brièvement dans l'air, juste au-dessus du seuil : "Traduction correcte."

"Qu'est-ce que... ?!" s'exclama-t-elle, les yeux écarquillés. "Personne n'a traduit ce message ! Comment est-ce possible ?"

Elle semblait à la fois stupéfaite et troublée, comme si les règles mêmes qu'elle pensait maîtriser venaient d'être brisées devant ses yeux. Pourtant, il était indéniable que quelque chose – ou quelqu'un – avait réussi là où elle pensait impossible.

Son regard passa de Klayn à moi, cherchant une explication. Mais je restai silencieux, observant la scène avec un calme apparent. Ce n'était pas le moment de révéler quoi que ce soit.

"Peut-être que la bibliothèque possède son propre système de reconnaissance," suggérai-je finalement, rompant le silence. "Ou peut-être qu'elle teste notre valeur avant de nous accorder l'accès."

Miyako me lança un regard perplexe. "Tu veux dire que... cette pièce est vivante ? Qu'elle peut lire nos intentions ?"

"C'est une possibilité," répondis-je tranquillement, mes yeux toujours rivés sur les glyphes dorés qui disparaissaient lentement. "Les Orchadiens étaient connus pour leur harmonie avec la nature et leurs technologies avancées. Peut-être que cette bibliothèque est une extension de leur philosophie. Elle ne se contente pas de vérifier nos compétences linguistiques ; elle évalue notre essence."

Klayn, qui observait la scène attentivement, sentit une légère tension dans l'air. "Attends… Tu veux dire que tu comprends ce truc ?"

Je haussai légèrement un sourcil, feignant l'indifférence. "Pas complètement. Mais je sais qu'on ne devrait pas se précipiter. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, ces inscriptions ne sont pas faites pour être décodées à la légère."

Miyako me regarda, intriguée. "Que veux-tu dire ?"

Je pris une profonde inspiration avant de répondre, choisissant soigneusement mes mots. "Disons simplement que certains textes orchadiens ont tendance à… tester ceux qui essaient de les lire. Ils ne se contentent pas d'être décodés ; ils exigent une connexion plus...profonde."

Son regard vacilla légèrement, comme si elle réalisait soudain qu'elle ignorait encore beaucoup de choses sur cette langue. "Une connexion plus profonde ? Tu veux dire… entrer en résonance avec eux ?"

Je hochai légèrement la tête, mon expression restant neutre. "Peut-être."

"Bien," dit-elle après un moment, visiblement frustrée. "Dans tous les cas, nous ferions mieux de trouver des indices supplémentaires. Cette bibliothèque pourrait receler des informations utiles."

Nous franchîmes le seuil ensemble, et à l'instant où les portes se refermèrent dans un grondement sourd, un écho lointain résonna à travers les murs de la bibliothèque; un cri étouffé, comme si quelque chose hurlait depuis les entrailles du musée.

Une sueur froide glissa dans mon dos, et je me demandai un instant si cet endroit ne cherchait pas à nous parler. Je jetai un regard à Miyako, mais elle était déjà absorbée par les rayonnages, ses doigts effleurant les reliures anciennes. Peut-être n'avait-elle rien entendu.

Loin de nous, dans la grande salle de départ, cet écho n'était pas une illusion. Ce qui avait été un lieu de murmures joyeux s'était mué en un théâtre d'angoisse brute, où chaque craquement semblait annoncer un piège…

Les groupes d'élèves qui avaient refusé de traverser les tunnels sombres et labyrinthiques étaient maintenant piégés dans cette pièce immense, leurs esprits tourmentés par l'incertitude et la peur.

"On aurait dû filer avec Logan," murmura Lira, une petite blonde dont les lunettes glissaient sans cesse sur son nez moite, ses yeux papillonnant vers les armures comme si elles allaient s'animer d'une seconde à l'autre.

Un rire sec claqua dans l'air, sarcastique et moqueur. "T'es sérieuse, Lira ? Même Logan ne peut pas défier ces machins," lança Jace, le garçon aux cheveux noirs hérissés, jouant nerveusement avec un briquet dans sa poche, son sarcasme masquant mal une pointe de panique. "Si c'était si facile d'entrer ici et de voler un artefact supérieur, tu penses bien qu'il n'y aurait plus rien dans ce musée depuis longtemps."

"Peut-être," intervint une autre voix tremblante, "mais au moins ils ne sont pas coincés ici comme nous. Si on ne sort pas d'ici rapidement on mourra probablement de faim ou d'autre chose, on est pris au piège ! Le gaz inhibiteur neutralise notre fluide, et ces armures…" Elle frissonna violemment. "Elles me font flipper. On dirait qu'elles nous observent."

""Oh, ça suffit, vos jérémiades !" grogna Tarek, un grand gaillard au nez aplati, ses bras musclés croisés comme s'il défiait quiconque de le contredire.

"T'es sérieux ? 'Vos jérémiades' ? Mais tu viens de quel siècle, toi ?" ricana Zelio, ses boucles blondes tremblant alors qu'il pointait Tarek du doigt avec un sourire narquois.

"Si t'as un problème avec ma façon de parler, Zelio, viens me le dire en face," gronda Tarek, décroisant les bras pour bomber le torse, ses yeux lançant des éclairs. "Ou tu préfères rester planqué derrière tes mèches de princesse ?"

Zelio ouvrit la bouche pour répliquer, mais un regard assassin de Tarek le fit hésiter. La tension dans l'air crépita un instant avant que les murmures des autres groupes ne reprennent, étouffant leur affrontement.

Les tensions montaient rapidement. Certains tentant de se calmer, d'autres cherchant désespérément une solution pour sortir de cette situation infernale. Mais malgré leurs efforts, une vérité cruelle pesait sur tous : ils étaient coincés, sans échappatoire visible.

Une fille aux tresses serrées, blottie contre un pilier, chuchota à son camarade : "Et si… et si on essayait de courir vers les portes ? Peut-être qu'elles ne sont pas verrouillées…" Sa voix tremblait, ses doigts agrippant nerveusement son poignet.

"Tu as vu ce qui est arrivé aux autres ?" répondit sèchement un garçon au visage couvert de sueur, ses yeux sombres fixant les armures avec une terreur contenue. "Ces foutues choses bougent, je te dis. Si on tente quoi que ce soit, elles nous massacrent."

Un silence tendu s'installa, seulement perturbé par le bruit des respirations haletantes et des gouttes de sueur perlant sur les fronts anxieux. La lumière vacillante des torches projetait des ombres menaçantes sur les murs, amplifiant l'atmosphère oppressante.

Soudain, un grondement sourd résonna au centre de la salle. Tous les regards se tournèrent vers l'origine du bruit. Là, devant leurs yeux incrédules, cinq portails sombres, semblables à des vortex de smog, commencèrent à prendre forme. Une odeur âcre de métal brûlé envahit l'air, et ils pulsaient doucement, l'énergie glaciale vibrant jusqu'à leurs os, faisant claquer leurs dents dans le silence tendu.

"Qu'est-ce que c'est ?!" hurla Lira, ses lunettes tombant presque alors qu'elle reculait maladroitement, trébuchant sur ses propres pieds dans un couinement paniqué.

Jace, le briquet claquant plus vite entre ses doigts moites, marmonna : "Super, encore un truc pour nous achever…" Son ton sarcastique vacillait, trahi par un tremblement dans sa voix.

Zelio, lui, croisa les bras avec un rire nerveux : "Quoi, ils envoient des renforts pour qu'on s'entretue plus vite ? Génial."

Personne ne répondit. Tous restaient figés, incapables de détacher leurs yeux des phénomènes mystérieux qui grossissaient devant eux.

Après plusieurs secondes interminables, une silhouette émergea lentement du premier portail; un garçon au regard perdu, titubant comme s'il venait de traverser un cauchemar. Puis une autre, une fille aux vêtements déchirés, ses poings serrés de rage. Et encore une autre. En quelques instants, la salle fut envahie par des dizaines d'élèves venus d'autres lycées, chacun arborant des expressions variées : soulagement, confusion, colère ou panique.

"C'est quoi ce bordel ?!" cria Jace, reculant d'un pas, le cliquetis de son briquet s'accélérant alors qu'un nouvel arrivant frôlait son épaule.

"Ils viennent d'où ?!" demanda une fille aux cheveux courts, ses mains tremblant légèrement alors qu'elle serrait ses poings, ses yeux écarquillés rivés sur les portails.

"Enfin... les voilà…" soupira une voix isolée, presque inaudible sous le brouhaha général.

Mais avant que quiconque puisse poser davantage de questions, un grésillement familier retentit dans les haut-parleurs suspendus au plafond. Tous levèrent les yeux, reconnaissant immédiatement la voix grave et rauque de Monsieur M.

"Bienvenue, mes chers invités supplémentaires," commença-t-il, sa voix suintant d'amusement cruel. "Vous tous ici présents, on vous a bien expliqué ce qui se passe dans ce musée. Pourtant, certains ont choisi de rester prudemment à l'écart, espérant éviter les dangers. D'autres ont été sélectionnés pour leur potentiel et leur courage. Mais peu importe comment vous êtes arrivés ici, sachez une chose : personne ne quittera ce musée sans avoir accompli sa mission."

Un murmure parcourut la foule. Certains élèves échangèrent des regards horrifiés, d'autres semblaient déterminés à comprendre ce qui se passait.

"Votre objectif reste inchangé : récupérer l'artefact pour moi. Toutefois, je dois admettre que certains obstacles ont été… ajustés." Un rire sec accompagna ses mots. "Amusez-vous bien. Oh, et une dernière chose : méfiez-vous les uns des autres. Vous n'êtes jamais aussi vulnérables que lorsque vous croyez pouvoir faire confiance."

Le message se termina brusquement, laissant derrière lui un silence assourdissant. Les nouveaux arrivants échangèrent des regards perplexes, tandis que ceux déjà présents semblaient pétrifiés par l'ampleur de la menace.

"Qu'est-ce qu'il veut dire par 'ajusté' ?" demanda timidement Lira, sa voix tremblante se perdant dans le vide. Tous les regards restèrent figés, perdus dans l'ombre.

L'air sembla soudain plus lourd, comme si les mots de Monsieur M pesaient encore dans la salle. Puis, un cliquetis métallique résonna dans l'ombre, discret, presque inaudible. Près de l'une des grandes armures, une silhouette bougea imperceptiblement, ses contours se dessinant dans la lumière vacillante des torches. Les jeux mortels de Monsieur M ne faisaient que commencer…